[Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
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Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
Mon avis :
Ce livre m’a été offert et je remercie la personne qui m’a fait ce cadeau !
Deux destins parallèles, chacun à un tournant de leur vie, l’un par une décision non choisie mais bouleversante (Mathilde), l’autre par une décision choisie mais tout aussi douloureuse à vivre (Thibault).
L’un et l’autre se posant les questions des choix, de la vie qui nous entraîne là où on ne serait pas forcément allé, des événements qu’on subit, endure, en pensant que ça ira mieux demain ….
Combien d’hommes et de femmes évoqués à travers ces deux personnages ? Qui ne se sera pas reconnu, ou n’aura pas reconnu quelqu’un qu’il connaît dans une des situations (même annexes à l’intrigue principale).
Mathilde, harcelée sans que cela se voie, d’une façon insidieuse, qui finit par se comporter comme si elle était coupable, comme si elle devait réparer une faute…
Mathilde, qui n’a pas pris la mesure tout de suite, de la volonté de son patron, de son désir de l’isoler, de la pousser encore et encore dans l’ombre…
Mathilde qui se tait parce qu’elle a honte….
Le personnage de Thibaut aurait pu être un peu plus développé et cela n’aurait pas, à mon avis, nuit à l’histoire.
L’écriture de Delphine de Vigan est « juste », les mots suffisent, pas besoin de plus. Elle sait instiller un rythme saccadé lorsque Mathilde s’angoisse, plus long lorsqu’elle baisse les bras et n’en peut plus. Les expressions sont ciblées, précises…
J’ai énormément apprécié cette lecture sans doute parce qu’elle sonne « vraie » (ce que j’ai moins ressenti pour No et moi.)
Ce livre m’a été offert et je remercie la personne qui m’a fait ce cadeau !
Deux destins parallèles, chacun à un tournant de leur vie, l’un par une décision non choisie mais bouleversante (Mathilde), l’autre par une décision choisie mais tout aussi douloureuse à vivre (Thibault).
L’un et l’autre se posant les questions des choix, de la vie qui nous entraîne là où on ne serait pas forcément allé, des événements qu’on subit, endure, en pensant que ça ira mieux demain ….
Combien d’hommes et de femmes évoqués à travers ces deux personnages ? Qui ne se sera pas reconnu, ou n’aura pas reconnu quelqu’un qu’il connaît dans une des situations (même annexes à l’intrigue principale).
Mathilde, harcelée sans que cela se voie, d’une façon insidieuse, qui finit par se comporter comme si elle était coupable, comme si elle devait réparer une faute…
Mathilde, qui n’a pas pris la mesure tout de suite, de la volonté de son patron, de son désir de l’isoler, de la pousser encore et encore dans l’ombre…
Mathilde qui se tait parce qu’elle a honte….
Le personnage de Thibaut aurait pu être un peu plus développé et cela n’aurait pas, à mon avis, nuit à l’histoire.
L’écriture de Delphine de Vigan est « juste », les mots suffisent, pas besoin de plus. Elle sait instiller un rythme saccadé lorsque Mathilde s’angoisse, plus long lorsqu’elle baisse les bras et n’en peut plus. Les expressions sont ciblées, précises…
J’ai énormément apprécié cette lecture sans doute parce qu’elle sonne « vraie » (ce que j’ai moins ressenti pour No et moi.)
Cassiopée- Admin
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Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
Je viens de finir le second livre de Delphine de Vigan....
Après "nô et Moi" que j'avais beaucoup aimé, je me suis régalée avec ce livre...
Mathilde, jeune femme de 40 ans déjà éprouvée par la vie, puisque veuve à 30 ans avec trois enfants à élever, va remonter la pente en trouvant un travail qui lui apportera l'assurance, les responsabilités, la considération et le respect de son patron et de ses collègues.
Mais un jour, tout bascule, son patron ne lui accorde plus sa confiance, la discrédite auprès de ses collègues, lui fait subir un tel harcèlement moral qu'il la détruit physiquement et moralement....
Thibaut, jeune médecin d'une quarantaine d'années n'est pas heureux, il quitte la femme dont il est amoureux mais qui ne lui rend pas cet amour....
Ce livre est magnifique, l'auteure dont j'aime beaucoup le style fluide et léger, aborde une fois encore des sujets très profonds...
