[Aspe, Pieter] Pièce détachée
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[Aspe, Pieter] Pièce détachée
Présentation de l'éditeur
Quand une enquête du commissaire Van In commence par un simple cambriolage, il faut se méfier… C’est souvent le début d’un savant imbroglio. Et de fait, après le cambriolage d’un homme de théâtre renommé, on découvre un doigt coupé dans le théâtre où va se donner la pièce mise en scène par le compagnon de la cousine d’Hannelore ! Avant de retrouver, après l’incendie d’un centre équestre, un corps auquel manque… un doigt. Seul lien entre ces deux affaires : la plupart des acteurs du drame étaient au même moment au Chili, dans des circonstances troubles. Une nouvelle enquête au cordeau, menée tambour battant par le trio explosif Van In, Hannelore et le
brigadier Versavel, sur fond de séquelles de la dictature chilienne…
Mon avis
La belle ville de Bruges est encore au cœur de ce nouveau roman de Pieter Aspe, un roman dans lequel le commissaire Van In continue à exercer ses fonctions aux côtés de sa séduisante compagne Hannelore qui, en tant que juge d’instruction est forcément en première ligne de toutes les affaires.
Un petit doigt coupé retrouvé dans un parking, un centre hippique dévasté par un incendie criminel dans lequel on retrouve un cadavre, un cambriolage dans la maison d’un homme de théâtre, sans compter une plainte déposée pour exhibitionnisme, voilà des éléments disparates et qui semblent n’avoir aucun rapport. Pourtant, toute l’habileté de Pieter Aspe va consister à assembler les éléments de ce puzzle pour en faire un tout cohérent : son enquête va en effet faire ressortir que tous ces éléments ont un lien. L’intrigue, bien menée, est astucieuse et le lecteur s’y laisse prendre au piège, mais elle est relativement accessoire chez Aspe.
Comme souvent chez les meilleurs auteurs de polars (dont Aspe fait partie), les personnages sont décrits avec finesse. L’auteur sait trouver les détails qu’il faut pour les rendre intéressants, attachants parfois, et en particulier celui de Van In, solide buveur de bière et gros fumeur qui commence à payer le prix de ses excès. Bien que Van In ne soit pas du genre à douter de lui-même et de son pouvoir de séduction, il a tendance à prendre du poids, ses chairs commencent à s’affaisser, ce qui lorsque l’on vit avec une femme nettement plus jeune et terriblement séduisante comme Hannelore est plutôt désolant. Van In commence aussi à avoir quelques problèmes de santé, avec des indices qui lui font penser que l’infarctus pourrait bientôt l’atteindre, et du coup notre sympathique commissaire décide d’arrêter la clope… ce qui ne va pas sans mal ! De nombreuses annotations savoureuses sur ces thèmes parcourent le livre et contribuent à rendre sa lecture plaisante.
Au cœur de l’Affaire (qui commence par DES affaires), on va retrouver une troupe de théâtre contemporain dirigée par un personnage trouble. Et Pieter Aspe éprouve un visible plaisir à nous montrer toute une galerie de personnages marquants liés à la troupe, depuis le concierge du théâtre, jusqu’aux actrices et au metteur en scène Max, qui se trouve être le compagnon de la jeune cousine d’Hannelore. L’auteur en profite pour nous montrer la mise en scène et le fonctionnement d’une pièce contemporaine, Purgatoire, allant jusqu’à nous donner à lire des extraits de la pièce joués par de jeunes comédiennes nues (modernisme oblige). Cette description du monde du théâtre contemporain est jubilatoire et ajoute du piquant à l’histoire.
Car Pieter Aspe possède une grande aptitude pour nous montrer des personnages aussi originaux que crédibles, en révélant peu à peu leur face cachée, en nous donnant à voir juste ce qu’il faut pour nous inciter à attendre la suite avec impatience. Son collègue et ami Versavel, flic homo qui dans cet épisode commence à devenir amoureux d’Hannelore et qui a des problèmes de conscience en est un exemple particulièrement savoureux. Carine, la séduisante jeune collègue nommée inspecteur par les soins de Van In et qui développe avec celui-ci des rapports de drague softs et troubles en est une autre… mais tous les personnages sont ainsi : bien campés et intéressants à regarder vivre, dans leurs rapports mutuels.
Une des caractéristiques de Pieter Aspe est le regard amusé et ironique qu’il porte sur la société flamande, sur la ville de Bruges et plus généralement sur les rapports humains. La question du regard, de « l’angle » porté par les auteurs sur la vie et les gens est une source constante d’intérêt pour le lecteur, qui peut s’amuser à comparer ainsi Aspe avec Vargas, Mankell, ou autres Biberfeld, en cherchant les points communs et les différences d’approche : différence dans l’humour ; légèreté ou profondeur ; joie de vivre ou tristesse, etc.
