[Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
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Votre avis sur "Le rapport de Brodeck" de Philippe Claudel
[Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
Le Rapport de Brodeck
Philippe Claudel
Edition Stock
414 pages
Philippe Claudel
Edition Stock
414 pages
"Je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien. Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache. Moi je n'ai rien fait, et lorsque j'ai su ce qui venait de se passez, j'aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens, de façon à ce qu'elle demeure tranquille comme une fouine dans une nasse de fer.
Mais les autres m'ont forcé: "Toi, tu sais écrire, m'ont-ils dit, tu as fait des études." J'ai répondu que c'étaient de petites études, des études même pas terminées d'ailleurs et qui ne m'ont pas laissé un grand souvenir. Ils n'ont rien voulu savoir.: "Tu sais écrire, tu sais les mots, et comment on les utilise et comment ils peuvent dire les choses. On s'embrouillerait mais toi tu diras, et alors, ils te croiront.
Il a reçu le Prix Goncourt des Lycéens en 2oo7. Dès que j'ai commencé à lire les premières lignes, je n'ai pas pu, par la suite, m'en détacher. Je voulais avancer, savoir ce qu'il allait se dire dans ce rapport. Le style d'écriture est très plaisant à lire et je conseille cet ouvrage à tout le monde.
Dernière édition par Avalon le Dim 29 Juin 2008 - 22:38, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
J'ai aussi beaucoup aimé ce livre, je l'ai trouvé très particulier et très intéressant. Je ne connaissais pas cet auteur mais ça m'a donné envie de lire d'autres livres de lui, même si j'ai pas eu le temps.
yaki- Grand sage du forum
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Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
J'ai eu un peu de mal à rentrer dans le livre au début.... il y a le rythme un peu brouillon et fourre-tout... mais qui donne un sentiment fort d'appartenance, un bon livre
Amicalement, Pinky
Amicalement, Pinky
Pinky- Grand sage du forum
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Date d'inscription : 04/06/2008
Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
VERDICT ...superbe!!!!
bien écrit, j'en suis encore sous l'émotion..
facile à lire, de part sa façon d'écrire, franchement cet auteur est entré dans ma besace, et je compte tout lire de lui
bien écrit, j'en suis encore sous l'émotion..
facile à lire, de part sa façon d'écrire, franchement cet auteur est entré dans ma besace, et je compte tout lire de lui
Invité- Invité
Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
J'ai comme Pinky eu du mal à rentrer dans le livre mais pas spécialement à cause du rythme.
C'est plutôt que, pendant un long moment, on reste dans le flou, l'incertitude.
Dès le début, il y a une tension très palpable, on sait que des choses dramatiques vont se produire.
Mais ces choses dramatiques, on en prend connaissance assez loin dans le livre.
Le héros nous dévoile son histoire par bribes, on ne sait pas trop où on va, les éléments nous sont dévoilés petit à petit et pas forcément au moment où l'on s'y attend.
Cela dit, comme toujours avec Claudel, l'écriture est magistrale.
Il arrive à nous rendre l'atmosphère de ce petit village coupé du monde complètement palpable et ses descriptions de la nature sont magnifiques.
J'aime aussi beaucoup cette façon imagée qu'il a de dire les choses, c'est très poétique...
Je vous en livre quelques exemples:
- "La nuit avait jeté son manteau sur le village comme un roulier sa cape sur les restes de braises d'un feu de chemin."
- "Je me suis senti comme un maigre têtard perdu dans une grande flaque d'eau de printemps."
- "Il partit d'un grand rire qui faisait voir ses quatre dernières dents, plantées sur sa mâchoire commes des souvenirs d'arbres sur une colline désolée".
C'est plutôt que, pendant un long moment, on reste dans le flou, l'incertitude.
Dès le début, il y a une tension très palpable, on sait que des choses dramatiques vont se produire.
Mais ces choses dramatiques, on en prend connaissance assez loin dans le livre.
Le héros nous dévoile son histoire par bribes, on ne sait pas trop où on va, les éléments nous sont dévoilés petit à petit et pas forcément au moment où l'on s'y attend.
Cela dit, comme toujours avec Claudel, l'écriture est magistrale.
Il arrive à nous rendre l'atmosphère de ce petit village coupé du monde complètement palpable et ses descriptions de la nature sont magnifiques.
J'aime aussi beaucoup cette façon imagée qu'il a de dire les choses, c'est très poétique...
