[Schovanec, Josef] De l'amour en Autistan
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[Schovanec, Josef] De l'amour en Autistan
Auteur : Josef Schovanec
Edition : Plon
Date de parution : novembre 2015
L'histoire :
Une immense mathématicienne, un bidouilleur informatique de génie, une passionnée d'art, un lecteur compulsif, un clochard céleste, un professeur excentrique... Chacun amoureux des langues, des nombres, des livres, des ordinateurs ou des couleurs, en autant de portraits, de visages et de récits dont les fils noués par l'auteur composent un monde et élaborent cette histoire si particulière de l'amour. L'amour en Autistan, ce pays fictif peuplé de personnes bizarres.
Mon avis :
L'érudition de l'auteur nous entraîne dans un monde complexe, auprès de personnages ayant chacun son domaine d'expertise et aimant s'attarder sur les détails. Chaque début de chapitre nécessite un temps d'adaptation, comme si on lisait un texte écrit dans une langue étrangère. Mais le charme opère et on voyage avec plaisir et curiosité dans l'univers (ou plutôt les univers) si particulier(s) de Gabriel, Sixte-Henri, Debbie, Jessica et Sonia.
Entre traité philosophique, roman, essai sur l'autisme, conte... ce livre atypique, inclassable, nous fait découvrir la logique mathématique, le chatoiement des tissus, la programmation informatique, les langues anciennes, les cultures africaines... Chaque personnage a sa propre voix (et sa propre voie), ses difficultés sociales, ses stratégies pour s'adapter au monde quotidien et en supporter les stimulations trop fortes, les êtres humains trop présents, leur manque de logique...
L'Amour apparaît ici comme une ouverture sociale : accepter l'autre, découvrir celui qui vous ressemble, comprendre sa singularité... Mais le contact est presque impossible pour ces personnages emprisonnés dans leur handicap, qui ne semblent pas éprouver de sentiments, qui ne savent pas, ne peuvent pas. On en souffre avec eux.
Alors l'Amour s'exprime autrement, dans sa dimension intellectuelle et culturelle. Découvrir d'autres milieux de vie, voyager, s'instruire... pour comprendre le fonctionnement du monde. Et aller à la rencontre de soi-même.
Petit bémol : j'avoue m'être parfois perdue dans les chapitres, qui se croisent, se mélangent, se brassent en une foule de détails.
L'intrigue a manqué pour moi de linéarité : es fils directeurs sont noyés dans les descriptions liées aux intérêts spécifiques de chaque personnage (je me suis par exemple demandé d'où venait ce collier en or qu'un des personnages restitue à l'autre, et j'ai dû retourner en arrière pour voir qu'il avait été mentionné dans une courte scène d'une dizaine de lignes seulement). Le narrateur change à chaque chapitre, avec une alternance entre narrateur interne et externe, qui ne facilite pas le repérage.
Après avoir refermé ce livre, il reste un goût amer. L'Amour a-t-il un sens pour une personne autiste ? Cette quête (si elle existe) peut-elle être couronnée de succès quand on est atypique ? Ces personnages goûteront-ils un jour au bonheur ?
Les dernières pages du livre sont bien pessimistes. Je me suis attachée à Gabriel, Sonia et les autres. J'aurais tant aimé qu'ils soient heureux... Mais la vie n'a rien d'un conte populaire et ce livre, bien plus riche qu'une romance avec une banale happy end, nous fait réfléchir sur l'Autre, la différence, le handicap, la richesse des cultures... N'est-ce pas là l'essentiel ?
Invité- Invité
Re: [Schovanec, Josef] De l'amour en Autistan
J'ai lu aussi le livre cet automne, et j'ai voté "apprécié", car il m'a moins marquée que "Je suis à l'est". J'ai apprécié les parcours des personnages, leurs intérêts, la façon dont ils gardaient le cap malgré leurs difficultés financières, souvent dues à une énorme difficulté à s'y retrouver dans les formalités administratives, à les mener à terme, quand les trajets et déplacements dans des lieux publics peuvent être une véritable épreuve.