Le personnage de Van In est plutôt du côté de la gaité, il prend la vie du bon côté, il est raisonnablement obsédé par les femmes, n’a pas un comportement toujours « politiquement correct », bref il est sympathique. Le lecteur aurait presque envie de le remercier d’être ce qu’il est. Mais finalement, il vaut peut-être mieux remercier l’auteur !
Merci donc, monsieur Pieter Aspe.
Pièce détachée
Pieter Aspe
Albin Michel
octobre 2011
18 €
brigadier Versavel, sur fond de séquelles de la dictature chilienne…
Mon avis
La belle ville de Bruges est encore au cœur de ce nouveau roman de Pieter Aspe, un roman dans lequel le commissaire Van In continue à exercer ses fonctions aux côtés de sa séduisante compagne Hannelore qui, en tant que juge d’instruction est forcément en première ligne de toutes les affaires.
Un petit doigt coupé retrouvé dans un parking, un centre hippique dévasté par un incendie criminel dans lequel on retrouve un cadavre, un cambriolage dans la maison d’un homme de théâtre, sans compter une plainte déposée pour exhibitionnisme, voilà des éléments disparates et qui semblent n’avoir aucun rapport. Pourtant, toute l’habileté de Pieter Aspe va consister à assembler les éléments de ce puzzle pour en faire un tout cohérent : son enquête va en effet faire ressortir que tous ces éléments ont un lien. L’intrigue, bien menée, est astucieuse et le lecteur s’y laisse prendre au piège, mais elle est relativement accessoire chez Aspe.
Comme souvent chez les meilleurs auteurs de polars (dont Aspe fait partie), les personnages sont décrits avec finesse. L’auteur sait trouver les détails qu’il faut pour les rendre intéressants, attachants parfois, et en particulier celui de Van In, solide buveur de bière et gros fumeur qui commence à payer le prix de ses excès. Bien que Van In ne soit pas du genre à douter de lui-même et de son pouvoir de séduction, il a tendance à prendre du poids, ses chairs commencent à s’affaisser, ce qui lorsque l’on vit avec une femme nettement plus jeune et terriblement séduisante comme Hannelore est plutôt désolant. Van In commence aussi à avoir quelques problèmes de santé, avec des indices qui lui font penser que l’infarctus pourrait bientôt l’atteindre, et du coup notre sympathique commissaire décide d’arrêter la clope… ce qui ne va pas sans mal ! De nombreuses annotations savoureuses sur ces thèmes parcourent le livre et contribuent à rendre sa lecture plaisante.
Au cœur de l’Affaire (qui commence par DES affaires), on va retrouver une troupe de théâtre contemporain dirigée par un personnage trouble. Et Pieter Aspe éprouve un visible plaisir à nous montrer toute une galerie de personnages marquants liés à la troupe, depuis le concierge du théâtre, jusqu’aux actrices et au metteur en scène Max, qui se trouve être le compagnon de la jeune cousine d’Hannelore. L’auteur en profite pour nous montrer la mise en scène et le fonctionnement d’une pièce contemporaine, Purgatoire, allant jusqu’à nous donner à lire des extraits de la pièce joués par de jeunes comédiennes nues (modernisme oblige). Cette description du monde du théâtre contemporain est jubilatoire et ajoute du piquant à l’histoire.
Car Pieter Aspe possède une grande aptitude pour nous montrer des personnages aussi originaux que crédibles, en révélant peu à peu leur face cachée, en nous donnant à voir juste ce qu’il faut pour nous inciter à attendre la suite avec impatience. Son collègue et ami Versavel, flic homo qui dans cet épisode commence à devenir amoureux d’Hannelore et qui a des problèmes de conscience en est un exemple particulièrement savoureux. Carine, la séduisante jeune collègue nommée inspecteur par les soins de Van In et qui développe avec celui-ci des rapports de drague softs et troubles en est une autre… mais tous les personnages sont ainsi : bien campés et intéressants à regarder vivre, dans leurs rapports mutuels.
Une des caractéristiques de Pieter Aspe est le regard amusé et ironique qu’il porte sur la société flamande, sur la ville de Bruges et plus généralement sur les rapports humains. La question du regard, de « l’angle » porté par les auteurs sur la vie et les gens est une source constante d’intérêt pour le lecteur, qui peut s’amuser à comparer ainsi Aspe avec Vargas, Mankell, ou autres Biberfeld, en cherchant les points communs et les différences d’approche : différence dans l’humour ; légèreté ou profondeur ; joie de vivre ou tristesse, etc.
Le personnage de Van In est plutôt du côté de la gaité, il prend la vie du bon côté, il est raisonnablement obsédé par les femmes, n’a pas un comportement toujours « politiquement correct », bref il est sympathique. Le lecteur aurait presque envie de le remercier d’être ce qu’il est. Mais finalement, il vaut peut-être mieux remercier l’auteur !
Merci donc, monsieur Pieter Aspe.