Je vous en livre quelques exemples:
- "La nuit avait jeté son manteau sur le village comme un roulier sa cape sur les restes de braises d'un feu de chemin."
- "Je me suis senti comme un maigre têtard perdu dans une grande flaque d'eau de printemps."
- "Il partit d'un grand rire qui faisait voir ses quatre dernières dents, plantées sur sa mâchoire commes des souvenirs d'arbres sur une colline désolée".
Invité- Invité
Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
Je n'y suis pas entrée du tout, l'ai arrêté avant la fin je crois et ne me souviens que de vagues trucs... Les Âmes grises m'avaient plus fait d'effet
Invité- Invité
Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
Je viens de la commencer ! Les moments où ils raconte les camps font froid dans le dos et on se demande comment l'homme peut-il être si mauvais et pire qu'un animal !!
Invité- Invité
Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
Je l'ai terminé et reste sur une impression de malaise ; c'est un livre sur le côté noir et mauvais des hommes , sur ce que la peur de l'autre et de l'étranger peut donner ! qu'est ce qu'on aurait fait , nous si on avait du vivre l'horreur de l'occupation et des camps ! Que ne ferait on pas pour sauver sa peau ? Cela m'a posé beaucoup de questions ! Ne pas lire si on est déprimé !
Mais c'est un livre très bien écrit et je ne suis pas déçu à nouveau par le prix Goncourt des lycéens !!
Mais c'est un livre très bien écrit et je ne suis pas déçu à nouveau par le prix Goncourt des lycéens !!
Invité- Invité
Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
Comme Géraldine, j'ai terminé ce livre avec une senastion de malaise.
C'est un roman superbement écrit, avec les mots propres à Brodeck pour décrire la non acceptation de l' " étranger " dans le village, la sauvagerie et la cruauté des villageois.
L'emploi du patois allemand renforce l'impression de lourdeur, d'étouffement de ce roman sombre et à l'ambiance malsaine.
Mais quel talent chez Philippe Claudel !
C'est un roman superbement écrit, avec les mots propres à Brodeck pour décrire la non acceptation de l' " étranger " dans le village, la sauvagerie et la cruauté des villageois.
L'emploi du patois allemand renforce l'impression de lourdeur, d'étouffement de ce roman sombre et à l'ambiance malsaine.
Mais quel talent chez Philippe Claudel !
Paprika- Grand sage du forum
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Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
entièrement d'accord. C'est un livre dur à lire que j'ai dû arrêter plusieurs fois, mais que j'ai terminé avec ce sentiment que la noirceur des hommes existe encore et toujours.
Philippe Claudel est un très grand auteur
Philippe Claudel est un très grand auteur
Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
je suis tombée sous le charme des écrits de P.Claudel avec "La petite fille de Monsieur Linh" et "Le Café de l'Excelsior" , des romans courts et remplis d'émotions. J'ai eu envie de découvrir son dernier roman et j'y ai retrouvé les mêmes sentiments. Il raconte l'intolérance, la lâcheté, la violence mais aussi le courage, l'amour, la tolérance, et l'espoir. Un roman magnifique.
Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
Que dire du Chien Brodeck ?
Ce livre vous emmène tranquillement, l'air de rien, dans ce qui se trame de plus noir dans l'âme humaine. Et malheureusement, nombreux sont les endroits sur cette Terre où cette barbarie a toujours sa place. Un livre choc, de ceux qui vous laissent songeur sur l'Homme et sa prétendue humanité... Terriblement bien écrit en plus. 9/10
Ce livre vous emmène tranquillement, l'air de rien, dans ce qui se trame de plus noir dans l'âme humaine. Et malheureusement, nombreux sont les endroits sur cette Terre où cette barbarie a toujours sa place. Un livre choc, de ceux qui vous laissent songeur sur l'Homme et sa prétendue humanité... Terriblement bien écrit en plus. 9/10
Invité- Invité
Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
Grand livre humain. A classer à côté des Primo Levi et autres Claude Lanzmann.
Invité- Invité
Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
Début difficile pour moi (comme pour beaucoup d'entre vous apparemment)....
Je me suis dit aie aie ça va pas etre facile, beaucoup trop brouillon à mon gout, ça partait dans tous les sens, je me perdais dans les personnages etc.. Je l'ai même trouvé ennuyant...
Mais si on s'accroche un peu après la lecture devient fluide, les pages se tournent sans que l'on s'en rende compte..
