[Baricco, Alessandro] Océan mer

Océan mer



Roman

282 pages édité chez Folio en août 2002

Résumé

Au bord de l'océan, à la pension Almayer, « posée sur la corniche ultime du monde », se croisent sept personnages au destin étrange et romanesque, sept naufragés de la vie qui tentent de recoller les morceaux de leur existence. Mais leur séjour est bouleversé par le souvenir d'un hallucinant naufrage d'un siècle passé et la sanglante dérive d'un radeau. Et toujours, la mer, capricieuse et fascinante...
Avec une époustouflante maîtrise, Alessandro Baricco nous offre à la fois un roman à suspense, un livre d'aventures, une méditation philosophique et un poème en prose.

Mon avis

Encore un grand moment de lecture et quelle écriture… Encore une fois, je me suis laissée porter par l’art des mots que cultive très très bien Alessandro… La mer, j’aime la mer, sa violence, ses embruns, ses couleurs, sa quiétude, sa liesse, ses vagues, son horizon, ses étendues… tout cela est dans le livre… il y a tant de choses que je ne sais pas par quoi commencer, donc je vous livre tout pèle mêle… et cela fait 15 jours que je l’ai lu...
J’ai été transportée par ce livre et marquée. C’est une rencontre unique et quelle rencontre : celle de la mer, des personnages, de l’auberge, des émotions, de la découverte de soi au travers de ces portraits, de son intime soi et de son côté noir, de peinture (comme le radeau de la méduse de Géricault)… oui tout y est, il n’y a plus qu’à plonger dans les profondeurs… à vous de trouver lesquelles, c’est vertigineux.

Sept personnages vont se rencontrer, il semble qu’ils n’ont rien en commun et pourtant... Tous sont à la recherche de guérison, d’un but mais est-ce le bon… tout est toujours en double sens… des hommes et des femmes qui souffrent… est-ce que l’auberge est la réponse ?, est-ce que leur rencontre est un baume apaisant ?…

C’et un conte philosophique, un conte réaliste… où tout est possible et où tout peut se vivre et s’expliquer sans jugement, être soi… C’est magnifique, poétique, fantasmagorique, cela touche au rêve… en tout cas, pour ma part, c’est sensible tout en étant violent, cela aborde la passion avec un grand P tout en étant cauchemardesque… où sont les limites d’un individu, de la mer… ? Entre ici et ailleurs, le réel et l’irréel…

J’ai pris une bonne claque tout quand je me baigne et qu’il y a des vagues qui peuvent nous balancer violemment sur la plage quand on n’y prête pas attention… mais quel plaisir !!!!

Bon vous l’aurez compris, j’ai adoré… encore une fois Bravo Mr Alessandro

A découvrir absolument

Merci pour ta belle critique à l'image des vagues Tu donnes envie de lire ce roman à ceux et celles qui aiment l'eau...

J'avais déjà entendu parler de cet auteur et j'avoue que tu me donnes envie de le découvrir avec ta critique.

j'espère que vous y prendrez autant de plaisir que moi à le lire, merci à toutes les deux

Je l'ai lu il y a quelques années (après recherche en 2003 !) et j'en garde un excellent souvenir, je viens de relire le commentaire écrit à l'époque et je vous le recopie :

Pour quitter votre univers familier, pour avoir l'impression de vous retrouver au milieu de nulle part, de sentir l'air vivifiant qui caresse votre visage, pour vivre de réels moments de pur bonheur … : nul besoin d'acheter un billet d'avion coûteux, de subir un décalage horaire épuisant, de risquer d'attraper des maladies inconnues ou, autre alternative, d'acheter dans l'illégalité des substances suspectes : il suffit de se procurer "Océan – Mer", de s'installer dans un bon fauteuil et de le déguster à petites doses pour faire durer le plaisir le plus longtemps possible.
Et alors, vous ferez connaissance avec Plasson le peintre qui n'arrive pas à peindre la mer, avec le professeur Bartleboom qui écrit une encyclopédie des limites, avec le père Pluche écrivain lui aussi mais dans un autre genre et avec bien d'autres personnages encore qui tous sont dans l'attente ou à la recherche de quelque chose en lien avec la mer …
Je ne vous en dirai pas plus car je ne voudrais pas gâcher l'effet de surprise … j'espère juste que la lecture de ce livre vous apportera autant de plaisir qu'elle m'en a apporté.

Du même auteur, je vous recommande "Soie" dans un style très différent : je vais aller voir si il a déjà été commenté sur ce site.
J'ai également lu "Sans sang" et "cette histoire là" que j'ai trouvé nettement moins bien.

Odile

et bien voilà Odile, depuis sa sortie, il n'a pas pris une ride ce bouquin...

Mon roman préféré de Baricco! je l'ai lu 3 fois, toujours avec le même plaisir, sans doute parce qu'il est merveilleusement bien écrit...une auberge au bord de la mer, dans un lieu indéfini, dans laquelle le temps semble s'être arrêté. Des personnages étranges, blessés, en quête de paix, de réponses, d'une guérison... et la MER, omniprésente, la mer qui fascine les hommes, qui les apaise, les berce mais qui peut aussi les terroriser, les engloutir à jamais...
C'est un récit plein de poésie, d'émotion qui nous amène à réfléchir sur le sens de notre vie.
Quelques passages qui j'espère vous donneront envie de le lire:

" - Dis moi Dood...
Il s'appelait Dood, le petit.
- Vu que tu passes ton temps ici...
-Mmmmmh
- Tu dois savoir.
-Quoi?
- Ils sont où les yeux de la mer?
-....
- Parce qu'elle en a, hein?
- Sì
-Et alors, ils sont où bon sang?
- Les bateaux.
-Quoi, les bateaux?
- Les bateaux sont les yeux de la mer"


"Regarde: quand nous marchons nous laissons toutes ces empreintes dans le sable, et elles restent sagement là, bien alignées. Mais demain, quand tu regarderas cette grande plage à ton réveil, il n'y aura plus rien, pas une empreinte ni le moindre signe, rien. La mer efface tout la nuit. La marée dissimule (...) S'il y a un lieu au monde où tu peux penser que tu n'es rien, c'est ici. Ce n'est plus la terre, ce n'est pas encore la mer. Ce n'est pas une vie fictive, ce n'est pas la vie réelle. C'est le temps. Le temps qui passe. C'est tout."

Merci Stella pour ces passages : cela donne envie de le relire ...

La lecture de cet ouvrage nous emporte dans une musique impressionnante: Debussy, La Mer. Moi, l'oeuvre de Debussy, j'ai de la difficulté avec ça. Ce livre est une Bible pour certaines personnes (Jorane); pas pour moi.
Pour moi, un chef-d'oeuvre du même auteur: "Soie".
Ma cote: 3/5.

Citations

"Que celui qui a vu la vérité en restera à jamais INCONSOLABLE. Et qui n'est véritablement SAUVÉ que celui qui n'a jamais été en péril."

"... la vie n'est pas assez grande pour y faire entrer tout ce que le désir peut imaginer."

"C'est un endroit, ici, qui existe à peine."
(Alessandro Baricco, "Océan Mer")