On ne peut pas rester insensible au harcèlement moral que subit Mathilde. Qui n'a pas été confronté ou ne connait pas une personne confrontée à ce problème ? J'ai haïs Jacques au plus haut point et me suis très attachée à Mathilde....
J'avoue avoir été moins touchée par le personnage de Thibaut qui est moins présent dans ce roman.
Le "bémol" c'est la fin..... J'avoue qu'elle m'a déçue.... J'ai ressenti un renoncement de la part de Mathilde alors que j'aurais tellement aimé un retour de situation....
Après "nô et Moi" que j'avais beaucoup aimé, je me suis régalée avec ce livre...
Mathilde, jeune femme de 40 ans déjà éprouvée par la vie, puisque veuve à 30 ans avec trois enfants à élever, va remonter la pente en trouvant un travail qui lui apportera l'assurance, les responsabilités, la considération et le respect de son patron et de ses collègues.
Mais un jour, tout bascule, son patron ne lui accorde plus sa confiance, la discrédite auprès de ses collègues, lui fait subir un tel harcèlement moral qu'il la détruit physiquement et moralement....
Thibaut, jeune médecin d'une quarantaine d'années n'est pas heureux, il quitte la femme dont il est amoureux mais qui ne lui rend pas cet amour....
Ce livre est magnifique, l'auteure dont j'aime beaucoup le style fluide et léger, aborde une fois encore des sujets très profonds...
On ne peut pas rester insensible au harcèlement moral que subit Mathilde. Qui n'a pas été confronté ou ne connait pas une personne confrontée à ce problème ? J'ai haïs Jacques au plus haut point et me suis très attachée à Mathilde....
J'avoue avoir été moins touchée par le personnage de Thibaut qui est moins présent dans ce roman.
Le "bémol" c'est la fin..... J'avoue qu'elle m'a déçue.... J'ai ressenti un renoncement de la part de Mathilde alors que j'aurais tellement aimé un retour de situation....
Invité- Invité
Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
Un de nos profs nous a fait lire ceci, bien sur comme chaque livre conseillé par un prof on est réticent. Sauf que, cette fois j'ai apprécié ce livre. Il me semble tres réaliste. Par contre, je suis restée frustrée sur la fin, j'en suis tres tres déçu.
Mis à part la fin, ce roman est intéressant et m'a confirmé ce que je pensais du monde du travail meme si je n'ai pas beaucoup d'expérience.
Donc si je le conseille à quelqu'un, je ne lui dirais pas sur quel sentiment il se risque à la fin.
Mis à part la fin, ce roman est intéressant et m'a confirmé ce que je pensais du monde du travail meme si je n'ai pas beaucoup d'expérience.
Donc si je le conseille à quelqu'un, je ne lui dirais pas sur quel sentiment il se risque à la fin.
Invité- Invité
Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
C'est loin d'être un livre rose. Que cette lecture nous rappelle de mauvais souvenirs. Il est facile de constater la maladie véhiculée par le travail dans le monde dit "des grandes puissances". L'écoeurement est à la portée de toutes et de tous. C'est la spécialité des pilules de bonheur, la soustraction humaine de la performance exigée. D'une tristesse universelle! Pourquoi et pour qui ce livre a-t-il été écrit? C'est un malaise connu qu'il est, pour plusieurs, préférable d'oublier. À la retraite, c'est facile de remiser cet état de fait indéfiniment, mais lorsqu'on est en plein dans le moment de travail, c'est l'horreur. L'horreur...
Ma cote: 5/10.
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Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
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Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
C'est mon premier livre de Delphine de Vigan (et certainement pas le dernier).
J'ai bien aimé l'écriture fluide de ce livre mais quelle tristesse cette histoire où on voit Mathilde se perdre, victime de harcèlement moral.
J'avoue que la fin m'a un peu déçue, j'aurais aimé une note d'espoir.
J'ai bien aimé l'écriture fluide de ce livre mais quelle tristesse cette histoire où on voit Mathilde se perdre, victime de harcèlement moral.
J'avoue que la fin m'a un peu déçue, j'aurais aimé une note d'espoir.