Roman un peu historique, il raconte l'ambiance dans les camps lors de la guerre, la mèchanceté des bourreaux mais aussi et surtout la blessure inguérissable de ceux qui en réchappent..
Très beau et très intéressant !
Je me suis dit aie aie ça va pas etre facile, beaucoup trop brouillon à mon gout, ça partait dans tous les sens, je me perdais dans les personnages etc.. Je l'ai même trouvé ennuyant...
Mais si on s'accroche un peu après la lecture devient fluide, les pages se tournent sans que l'on s'en rende compte..
Roman un peu historique, il raconte l'ambiance dans les camps lors de la guerre, la mèchanceté des bourreaux mais aussi et surtout la blessure inguérissable de ceux qui en réchappent..
Très beau et très intéressant !
Invité- Invité
Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
Vous me donnez envie de retenter ma chance avec ce bouquin qui m'est tombé des mains au bout d'une soixantaine de pages. Peut-être devrais-je sauter le début ou le lire en diagonale pour arriver au coeur du sujet...
Véronique M.- Grand sage du forum
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Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
J'adore Philippe Claudel ! Encore un livre qui n'a rien à voir avec les autres que j'ai pu lire. Un livre sur la noirceur des hommes, un livre sur la mémoire (mémoire des camps de concentration, mémoire plus générale de l'histoire d'un village), un livre sur la faculté d'occulter que peuvent avoir les hommes lorsqu'ils sont acculés à leur destin...
Et toujours cette plume !
Quelques passages que j'ai adorés :
J'ai toujours eu du mal à parler et à dire le fond de ma pensée. Je préfère écrire. Il me semble alors que les mots deviennent très dociles, à venir me manger dans la main comme des petits oiseaux, et j'en fais presque ce que j'en veux, alors que lorsque j'essaie de les assembler dans l'air, ils se dérobent.
Moi j'ai choisi de vivre, et ma punition c'est ma vie. C'est comme cela que je vois les choses. Ma punition, ce sont toutes les souffrances que j'ai endurées ensuite. C'est Chien Brodeck. C'est le silence d'Emelia, que parfois j'interprète comme le plus grand des reproches. Ce sont les cauchemars toutes les nuits. Et c'est surtout cette sensation perpétuelle d'habiter un corps que j'ai volé jadis grâce à quelques gouttes d'eau.
Le lendemain, j'ai ruminé tout le jour, sans bouger. Je songeais à l'Histoire, la grande, et à la mienne d'histoire. Ceux qui écrivent la première connaissent-ils la seconde ? Comment la mémoire de certains retient-elle ce qu d'autres ont oublié ou n'ont jamais vu ? Qui a raison, de celui qui ne se résout pas à abandonner dans le noir les moments passés ou celui qui précipite dans l'obscurité tout ce qui ne l'arrange pas ? Vivre, continuer à vire, c'est peut-être décider que le réel ne l'est pas tout à fait, c'est peut-être choisir une autre réalité lorsque celle que nous avons connue devient un poids insupportable ?
Et toujours cette plume !
Quelques passages que j'ai adorés :
J'ai toujours eu du mal à parler et à dire le fond de ma pensée. Je préfère écrire. Il me semble alors que les mots deviennent très dociles, à venir me manger dans la main comme des petits oiseaux, et j'en fais presque ce que j'en veux, alors que lorsque j'essaie de les assembler dans l'air, ils se dérobent.
Moi j'ai choisi de vivre, et ma punition c'est ma vie. C'est comme cela que je vois les choses. Ma punition, ce sont toutes les souffrances que j'ai endurées ensuite. C'est Chien Brodeck. C'est le silence d'Emelia, que parfois j'interprète comme le plus grand des reproches. Ce sont les cauchemars toutes les nuits. Et c'est surtout cette sensation perpétuelle d'habiter un corps que j'ai volé jadis grâce à quelques gouttes d'eau.
Le lendemain, j'ai ruminé tout le jour, sans bouger. Je songeais à l'Histoire, la grande, et à la mienne d'histoire. Ceux qui écrivent la première connaissent-ils la seconde ? Comment la mémoire de certains retient-elle ce qu d'autres ont oublié ou n'ont jamais vu ? Qui a raison, de celui qui ne se résout pas à abandonner dans le noir les moments passés ou celui qui précipite dans l'obscurité tout ce qui ne l'arrange pas ? Vivre, continuer à vire, c'est peut-être décider que le réel ne l'est pas tout à fait, c'est peut-être choisir une autre réalité lorsque celle que nous avons connue devient un poids insupportable ?
