[Oates, Joyce Carol] Les chutes
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Votre avis sur Les Chutes?
[Oates, Joyce Carol] Les chutes
Auteur : Joyce Carol Oates
Editeur : Philippe Rey
Nombre de pages : 505
Quatrième de couverture : Veuve au matin d'une nuit de noces hallucinante, lorsque son époux, un jeune pasteur, se suicide en se jetant dans les chutes du Niagara, Ariah Litrell se considère désormais comme vouée au malheur. Pourtant, au cours de sa semaine de veille au bord de l'abîme, en attendant qu'on retrouve le corps de son mari d'un jour, la Veuve blanche des chutes (ainsi que la presse l'a surnommée avant d'en faire une légende) attire l'attention de Dirk Burnaby, un brillant avocat au coeur tendre, fasciné par cette jeune femme étrange.
Une passion improbable et néanmoins absolue lie très vite ce couple qui va connaître dix ans d'un bonheur total avant que la malédiction des Chutes s'abatte de nouveau sur la famille.
Désamour, trahison, meurtre? C'est aux enfants Burnaby qu'il reviendra de découvrir les secrets de la tragédie qui a détruit la vie de leurs parents. Une quête qui les obligera à affronter non seulement leur histoire personnelle mais aussi un sombre épisode du passé de l'Amérique : les ravages infligés à toute une région par l'expansion industrielle gigantesque des années 50 et 60, expansion nourrie par la cupidité et la corruption des pouvoirs en place.
Un roman aussi beau et tumultueux que ces chutes au charme maléfique.
Mon avis : Lorsque Ariah devient veuve le lendemain de son mariage après que son jeune époux se soit jeté dans les chutes du Niagara, elle devient, pour la presse, la "veuve blanche". Elle attire vite la curiosité de Dirk Burnaby, un riche avocat en vue de la localité. Il tombe très vite amoureux d'elle et la persuade de l'épouser. C'est un couple heureux qui va vivre 10 ans de bonheur. Mais Ariah, persuadée d'être damnée, est sûre, au fond d'elle-même, que son mari va finir par la quitter. Elle en reste convaincue même après la naissance de leur trois enfants. C'est lorsque que Dirk va accepter de défendre une affaire perdue d'avance que le vent va vraiment tourner pour cette famille.
J'ai beaucoup aimé cette histoire qui m'a permis de découvrir cet écrivain dont j'entends parler régulièrement sur la blogosphère. C'est un roman qui évoque beaucoup de choses et qui est très dense. Le personnage central, Ariah, est une femme énigmatique qui cache sa sensibilité derrière beaucoup de froideur et de sarcasme. C'est une femme qui garde sa prestance et sa fierté en toute circonstance. Elle va élever ses enfants dans un non dit qui va les perturber, chacun à sa manière, à la sortie de l'adolescence, au moment de se lancer dans la vie.
Les chutes du Niagara constituent un élément important du bouquin. Tantôt synonyme d'évasion et de rêve, tantôt synonyme de mort et de disparition.
Au-delà de l'histoire de cette famille, l'auteur évoque les méfaits de l'industrialisation tout azimut dans les années 50. Cette industrialisation qui va enrichir des hommes sans scrupules en causant la mort et en provoquant des maladies de centaines de personnes résidant dans des quartiers populaires situés à la lisière des usines et de leurs rejets toxiques. C'est pour défendre ces petites gens et au nom de son intégrité que Dirk Burnaby va causer sa perte.
Dernière édition par alexielle63 le Mar 24 Aoû 2010 - 11:13, édité 1 fois (Raison : Ajout du sondage)
Invité- Invité
Re: [Oates, Joyce Carol] Les chutes
C'est un livre qui m'avait également beaucoup touchée.
J'ai beaucoup aimé l'histoire de cette famille et le combat de Dirk Burnaby qui va au bout de ses convictions. Ariah est également un personnage plein de mystères et qu'on suit avec beaucoup d'intérêt. Et les chutes du Niagara sont presque un personnage à part entière de cette histoire. Un très bon livre !