Pièce détachée
Pieter Aspe
Albin Michel
octobre 2011
18 €
Invité- Invité
Re: [Aspe, Pieter] Pièce détachée
Je n'ai pas réussi à m'intéresser à l'histoire trop macabre, les personnages ne me sont pas apparus sympathiques. J'en conclu que je ne suis pas une bonne lectrice de polars Dommage
Invité- Invité
Re: [Aspe, Pieter] Pièce détachée
Mon avis :
J'aime lire les enquêtes du commissaire van In, et c'est tout naturellement, après avoir lu La mort à marée basse, j'ai poursuivi avec Pièce détachée.
J'ai moins aimé ce tome, la faute à un mélange des tons pas toujours très heureux. Nous passons de la tragédie la plus pure, avec des détails particulièrement éprouvants à la bouffonnerie la plus complète, quand l'érotisme n'apparaît pas, au détour d'une rencontre. Volonté de distinguer la vie "quotidienne", une sexualité normale, de la cruauté qu'un homme peut exercer sur ses semblables ? Peut-être. Force m'est de constater que la sexualité est au coeur de ce roman. Tandis que la police est à la recherche d'un exhibitionniste, Hannelore, substitut du procureur et compagne ô combien désirable de van In héberge sa cousine très libérée et son metteur en scène de compagnon, encore plus libéré. Ils ne sont pas les seuls. L'une a une liaison avantageuse pour maintenir son centre équestre à flot – pas de bol, il brûle. L'autre a des relations avec un homme de théâtre pour obtenir un rôle dans une pièce contemporaine dénudée. La troisième fait chanter, à son avantage, un homme politique. le "charmant metteur en scène" propose même sa maîtresse (à distinguer de sa compagne) à van In. Où est l'amour dans tout cela ? Il existe, pourtant, mais il est rarement lié à la chair – sauf dans le cas de van In et Hannelore.
Mutilation, incendie, meurtre, second meurtre, agression, troisième meurtre… L'enquête est particulièrement alambiqué et van In jette tous ses hommes – et ses femmes – dans la bataille. Les indices sont bien là, mais les fausses pistes s'accumulent, puisque chacun a des secrets à dissimuler. Certains sont des plaies encore vives. D'autres, de petits arrangements mesquins avec leurs consciences. Dire que certains sont prêts à tuer pour les préserver n'est pas une évidence, c'est un lieu commun.
Je terminerai par un dernier regret : Versavel est quasiment absent de l'enquête, lui qui "fait le point" sur sa sexualité. Cela me ferait presque rire que cette conversion subite à l'hétérosexualité. Espérons qu'il reprendra toute la place qu'il mérite dans les oeuvres à venir.
J'aime lire les enquêtes du commissaire van In, et c'est tout naturellement, après avoir lu La mort à marée basse, j'ai poursuivi avec Pièce détachée.
J'ai moins aimé ce tome, la faute à un mélange des tons pas toujours très heureux. Nous passons de la tragédie la plus pure, avec des détails particulièrement éprouvants à la bouffonnerie la plus complète, quand l'érotisme n'apparaît pas, au détour d'une rencontre. Volonté de distinguer la vie "quotidienne", une sexualité normale, de la cruauté qu'un homme peut exercer sur ses semblables ? Peut-être. Force m'est de constater que la sexualité est au coeur de ce roman. Tandis que la police est à la recherche d'un exhibitionniste, Hannelore, substitut du procureur et compagne ô combien désirable de van In héberge sa cousine très libérée et son metteur en scène de compagnon, encore plus libéré. Ils ne sont pas les seuls. L'une a une liaison avantageuse pour maintenir son centre équestre à flot – pas de bol, il brûle. L'autre a des relations avec un homme de théâtre pour obtenir un rôle dans une pièce contemporaine dénudée. La troisième fait chanter, à son avantage, un homme politique. le "charmant metteur en scène" propose même sa maîtresse (à distinguer de sa compagne) à van In. Où est l'amour dans tout cela ? Il existe, pourtant, mais il est rarement lié à la chair – sauf dans le cas de van In et Hannelore.
Mutilation, incendie, meurtre, second meurtre, agression, troisième meurtre… L'enquête est particulièrement alambiqué et van In jette tous ses hommes – et ses femmes – dans la bataille. Les indices sont bien là, mais les fausses pistes s'accumulent, puisque chacun a des secrets à dissimuler. Certains sont des plaies encore vives. D'autres, de petits arrangements mesquins avec leurs consciences. Dire que certains sont prêts à tuer pour les préserver n'est pas une évidence, c'est un lieu commun.
Je terminerai par un dernier regret : Versavel est quasiment absent de l'enquête, lui qui "fait le point" sur sa sexualité. Cela me ferait presque rire que cette conversion subite à l'hétérosexualité. Espérons qu'il reprendra toute la place qu'il mérite dans les oeuvres à venir.
Sharon- Modérateur
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Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
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