[Claudel, Philippe] Les âmes grises

eh bien moi aussi, Sarfre, je suis du même avis !... il faut bien que tous les goûts s'expriment, et c'est tant mieux ainsi !

Je n'ai pas vraiment aimé ce livre, j'ai noté qu'il y avait une belle écriture mais j'avais l'impression qu'il ne se passait pas grand chose...
Mais je ne pense pas m'arrêter à une première déception, j'ai bien envie de lire le rapport de Brodeck et la petite fille de Mr Linh.

J'avais lu La petite fille de monsieur Linh il y a déjà un moment et c'était un vrai coup de cœur
j'ai donc voulu lire autre chose de Claudel, et je ne regrète pas
Même auteur mais 2 livre différents, 2 univers différents, quoi que la guerre n'est pas loin dans les deux.
dans celui ci , le gris dans les cœurs, dans les têtes, dans les corps (retours de guerre), dans les âmes,  tout est gris, même jusqu'à la noirceur parfois.
Dés qu'un peu de couleur apparaît ( la petite fille, l'institutrice à son arrivée, le tableau, Clémence, Martial Maire l'innocent) vlan ! la grisaille arrive au galop, envahit tout, gâche tout, efface tout.
Oui le livre est gris, mais l'écriture nous transporte dans la vie de tous les jours et à une période difficile.
je serai tenté de dire que c'est une histoire d'outre tombe, et là rien n'a de couleur.
trés bon livre malgré tout, cet auteur reste dans mes LAL

Un livre à ne pas mettre entre les mains d'un dépressif... Mais très bien écrit et une atmosphère... On s'y croirait!

Merci Anne, Linote et les autres pour vos critiques      j'ai bien envie de l'ajouter au challenge bis repetita   

Je viens de terminer ce livre dans le cadre de mon Challenge Bis repetita...

Mon premier livre de Philippe Claudel  étant la petite fille de Mr Linh, un livre plein de poésie, les âmes grises est complètement différent.

Un procureur qui demande des têtes à tout va, un juge ripailleur, un colonel, une jeune institutrice si jolie, un restaurateur papa de "Belle de Jour" une fillette de 10 ans qui meurt étranglée et jetée dans l'étang, cela devient "l’Affaire" et tout gravite autour....Les soupçons nous portent sur une personne.... mais qui est le narrateur qui avance par si petites touches ?

Il nous emporte avec lui dans ce témoignage jusqu'au dégout, jusqu'à la nausée, par ce portrait des personnages, ou chaque adjectif est soigneusement choisi, chaque situation si bien exprimée que sous nos yeux de lecteur c'est un tableau que nous voyons et qui n'est pas très beau, un tableau de lâches, de veules, enfin d'humains qui ont tous de la poussière sous les tapis, et un cadavre dans le placard.

Dans ce village si proche de la zone de combat, un village de l'Est, d’où on entend le canon gronder, les nantis de naissance  vivent leur train de vie habituel, les petites gens ont faim, ont froid, et puis il y a les lâches, ceux qui ne sont pas au combat parce qu'ils travaillent à l'usine dont la guerre a besoin, et les héros, ceux qui peuplent les hôpitaux, ceux qui seront inscrits sur le monument aux morts, les gueules cassés, tous handicapés quand ils en reviennent, qui déambulent dans le village...de bistrot en bistrot...pour oublier?

Le récit qui semble un long aveu ne tourne pas autour du décès de la petite, enfin de "l'Affaire" avec une majuscule mais du comportement des hommes, avec des mots si bien choisis.

C'est un roman exceptionnel, triste, lugubre, pessimiste, ou rien n'est épargné au lecteur ou chaque personnage est décrit avec une finesse, une psychologie  imparable...

Et la chute nous confirme tout le talent de Philippe Claudel.

Les dépressifs passez votre chemin et lisez le plutôt dans un bon jour, par beau temps....

Je n'ai pas lu encore vos avis, ils sont nombreux, j'ai préféré m'exprimer sans influence même indirecte.

Je donne 9,5/10, un "coup de cœur" ou "un coup de dégout", je ne sais pas !!!!

Merci pour ta magnifique critique, Step.

Tu me donnerais presque envie de le relire.   

Merci Virgule, Bis-repetita me permet de belles découvertes   

Merci Step pour ta critique   

Merci Louloute d'être passée.

C'est sombre, c'est bouleversant, c'est cruel. C'est toute la partie grise de chaque être humain qui est épluché, analysé dans toute son horreur, seule la merveilleuse écriture de Philippe Claudel fait passer l'indicible.
Comme dit Step à ne pas lire en cas de déprime.