J'ai beaucoup aimé l'histoire de cette famille et le combat de Dirk Burnaby qui va au bout de ses convictions. Ariah est également un personnage plein de mystères et qu'on suit avec beaucoup d'intérêt. Et les chutes du Niagara sont presque un personnage à part entière de cette histoire. Un très bon livre !
yaki- Grand sage du forum
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Re: [Oates, Joyce Carol] Les chutes
Intéressant, vraiment! Le thème, l'histoire, cela semble original mais en même temps touchant.
Invité- Invité
Re: [Oates, Joyce Carol] Les chutes
ha ! les chutes du Niagara, elles fascinent toujours autant que ce soit dans les livres ou films... en tout cas, le livre semble bien intéressant
merci Yoshi
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Pinky- Grand sage du forum
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Re: [Oates, Joyce Carol] Les chutes
J’ai également beaucoup aimé ce livre. Comme tous les auteurs américains, Joyces Carol Oates a le sens du scénario. On suit Ariah dans toutes les étapes de sa vie. Les personnages secondaires sont également très fouillés. Leurs personnalités peuvent paraître instables mais l’auteur ne tombe pas dans le « mélo », elle nous fait partager leurs émotions qui deviennent les notres.
« Le mariage est une folie à deux prolongée. Cela revient à marcher sur une corde raide, sans filet de sécurité et sans regarder en bas. Plus on se connaît, par conséquent, moins cela a d’importance »
« Le mariage est une folie à deux prolongée. Cela revient à marcher sur une corde raide, sans filet de sécurité et sans regarder en bas. Plus on se connaît, par conséquent, moins cela a d’importance »
Invité- Invité
Re: [Oates, Joyce Carol] Les chutes
Nous ne sommes qu'en mai, mais je pense que je viens de lire un des livres les plus forts de l'année, un livre qui traîne dans ma PAL depuis très très (trop) longtemps. Il m'a fallu une bonne vingtaine de pages pour avoir tout à coup un déclic d'intérêt et de passion pour ce livre. Certes la scène d'ouverture, ce suicide au petit matin dans des Chutes fascinantes et grandioses, est vraiment spectaculaire. Cependant, il faut bien le reconnaître, au départ, Gilbert Erskine, qui quitte très vite la scène, et Ariah Littrell, vieille fille et pasteur inhibés, n'ont rien d'attirant. Mais Joyce Carol Oates a l'art de fouiller la vie de ses personnages et d'allumer le mode "lecture addictive".
La construction de l'histoire, la manière de raconter, les personnages, la plume de l'auteur : tout m'a captivée dans ce roman, tout s'entremêle et contribue à créer un roman immense.
Le livre est construit en trois parties : "Voyage de noces", "Mariage", "Famille". Ce mode chronologique est émaillé de retours en arrière pour situer des faits, tracer des portraits d'individus ou de familles, ou de légendes, d'informations liées aux Chutes du Niagara. L'auteur nous emmène tour à tour à la suite de chaque personnage, qu'il soit secret et tourmenté ou combatif et ouvert. Il est étonnant de voir comment le pasteur Erskine influence malgré tout les enfants Burnaby, même sils n'ont même pas conscience de son existence. Evidemment, les Chutes-ci jouent un rôle à part entière dans le roman : leur murmure est omniprésent, leur attirance touche tous les membres de la famille.
Il y a aussi la manière dont l'auteur pointe du doigt les dysfonctionnements, les lâchetés, le goût du pouvoir des hommes en place dans la région du Niagara dans les années 60. Pas si éloigné de scandales plus proches comme Seveso ou Bhopal.
La plume de Joyce Carol Oates sait se faire tour à tour précise, piquante, poétique, acide, brûlante. On a beau être attiré par le beau Dirk Burnaby au destin tragique, on ne peut s'empêcher d'aimer malgré tout Ariah, si étrange, si dure, si dominatrice parfois, mais si sensible à la musique et si blessée. Les personnages secondaires sont eux aussi riches et complexes, les événements que l'on a devinés ou qui sont même anticipés par l'auteur elle-même se dévoilent avec autant d'intérêt que s'ils arrivaient par surprise.
