[Grisham, John] Le couloir de la mort
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[Grisham, John] Le couloir de la mort
Le couloir de la mort (The Chamber)
Pocket - 1994 - 556 pages
Résumé :
Sam Cayhall est condamné à mort en 1981 pour avoir tué, dans un attentat, deux enfants, deux jumeaux de cinq ans. Crime abominable s'il en fut remontant à 1967 dans le Mississippi, état ségrégationniste où le KKK régnait en maître.
Le tort de ces deux malheureux enfants : avoir un père juif, avocat, défenseur des droits civiques et, notamment, des noirs.
Adam Hall, petit-fils du condamné, avocat de l'assistance judiciaire assurera la défense de son grand-père, quand celui-ci, voulait l'assurer lui-même. En effet, Cayhall a viré ses anciens avocats, ne leur faisant plus confiance.
Mon avis :
En trois pages nous sommes au fait de l'histoire qui va nous être contée. Cayhall est un saligaud de klaniste, lui et ses pareils perpètrent des attentats, tuent sans vergogne et brûlent à tour de bras. Ce type a autant de sang sur les mains qu'un boucher dans un abattoir.
Pour les deux petits son rôle était de guetter, non de poser la bombe. Il s'est fait épingler par les flics en retournant sur les lieux du crime. Après deux procès gagnés, jury blanc, faux-culs, racistes et consorts, la déségrégation aidant, un jeune procureur aux dents de loup, avide de pouvoir, imbu de lui-même, carriériste, aura sa peau. Le troisième procès sera le bon, condamné à mort, Cayhall ira à Parchman, dans le couloir attendre son tour de respirer le gaz mortel.
McAllister, le proc deviendra gouverneur, ce qui n'arrangera pas les affaires de Cayhall qui lui voue une haine sans faille.
Amputé des deux jambes après l'attentat, le père des gamins se suicidera, ajoutant son nom à la liste des victimes de Cayhall. Ce dernier n'adresse aucune excuse, rien, à personne, il reste dans sa cellule, mord, apprend le droit, il assume, balaie ses avocats, devient le juriste du couloir et aide ses co-détenus dans leurs démêlés avec la justice. Un monstre.
Adam Hall obtiendra de son cabinet de représenter Cayhall si celui-ci y consent.
C'est son grand-père.
Eddie Cayhall, le père d'Adam a changé de nom pour essayer de vivre, il n'y parviendra pas et lui aussi se suicidera.
Quelle motivation peut pousser un homme, que rien ne prédestinait à la profession juridique, à s'accrocher avec une telle hargne pour obtenir une grâce ou un sursis improbables ? Les liens du sang, laver la mort du père, chercher le pourquoi de l'affaire, fouiller un passé qui sent tellement mauvais que ç'en est nauséabond jusque dans les pages du livre...
Quittant son nid douillet de Chicago, Adam ira habiter à Memphis, chez sa tante Lee, la fille de Sam, alcoolo aux innombrables cures de désintoxication - tu penses bien qu'avec l'autre y a des séquelles un peu partout, personne se s'en sort indemne, bousilleur de première le Cayhall, Attila, là où il passe la tranquillité ne repousse jamais - , laquelle piochera dans ses souvenirs, ouvrira les vannes de l'horreur à vous dégobiller sur le paletot en pleine lecture ! Y a des moments où l'idée m'est venue d'arracher ces pages ! Un autodafé à la connerie, une pulsion d'immense humanité, un coeur en pleine implosion, répandant un sang puant par tous les orifices...
Il y a un complice, c'est sûr. Sam la ferme : non, j'ai agi seul ! Tu mens ! T'y étais ? Non, alors écoute ce que je dis et note : la grâce de l'autre, tu lui diras de se la carrer où j'pense, t'as compris ?
Pas facile et malgré tout le lien du sang agira, la complicité s'installera, le doute s'instillera dans le psychisme d'Adam mais l'Omerta est là, la loi du silence, le Klan ne permet pas de balancer, non, jamais, sinon c'est le sourire kabyle, d'une oreille à l'autre, sans trace et peu importe qui : le père, la mère, le fils, tout le monde, petits et grands, pour l'exemple.