Invité- Invité
Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
Si le meurtre n’était pas interdit pas la loi, je serais volontiers rentrer dans l’entreprise de Mathilde pour « faire la peau à Jacques ». C’est dire à quel point ce roman m’a touché. Ce roman traite de solitude urbaine, de harcèlement moral, les deux personnages sont en grande souffrance. Je me suis plus attachée à Mathilde, car j’ai déjà vécu une profonde lassitude professionnelle, le silence et l’incompréhension. Mais je me plais à croire que cette journée du 20 mai est un tournant dans leurs existences, ils ont chacun pris une grande décision, qui sera le début d’une nouvelle vie.
"Dans le silence, Mathilde a pensé que la compassion n’avait lieu qu’au moment où l’on se reconnaissait dans l’autre, au moment où l’on prenait conscience que tout ce qui concernait l’autre pouvait nous arriver, exactement avec la même brutalité…Dans cette conscience de ne pas être à l’abri de pouvoir descendre aussi bas, seulement là la compassion pouvait subvenir. La compassion n’était rien d’autre qu’une peur pour soi-même. "
"Dans le silence, Mathilde a pensé que la compassion n’avait lieu qu’au moment où l’on se reconnaissait dans l’autre, au moment où l’on prenait conscience que tout ce qui concernait l’autre pouvait nous arriver, exactement avec la même brutalité…Dans cette conscience de ne pas être à l’abri de pouvoir descendre aussi bas, seulement là la compassion pouvait subvenir. La compassion n’était rien d’autre qu’une peur pour soi-même. "
lili78- Grand sage du forum
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Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
Mon avis:
Dans ce roman, Delphine de Vignan dresse le portrait de deux personnes épuisées par la vie, chacune à sa manière. Elles ne se connaissent pas, elles ne sont que deux personnes anonymes parmi des milliers dans la ville.
Mathilde est une brillante cadre en entreprise de marketing. Après huit ans de bons services, elle ose contredire son patron et elle devient victime de harcèlement moral. Ce n'est pas écrit texto dans le livre mais c'est quand même de ça qu'il s'agit. Son supérieur la décharge petit-à-petit de ses tâches, l'ignore et l'isole petit à petit de ses collègues de travail qui n'osent pas intervenir de peur de perdre leur boulot. Au début, elle croit que ça va passer, elle essaie de garder le sourire pour ne pas envenimer les choses. Quand elle prend conscience que c'est rendu trop loin, elle est déjà trop épuisée pour se battre et se défendre.
Thibault est médecin à Paris et fait des visites à domicile toute la journée. Il vient de laisser une femme qui ne l'aime pas en dehors de la chambre à coucher et la barrière qu'il maintenait avec les gens qu'il soigne s'effondre. Il est épuisé de voir la maladie, la détresse, la vieillesse, la solitude.
Au début du roman, j'étais enchantée par l'écriture magnifique aux phrases courtes, mais intenses. Arrivée à la moitié du roman, j'ai commencé à me lasser de ces personnages à bout de nerf et franchement l'air en dépressions et qui en plus ne font rien pour se sortir de leur situation apparemment intenable. Ils se laissent carrément abattre! Pour Mathilde, je comprends. Elle se fait détruire insidieusement, à petit feu par son boss... Mais Thibault? Il m'exaspérait et j'avais envie de lui mettre quelques claques pour le réveiller.
Ici, le roman conte une réalité brutale où tout tout tout n’est que désespoir. Pas une goutte d’espoir dans ce livre. Il est pourtant magnifiquement écrit, j'ai adoré son style d'écriture!!! Je lirai certainement d’autres livres de cet auteur! Mais si vous voulez rêver, ou si vous êtes déjà dans une passe déprimante, je ne le vous conseille pas Mais si vous vous sentez capable de prendre une certaine distance par rapport au livre, foncez car l'écriture, la justesse des émotions, est tout simplement sublime!
3/5
Invité- Invité
Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
un livre avec tellement d'émotion j'ai vraiment beaucoup aimé même si la fin manque d'un quelque chose de plus positif qui permettrait de libérer le lecteur du poids de l'histoire de mathilde
Invité- Invité
Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
L'écriture de Delphine de Vigan me touche toujours autant. Sans fioriture elle dresse le portrait de deux personnes brisées par la vie et le monde du travail. Qui cherche une sortie, une solution à leur mal être.
Moi qui vient de passer par un moment dificile au travail j'ai traissailli de cette angoisse dans le métro, des matins où on cherche la force de se lever, des "oui ça va" répondu nez par terre alors que non ça ne va pas.
pas franchement joyeux, dépressifs s'abstenir ! Mais vraiment bien.
