[Alcacer, Amadeo] L'Esteta
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[Alcacer, Amadeo] L'Esteta
L’Esteta
Auteur : Amadeo Alcacer
Éditions : Santa Rosa (26 septembre 2015)
251 pages
ASIN: B015VLUNQS
Quatrième de couverture
L’inspecteur Ivo Matich suit les traces d’un meurtrier avec lequel il a un compte personnel à régler. Dans sa quête, il sera secondé par Manuela Sepulveda, une jeune recrue du commissariat central de Santiago du Chili. Le criminel quant à lui, dérape, enchaîne les assassinats et devient complètement incontrôlable. Il sollicite de son côté, l’aide de la psychiatre Lucia Felipez qui commence à décortiquer sa psyché torturée.
Réussira-t-il à disparaître définitivement et échapper ainsi aux forces de police ?
Mon avis
Qu’est ce que l’art ?
Ils sont deux à hanter les pages : Ivo Matich, le policier et l’Alicanto, l’assassin.
Tous les deux ont des points en commun, des personnalités tourmentées, des passés lourds à porter. Bien sûr, sur le papier, c’est Ivo, le policier qui traque l’Alicanto mais dans la réalité, c’est beaucoup plus complexe. Ils se cherchent, se provoquent, jamais en face, mais à travers leurs actes, leurs pensées. Aucun des deux ne baisse sa garde, bien décidés qu’ils sont à tenir les rênes en mains.
Ivo porte son doute identitaire comme une marque de fabrique, tantôt croate, tantôt chilien, il ne sait plus qui il est, il a du mal à se stabiliser. Il boit trop, il drague mal, il se pose beaucoup (trop) de questions. Mais une chose est certaine, il veut venger son coéquipier tué par L’Alicanto. Il n’aura de cesse de traquer cette représentation du mal qui l’obsède.
L’Alicanto évoque la mort comme une pulsion. Il lui faut tuer pour exister, ressentir du plaisir. Quand il s’exprime dans des courriers (envoyés à un tueur d’exception, sa muse, son modèle), ses mots seraient presque poétiques pour parler de l’horreur, de la violence à l’état pur « La beauté dans la mort »….. Un meurtre peut-il être une œuvre d’art ? Le passé de l’Alicanto a-t-il conditionné son présent ? Cet être indescriptible est-il capable d’aimer, de recevoir de l’affection et d’en donner ?
Qui des deux tient les cartes en mains, qui manipule qui , qui aura le dessus? Chacun fait preuve d’une intelligence hors du commun, d’une analyse fine des situations, anticipant au maximum les réactions de l’autre. On se croirait dans un jeu d’échecs géant où les pièces n’avancent jamais sans réflexion, où chaque « joueur » se positionne en fin stratège.
Toutes ces interactions se déroulent au Chili, en partie à Santiago, dans une ambiance politique et humaine remarquablement décryptée pat l’auteur. Non pas qu’il nous raconte tout ce qui s’est passé et qui n’aurait pas forcément un intérêt primordial dans le roman ; non, il s’agit d’une atmosphère, d’une ambiance, d’explications sur la vie là-bas au détour d’un reportage, d’une conversation . On découvre les mapuches, on lit des constats sur le gouvernement de Michelle Bachelet.
« Mais depuis l’arrivée au pouvoir de Bachelet, tout avait changé. Les règles déontologiques primaient aujourd’hui sur les résultats. Paraître était devenu plus important que de nettoyer la ville des ordures qui arpentaient les trottoirs. Le monde ne tournait pas rond.»
Et ces états de faits influencent les personnages qui évoluent dans ce milieu. Les policiers notamment, pour qui la corruption fait partie du quotidien. Récupérer de la drogue et la garder bien au chaud … en quoi est-ce gênant ?
La force de cette intrigue est dans le fait de ces deux être qui se heurtent, se découvrent (au sens où nous apercevons de plus en plus de leur personnalité), se cachent à nouveau, mettant en place un suspense de plus en plus tendu. A l’origine, lui est croate, et son caractère est plus « carré » que celui de l’Alicanto qui est tout feu tout flammes….mais….il habite au Chili….et cela modifie ses perceptions de base. Est-ce que c’est cela qui lui permettra de mieux cerner la personne dont il veut la mort ? En se rapprochant d’elle?
