[Asimov, Isaac] Tyrann

L'empire galactique des Tyrannis comprend des dizaines de mondes, dont la Terre, qui n'est qu'un de leurs nombreux vassaux. Or c'est sur Terre, justement, que Biron Farrill, le fils d'un de leurs principaux opposants qu'ils ont assassiné, recherche un document mythique, datant d'un lointain passé, qui pourrait mettre fin au règne des despotes. Quand on attente à sa vie, Farrill doit cependant fuir in extremis pour se rendre sur Lingane, la seule planète où s'organise la résistance contre Tyrann. Là, il entend parler d'une mystérieuse planète, sur laquelle une armée de rebelles attendrait de reconquérir la galaxie. Mais cette armée existe-t-elle réellement ? Serait-ce sa dernière chance de sauver sa vie et de venger son père ?

Isaac Asimov, comme toujours sous le prétexte d'un space-opera, nous livre ici un roman plein de suspense (je n'ose pas dire un roman policier mais...), une critique acerbe de l'autocratie, et un avertissement sur l'avenir incertain de la Terre. Il est même parvenu à glisser dans le colis une touchante histoire d'amour entre deux jeunes gens beaux, intelligents, et nobles, tic assez commun chez lui, qu'il réussit néanmoins à justifier ici avec une certaine élégance.

La Terre, le point de départ de cette petite épopée, a été vitrifiée par la folie nucléaire. Ses habitants se sont dispersés à travers toute la galaxie, perdant dans leur exode non seulement le souvenir de leurs origines, mais également celui de la démocratie.
Et c'est ce concept, parfaitement grotesque aux yeux de l'homo galacticus, que le jeune et naïf Biron va découvrir au fil de son errance de planète en planète, de dictature en dictature (certains dictateurs sont plus sympathiques que d'autres mais enfin, cela reste des dictateurs). Il sortira de ce périple, long de plusieurs années lumière et de quelques semaines, radicalement grandi et transformé. Cette transformation, un peu trop rapide pour être crédible, est d'ailleurs le talon d'Achille du récit : on ne passe pas ainsi de l'innocence à la rouerie la plus éhontée en quelques sauts hyperspatiaux.

Cela n'empêche pas l'histoire d'être rondement menée. L'auteur nous ballade d'un bout à l'autre du récit pour nous déposer finalement, complètement perdus, à la dernière page (ah... c'était donc ça la clef du mystère...). Les personnages évitent habilement la caricature méchants/gentils, et sont même joliment ambigus pour une oeuvre aussi courte que celle-ci. Je note tout de même que le stéréotype de l'aventurier spatial aux larges épaules a la peau dure...

Quant au style, il est très représentatif de l'auteur : direct, simple, presque dépouillé. Il permet une lecture rapide et agréable, même si on aimerait un peu plus de détails dans certaines descriptions (la Terre phosphorescente mériterait quelques mots de plus...)

En résumé, Tyrann est un petit opus de SF qui se laisse lire sans façons, même si ce n'est pas le meilleur d'Isaac Asimov.