Je ne vous livrerai qu'un extrait pour vous donner comme à moi un avant-goût des Chutes, de leur fascination, et peut-être d'aller un jour les voir en vrai. En grand. Comme ce roman que je vous conseille fortement !
"Les voix ! Les voix dans les Chutes... En hiver les Chutes sont gaînées de glace et des arcs-en-ciel de glace scintillent au-dessus des gorges et la brume est gelée comme du verre filé sur les arbres et un frêle pont de glace se fige sur le fleuve entre Luna Island et les Bridal Veil Falls et tu as envie de croire qu'on peut traverser ce pont et les voix sont assourdies, presque inaudibles, il faut retenir sa respiration pour les entendre. Mais fin mars, début avril, avec le dégel, les voix reviennent, plus fortes, plus stridentes, et cependant attirantes, et en juin quand le jour anniversaire de sa mort approche les voix se font tonitruantes et impatientes et tu les entends dans ton sommeil loin du fleuve tumultueux." (p. 433)
La construction de l'histoire, la manière de raconter, les personnages, la plume de l'auteur : tout m'a captivée dans ce roman, tout s'entremêle et contribue à créer un roman immense.
Le livre est construit en trois parties : "Voyage de noces", "Mariage", "Famille". Ce mode chronologique est émaillé de retours en arrière pour situer des faits, tracer des portraits d'individus ou de familles, ou de légendes, d'informations liées aux Chutes du Niagara. L'auteur nous emmène tour à tour à la suite de chaque personnage, qu'il soit secret et tourmenté ou combatif et ouvert. Il est étonnant de voir comment le pasteur Erskine influence malgré tout les enfants Burnaby, même sils n'ont même pas conscience de son existence. Evidemment, les Chutes-ci jouent un rôle à part entière dans le roman : leur murmure est omniprésent, leur attirance touche tous les membres de la famille.
Il y a aussi la manière dont l'auteur pointe du doigt les dysfonctionnements, les lâchetés, le goût du pouvoir des hommes en place dans la région du Niagara dans les années 60. Pas si éloigné de scandales plus proches comme Seveso ou Bhopal.
La plume de Joyce Carol Oates sait se faire tour à tour précise, piquante, poétique, acide, brûlante. On a beau être attiré par le beau Dirk Burnaby au destin tragique, on ne peut s'empêcher d'aimer malgré tout Ariah, si étrange, si dure, si dominatrice parfois, mais si sensible à la musique et si blessée. Les personnages secondaires sont eux aussi riches et complexes, les événements que l'on a devinés ou qui sont même anticipés par l'auteur elle-même se dévoilent avec autant d'intérêt que s'ils arrivaient par surprise.
Je ne vous livrerai qu'un extrait pour vous donner comme à moi un avant-goût des Chutes, de leur fascination, et peut-être d'aller un jour les voir en vrai. En grand. Comme ce roman que je vous conseille fortement !
"Les voix ! Les voix dans les Chutes... En hiver les Chutes sont gaînées de glace et des arcs-en-ciel de glace scintillent au-dessus des gorges et la brume est gelée comme du verre filé sur les arbres et un frêle pont de glace se fige sur le fleuve entre Luna Island et les Bridal Veil Falls et tu as envie de croire qu'on peut traverser ce pont et les voix sont assourdies, presque inaudibles, il faut retenir sa respiration pour les entendre. Mais fin mars, début avril, avec le dégel, les voix reviennent, plus fortes, plus stridentes, et cependant attirantes, et en juin quand le jour anniversaire de sa mort approche les voix se font tonitruantes et impatientes et tu les entends dans ton sommeil loin du fleuve tumultueux." (p. 433)
Invité- Invité
Re: [Oates, Joyce Carol] Les chutes
J'ai attaqué ce roman mais ne l'ai pas fini, et pourtant j'aime beaucoup ce qu'écrit JC Oates. Pas l'état d'esprit, je pense, pour apprécier ce livre. Mais je réessaierai de le lire car le début est vraiment très beau.
