[Brecht, Bertolt] La résistible ascension d'Arthuro Ui
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Votre avis sur "La résistible ascension d'Arturo Ui"
[Brecht, Bertolt] La résistible ascension d'Arthuro Ui
Genre : Pièce de théâtre
Editions : L’arche - Collection Scène ouverte
ISBN : 2-85181-013-8
110 pages
Quatrième de couverture :
Vous, apprenez à voir, plutôt que de rester
Les yeux ronds. Agissez au lieu de bavarder.
Voilà qui aurait pour un peu dominé le monde !
Les peuples en ont eu raison, mais il ne faut
Pas nous chanter victoire, il est encore trop tôt :
Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde
Résumé (Wikipédia) :
Der aufhaltsame Aufstieg des Arturo Ui, en français La Résistible Ascension d'Arturo Ui, est une pièce de théâtre de Bertolt Brecht écrite en 1941 en Finlande mais qui ne fut publiée qu'en 1959.
Brecht y critique le régime fasciste en transposant l'arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler dans le Chicago des années 1930. On y retrouve, déformés, les noms des principaux dirigeants nazis. Ainsi, Goebbels est appelé Giuseppe Gobbola, Ernst Röhm est Ernesto Roma, Hermann Goering est Ermanuel Gori, Adolf Hitler est Arturo Ui, Engelbert Dollfuss est Dollfoot. Le président Paul von Hindenburg est Hindsborough, l’aristocratie prussienne et les junkers sont le Karfioltrust, Marinus van der Lubbe est Fish.
La pièce se déroule dans le Chicago des années 30, gravement touché par la crise économique. Le trust du chou-fleur rencontre de graves difficultés car les producteurs ne parviennent plus à écouler leur marchandise. Ils demandent de l'aide à Arthuro Ui qui utilise la force pour obliger les détaillants à acheter du chou-fleur, c'est ainsi que commence la terrible ascension d'Arturo Ui…
Mon avis : Brecht y critique le régime fasciste en transposant l'arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler dans le Chicago des années 1930. On y retrouve, déformés, les noms des principaux dirigeants nazis. Ainsi, Goebbels est appelé Giuseppe Gobbola, Ernst Röhm est Ernesto Roma, Hermann Goering est Ermanuel Gori, Adolf Hitler est Arturo Ui, Engelbert Dollfuss est Dollfoot. Le président Paul von Hindenburg est Hindsborough, l’aristocratie prussienne et les junkers sont le Karfioltrust, Marinus van der Lubbe est Fish.
La pièce se déroule dans le Chicago des années 30, gravement touché par la crise économique. Le trust du chou-fleur rencontre de graves difficultés car les producteurs ne parviennent plus à écouler leur marchandise. Ils demandent de l'aide à Arthuro Ui qui utilise la force pour obliger les détaillants à acheter du chou-fleur, c'est ainsi que commence la terrible ascension d'Arturo Ui…
Malgré un style difficile, qui doit sûrement beaucoup à la transposition en français de vers en métrique allemande, ce petit livre se lit très vite.
Cette farce, très caractéristique du style de Brecht, grouillante de brigands exploitant sans vergogne la misère humaine, pourrait prêter à rire. Malheureusement, les racines bien réelles de cette bouffonnerie ne le permettent guère. Critique vitriolée du parti nazi, manifeste pour la vigilance des peuples, cette pièce de théâtre relève d’une réflexion profonde sur la situation de l’Allemagne dans l’entre-deux guerres, et sur les horreurs qui en ont découlé.
Plutôt que de pointer du doigt le peuple allemand, Bertolt Brecht met ici en avant la responsabilité des gouvernants, officiels ou non. Par appât du gain, par goût du pouvoir, par crainte du scandale, Church et Hindsborough ont exposé le monde aux délirants désirs de grandeur d’un monstre, et initié une réaction en chaîne que seule la violence pourra enrayer.
