[Winckler, Martin] Les trois médecins
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[Winckler, Martin] Les trois médecins
Auteur: Martin WINCKLER
Titre: Les trois médecins
Genre: roman
Editeur: Folio 4438
755 pages
2007
ISBN 978-2-07-033641-8
Quatrième de couverture:
Un médecin, ça n'a pas toujours été un médecin.
En 1974- vingt ans avant La maladie de Sachs - Bruno Sachs entre à la faculté de médecine de Tourmens. Il se lie d'amitié avec André Solal, Basile Bloom et Christophe Gray, trois étudiants voués à la médecine générale.
Au cours de ces sept années de faculté, ils vont apprendre leur métier, mais aussi cotoyer les militants de l'IVG et de la contraception, contester l'enseignement de mandarins hospitaliers, militer pour une médecine plus humaine...
Pour devenir médecin -pour devenir des hommes-, Bruno et ses trois camarades devront vivre plusieurs histoires à la fois: l'histoire d'une formation; l'histoire d'un grand amour; l'histoire d'un engagement politique et moral; l'histoire d'une profonde amitié. Des histoires comiques et tragiques. Des histoires où l'on vit pleinement et où, parfois, l'on meurt.
Comme dans un roman d'aventures.
L'ambition de ce roman polyphonique est non seulement de raconter comment Bruno Sachs est devenu ce qu'il est, mais quel monde, il y a trente ans, a préparé celui que nous connaissons aujourd'hui.
Mon avis:
Les trois médecins nous plongent dans le monde médical des années 70. Basile, Bruno, Christophe et André se rencontrent en fac de médecine et forment un groupe inséparable. Nous allons les suivre tout au long de leurs études.
On découvre tout d'abord la jungle de la première année de médecine. Se dessine sous nos yeux un microcosme plutôt violent, très hiérarchisé. On sait tous que la première année de médecine est une année très difficile, qui nécessite beaucoup de travail, mais on ne s'attend pas à autant de coups bas!
Le décor est ainsi planté, toutes les anecdotes du roman vont concourir à nous montrer les deux "camps" du corps médical.
D'un côté, les partisans d'une médecine élitiste.Ceux-ci ne se préoccupent que peu du patient, ils s'attaquent à des pathologies. Ils sont omniscients et tout puissants. Ceux qui n'appartiennent pas à leur caste ne peuvent comprendre, il est donc inutile de leur expliquer. Dans le livre, de nombreux cas viennent illustrer cette médecine du rendement, cette médecine pressée. On écoute toujours le récit de ces anecdotes la boule au ventre et la larme à l'oeil. On s'offusque devant tant de froideur et d'indifférence, mais on se rend à l'évidence: par expérience, par ouï-dire, à travers les médias, on sait que ça existe, on sait que pour certains, il est possible d'être médecin sans être humaniste...
De l'autre côté, nos quatre compères nous montrent la médecine qu'ils ont choisi d'exercer. Celle qui se remet en question, celle qui place le patient au coeur de son action, celle qui refuse d'être le jouet de l'industrie pharmaceutique. Et là aussi, les anecdotes fleurissent et quand les médecins acceptent de devenir des soignants, tout change. Bien sûr, la guérison n'est pas toujours au rendez-vous mais la communication arrondit les angles. Il est toujours plus facile d'accepter notre sort de mortel quand on a le droit de savoir et si ce n'est de choisir la fin du moins d'en adapter les circonstances.
Le style: Ce roman est presque entièrement écrit à la première personne mais le narrateur change à chaque chapitre et même parfois plusieurs fois à l'intérieur d'un même chapitre. Cela permet une plus grande implication du lecteur dans la vie des personnages et fait de ce roman un écrit très réaliste et qui provoque l'empathie.
Le style est mis au service des idées: faire parler tous les personnages à la première personne les remet tous à égalité. Que ce soit les pensées de Mme Moreno, la femme de ménage ou celle du docteur Leriche, le vice doyen de la faculté, elles sont rapportées avec la même voix. L'auteur nous rappelle que les seules vraies valeurs sont les valeurs humaines, que même médecin, l'homme n'est pas tout puissant et que dans la détresse, seuls le respect, l'écoute et la bienveillance comptent.