Moi qui vient de passer par un moment dificile au travail j'ai traissailli de cette angoisse dans le métro, des matins où on cherche la force de se lever, des "oui ça va" répondu nez par terre alors que non ça ne va pas.
pas franchement joyeux, dépressifs s'abstenir ! Mais vraiment bien.
Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
Je viens de refermer le livre et je reste un peu sur ma faim. Que vont-ils devenir?
L'auteure parvient à nous faire ressentir le mal-être de cette femme, sa situation, ... Ce sentiment de fatigue psychique et physique de deux êtres brisés pour qui le 20 mai représente le début... mais le début de quoi? Impossible de le savoir, j'ai eu l'impression que l'auteure à la fin lâche ces personnages, sans les accompagner. Je suis une peu restée sur ma faim et donc j'ai voté "bien apprécié".
L'auteure parvient à nous faire ressentir le mal-être de cette femme, sa situation, ... Ce sentiment de fatigue psychique et physique de deux êtres brisés pour qui le 20 mai représente le début... mais le début de quoi? Impossible de le savoir, j'ai eu l'impression que l'auteure à la fin lâche ces personnages, sans les accompagner. Je suis une peu restée sur ma faim et donc j'ai voté "bien apprécié".
Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
au lecteur de faire sa propre fin... Lilo
Pinky- Grand sage du forum
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Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
donc à lire lorsque le soleil sera de retour
Invité- Invité
Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
« Mais les gens désespérés ne se rencontrent pas. Ou peut-être au cinéma. Dans la vraie vie, ils se croisent, s’effleurent, se percutent. Et souvent se repoussent, comme les pôles identiques de deux aimants ».
Aucun doute, Mathilde et Thibault, les deux personnages du roman, sont des désespérés. Ils ne se connaissent pas, et on se pose d’emblée la question de savoir s’ils vont se rencontrer (se croiser, s’effleurer, se percuter, se repousser ?), et on se prend à espérer un « happy end », tant ces deux-là souffrent et auraient mérité un peu de répit.
Commençons par Mathilde, cadre supérieure dynamique hyper-compétente, elle est le bras droit de son patron depuis 8 ans. Jusqu’au jour où elle le contredit devant un client. C’est le début de la descente aux enfers : il dénigre son travail et ses compétences devant les collègues, lui retire peu à peu toute responsabilité, toute mission, la prive de son bureau puis d’ordinateur pour la remiser dans un bureau obscur près des toilettes. En droit du travail, on appelle ça harcèlement moral. Mais Mathilde est tellement abasourdie qu’elle nie d’abord l’évidence. Et à force d’attendre que « ça passe », elle se retrouve moralement laminée au point d’être incapable de réagir. Elle est à nouveau au fond du trou, comme il y a 10 ans, après la mort de son mari. Elle avait mis du temps, mais elle avait su remonter la pente, retrouver un travail, qu’elle adorait. Alors on se dit qu’elle a de la force, qu’elle va résister, qu’elle s’en sortira cette fois aussi. Qu’elle va porter plainte, mettre le syndicat et la DRH de son côté, se battre. Entre entreprise de destruction psychologique systématique et minuscules bouffées d’espoir et de courage, on oscille avec elle au bord du gouffre, au bord du quai du métro juste avant que la rame arrive.
Thibault, lui, est médecin aux « Urgences médicales ». Il passe ses journées à parcourir la ville dans sa voiture pourrie, pour aller soigner des angines, des gastro-entérites et surtout des solitudes. Il faut avoir le cœur et l’esprit bien accrochés pour ce travail, et ce n’est pas vraiment le cas de Thibault. Il vient de mettre fin à une relation à sens unique, dans laquelle la femme ne l’aimait pas. Mais la brisure (au propre et au figuré) est probablement plus ancienne, remontant au jour où une portière de voiture s’est claquée sur sa main, l’amputant de deux doigts et de son rêve de devenir chirurgien. Contrairement à Mathilde, dépossédée de son emploi, lui s’abrutit de travail pour éviter de penser. Mais ça ne fonctionne pas, ses patients lui rappelant la misère affective à l’œuvre dans les grandes villes.