Pour cette raison, il s’agit d’un avertissement visionnaire et universel, la démonstration que la prise de conscience et la résistance individuelle sont les clefs de la liberté et de la justice sociale. Ou comment démontrer brillamment la célèbre phrase d’Edmund Burke : «L’inaction des gens de bien suffit au triomphe du mal».
Une œuvre magistrale et plus que jamais d’actualité : déclinez son titre à l’infini - la résistible ascension de Staline, d’Oussama Ben Laden, de Bernard Madoff... - vous aurez bien du mal à ne pas trouver une foule d’analogies pertinentes.
Un vrai coup de cœur, que je recommande assurément.
Ma note : 9/10Cette farce, très caractéristique du style de Brecht, grouillante de brigands exploitant sans vergogne la misère humaine, pourrait prêter à rire. Malheureusement, les racines bien réelles de cette bouffonnerie ne le permettent guère. Critique vitriolée du parti nazi, manifeste pour la vigilance des peuples, cette pièce de théâtre relève d’une réflexion profonde sur la situation de l’Allemagne dans l’entre-deux guerres, et sur les horreurs qui en ont découlé.
Plutôt que de pointer du doigt le peuple allemand, Bertolt Brecht met ici en avant la responsabilité des gouvernants, officiels ou non. Par appât du gain, par goût du pouvoir, par crainte du scandale, Church et Hindsborough ont exposé le monde aux délirants désirs de grandeur d’un monstre, et initié une réaction en chaîne que seule la violence pourra enrayer.
Pour cette raison, il s’agit d’un avertissement visionnaire et universel, la démonstration que la prise de conscience et la résistance individuelle sont les clefs de la liberté et de la justice sociale. Ou comment démontrer brillamment la célèbre phrase d’Edmund Burke : «L’inaction des gens de bien suffit au triomphe du mal».
Une œuvre magistrale et plus que jamais d’actualité : déclinez son titre à l’infini - la résistible ascension de Staline, d’Oussama Ben Laden, de Bernard Madoff... - vous aurez bien du mal à ne pas trouver une foule d’analogies pertinentes.
Un vrai coup de cœur, que je recommande assurément.
Invité- Invité
Re: [Brecht, Bertolt] La résistible ascension d'Arthuro Ui
Tout à fait d'accord avec ta critique: j'ai vu cette pièce plusieurs fois au théâtre, on peut la mettre en scène de façons très différentes, mais le message et toujours le même, très fort.... Et je pense au discours de Khadafi tout à l'heure à la télé: toujours d'actualité!
C'est une pièce à lier, ou à voir, pour aider à réfléchir.
C'est une pièce à lier, ou à voir, pour aider à réfléchir.
Invité- Invité
Re: [Brecht, Bertolt] La résistible ascension d'Arthuro Ui
Mon avis :
J'ai enfin lu cette pièce, chinée ce week-end sur les étagères de mes hôtes, belle occasion puisque je connais ce titre depuis longtemps et souhaitais le lire.
Quelle gifle que cette ascension reconstituée d'un moins que rien, mû par la foi en son importance et un féroce désir de revanche, de cet Arturo Ui, né dans les faubourgs de New-York, venu jusqu'à Chicago avec 7 comparses, autour d'un projet simple. Il ne s'agit de rien moins que menacer, effrayer, ruiner, pour venir après le chaos savamment orchestré proposer sa protection, moyennant finance et influence. Des méthodes mafieuses en somme.
Il est vrai que les hommes de main de Ui ne reculent devant rien et jouent du browning ou du seau de pétrole comme personne. Incendier des entrepôts, c'est bien pratique pour faire régner la terreur, le point de départ de leur action étant le cartel du chou-fleur. Assassiner les opposants les uns après les autres pour faire taire la conscience du peuple et accessoirement réviser les testaments (il faut bien alimenter la machine politique), c'est également utile pour faire son trou, d'abord à Chicago, puis à Cicero, ville voisine et lieu d'un test grandeur nature pour se projeter dans l'Amérique toute entière.