Invité- Invité
Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
Je n'ai pas aimé. Je l'ai terminé parce que je déteste ne pas terminé un livre. C'est déjà arrivé et ça arrivera sans doute encore, mais c'est très rare.
Ce roman n'est pas un livre noir, c'est un livre lugubre. Ce village est tellement isolé que la consanguinité semble y avoir fait des ravages... si ce village existe.
Qu'un étranger s'y présente et c'est la nouvelle et la peur.
Avec la finale, j'en viens à me demander, tant l'espace est incertain, s'il faut croire à ces personnages ou si ce n'est que fumisterie.
Le seul très mince rayon légèrement blanchâtre de ce roman est l'idée, encore aléatoire, de Poupchette. Ma cote: 2/5.
Heureux celles et ceux qui ont aimé ce roman!
Ce roman n'est pas un livre noir, c'est un livre lugubre. Ce village est tellement isolé que la consanguinité semble y avoir fait des ravages... si ce village existe.
Qu'un étranger s'y présente et c'est la nouvelle et la peur.
Avec la finale, j'en viens à me demander, tant l'espace est incertain, s'il faut croire à ces personnages ou si ce n'est que fumisterie.
Le seul très mince rayon légèrement blanchâtre de ce roman est l'idée, encore aléatoire, de Poupchette. Ma cote: 2/5.
Heureux celles et ceux qui ont aimé ce roman!
Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
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Date d'inscription : 07/01/2012
Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
Mais oui, Moulin, voilà un autre chef d'oeuvre de Philippe Claudel. Je peux comprendre qu'on n'aime pas : il laisse un goût de cendre dans la bouche. Mais il est tellement fort, et profond... Je le vois à la fois comme un conte, qui pourrait commencer par "Il était une fois..." et comme un roman historique, bourré de références au nazisme et à ses horreurs, à tout ce que l'homme a en lui, de bon et de mauvais, ses lâchetés, ses forces. C'est très beau et très puissant !
Pistou 117- Grand sage du forum
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Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
Un livre très étrange, et plus on avance, plus c'est embrouillé. L'auteur nous laisse sans réponse sur le sens qu'il faut donner à la disparition du village, à la mort des renards.
Et puis c'est quand même bizarre cette Fédorine qui ne meurt jamais, cette femme qui chante tout le temps, la petite toujours sage et gentille (tiens, comme dans la petite fille de monsieur Linh...).
C'est un beau livre, très bien écrit, sur le mal qui se niche en chacun d'entre nous. Parmi tous les romans sur la seconde guerre mondiale, si je devais en garder un seul c'est celui-là que je choisirais.
Et puis c'est quand même bizarre cette Fédorine qui ne meurt jamais, cette femme qui chante tout le temps, la petite toujours sage et gentille (tiens, comme dans la petite fille de monsieur Linh...).
- Spoiler:
- Selon moi, Brodeck est devenu fou dans les camps, Fédorine, Emélia et Poupchette sont mortes et c'est pour cette raison qu'à la fin il les porte toutes sans difficulté, en tous cas c'est ce que suggère l'histoire du tailleur Bilissi. Cela peut aussi expliquer l'étrange méfiance dont Brodeck est l'objet dans le village. Quand à "l'Anderer", il se peut très bien que ce soit aussi le fruit de son imagination.
C'est un beau livre, très bien écrit, sur le mal qui se niche en chacun d'entre nous. Parmi tous les romans sur la seconde guerre mondiale, si je devais en garder un seul c'est celui-là que je choisirais.
Dernière édition par alexielle63 le Ven 3 Jan 2014 - 12:21, édité 1 fois (Raison : ajout des balises spoiler)
Invité- Invité
Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
J'ai voté : très apprécié
Après Les âmes grises, La petite-fille de Monsieur Linh et Parfums, je poursuis ma découverte de l’œuvre de Philippe Claudel.
Je ne savais pas à quoi m'attendre en ouvrant ce livre. Le titre m'évoquait une histoire d'espionnage, je ne sais pas pourquoi.
C'est donc avec une sorte d'incertitude que je suis entrée dans le monde de Brodeck.
Un monde étrange, qui n'a ni date ni lieu.
