[Despentes,Virginie] Apocalypse bébé

Apocalypse bébé

Auteur : Virginie Despentes
Editions : Grasset
Nombre de pages :

Quatrième de couverture :

Valentine Galtan, adolescente énigmatique et difficile, a disparu.
La narratrice, Lucie, anti-héroïne trentenaire, détective privée sans conviction ni talent engagée par la grand-mère de Valentine pour surveiller ses faits et gestes, l’a perdue sur un quai de métro parisien. Comment la retrouver ? Que faire des édifiantes photos de Valentine qui la montrent si expérimentée avec les garçons ? Aurait-elle rejoint sa mère, qu’elle n’a jamais connue, à Barcelone ? Le mieux pour Lucie serait de faire équipe avec la Hyène, une « privée » aux méthodes radicales, une femme puissante, au corps souple, plein d’une violence qui s’exprime par saccades : moyennant finances, et aussi par amusement, La Hyène accepte le marché.
Voici les collègues mal appariées, l’une lesbienne volcanique, l’autre hétéro à basse fréquence, qui traversent la France et l’Espagne jusqu’à Barcelone à la recherche d’une petite fugueuse, une gosse mal grandie, une fille de la bourgeoisie qui finira, on ne vous en dit pas plus, par rejoindre le camp des irréductibles

Mon appréciation :

C'est la première fois que je lis cette auteur, on ne peut pas dire que Virginie Despentes fasse dans le glamour, le luxe et les paillettes. Elle nous écrit plutôt une satyre sociale et nous dépeint une société dépravée, trash et orgiastique sous fond de porno-thriller et de pseudo enlèvement. C'est noir, cru et percutant. Il est rare de trouver dans un livre autant de violence et de vulgarité.
Je dois dire que dans ce livre, les femmes en prennent pour leur grade et ne sont pas montrées sous leur meilleur jour. Elles sont moches, grosses, névrosées, hétéros coincées, gouines. Les hommes sont peu présents mais d'une aigreur !!! Les ados sont perdus et border line.


Je dois dire que dans ce livre, les femmes en prennent pour leur grade et ne sont pas montrées sous leur meilleur jour. Elles sont moches, grosses, névrosées, hétéros coincées, gouines. Les hommes sont peu présents mais d'une aigreur !!! Les ados sont perdus et border line.
Lucie et La hyène (on ne la connait que sous ce pseudo) forment un tandem insolite. Vanessa est une jeune fille paumée.
Un Yacine vindicatif, c'est la partie que j'ai eu le plus de mal à lire, j'ai trouvé l'écriture trop hachée mais c'est aussi ce style qui montre l'agressivité de ce passage.


Tous le milieux sociaux sont égratignés : les blancs, les beurs, l'église, la gauche, la droite, les bourges, les homos, les hétéros, les pour, les contres ... Notre société de consommation est analysée sous toutes les coutures et ce n'est pas beau à voir. Virginie Despentes est vraiment la reine de la provoc. Punaise, même les bonnes soeurs y ramassent ... bin si on ne peut plus compter sur elles !!!

Virginie Despentes manie l'adjectif qualificatif avec virtuosité : tocardes, pouffiasses, ringardes, baltringues, réac, fascistes, débiles, andropausées, insensibles, cerveaux terminés à la pisse et j'en passe ..tant de louanges sur l'être humain me laisse médusée.


Et la fin : stupéfiante, épouvantable et tragique, je ne m'attendais pas du tout à ça

Il est à noter que j'ai quand même ri une fois, le dire n'est point négligeable. Voila l'extrait : "Au club de sport où Vanessa s'est inscrite, dont on lui a assuré à son arrivée qu'il était le plus chic d'Espagne, les femmes sont toutes centenaires. Elles ont dû souffrir de graves carences alimentaires, et ne pas trouver de crèmes de beauté pendant longtemps. Pourtant elles sont rétives à la chirurgie esthétique. Mais à ce stade de décomposition, le seul remède serait la burqa".

En conclusion : J'ai bien aimé même si c'est grinçant, dérangeant et choquant, dommage que ce soit une vue assez réaliste de toutes les dérives et les travers de notre société moderne et actuelle.

8/10

pour ta critique.

Dans les revues littéraires, les avis sont partagés, c'est le moins que l'on puisse dire.

Une question : ces critiques à outrance de tout et son contraire ne finissent-elles pas par lasser, lors de la lecture ?