La justesse de l'observation et des rouages de la politique brutale des Nazis (ou autres sbires de l'extrême-droite) est confondante, d'autant plus qu'Arturo est un personnage complexe, en quête de reconnaissance donc sans doute humain, mais froid, prêt à passer sur tous les corps pour réaliser son ambition, y compris à se débarrasser de son plus ancien ami. Il veut s'imposer par la violence mais voudrait qu'on abonde dans son sens, qu'on le soutienne et encense. La manipulation est toujours en avant-scène, se nourrissant de la lâcheté physique ou de la peur sociale des hommes, qui cèdent et comptent sur d'autres pour lui résister. Un mot en passant sur le titre, qui m'a toujours intriguée avant de l'avoir lu : cette "résistible" ascension - pourquoi résistible ? me demandais-je. J'avais l'impression d'une erreur, et non : elle est résistible parce qu'en plusieurs étapes il aurait pu être arrêté, empêché ou contré.
C'est glaçant et essentiel à lire, et je laisse libre toute personne de savourer la célèbre parole citée au début de la présentation : "Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde." Je crois qu'on s'en rend assez bien compte. 5/5
J'ai enfin lu cette pièce, chinée ce week-end sur les étagères de mes hôtes, belle occasion puisque je connais ce titre depuis longtemps et souhaitais le lire.
Quelle gifle que cette ascension reconstituée d'un moins que rien, mû par la foi en son importance et un féroce désir de revanche, de cet Arturo Ui, né dans les faubourgs de New-York, venu jusqu'à Chicago avec 7 comparses, autour d'un projet simple. Il ne s'agit de rien moins que menacer, effrayer, ruiner, pour venir après le chaos savamment orchestré proposer sa protection, moyennant finance et influence. Des méthodes mafieuses en somme.
Il est vrai que les hommes de main de Ui ne reculent devant rien et jouent du browning ou du seau de pétrole comme personne. Incendier des entrepôts, c'est bien pratique pour faire régner la terreur, le point de départ de leur action étant le cartel du chou-fleur. Assassiner les opposants les uns après les autres pour faire taire la conscience du peuple et accessoirement réviser les testaments (il faut bien alimenter la machine politique), c'est également utile pour faire son trou, d'abord à Chicago, puis à Cicero, ville voisine et lieu d'un test grandeur nature pour se projeter dans l'Amérique toute entière.
La justesse de l'observation et des rouages de la politique brutale des Nazis (ou autres sbires de l'extrême-droite) est confondante, d'autant plus qu'Arturo est un personnage complexe, en quête de reconnaissance donc sans doute humain, mais froid, prêt à passer sur tous les corps pour réaliser son ambition, y compris à se débarrasser de son plus ancien ami. Il veut s'imposer par la violence mais voudrait qu'on abonde dans son sens, qu'on le soutienne et encense. La manipulation est toujours en avant-scène, se nourrissant de la lâcheté physique ou de la peur sociale des hommes, qui cèdent et comptent sur d'autres pour lui résister. Un mot en passant sur le titre, qui m'a toujours intriguée avant de l'avoir lu : cette "résistible" ascension - pourquoi résistible ? me demandais-je. J'avais l'impression d'une erreur, et non : elle est résistible parce qu'en plusieurs étapes il aurait pu être arrêté, empêché ou contré.
C'est glaçant et essentiel à lire, et je laisse libre toute personne de savourer la célèbre parole citée au début de la présentation : "Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde." Je crois qu'on s'en rend assez bien compte. 5/5
elea2020- Grand sage du forum
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Nombre de messages : 5876
Age : 56
Localisation : 44
Emploi/loisirs : enseignante en reconversion
Genre littéraire préféré : dystopies et classiques, littérature russe
Date d'inscription : 02/01/2020
Re: [Brecht, Bertolt] La résistible ascension d'Arthuro Ui
C'est noté elea! Merci! XX
Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
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Re: [Brecht, Bertolt] La résistible ascension d'Arthuro Ui
Merci @Moulin-à-Vent.
elea2020- Grand sage du forum
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