Note: 9/10

Spoiler:

Merci Louloute pour ton avis! 

J'ai beaucoup aimé les deux.
Je ne sais pas expliquer l'impression que m'a laissé "Les âmes grises"
Un roman sombre,glauque. C'est le reflet du monde actuel.

Dans un petit village près de la ligne de front, hiver 1917, un matin froid et glacial une petite fille " Belle de Jour" est retrouvée morte, assassinée.
A partit de ce fait, le narrateur va nous raconter son village et ses habitants.
C'est une ambiance noire et sombre qui nous est dépeinte.
J'aime beaucoup l'écriture de cet auteur que je lis pour la seconde fois.
Lecture très appréciée.

Spoiler:

J'écris souvent mes critiques quelques semaines après avoir lu les romans pour me laisser un peu de recul et être ainsi le plus juste possible dans mes critiques. Or là, je suis bien embêtée de faire la critique de ce livre qui ne m'a laissé pratiquement aucun souvenir...

J'ai lu ce livre passivement, je n'ai ressenti aucune émotion, aucune sympathie pour les personnages. C'est le premier roman qui me fait cet effet là. Je suis restée de marbre. Alors, évidemment après le coup de cœur que j'ai eu pour « La petite fille de monsieur Linh » la déception est un peu rude...

Je n'ai trouvé aucun intérêt à l'histoire. Si on peut appeler ça une histoire, je ne me souviens que de morceau de vie et des personnages éparpillés ici et là... J'ai eu la désagréable impression que l'auteur n'allait jamais jusqu'au bout de son idée ou du moins qu'il ne laissait la possibilité au lecteur de la comprendre. Et puis, tout au long de ma lecture, j'attendais qu'il se passe quelque chose, un événement, une révélation qui m'éclairerait... Mais non, rien, le néant. Pas d'action. Non pas que je raffole d'action et que je ne peux lire un livre qui n'a pas de rebondissement mais quand il n'y a pas d'action, pas d'histoire et rien à quoi se raccrocher, ça devient compliqué...

Pourtant, j'apprécie l'écriture de Philippe Claudel elle est unique, emplit de douceur, de sincérité, de poésie et, il faut le dire, de noirceur. Je ne comprend pas pourquoi, cette fois ci, je n'ai pas été sensible à sa plume.

En conclusion, je n'ai pas compris où l'auteur voulait m'emmener, je suis passée à côté, dommage...

Citations

"... je me disais que j'avais le temps: ça, c'est la grande connerie des hommes, on se dit toujours qu'on a le temps, qu'on pourra faire cela le lendemain, trois jours plus tard, l'an proochain, deux heures après. Et puis tout meurt. On se retrouve à suivre des cercueils, ce qui n'est pas aisé pour la conversation."

"... Hippolyte Lucy, le docteur. Un bon docteur, sec comme un coup de trique, humain et très pauvre, ça va avec, car rarement il se faisait payer la visite quand il allait chez les gens de peu, et les gens de peu, chez nous, c'était presque tout le monde. «Vous me paierez plus tard!» qu'il disait toujours avec un sourire franc comme l'or. «Je ne suis pas dans la misère...», qu'il rajoutait en grondant. Pourtant c'est la misère qui l'a tué, en 27. «Mort de faim!» a dit Desharet, son gros con de collègue, haleine à l'ail, teint cramoisi, venu de V. en automobile pleine de chromes, de cuir gras et de cuivres, pour examiner le corps cassant du docteur qu'on avait fini par trouver étendu dans sa cuisine, sa cuisine où il n'y avait rien, pas un meuble, pas un garde-manger, pas un croûton de pain, pas un morceau de beurre, simplement une assiette vide depuis des jours et un verre d'eau du puits. «Mort de faim...», qu'il répétait l'autre salopard comme pour s'en offusquer tandis que son ventre et ses bajoues traînaient par terre, le tout ficelé dans de la flanelle et du tissu anglais. «Mort de faim...» Il n'en revenait pas. On lui aurait trempé la tête dans un seau de purin qu'il aurait pas été plus étonné."

"La haine est une cruelle marinade: elle donne à la viande une saveur de déchet."

"On sait toujours ce que les autres sont pour nous, mais on ne sait jamais ce que nous sommes pour les autres."

(Philippe Claudel, "Les âmes grises")

Merci Moulin à Vent et les autres pour vos critiques