[Berry, Steve] Cotton Malone - Tome 4: La prophétie Charlemagne

J'ai conscience que ma critique va totalement (ou presque) à contre-courant des précédentes. Je tiens donc à préciser que j'ai une prévention affirmée contre les Da Vinci Code et assimilés, ceci expliquant peut-être cela.

J'estime en effet que la méthode qui consiste à s'appuyer sur des "coïncidences troublantes" telles que "le plus petit dénominateur commun de la surface de la base de la pyramide de Gizeh et du tiers de sa hauteur, multiplié par la racine cubique de Pi, correspond avec une précision de 7,5% au nombre d'or", n'a absolument rien de scientifique et a pour seul mérite de me faire doucement rigoler (jaune).
Je suis d'ailleurs raisonnablement sûre que si j'y passais suffisamment de temps, ce que je n'ai aucune intention de faire, je parviendrais à démontrer qu'en divisant une certaine fraction du diamètre d'un rouleau de papier toilette par une autre certaine fraction du périmètre de la lunette des toilettes (encore elles...), je finirais par tomber sur le nombre d'or. De là à en déduire que mes WC sont d'essence divine, il n'y aurait alors qu'un pas.
Juste pour rire, glissez un jour en société que "le périmètre d'un cercle ayant pour diamètre la moitié d'un pied royal égyptien correspond presque exactement à un yard mégalithique, n'est-ce pas une coïncidence troublante qui tendrait à prouver que les celtes et les égyptiens tiraient leurs connaissances de la même source mystérieuse ?" (citation fidèle mais pas exacte au mot près de La prophétie Charlemagne). Ça devrait égayer l'atmosphère.

Malheureusement, La prophétie Charlemagne fait donc partie de ces œuvres qui tentent, à grands coups de calculs difficilement vérifiables et de sources peu ou pas connues, de démontrer une vérité pseudo-historique sur fond de complot mondial : il a existé dans des temps très très anciens, un peuple dont le savoir, la moralité et la bienveillance dépassaient déjà ceux de nos sociétés actuelles. L'absence presque totale d'indices prouvant leur existence s'explique par le fait qu'ils vivaient en Antarctique, monde pur et blanc. Ils nous ont, dans leur infinie bonté, enseigné les technologies qu'ils nous jugeaient aptes à assimiler, et leur nom finissaient souvent en "-iel". Dans un langage clair : avant, les archanges (Gabriel, Uriel, et toute la clique) descendaient parfois de leur paradis pour nous toucher de leur grâce...

Bien sûr, entre deux preuves irréfutables, l'auteur nous raconte tout de même une histoire d'espionnage, style dont je ne suis pas un grande fan, et avec lequel Steve Berry ne m'a pas réconciliée. J'ai trouvé les personnages extrêmement manichéens : les gentils espions américains au service du gentil président américain ne tuent que lorsqu'ils n'ont pas le choix, c'est à dire lorsque les méchants militaires corrompus ou les vilains nazis les attaquent. Encore ne le font-ils qu'à contrecœur.
Quant au récit proprement dit, si j'ai trouvé le style très propre et fluide, je n'ai pas été captivée par son déroulement plutôt impersonnel et manquant de cohérence. Je n'ai pas non plus été fascinée par les introspections poussives des personnages principaux.
Pour finir sur une note positive, j'ai tout de même trouvé que ce roman donnait de Charlemagne une image intéressante, plus vivante et moderne que l'habituelle image d'Epinal dispensée en primaire.

Est-il besoin de résumer mon ressenti en disant que ce livre m'a déçue ?

Mon avis (Challenge PB 19) :

La lecture de ce livre démontre le bien fondé d'une règle que je respecte rarement : il faut lire une série dans l'ordre. J'ai commencé La prophétie il y a quelques mois, je l'ai abandonné au bout de cent-cinquante pages : impossible de m'attacher aux personnages. Depuis, j'ai fait une nouvelle tentative après avoir lu La conspiration du temple, et la lecture a été bien plus facile. Motif : je me suis attachée au personnage de Cotton Malone, je n'ai pas souffert de sa légère mise en retrait (puisque je connaissais sa précédente mission) et j'ai beaucoup apprécié la pugnacité d'Edwin et de Stéphanie. Il faut dire qu'ils avaient un adversaire à leur taille. Je veux parler non de l'amiral Ramsey, mais du tueur à gages Charlie Smith, un artiste dans son domaine, un méchant comme on en fait rarement.

Maintenant, le reste de l'intrigue m'a semblé assez classique, et certaines scènes (dans le cloître, notamment) m'ont rappelé Da Vinci Code. Je me suis souvent perdue entre les explications pseudo-scientifiques, les références historiques (je crois avoir déjà dit une bonne dizaine de fois que je ne lisais que rarement des livres sur la seconde guerre mondiale) et médiévales. Quant à la rivalité entre les jumelles, elle n'est pas neuve dans la littérature et si Cotton Malone dit qu'il n'a jamais vu de jumelles se détester autant (je cite de mémoire), c'est pourtant un cliché de la littérature mondiale.

Bref, j'ai pris ce roman pour ce qu'il était : un bon divertissement, et l'occasion de découvrir comment Malone allait se sortir de tous ses mauvais pas. Je n'en garderai pas un souvenir impérissable.