Quelques thèmes abordés par ce roman:
- l'application de la loi Veil sur l'avortement: militants et détracteurs;
- la place des femmes dans le milieu médical aussi bien en tant que patiente qu'en tant que médecin;
- les relations entre industrie pharmaceutique et médecins;
- l'enseignement de la médecine: techniques et enjeux.
Mais comme les médecins sont avant tout des hommes, on y trouvera aussi des intrigues amoureuses et de belles histoires d'amitiés.
Bref, un roman complet et d'une grande profondeur. Un coup de coeur que j'ai vécu comme un accompagnement des personnages principaux à la rencontre de destins, de gens croisés, de gestes, de regards adressés, de mains tendues qui sont peu de choses et comptent tellement...
Un roman pétri de réalisme et qui laisse songeur. Qui perdure longtemps après l'avoir refermé...
Titre: Les trois médecins
Genre: roman
Editeur: Folio 4438
755 pages
2007
ISBN 978-2-07-033641-8
Quatrième de couverture:
Un médecin, ça n'a pas toujours été un médecin.
En 1974- vingt ans avant La maladie de Sachs - Bruno Sachs entre à la faculté de médecine de Tourmens. Il se lie d'amitié avec André Solal, Basile Bloom et Christophe Gray, trois étudiants voués à la médecine générale.
Au cours de ces sept années de faculté, ils vont apprendre leur métier, mais aussi cotoyer les militants de l'IVG et de la contraception, contester l'enseignement de mandarins hospitaliers, militer pour une médecine plus humaine...
Pour devenir médecin -pour devenir des hommes-, Bruno et ses trois camarades devront vivre plusieurs histoires à la fois: l'histoire d'une formation; l'histoire d'un grand amour; l'histoire d'un engagement politique et moral; l'histoire d'une profonde amitié. Des histoires comiques et tragiques. Des histoires où l'on vit pleinement et où, parfois, l'on meurt.
Comme dans un roman d'aventures.
L'ambition de ce roman polyphonique est non seulement de raconter comment Bruno Sachs est devenu ce qu'il est, mais quel monde, il y a trente ans, a préparé celui que nous connaissons aujourd'hui.
Mon avis:
Les trois médecins nous plongent dans le monde médical des années 70. Basile, Bruno, Christophe et André se rencontrent en fac de médecine et forment un groupe inséparable. Nous allons les suivre tout au long de leurs études.
On découvre tout d'abord la jungle de la première année de médecine. Se dessine sous nos yeux un microcosme plutôt violent, très hiérarchisé. On sait tous que la première année de médecine est une année très difficile, qui nécessite beaucoup de travail, mais on ne s'attend pas à autant de coups bas!
Le décor est ainsi planté, toutes les anecdotes du roman vont concourir à nous montrer les deux "camps" du corps médical.
D'un côté, les partisans d'une médecine élitiste.Ceux-ci ne se préoccupent que peu du patient, ils s'attaquent à des pathologies. Ils sont omniscients et tout puissants. Ceux qui n'appartiennent pas à leur caste ne peuvent comprendre, il est donc inutile de leur expliquer. Dans le livre, de nombreux cas viennent illustrer cette médecine du rendement, cette médecine pressée. On écoute toujours le récit de ces anecdotes la boule au ventre et la larme à l'oeil. On s'offusque devant tant de froideur et d'indifférence, mais on se rend à l'évidence: par expérience, par ouï-dire, à travers les médias, on sait que ça existe, on sait que pour certains, il est possible d'être médecin sans être humaniste...
De l'autre côté, nos quatre compères nous montrent la médecine qu'ils ont choisi d'exercer. Celle qui se remet en question, celle qui place le patient au coeur de son action, celle qui refuse d'être le jouet de l'industrie pharmaceutique. Et là aussi, les anecdotes fleurissent et quand les médecins acceptent de devenir des soignants, tout change. Bien sûr, la guérison n'est pas toujours au rendez-vous mais la communication arrondit les angles. Il est toujours plus facile d'accepter notre sort de mortel quand on a le droit de savoir et si ce n'est de choisir la fin du moins d'en adapter les circonstances.