Adam ne réussira pas à faire baisser la garde de Sam, il parviendra, cependant, à le faire ressembler, à nouveau, à un être humain et non plus à une bête féroce. Les dents sont limées, les ongles arrondis, la hargne ravalée, la morgue atténuée, le temps efface beaucoup de choses et la fatigue aidant, le remord s'installe et le sac devient trop lourd à porter pour des épaules fragiles. Il faut le poser le sac, reste à savoir où et comment ?
Grisham réalise, ici, un grand livre dans la simplicité qui le caractérise. Les premières pages sont horrifiques, les dernières aussi. On n'aime pas Cayhall, on le hait, la détestation s'incruste dans la peau, dans l'intellect page après page et puis cette transformation, cet amour impossible de deux êtres diamétralement opposés remet en question une position aussi tranchée. La peine de mort remplace-t-elle la mort de deux chérubins ? Le sang appelle-t-il, systématiquement, le sang ? La haine développe-t-elle, uniquement, des sentiments de haine ? Les passions engendrent-elle, exhaustivement, des exactions de régimes morts et, espérons-le, enterrés ?
Notre monde est-il aussi dégueulasse que ces journaleux de basse-cour veulent nous le laisser entendre ? Les vautours volent-ils toujours chez les hommes ? Et, merde, sommes nous des zombies, des mutants, des indifférents ?
Il existe des plumes plus percutantes que celle de Grisham, il existe des plumes plus apaisantes que celle de Grisham. Il n'existe pas de plume aussi calme et tranquille que la sienne pour dénoncer l'abomination du système de son pays avec autant de force et de puissance sous-jacentes.
Grisham avance tel un rouleau compresseur, avec régularité, redondance. Vous avez pas compris ? On remet une couche, puis une autre et une autre encore, en couleur, cette fois, vous y arriverez bien, dépêchez-vous y a que cinq cents pages, j'fais pas dans le bouquin à tiroirs, moi !
Il est de ceux qui remettent en cause, par leurs livres, le fonctionnement et l'obsolescence d'un système qui, s'il n'est pas toujours corrompu est rattrapé par le pouvoir, le fric, le carriérisme. Je passe aux actus, c'est bon pour les sondages !
Et il y a le sud, le temps étouffant, la sueur à la chemise, le pantalon qui colle, l'apathie, la nonchalance, les gens scotchés au bitume, le fleuve qui déroule ses méandres avec lassitude et mélancolie au son d'un vieil air de blues black, savez celui que vous aimez bien, le sax qui chiale, le banjo qui triomphe...
Le passage du cimetière où Lee, la tante, raconte le Klan à Adam et la finale entre le grand-père et le petit-fils sont des morceaux d'anthologie littéraire à enseigner dans les écoles.
Les personnages, l'intrigue, la construction du livre, son découpage, me rappellent cette chanson de Brassens :
tout est bon, y a rien à jeter...
J'aurai du mal à me remettre de cette lecture !
5/5
Coup de coeur
B
Invité- Invité
Re: [Grisham, John] Le couloir de la mort
Merci Bernard pour cet avis bien construit. J'ai aussi adoré ce livre , lu il y a bien longtemps ( c'était ma période Grisham.....)
Invité- Invité
Re: [Grisham, John] Le couloir de la mort
Merci de ton passage Mimi. Je suis en pleine "période" Grisham.
B
B
Invité- Invité
Re: [Grisham, John] Le couloir de la mort
Merci pour ta critique ! Un Grisham qu'on a envie de lire !!
Invité- Invité
Re: [Grisham, John] Le couloir de la mort
Décevant. C'est mené sur deux fronts: un reportage assez complet sur les différents tribunaux qui ont un pouvoir de décision, dont le Gouverneur, et des souvenirs familiaux à peine développés. Rien de nouveau.
Ma cote: 2/5.
Ma cote: 2/5.
Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
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Date d'inscription : 07/01/2012
Re: [Grisham, John] Le couloir de la mort
je l'ai lu il y a très longtemps et il m'a laissé un très bon souvenir, pour moi c'est un des deux meilleurs romans de Grisham avec Non coupable, évidemment !
lili78- Grand sage du forum
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