Brodeck vit dans un village, on ne sait où, on ne sait à quelle époque.
Il a été chargé par les habitants d'écrire un rapport, on ne sait pas trop sur quoi ; un événement qui aurait eu lieu dans l'auberge du village, un meurtre peut-être, au centre duquel se trouverait un étranger surnommé l'Anderer.
Les noms de lieux et de personnages ont une consonance germanique. Et au fil du récit, peu à peu, se dessine le fantôme de la seconde guerre mondiale et les persécutions dont ont été victimes certains peuples. Brodeck sera le premier touché.
Il dévoile peu à peu ce qu'il a vécu, et nous raconte la guerre dans toute son horreur.
Certains passages sur ce qu'a vécu Brodeck m'ont touchée.
Je les cite ici, en spoiler, pour ne pas dévoiler l'histoire à ceux qui veulent garder le plaisir de la découverte.
J'ai apprécié à nouveau l'écriture de Philippe Claudel et la richesse des propos tenus par Brodeck, qui nous amènent à réfléchir sur des sujets variés : les rêves, l'écriture, les femmes, l'Histoire...
Il y a également de belles descriptions de la nature car le village de Brodeck est perdu au bout du monde, au milieu de forêts, près d'une rivière.
Un petit coin de paradis, isolé... mais pas suffisamment éloigné pour éviter la guerre, qui viendra y répandre la suspicion, la haine et l'horreur, comme partout ailleurs.
Un livre difficile à lire, mais qui mérite que l'on s'y plonge, avec calme et gravité.
Après Les âmes grises, La petite-fille de Monsieur Linh et Parfums, je poursuis ma découverte de l’œuvre de Philippe Claudel.
Je ne savais pas à quoi m'attendre en ouvrant ce livre. Le titre m'évoquait une histoire d'espionnage, je ne sais pas pourquoi.
C'est donc avec une sorte d'incertitude que je suis entrée dans le monde de Brodeck.
Un monde étrange, qui n'a ni date ni lieu.
Brodeck vit dans un village, on ne sait où, on ne sait à quelle époque.
Il a été chargé par les habitants d'écrire un rapport, on ne sait pas trop sur quoi ; un événement qui aurait eu lieu dans l'auberge du village, un meurtre peut-être, au centre duquel se trouverait un étranger surnommé l'Anderer.
Les noms de lieux et de personnages ont une consonance germanique. Et au fil du récit, peu à peu, se dessine le fantôme de la seconde guerre mondiale et les persécutions dont ont été victimes certains peuples. Brodeck sera le premier touché.
Il dévoile peu à peu ce qu'il a vécu, et nous raconte la guerre dans toute son horreur.
La guerre... Peut-être les peuples ont-ils besoin de ces cauchemars. Ils saccagent ce qu'ils ont mis des siècles à construire. On détruit ce qu'hier on louait. On autorise ce que l'on interdisait. On favorise ce que jadis on condamnait. La guerre, c'est une grande main qui balaie le monde.
Certains passages sur ce qu'a vécu Brodeck m'ont touchée.
Je les cite ici, en spoiler, pour ne pas dévoiler l'histoire à ceux qui veulent garder le plaisir de la découverte.
- Spoiler:
- C'est drôle la vie. Je veux dire les courants de la vie, ceux qui nous emportent plus qu'on ne les suit, et qui nous déposent après un curieux parcours soit sur la berge de droite, soit sur celle de gauche. Je ne sais pas comment l'étudiant Ulli Rätte était devenu un des gardes du camp, c'est-à-dire une des pièces parfaitement huilées et obéissantes de la grande machine de mort dans laquelle on nous enfournait. Je ne sais pas par quelles épreuves ou par quels glissements il en était arrivé là. Comment l'Ulli que j'avais connu, et qui n'aurait pas fait de mal à un chat, était devenu le serviteur d'un système qui broyait les hommes, qui les réduisait à un état à côté duquel celui de cloporte était enviable ?
- Spoiler:
- Quelle était sa destination ? Quelles contrées traversions-nous ? Existaient-elles sur les cartes ? Aujoud'hui, je sais qu'elles n'existaient sur aucune carte, mais qu'elles naissaient au fur et à mesure que le wagon roulait sur elles. Le wagon, et tous les autres wagons semblables au nôtre, dans lesquels, comme dans le nôtre, des dizaines de femmes, d'enfants et d'hommes étaient dévorés par la soif, la fièvre, la faim, dans lesquels ils suffoquaient, dans lesquels ils étaient serrés les uns contre les autres, parfois morts contre vivants, le wagon et tous les autres wagons inventaient, de minute en minute, un pays, celui de l'inhumanité, de la négation de toute humanité, dont le camp allait être le cœur.