Le style: Ce roman est presque entièrement écrit à la première personne mais le narrateur change à chaque chapitre et même parfois plusieurs fois à l'intérieur d'un même chapitre. Cela permet une plus grande implication du lecteur dans la vie des personnages et fait de ce roman un écrit très réaliste et qui provoque l'empathie.
Le style est mis au service des idées: faire parler tous les personnages à la première personne les remet tous à égalité. Que ce soit les pensées de Mme Moreno, la femme de ménage ou celle du docteur Leriche, le vice doyen de la faculté, elles sont rapportées avec la même voix. L'auteur nous rappelle que les seules vraies valeurs sont les valeurs humaines, que même médecin, l'homme n'est pas tout puissant et que dans la détresse, seuls le respect, l'écoute et la bienveillance comptent.
Quelques thèmes abordés par ce roman:
- l'application de la loi Veil sur l'avortement: militants et détracteurs;
- la place des femmes dans le milieu médical aussi bien en tant que patiente qu'en tant que médecin;
- les relations entre industrie pharmaceutique et médecins;
- l'enseignement de la médecine: techniques et enjeux.
Mais comme les médecins sont avant tout des hommes, on y trouvera aussi des intrigues amoureuses et de belles histoires d'amitiés.
Bref, un roman complet et d'une grande profondeur. Un coup de coeur que j'ai vécu comme un accompagnement des personnages principaux à la rencontre de destins, de gens croisés, de gestes, de regards adressés, de mains tendues qui sont peu de choses et comptent tellement...
Un roman pétri de réalisme et qui laisse songeur. Qui perdure longtemps après l'avoir refermé...
Dernière édition par Snoopinette le Ven 9 Juil 2010 - 9:20, édité 1 fois (Raison : Ajout de sondage)
Véronique M.- Grand sage du forum
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Age : 55
Localisation : 04
Emploi/loisirs : prof d'écoles/ lecture randonnée jeux de société, puzzles
Genre littéraire préféré : un peu de tout, romans en tous genres,biographies, essais mais pas trop la science fiction.
Date d'inscription : 12/02/2010
Re: [Winckler, Martin] Les trois médecins
Toutes mes excuses Snoopinette, merci d'avoir réparé mon oubli!
Véronique M.- Grand sage du forum
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Re: [Winckler, Martin] Les trois médecins
J'ai beaucoup aimé ce bouquin !
On me l'avait conseillé car je suis dans le domaine médical. Ca m'a donc fortement intéressé, me rappelant les débuts de mes études. J'ai pu me rendre compte des différences qu'il existe avec cette époque là.
Je suis cependant légèrement déçue par deux choses: dans la 4ème de couverture, il parle d'IVG et de la polémique qui en a découlé. Je trouve qu'on en parle peu dans le roman, j'aurais aimé qu'il "creuse" plus le sujet. Et ensuite, je trouve qu'il y a certains passages qui sont longs et qui m'ont ennuyée un peu.
Je n'hésiterais pas à recommencer un livre de cet auteur car c'est très intéressant !
On me l'avait conseillé car je suis dans le domaine médical. Ca m'a donc fortement intéressé, me rappelant les débuts de mes études. J'ai pu me rendre compte des différences qu'il existe avec cette époque là.
Je suis cependant légèrement déçue par deux choses: dans la 4ème de couverture, il parle d'IVG et de la polémique qui en a découlé. Je trouve qu'on en parle peu dans le roman, j'aurais aimé qu'il "creuse" plus le sujet. Et ensuite, je trouve qu'il y a certains passages qui sont longs et qui m'ont ennuyée un peu.
Je n'hésiterais pas à recommencer un livre de cet auteur car c'est très intéressant !
Invité- Invité
Re: [Winckler, Martin] Les trois médecins
Du même auteur, sur la sexualité des femmes, je te conseille "le choeur des femmes" que j'ai vraiment adoré!!
