[Balzac, Honoré (de)] Une Étude de femme
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[Balzac, Honoré (de)] Une Étude de femme
Une étude de femme
Honoré de Balzac
1830
Editions Bibebook
ISBN : 978-2-8247-0971-0
Honoré de Balzac
1830
Editions Bibebook
ISBN : 978-2-8247-0971-0
Présentation de l'éditeur :
1830. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome I. Premier volume de l'édition Furne 1842. Extrait : La marquise de Listomère est une de ces jeunes femmes élevées dans l’esprit de la Restauration. Elle a des principes, elle fait maigre, elle communie, et va très-parée au bal, aux Bouffons, à l’Opéra ; son directeur lui permet d’allier le profane et le sacré. Toujours en règle avec l’église et avec le monde, elle offre une image du temps présent, qui semble avoir pris le mot de *Légalité* pour épigraphe. La conduite de la marquise comporte précisément assez de dévotion pour pouvoir arriver sous une nouvelle Maintenon à la sombre piété des derniers jours de Louis XIV, et assez de mondanité pour adopter également les mœurs galantes des premiers jours de ce règne, s’il revenait. En ce moment, elle est vertueuse par calcul, ou par goût peut-être.
Mon avis :
J'ai lu avec plaisir cette courte nouvelle, n'excédant pas une dizaine de pages, de Balzac, qui ne m'a pas semblé apporter tant de nouveauté, maintenant que je deviens familière de son univers, et de sa théorie sur le mariage.
La marquise de Listomère est une jeune femme à la fois vertueuse, suivant les préceptes de son directeur de conscience - ah ! comprendre encore aujourd'hui ce que pouvait être un directeur de conscience, et lire "faire maigre" comme respecter le Carême et non "avoir l'air" maigre sur son compte Insta... autres temps, autres mœurs ! - et mondaine, très appréciée dans les salons pour son élégance et sa retenue. Elle a épousé un député visant la pairie (personnage encore familier de la galerie de Balzac), qui ne dénote jamais, reste imperturbable et modéré. On peut supposer, à la voir éconduire le moindre soupirant avec une indifférence glaciale, que sa vertu est effectivement à toute épreuve. À moins qu'en grande coquette elle ne thésaurise sa réputation pour satisfaire ses envies plus tard ? Après tout, qu'est-ce que 7 ans à jouer ce rôle pour ensuite pouvoir jeter son bonnet par-dessus les moulins ? Ce Balzac tout de même, qui voit le Mal chez toutes les femmes...
Quoiqu'il en soit, notre marquise sera extrêmement surprise de recevoir une lettre à elle adressée par le jeune Eugène de Rastignac, beau jeune homme entrevu dans un salon, et qui l'a peut-être infimement troublée. Ce dernier ayant voulu écrire à Delphine de Nucingen, saura-t-il se tirer avec tact de ce mauvais pas et malheureux quiproquo ? Fera-t-il au passage chanceler le cœur et la vertu de la marquise de Listomère ?
N'en attendons pas trop non plus en termes d'intrigue, Balzac écrivait là une esquisse amusante pour le Magazine des modes ; on découvre toutefois avec un certain plaisir la généalogie de la Comédie humaine se dessiner sous nos yeux, puisqu'on trouve dans ce court texte diverses figures récurrentes, comme Rastignac et Mme de Nucingen (fille du vieux Père Goriot), Mme de Mortsauf (Le Lys dans la vallée) est évoquée également. L'auteur a toutefois le temps d'invoquer Stendhal et sa théorie de la cristallisation - ne laissons pas un amoureux ou une amoureuse seul(e) avec lui(elle)-même commencer à se faire des idées sur l'objet de son attirance...
Si la nouvelle ne manque pas d'intérêt par sa construction et son sens, j'ai parfois trouvé son ironie trop évidente, comme des clins d'œil un rien appuyés, de même que le recours à un narrateur à la première personne, ami de Rastignac, dont le statut n'est pas vraiment évident, m'a semblé un peu faible - tout comme la chute de la nouvelle.
Citations :
Député, il ne parle jamais, mais il vote bien ; il se comporte dans son ménage comme à la Chambre. Aussi passe-t-il pour être le meilleur mari de France. (Page 2)
"O cher ange d’amour, trésor de vie et de bonheur !" A ces mots, la marquise allait jeter la lettre au feu ; mais il lui passa par la tête une fantaisie que toute femme vertueuse comprendra merveilleusement, et qui était de voir comment un homme qui débutait ainsi pouvait finir. (Page 5)
A deux heures du matin, madame de Listomère, qui n’était restée que pour accabler Eugène de sa froideur, l’avait attendu vainement. (Page 6)
Monsieur de Listomère se saisit de la Gazette de France, qu’il aperçut dans un coin de la cheminée, et alla vers l’embrasure d’une fenêtre pour acquérir, le journaliste aidant, une opinion à lui sur l’état de la France. (Page 7)
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