J'ai apprécié à nouveau l'écriture de Philippe Claudel et la richesse des propos tenus par Brodeck, qui nous amènent à réfléchir sur des sujets variés : les rêves, l'écriture, les femmes, l'Histoire...
Je ne crois pas que les rêves annoncent quoi que ce soit, comme certains le prétendent. Je pense simplement qu'ils adviennent au moment où il faut, et qu'ils nous disent, dans le creux de la nuit, ce que nous n'osons peut-être pas nous avouer en plein jour.
Je ne sais pas si l'on peut guérir de certaines choses. Au fond, raconter n'est peut-être pas un remède si sûr que cela. Peut-être qu'au contraire raconter ne sert qu'à entretenir les plaies, comme on entretient les braises d'un feu afin qu'à notre guise, quand nous le souhaiterons, il puisse repartir de plus belle.
Il n'y avait aucune femme [...] Nous n'étions que des hommes, des hommes entre nous. Au village, il y en a pourtant des femmes, comme partout ailleurs, des jeunes, des vieilles, des jolies, des très laides, et qui savent, et qui pensent. Ces femmes qui nous ont mis au monde et qui nous regardent le détruire, qui nous donnent la vie, et qui, ensuite, ont tant de fois l'occasion de le regretter.
Je songeais à l'Histoire, la grande, et à la mienne d'histoire, à la nôtre. Ceux qui écrivent la première connaissent-ils la seconde ? Comment la mémoire de certains retient-elle ce que d'autres ont oublié ou n'ont jamais vu ? [...] L'Histoire serait-elle une vérité majeure faite de millions de mensonges individuels cousus les uns aux autres, comme ces vieilles couvertures que fabriquait Fédorine, pour nous nourrir lorsque j'étais enfant, et qui paraissaient neuves et splendides, dans leur arc-en-ciel de couleurs, alors qu'elles étaient constituées de rebuts de tissus, de formes disparates, de laines de qualités incertaines, de provenances inconnues ?
Il y a également de belles descriptions de la nature car le village de Brodeck est perdu au bout du monde, au milieu de forêts, près d'une rivière.
Le sentier qui y conduit n'a plus sa rigueur passée, lorsque chaque année, des centaines de sabots lui donnaient profondeur et forme. Les sentiers sont comme les hommes, ils meurent aussi. Peu à peu ils s'encombrent, se comblent, se morcellent, se laissent manger par les herbes, puis disparaissent.
Un petit coin de paradis, isolé... mais pas suffisamment éloigné pour éviter la guerre, qui viendra y répandre la suspicion, la haine et l'horreur, comme partout ailleurs.
Je ferais mieux de prendre Poupchette et Emélia dans mes bras, la vieille Fédorine sur mon dos, un baluchon rempli de vivres, de vêtements et de quelques beaux souvenirs, et m'en aller loin d'ici. Recommencer. Tout recommencer. C'est à cela paraît-il que l'on reconnaît l'homme, nous disait jadis Nösel. "L'homme est un animal qui toujours recommence."
Un livre difficile à lire, mais qui mérite que l'on s'y plonge, avec calme et gravité.
Invité- Invité
Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
Virgule, très belle description d'un livre que je n'ai pas aimé, n'y ayant sans doute rien compris.
Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
-
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Localisation : Québec
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Date d'inscription : 07/01/2012
Re: [Claudel, Philippe] Le Rapport de Brodeck
C'est une lecture difficile, c'est vrai, cher Moulin-à-Vent.
J'ai été découragée par moments, mais intriguée aussi. Et j'avais envie de savoir.
Alors j'ai poursuivi ma lecture et j'ai fini par l'apprécier.
Peut-être parce que j'apprécie l'écriture de l'auteur.
Qui sait ?
J'ai été découragée par moments, mais intriguée aussi. Et j'avais envie de savoir.
Alors j'ai poursuivi ma lecture et j'ai fini par l'apprécier.
Peut-être parce que j'apprécie l'écriture de l'auteur.
Qui sait ?
Invité- Invité
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