Véronique M.- Grand sage du forum
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Date d'inscription : 12/02/2010
Re: [Winckler, Martin] Les trois médecins
Mon avis :
Ce roman est le troisième qui met en scène le personnage de Bruno Sachs.
J'ai lu les 2 autres auparavant : La vacation (première œuvre de Martin Winckler) puis La maladie de Sachs.
L'auteur a amélioré à chaque fois son écriture.
Ce troisième roman est « finement ciselé » comme on pourrait dire ; il se lit comme un roman d'aventures.
Cette construction du récit n'est pas un hasard (vous découvrirez pourquoi dans les dernières pages du livre).
J'ai toujours été intéressée par les romans parlant de l'évolution de la médecine (notamment Les princes du sang de Gilbert Schlogel).
L'histoire débute en 1974, à cette époque pas si lointaine où le regard que les hommes posent sur les femmes est en pleine mutation.
La pilule contraceptive, autorisée depuis quelques années, est encore peu prescrite.
Et le projet de loi de Simone Veil, qui dépénalise l'avortement, va bientôt être adopté (le 17 janvier 1975).
Face à ces libertés nouvelles apportées aux femmes, le regard des médecins, leur formation, leur relation avec les patientes doit évoluer.
Mais ce n'est pas si facile...
On découvre dans le livre « la féodalité des études de médecine, l'archaïsme de l'enseignement magistral, la hiérarchie criminelle de l'hôpital, la compétition inepte qu'on crée entre étudiants et qui se poursuit entre soignants, la lutte sanguinaire pour le pouvoir, le mépris réciproque, la morgue, la vanité »...
Bruno Sachs et ses amis tenteront de faire évoluer le système, mais ils se heurteront au pouvoir des puissants.
Ils se concentreront alors sur ce qui est essentiel pour eux : soigner.
Ma note : 8/10
Ce roman est le troisième qui met en scène le personnage de Bruno Sachs.
J'ai lu les 2 autres auparavant : La vacation (première œuvre de Martin Winckler) puis La maladie de Sachs.
L'auteur a amélioré à chaque fois son écriture.
Ce troisième roman est « finement ciselé » comme on pourrait dire ; il se lit comme un roman d'aventures.
Cette construction du récit n'est pas un hasard (vous découvrirez pourquoi dans les dernières pages du livre).
J'ai toujours été intéressée par les romans parlant de l'évolution de la médecine (notamment Les princes du sang de Gilbert Schlogel).
L'histoire débute en 1974, à cette époque pas si lointaine où le regard que les hommes posent sur les femmes est en pleine mutation.
La pilule contraceptive, autorisée depuis quelques années, est encore peu prescrite.
Et le projet de loi de Simone Veil, qui dépénalise l'avortement, va bientôt être adopté (le 17 janvier 1975).
Face à ces libertés nouvelles apportées aux femmes, le regard des médecins, leur formation, leur relation avec les patientes doit évoluer.
Mais ce n'est pas si facile...
On découvre dans le livre « la féodalité des études de médecine, l'archaïsme de l'enseignement magistral, la hiérarchie criminelle de l'hôpital, la compétition inepte qu'on crée entre étudiants et qui se poursuit entre soignants, la lutte sanguinaire pour le pouvoir, le mépris réciproque, la morgue, la vanité »...
Bruno Sachs et ses amis tenteront de faire évoluer le système, mais ils se heurteront au pouvoir des puissants.
Ils se concentreront alors sur ce qui est essentiel pour eux : soigner.
Comment leur dire que soigner, c'est comme écrire : ça se fait tout le temps, même quand on ne soigne pas, en ayant le souci de ce qui nous entoure, en pensant chaque seconde à l'autre et à ce qui le fait souffrir, à ce qui lui ferait peut-être du bien.
Soigner, c'est avoir envie de prendre dans ses bras sans pouvoir le faire, mais trouver tout de même un geste qui voudra dire la même chose.
Soigner, c'est porter, soutenir, guider, écouter.
Soigner, c'est être là.
Ma note : 8/10
Invité- Invité
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