[Malavoy, Christophe] Céline, même pas mort !
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A propos de Céline même pas mort !
[Malavoy, Christophe] Céline, même pas mort !
Quatrième de couverture
Est-il possible d’évoquer Louis-Ferdinand Céline sans faire jaillir toutes les passions désordonnées liées à la controverse des écrits de cet auteur hors du commun, qui aura marqué, quoiqu’il advienne et qu’on le veuille ou non, la littérature du XXe siècle ?
Cinquante ans après sa mort, Louis-Ferdinand Céline divise toujours et crée la discorde. Provocateur infatigable, poète indésirable et cependant illuminé, homme libre et accusé de l’être, que dirait aujourd’hui Céline dans notre société moderne, standardisée, mondialisée, où règne en maître l’individualisme, le mensonge, l’intérêt et le profit ?
Écrit sur le principe platonicien du dialogue, Céline, même pas mort ! fait revivre l’auteur du Voyage au bout de la nuit et tente de faire entendre la modernité autant que les contradictions d’un homme qui fut toujours seul, conscient dès la tragédie de la Guerre de 14 - il avait alors tout juste vingt ans - d’être sous l’immense empire de la mort.
Céline, même pas mort ! ne plaira pas à tout le monde. Mais n’est-ce pas au fond, ce qu’on peut lui souhaiter de mieux ?
Ma critique
Quand un artiste endosse le verbe et la parole d'un funambule décalé, tout est possible, le meilleur comme le pire. Et là c'est franchement le meilleur ! A tel point que l'image de Céline avec son éternel gilet et son éternelle écharpe apparait tout le long de cette interview imaginaire dans la lignée de celle, bien réelle, des archives de l'INA datant de 1961. Tout à la fois misérable et grandiose dès que la colère déborde du personnage. Etonnant de trouver Christophe Malavoy dans ce registre de la biographie posthume, surtout avec un personnage aussi sulfureux que Louis Ferdinand Céline, alias de Louis Ferdinand Destouches, médecin des pauvres, héros de guerre, écrivain grandiose et antisémite notoire. Du moins est-ce, concernant ce dernier point, l'image que l'on greffe facilement à l'écrivain. L'intelligence de Malavoy c'est de ne pas tenter de nier l'évidence, mais de replacer un contexte où une grande partie du gotha de l'époque était antisémite et sans complexe. Pourquoi Céline fut-il le bouc émissaire d'une époque ? Prédestiné à la douleur, Céline n'était qu'une plaie à vif, il fallait peut-être que son destin en passe par là pour survivre à tout, même à ceux qui l’attaquèrent.
Ce qui est étonnant, c'est la facilité avec laquelle Malavoy se glisse dans la peau du personnage, critiquant notre époque avec cynisme, réunissant l'Histoire et l'indignation actuelle dans une continuité étonnante et glaçante, tout en y plaçant les points de suspension incontournables... Il tente aussi, avec brio, d'aller au-delà des apparences et de l'image d'Epinal dans laquelle on tente encore, comme Arno Klarsfeld, de cataloguer Céline. Il ne se fait pas l'avocat de Céline, il essaie simplement d'envoyer un fragment de vérité sur cet être mal connu, provocateur et grandissime écrivain qui n'a pas écrit que des pamphlets (Bagatelles pour un massacre, L'école des cadavres et Les beaux draps). A commencer par le Voyage au bout de la nuit qui rata le Goncourt d'un cheveu et qui reste dans les mémoires alors que le lauréat de l'époque en a disparu (Guy Mazeline) ; ou bien Mort à crédit, autre roman d'une justesse et d'une crudité étonnantes. Malavoy envoie un message simple : lisez Céline. Parce qu'il dérange, parce qu'il écrivait avec ses tripes, parce qu'il est un des plus brillants auteurs français et parce qu'il reste le témoin d'une époque trouble, très trouble, où beaucoup tentèrent de se refaire un passé quand le nazisme devint un navire en perdition (lire la trilogie allemande). Et parce que tous ceux qui le jugent aujourd'hui l'on très rarement lus... Bravo M.Malavoy, je ne vous connaissez pas ce talent et cette exigence intellectuelle, mais je ne regrette pas de l'avoir découvert même tardivement.
Edité chez Balland. 310 pages. Ma note : 9/10
Dernière édition par alexielle63 le Dim 18 Déc 2011 - 13:49, édité 1 fois (Raison : Correction sondage)
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