Invité- Invité
Re: [Oates, Joyce Carol] Les chutes
Je viens de terminer ce roman que j'ai apprécié également.
Je l'ai lu dans un format original (une première pour moi) : .2
C'est assez bluffant que ces mille pages ne prennent presque pas plus de place qu'une demi livre de poche alors que la typo est la même!
Je venais juste de relire Des souris et des hommes . C'était assez étrange après un roman si bref (où on sait tout des personnages sans pourtant que l'auteur nous en ait dit quoi que ce soit) à ce roman avec autant de mots, où l'auteur nous dévoile tout.
Je suis pourtant rentrée facilement dans l'écriture de JC Oates, et j'ai pris du plaisir à cerner au fil des pages la complexité des personnages et de ce qui les lie les uns aux autres. Il m'a fallu attendre les dernières pages d'ailleurs pour comprendre le sentiment (que je trouvais injuste) de trahison d'Ariah vis à vis de Dirk.
Je l'ai lu dans un format original (une première pour moi) : .2
C'est assez bluffant que ces mille pages ne prennent presque pas plus de place qu'une demi livre de poche alors que la typo est la même!
Je venais juste de relire Des souris et des hommes . C'était assez étrange après un roman si bref (où on sait tout des personnages sans pourtant que l'auteur nous en ait dit quoi que ce soit) à ce roman avec autant de mots, où l'auteur nous dévoile tout.
Je suis pourtant rentrée facilement dans l'écriture de JC Oates, et j'ai pris du plaisir à cerner au fil des pages la complexité des personnages et de ce qui les lie les uns aux autres. Il m'a fallu attendre les dernières pages d'ailleurs pour comprendre le sentiment (que je trouvais injuste) de trahison d'Ariah vis à vis de Dirk.
Piplo- Membre assidu
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Date d'inscription : 23/02/2012
Re: [Oates, Joyce Carol] Les chutes
"Il m'a fallu une bonne vingtaine de pages pour avoir tout à coup un déclic d'intérêt et de passion pour ce livre"
Adtraviata, tu me rassures, j'ai commencé hier et j'avoue que les premières pages ne m'ont pas trop emballée. Mais vos avis m'encouragent à continuer!
Adtraviata, tu me rassures, j'ai commencé hier et j'avoue que les premières pages ne m'ont pas trop emballée. Mais vos avis m'encouragent à continuer!
Invité- Invité
Re: [Oates, Joyce Carol] Les chutes
Je viens de terminer ce roman et je confirme ce qu'à dit Adtraviata, une fois le déclic enclenché, le charme opère, on est envoûté par le personnage d'Ariah, si étrange et complexe. Au début, je n'avais aucune empathie pour cette femme, glaciale et fuyante puis je me suis surprise à l'aimer pour ensuite la trouver détestable et enfin lui pardonner un peu...
Pour moi le déclic a eu lieu au moment de la rencontre entre Ariah et Dirk. A partir de ce moment là, je ne pouvais plus interrompre ma lecture.
Contrairement à Ariah, j'ai aimé Dirk immédiatement. Les enfants sont touchants également, chaque personnage a une part de mystère et on a vraiment envie de savoir ce qui va advenir d'eux... Petit bémol pour la fin, lorsque je suis arrivée à la dernière page, je me suis dit, "Non ça ne peut pas finir comme ça" et pourtant si....Je n'en dis pas plus pour ne rien révéler aux futurs lecteurs.
Pour moi le déclic a eu lieu au moment de la rencontre entre Ariah et Dirk. A partir de ce moment là, je ne pouvais plus interrompre ma lecture.
Contrairement à Ariah, j'ai aimé Dirk immédiatement. Les enfants sont touchants également, chaque personnage a une part de mystère et on a vraiment envie de savoir ce qui va advenir d'eux... Petit bémol pour la fin, lorsque je suis arrivée à la dernière page, je me suis dit, "Non ça ne peut pas finir comme ça" et pourtant si....Je n'en dis pas plus pour ne rien révéler aux futurs lecteurs.
Invité- Invité
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