J'ai apprécié aussi que l'amour ne soit pas tant l'amour que ça, tant s'en faut, c'est parfois l'amitié, parfois une passion… pour un art ou une activité. J'ai été sensible à la dimension affective, la manière dont ces personnages tentent de communiquer, mais sont mal compris, ou voudraient exprimer des choses, mais ne parviennent pas à les extérioriser. C'est peut-être plus cela la difficulté : comprendre ses propres sentiments (sans repères par rapport à ce qu'on éprouve normalement), et les exprimer verbalement.
Enfin, et surtout, j'apprécie le sens de la langue de Josef Schovanec, le choix presque précieux des mots, la précision du vocabulaire. Il a aussi un humour discret mais que je trouve souvent irrésistible, avec une pointe d'ironie. J'ai beaucoup aimé la mathématicienne et celui qui parle en latin (j'ai l'impression que là il se moquait un peu de lui-même).
Pour justifier le "apprécié" seulement, c'est un peu le même bémol que toi, @Téa Citron : tout en appréciant que les personnages se croisent tous à un moment donné, j'ai trouvé les fils qui tenaient le tout un peu lâches et distendus, comme si l'auteur se plaisait à une conversation légère et sans grande conséquence. Ou parfois on croit partir dans un type d'histoire, et finalement ça dévie, on se demande pourquoi...
J'ai apprécié aussi que l'amour ne soit pas tant l'amour que ça, tant s'en faut, c'est parfois l'amitié, parfois une passion… pour un art ou une activité. J'ai été sensible à la dimension affective, la manière dont ces personnages tentent de communiquer, mais sont mal compris, ou voudraient exprimer des choses, mais ne parviennent pas à les extérioriser. C'est peut-être plus cela la difficulté : comprendre ses propres sentiments (sans repères par rapport à ce qu'on éprouve normalement), et les exprimer verbalement.
Enfin, et surtout, j'apprécie le sens de la langue de Josef Schovanec, le choix presque précieux des mots, la précision du vocabulaire. Il a aussi un humour discret mais que je trouve souvent irrésistible, avec une pointe d'ironie. J'ai beaucoup aimé la mathématicienne et celui qui parle en latin (j'ai l'impression que là il se moquait un peu de lui-même).
Pour justifier le "apprécié" seulement, c'est un peu le même bémol que toi, @Téa Citron : tout en appréciant que les personnages se croisent tous à un moment donné, j'ai trouvé les fils qui tenaient le tout un peu lâches et distendus, comme si l'auteur se plaisait à une conversation légère et sans grande conséquence. Ou parfois on croit partir dans un type d'histoire, et finalement ça dévie, on se demande pourquoi...
elea2020- Grand sage du forum
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Age : 56
Localisation : 44
Emploi/loisirs : enseignante en reconversion
Genre littéraire préféré : dystopies et classiques, littérature russe
Date d'inscription : 02/01/2020
Re: [Schovanec, Josef] De l'amour en Autistan
Merci pour ta critique, @elea2020.
Je vois que nous avons un avis similaire sur ce livre, qui mérite d'être lu, malgré ses petits défauts, bien mineurs comparé à l'intérêt qu'il présente.
Je vois que nous avons un avis similaire sur ce livre, qui mérite d'être lu, malgré ses petits défauts, bien mineurs comparé à l'intérêt qu'il présente.
Invité- Invité
Re: [Schovanec, Josef] De l'amour en Autistan
Téa Citron a écrit:Merci pour ta critique, @elea2020.
Je vois que nous avons un avis similaire sur ce livre, qui mérite d'être lu, malgré ses petits défauts, bien mineurs comparé à l'intérêt qu'il présente.
Oui, et puis Josef Schovanec est tellement sympathique ! J'apprécie beaucoup sa personne, il est humble et drôle, c'est un bon héraut pour la communauté autistique (entre autres).
Edit : deux fautes en une phrase ! Ca ne va plus, il faut que j'aille dormir…
elea2020- Grand sage du forum
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