Elle ne critique pas ouvertement mais elle nous montre la déchéance humaine, les travers de notre société, l'endoctrinement.

C'est sûr qu'elle ne fait pas dans la délicatesse. J'ai déjà lu deux livres d'elle et ça ne laisse pas une impression de bien-être. Mais ce sont des lectures que j'ai trouvé intéressantes tout de même, ça ne fait pas de mal de se faire bousculer de temps en temps.

Ce sont des lectures éprouvantes, tu as juste envie de lire Oui Oui après. J'ai eu beaucoup de mal à ouvrir un autre livre, ce roman m'a lessivé.

De Despentes, que j'aime énormément, j'ai lu " Bye bye blondie " - rentré immédiatement dans mes livres cultes - et king Kong théorie, à côté duquel personne ne devrait à mon avis passer. J'ai pas encore lu "Apocalypse bébé " parce qu'on n'en parle trop, je préfère attendre quelques mois histoire que ça se tasse ... par contre j'ai beaucoup aimé ta critique Lisalor !

Si tu trouves ça vulgaire tu n'es pas au bout tes peines, je suis une grande fan de Virginie Despentes et ayant lu tout ses livres je peux dire qu'elle fait plutôt dans la dentelle pour une fois.
Essaie Baise-moi tu verras une large différence.
Je suis entrain de lire Apocalypse Bébé et je le trouve génial, différent des précédents ouvrages, et j'adore la société qu'elle dépeint avec un certain réalisme. Virginie Despentes est une femme du réel, qui en a dans les trippes.
Je conseille aussi vivement King Kong Théorie qui est très intéressant!

Un auteur qui a son style, c'est toujours agréable... même si c'est pour en prendre plein la poire.

Je suis en train de le lire. je vous donne mon avis d'ici quelques jours.

"Apocalypse bébé" est avant tout une très bonne histoire. Le livre déroule une enquête parfaitement menée et nous entraîne vers une fin inattendue et perspicace. Ce roman est bien construit parce que sous le fil conducteur de l'enquête, il se pose régulièrement sur un des personnages. Et chaque fois, c'est une découverte en profondeur d'un être particulièrement intéressant. L'auteur analyse alors le passé de la personne et explique ainsi son comportement. Le style est alors très convaincant et quelque soit la nature du sujet, j'ai adhéré à son comportement. A l'image d'une phrase dite par soeur Elisabeth à Valentine, les accents de vérité de l'auteur nous donne envie de croire en cette personne. Les paragraphes consacrés aux personnages (Yacine, La hyène, Vanessa, Claire, François, Elisabeth) sont l'occasion d'une histoire forte et de la découverte d'un milieu très bien décrit. L'auteur témoigne ainsi sur le racisme, les familles recomposées, la violence familiale et la fébrilité de l'écrivain face à la concurrence littéraire actuelle. C'est notamment, l'occasion pour nous, critiques internautes amateurs de se poser la question sur la pertinence de nos avis. Certes, il faut savoir passer sur certaines scènes très choquantes et ce point peut dérouter quelques lecteurs. Moi-même n'appréciant pas ce style de vulgarité, je pense que, malgré leur force, ces récits restent marginaux par rapport à l'intérêt de l'intrigue. Virginie Despentes est également réalisatrice et cela donne une certaine réalité aux récits et aux dialogues. J'ai très bien pu m'imaginer ce tandem d'enquêteurs composé de la Hyène, aguerrie, professionnelle,drôle et de Lucie, une fille quelconque, peu intéressée par son métier et souvent un peu "lourde". Nul doute que ce livre fera un excellent film alliant action et humanité.

Moody a écrit:De Despentes, que j'aime énormément, j'ai lu " Bye bye blondie " - rentré immédiatement dans mes livres cultes - et king Kong théorie, à côté duquel personne ne devrait à mon avis passer. J'ai pas encore lu "Apocalypse bébé " parce qu'on n'en parle trop, je préfère attendre quelques mois histoire que ça se tasse ... par contre j'ai beaucoup aimé ta critique Lisalor !

Je note "King kong théorie". Merci

Vient d'obtenir le Renaudot, mais cela ne m'incitera pas pour autant à le lire.

mimi54 a écrit:Vient d'obtenir le Renaudot, mais cela ne m'incitera pas pour autant à le lire.

Je me fais exactement la même remarque Mimi.

