[Jouhandeau, Marcel] Réflexions sur la vie et le bonheur

par Invité Lun 11 Juil 2011 - 9:28

Réflexions sur la vie et le bonheur
Marcel Jouhandeau
253 pages
Editions Gallimard

Quatrième de couverture
Ecrire sur la vie et le bonheur, quelle étrange gageure, quel insoutenable projet !
Plotin l'a traité à sa manière. Fontenelle aussi, l'un à grand renfort d'arguments métaphysiques : l'autre, en recourant à la psychologie.
Pour moi, qui ne suis ni philosophe ni théoricien du coeur, je me contenterai de jeter dans cette escarcelle des faits, dus à mes observations passées ou aux circonstances quotidiennes, qui me permettront çà et là au passage une remarque peut-être instructive.

Avis
Bon, inutile de faire des phrases à rallonge, j'imagine que vous tous avez reçu cinq sur cinq l'entreprise de l'auteur. Sous forme de cachiers, dix au total, Jouhandeau jette sans trop réfléchir ni retoucher le fil de sa pensée. Et c'est assez jubilatoire. Si vous cherchez un second souffle en cette période où l’humanité n’a peut-être jamais respiré par des organes aussi insensibles, voici une poche d'oxygène toute trouvée.
Point de concept ici, ni dogme ni certitude. L'atmosphère est rafraîchissante. Nous nous promenons. A chaque page, difficile de ne pas se saisir d'un crayon à papier pour entourer une phrase ou un paragraphe :

"Le comble de la force morale, c'est de garder le silence dans n'importe quelle circonstance, tout le temps qu'il ne s'agit que de soi."

"Le bonheur n'a aucun rapport avec le bien-être, puisqu'on peut passer sa vie, comme si de rien n'était, auprès d'un être impossible, hirsute, intraitable, alors que la fadeur et la facilité de n'importe qui d'autre vous eût jeté dans le plus mortel ennui."

"C'est bien plutôt de la dureté de notre coeur que de sa délicatesse que souffre notre intelligence, notre intelligence des autres. Nous sommes toujours trop tendres avec nous-mêmes."

"La vie n'est qu'un immense tissu de solitudes, où chacun éprouve selon l'heure sa volupté ou son martyre incommunicables, comme un secret écrit en une langue perdue. Pour m'étonner du pouvoir que j'ai de déranger le silence, il m'arrive de parler tout haut la nuit et rien ne me trouble davantage."

(J'arrête, sinon tout le livre va y passer.)