J’ai adoré ce roman. Il se lit en quelques heures, il est bien écrit, et comporte un certain suspense. Mais surtout, j’ai ressenti une totale empathie avec Mathilde, moins avec Thibault, donc l’histoire m’a moins interpellée. Pourtant on pourrait être tenté de prendre en grippe l’inerte Mathilde, et avoir envie de la secouer. Mais grâce à la justesse de l’analyse psycho-sociologique, on comprend qu’elle en est incapable tant son patron a réussi à l’anéantir.
J’ai adoré ce roman, pourtant il est démoralisant. Delphine de Vigan n’est pas une optimiste. Elle dénonce la violence sournoise mais inouïe qui règne parfois dans le monde de l’entreprise, en particulier le sadisme sans nom du harcèlement moral. Elle dépeint aussi, sans pleurnicheries ni misérabilisme, l’isolement, la solitude, la difficulté pour les faibles de résister à cette vie écrasante, impitoyable. Elle ne se/nous berce pas d’illusions en faisant miroiter des lendemains qui chantent. Peut-être que ça ira mieux, mais peut-être pas…
Peut-être que le message à retirer de ces deux tranches de vie, c’est qu’au-delà d’un certain degré de souffrance, on ne s’en sort pas seul. Mais qu’il est parfois difficile de voir la main tendue.
Aucun doute, Mathilde et Thibault, les deux personnages du roman, sont des désespérés. Ils ne se connaissent pas, et on se pose d’emblée la question de savoir s’ils vont se rencontrer (se croiser, s’effleurer, se percuter, se repousser ?), et on se prend à espérer un « happy end », tant ces deux-là souffrent et auraient mérité un peu de répit.
Commençons par Mathilde, cadre supérieure dynamique hyper-compétente, elle est le bras droit de son patron depuis 8 ans. Jusqu’au jour où elle le contredit devant un client. C’est le début de la descente aux enfers : il dénigre son travail et ses compétences devant les collègues, lui retire peu à peu toute responsabilité, toute mission, la prive de son bureau puis d’ordinateur pour la remiser dans un bureau obscur près des toilettes. En droit du travail, on appelle ça harcèlement moral. Mais Mathilde est tellement abasourdie qu’elle nie d’abord l’évidence. Et à force d’attendre que « ça passe », elle se retrouve moralement laminée au point d’être incapable de réagir. Elle est à nouveau au fond du trou, comme il y a 10 ans, après la mort de son mari. Elle avait mis du temps, mais elle avait su remonter la pente, retrouver un travail, qu’elle adorait. Alors on se dit qu’elle a de la force, qu’elle va résister, qu’elle s’en sortira cette fois aussi. Qu’elle va porter plainte, mettre le syndicat et la DRH de son côté, se battre. Entre entreprise de destruction psychologique systématique et minuscules bouffées d’espoir et de courage, on oscille avec elle au bord du gouffre, au bord du quai du métro juste avant que la rame arrive.
Thibault, lui, est médecin aux « Urgences médicales ». Il passe ses journées à parcourir la ville dans sa voiture pourrie, pour aller soigner des angines, des gastro-entérites et surtout des solitudes. Il faut avoir le cœur et l’esprit bien accrochés pour ce travail, et ce n’est pas vraiment le cas de Thibault. Il vient de mettre fin à une relation à sens unique, dans laquelle la femme ne l’aimait pas. Mais la brisure (au propre et au figuré) est probablement plus ancienne, remontant au jour où une portière de voiture s’est claquée sur sa main, l’amputant de deux doigts et de son rêve de devenir chirurgien. Contrairement à Mathilde, dépossédée de son emploi, lui s’abrutit de travail pour éviter de penser. Mais ça ne fonctionne pas, ses patients lui rappelant la misère affective à l’œuvre dans les grandes villes.
J’ai adoré ce roman. Il se lit en quelques heures, il est bien écrit, et comporte un certain suspense. Mais surtout, j’ai ressenti une totale empathie avec Mathilde, moins avec Thibault, donc l’histoire m’a moins interpellée. Pourtant on pourrait être tenté de prendre en grippe l’inerte Mathilde, et avoir envie de la secouer. Mais grâce à la justesse de l’analyse psycho-sociologique, on comprend qu’elle en est incapable tant son patron a réussi à l’anéantir.