J'ai eu le même ressenti que Jostein,

Pour ma part je suis assez d'accord avec tous ce qui a déjà été dis je rajouterais que l'ouvrage met l'accent sur l'avarice des gens et montre que beaucoup ne pensent qu'a leur propre personne.
J'ai beaucoup appréciée ce livre dont la fin est très surprenante car après avoir mis le lecteur dans une position de doute et de suspens intense (on sent qu'il va se passer quelque chose mais on se demande si on est pas passé à côté d'un élément essentiel pour la compréhension et PAF coup de théatre). On ne se lasse pas, les personnages sont très bien décrit et présentés sous forme de chapitre leurs étant dédiés. Seul bémol j'ai trouvé les chapitres un peu long. Le langage grossier et les scènes de débauches ne m'ont pas perturbée et ont totalement leurs places afin de laisser au lecteur ce goût amer, clé de la réussite de cet ouvrage. (il est à la limite d'un petit coup de coeur pour moi malheureusement je l'ai terminé en enchainant avec La catin qui m'a, à son désavantage, fait remettre en doute la valeur de celui-ci.)

Voilà,j'en ai terminé la lecture :
Valentine, fille d’un écrivain richissime a disparu. Lucie, la loose faite femme, l’Invisible, qui devait la pister, est chargée de la retrouver. Pour ce faire, elle s’associe avec « la Hyène » lesbienne très bien dans sa peau, aussi manipulatrice que violente. Elles vont aller de Paris à Barcelone pour suivre la trace de cette jeune droguée, nymphomane, mal dans sa peau de gosse de riche pas aimée.
Le vocabulaire est volontairement brutal, machiste (pour les sujets masculins), violent. J’ai beaucoup peiné à le lire de ce fait. Beaucoup de violences autant verbales que physiques, beaucoup de solitude. Les protagonistes de ce bouquin sont tous solitaires, démissionnaires, égoïstes. Leurs destins vont se croiser l’espace d’un chapitre…. Mais il ne faut attendre aucune solidarité.

Despentes nous donne à lire des faits bruts, les explications arrivent quelques chapitre plus loin, mais le ver est dans le fruit, il n’y a pas d’espoir. La fin du livre en sera l’apocalypse

Ce qui m’a gêné le plus c’est le fait que Despentes nous donne à penser que l’homosexualité pourrait être la clé d’un certain bien être. Les hétéros sont soit des épouses soumises, soit des perdantes, soit des « pas belles », soit des nymphomanes…. Les hommes ne sont pas mieux lotis : écrivain bobo sur le déclin ou petit voyou beur de banlieue.

Je suis assez partagée sur ce livre. Toute cette débauche de trash, de drogue semble si réelle et si éloignée de mon univers. Malgré la 4ème de couverture, je n’ai guère vu de tendresse. Ce que je sais c’est qu’il restera dans ma petite cervelle un certain temps.

D'après ton ressenti zazy "Ce qui m’a gêné le plus c’est le fait que Despentes nous donne à penser que l’homosexualité pourrait être la clé d’un certain bien être. Les hétéros sont soit des épouses soumises, soit des perdantes, soit des « pas belles », soit des nymphomanes…. Les hommes ne sont pas mieux lotis : écrivain bobo sur le déclin ou petit voyou beur de banlieue."
C'est pour moi un point de vue partisan qui m'empêche d'accéder à ce type de lecture!

Je ne dénigre pas car les préférences sexuelles des gens, je m'en moque complètement, c'est de l'affaire du privé. Mais Virginie Despentes, dans ce livre, en parle beaucoup. Dans ce livre, le partage est ainsi fait, ne me demande pas pourquoi !!!
Lis-le et fais-toi ton opinion. Peut-être suis-je en dehors des circuits (retraitée et rurale).....

Kély, ce n'est qu'un livre.

zazy a écrit:Kély, ce n'est qu'un livre.

J'avais entendu le même reproche lui être fait par une journaliste au moment de la sortie du livre, donc je ne pense pas que tu sois "en dehors des circuits" zazy.
Sans qu'elle soit d'ailleurs uniquement liée à la sexualité, j'ai l'impression que cette vue binaire (ceux qui vivent pleinement leur vie d'un côté, les ratés de l'autre) est l'apanage de certains romanciers en ce moment - on pourrait dire quasiment la même chose de Houellebecq. C'est une position plutôt immature, dans un registre adolescent.