Amadeo Alcacer sait à merveille installer un climat dans un roman, il décrit parfaitement l’état d’esprit du tueur, ses besoins, ses motivations. Comme il varie les procédés d’écriture (lettres, reportages, dialogues, etc) pour nous faire découvrir tout cela, son style n’est jamais lourd. C’est donc un texte bien agencé, dans une atmosphère ténébreuse à souhaits qu’il nous offre pour cette suite de l’Alicanto.
Tous les deux ont des points en commun, des personnalités tourmentées, des passés lourds à porter. Bien sûr, sur le papier, c’est Ivo, le policier qui traque l’Alicanto mais dans la réalité, c’est beaucoup plus complexe. Ils se cherchent, se provoquent, jamais en face, mais à travers leurs actes, leurs pensées. Aucun des deux ne baisse sa garde, bien décidés qu’ils sont à tenir les rênes en mains.
Ivo porte son doute identitaire comme une marque de fabrique, tantôt croate, tantôt chilien, il ne sait plus qui il est, il a du mal à se stabiliser. Il boit trop, il drague mal, il se pose beaucoup (trop) de questions. Mais une chose est certaine, il veut venger son coéquipier tué par L’Alicanto. Il n’aura de cesse de traquer cette représentation du mal qui l’obsède.
L’Alicanto évoque la mort comme une pulsion. Il lui faut tuer pour exister, ressentir du plaisir. Quand il s’exprime dans des courriers (envoyés à un tueur d’exception, sa muse, son modèle), ses mots seraient presque poétiques pour parler de l’horreur, de la violence à l’état pur « La beauté dans la mort »….. Un meurtre peut-il être une œuvre d’art ? Le passé de l’Alicanto a-t-il conditionné son présent ? Cet être indescriptible est-il capable d’aimer, de recevoir de l’affection et d’en donner ?
Qui des deux tient les cartes en mains, qui manipule qui , qui aura le dessus? Chacun fait preuve d’une intelligence hors du commun, d’une analyse fine des situations, anticipant au maximum les réactions de l’autre. On se croirait dans un jeu d’échecs géant où les pièces n’avancent jamais sans réflexion, où chaque « joueur » se positionne en fin stratège.
Toutes ces interactions se déroulent au Chili, en partie à Santiago, dans une ambiance politique et humaine remarquablement décryptée pat l’auteur. Non pas qu’il nous raconte tout ce qui s’est passé et qui n’aurait pas forcément un intérêt primordial dans le roman ; non, il s’agit d’une atmosphère, d’une ambiance, d’explications sur la vie là-bas au détour d’un reportage, d’une conversation . On découvre les mapuches, on lit des constats sur le gouvernement de Michelle Bachelet.
« Mais depuis l’arrivée au pouvoir de Bachelet, tout avait changé. Les règles déontologiques primaient aujourd’hui sur les résultats. Paraître était devenu plus important que de nettoyer la ville des ordures qui arpentaient les trottoirs. Le monde ne tournait pas rond.»
Et ces états de faits influencent les personnages qui évoluent dans ce milieu. Les policiers notamment, pour qui la corruption fait partie du quotidien. Récupérer de la drogue et la garder bien au chaud … en quoi est-ce gênant ?
La force de cette intrigue est dans le fait de ces deux être qui se heurtent, se découvrent (au sens où nous apercevons de plus en plus de leur personnalité), se cachent à nouveau, mettant en place un suspense de plus en plus tendu. A l’origine, lui est croate, et son caractère est plus « carré » que celui de l’Alicanto qui est tout feu tout flammes….mais….il habite au Chili….et cela modifie ses perceptions de base. Est-ce que c’est cela qui lui permettra de mieux cerner la personne dont il veut la mort ? En se rapprochant d’elle?
Amadeo Alcacer sait à merveille installer un climat dans un roman, il décrit parfaitement l’état d’esprit du tueur, ses besoins, ses motivations. Comme il varie les procédés d’écriture (lettres, reportages, dialogues, etc) pour nous faire découvrir tout cela, son style n’est jamais lourd. C’est donc un texte bien agencé, dans une atmosphère ténébreuse à souhaits qu’il nous offre pour cette suite de l’Alicanto.
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