J’ai adoré ce roman, pourtant il est démoralisant. Delphine de Vigan n’est pas une optimiste. Elle dénonce la violence sournoise mais inouïe qui règne parfois dans le monde de l’entreprise, en particulier le sadisme sans nom du harcèlement moral. Elle dépeint aussi, sans pleurnicheries ni misérabilisme, l’isolement, la solitude, la difficulté pour les faibles de résister à cette vie écrasante, impitoyable. Elle ne se/nous berce pas d’illusions en faisant miroiter des lendemains qui chantent. Peut-être que ça ira mieux, mais peut-être pas…
Peut-être que le message à retirer de ces deux tranches de vie, c’est qu’au-delà d’un certain degré de souffrance, on ne s’en sort pas seul. Mais qu’il est parfois difficile de voir la main tendue.
Invité- Invité
Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
Bouh diou ! Que c'est bon ! Quel suspens ! Quelle analyse ! Quelle vérité ! Quel sens du mot juste ! C'est une faculté incroyable qu'on certains auteurs de toucher au plus profond des sentiments si proches de ce que l'on pourrait ressentir que l'on croit les avoir vécu! Incroyable. Une merveille.
Invité- Invité
Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
Il s’agit de deux personnes vivant toutes deux en ville. La première est une femme, Mathilde. Elle mène une vie heureuse avec ses deux enfants et son travail qui la passionne. Jusqu’au jour où elle contredit son patron devant un client. Pour Mathilde c’est la descente au enfer, on ne lui confie plus de dossier, on ne lui demande plus de conseil, on la change de bureau… La deuxième personne est un homme, Thibault, médecin célibataire, il se sent impuissant à la solitude des autres et à la sienne. Il a renoncé à son rêve de devenir chirurgien à cause d’un accident survenu plusieurs années auparavant, il vient de quitter sa petite amie.
L’auteur a su retranscrire à la perfection les sentiments des personnages. J’ai aimée l’image de la ville (le bruit, l’agitation, ces gens qu’on croise et dont on ne sait rien…) que l’auteur nous renvoie. Les personnages sont très attachants. L’auteur nous fait réfléchir sur différent point : l’indifférence, la routine, la solitude…
Un livre très touchant, remplit de vérité, que j’ai adorée malgré une fin qui m’a un peu déçu.
L’auteur a su retranscrire à la perfection les sentiments des personnages. J’ai aimée l’image de la ville (le bruit, l’agitation, ces gens qu’on croise et dont on ne sait rien…) que l’auteur nous renvoie. Les personnages sont très attachants. L’auteur nous fait réfléchir sur différent point : l’indifférence, la routine, la solitude…
Un livre très touchant, remplit de vérité, que j’ai adorée malgré une fin qui m’a un peu déçu.
Dernière édition par nouka2000 le Dim 8 Juin 2014 - 21:27, édité 1 fois
nouka2000- Grand expert du forum
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Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
un superbe roman!
dévoré en deux jours
cela confirme que Delphine de Vigan est pour moi un auteur juste, qui me touche vraiment
c'est le troisième livre et certainement pas le dernier que je lis d'elle
les sentiments, la sensibilité des personnages est très bien décrite, et on a envie qu'il leur arrive bien d'autres choses que ce qui est écrit...
n'est-ce pas le propre des grands auteurs de laisser la part belle au lecteur, et beaucoup de frustrations car beaucoup de choses restent en suspens
en tous cas, et vos témoignages me le confirment, ce livre ne laisse pas indifférent.
dévoré en deux jours
cela confirme que Delphine de Vigan est pour moi un auteur juste, qui me touche vraiment
c'est le troisième livre et certainement pas le dernier que je lis d'elle
les sentiments, la sensibilité des personnages est très bien décrite, et on a envie qu'il leur arrive bien d'autres choses que ce qui est écrit...
n'est-ce pas le propre des grands auteurs de laisser la part belle au lecteur, et beaucoup de frustrations car beaucoup de choses restent en suspens
en tous cas, et vos témoignages me le confirment, ce livre ne laisse pas indifférent.
fred7469- Membre assidu
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Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
Première rencontre avec cette auteur dont je lis régulièrement vos avis.
L'écriture est parfaite, sincère, simple et directe pour raconter le quotidien des deux protagonistes.
Un petit roman ( par la taille) mais d'une grande intensité qui rappelle combien l'on peut se sentir seul à certains moments de la vie , des moments tragiques qui soulignent la cruauté de la Société .
L'écriture est parfaite, sincère, simple et directe pour raconter le quotidien des deux protagonistes.
Un petit roman ( par la taille) mais d'une grande intensité qui rappelle combien l'on peut se sentir seul à certains moments de la vie , des moments tragiques qui soulignent la cruauté de la Société .
Sara2a- Grand sage du forum
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Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
Je viens de terminer ce roman et je l'ai a-do-ré ! L'écriture est fluide, et les histoires des deux protagonistes nous tiennent en haleine jusqu'au bout. Ce que j'ai beaucoup apprécié dans ce livre, c'est qu'il parle de choses de le vie, de choses vraies !! Le harcèlement au travail, le ras-le-bol, la routine, les transports en commun...Ce sont des choses que l'on peut tous connaître à un moment ou un autre de notre vie...et c'est, selon moi, ce qui fait que ce roman est si touchant..
Bravo !
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Invité- Invité
Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
Avec Paris, sa ville, son métro, ses gens comme toile de fond, Delphine de Vigan dépeint les portraits de deux âmes perdues dans leur propre vie.
Thibault, médecin, a enfin eu le courage de quitter Lila et traverse les premières étapes d'une lente reconstruction. Mathilde, mère célibataire, espère voir le bout de l'enfer qu'elle vit, victime de harcèlement moral à son travail. Deux histoires comme tant d'autres dans la ville, "ce territoire infini d'intersections, où l'on ne se rencontre pas".
L'ensemble du livre se déroule sur une journée, celle du 20 mai, alternant celle de Mathilde et celle de Thibault. C'est un aspect que j'ai beaucoup aimé, car cette courte durée de temps pour un livre si court permet à l'auteur de développer ses personnages, dont chacun par leur histoire personnelle a son propre intérêt, sa propre complexité.
Le harcèlement moral vécu par le personnage de Mathilde est central dans le livre. C'est un thème trop rarement abordé, qui m'a énormément touchée grâce à la justesse avec laquelle Delphine de Vigan en parle. C'est un personnage que j'ai beaucoup apprécié.
Il s'agit du troisième livre de Delphine de Vigan que je lis, après Jours sans faim et No et moi, et je ne suis pas du tout déçue. C'est une très bonne lecture pour ma part.
Thibault, médecin, a enfin eu le courage de quitter Lila et traverse les premières étapes d'une lente reconstruction. Mathilde, mère célibataire, espère voir le bout de l'enfer qu'elle vit, victime de harcèlement moral à son travail. Deux histoires comme tant d'autres dans la ville, "ce territoire infini d'intersections, où l'on ne se rencontre pas".
L'ensemble du livre se déroule sur une journée, celle du 20 mai, alternant celle de Mathilde et celle de Thibault. C'est un aspect que j'ai beaucoup aimé, car cette courte durée de temps pour un livre si court permet à l'auteur de développer ses personnages, dont chacun par leur histoire personnelle a son propre intérêt, sa propre complexité.
Le harcèlement moral vécu par le personnage de Mathilde est central dans le livre. C'est un thème trop rarement abordé, qui m'a énormément touchée grâce à la justesse avec laquelle Delphine de Vigan en parle. C'est un personnage que j'ai beaucoup apprécié.
Il s'agit du troisième livre de Delphine de Vigan que je lis, après Jours sans faim et No et moi, et je ne suis pas du tout déçue. C'est une très bonne lecture pour ma part.
Invité- Invité
Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
Il y a quelques jours j'ai entrevu le film réalisé d'après le roman de cette auteure que vous avez admirablement décrit. Lors d'un passage à la médiathèque je suis revenue avec l'ouvrage que je suis en train de lire avec grand intérêt.
Invité- Invité
Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
Terminé et beaucoup apprécié la description de l'harcèlement moral, une fois de plus je suis conquise par cette auteure
Invité- Invité
Re: [Vigan, Delphine (de)] Les heures souterraines
Ce roman se déroulant sur une journée pourrait être ennuyant, mais l'auteur sait mêler le passé, le présent et le futur rendre son roman intéressant et presque a-temporel. J'ai parfois eu l'impression que le rêve et la réalité se brouillent, comme si le lecteur devait se débrouiller pour démêler le vrai du faux. En tout cas l'écriture est précise, fluide et coulante. Les passages dans le métro parisien, moment de la journée particulièrement pénible pour tout le monde, sont particulièrement bien écrits je trouve. Un coup de cœur!
Invité- Invité
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