[Arditi, Metin] Le Turquetto
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[Arditi, Metin] Le Turquetto
[Arditi, Metin] Le Turquetto
[Arditi, Metin]
Le Turquetto
Actes Sud août 2011
282 pages
Présentation de l'éditeur
Ce livre est l’histoire d’un tableau fameux… et d’une passion irrépressible. En 2001, à l’occasion de l’exposition Venise ou la couleur retrouvée, le très sérieux Musée d’art et d’histoire de Genève met en évidence que la signature du célèbre Homme au gant (attribué au Titien) présente une anomalie chromatique si troublante qu’on pourrait croire qu’un autre peintre en est le véritable auteur. Mais à quel contemporain l’attribuer, sinon à celui que le Titien lui-même surnommait Turquetto, “le petit Turc” ? Metin Arditi a choisi de raconter la vie de cet étonnant personnage. Enfant de Constantinople, né de parents juifs (aux alentours de 1519) en terre musulmane (où les lois sacrées interdisaient la reproduction,) ce fils d’un employé du marché aux esclaves, s’exile très jeune à Venise pour y parfaire et pratiquer son art. Sous une identité d’emprunt (Elias Troyanos) il travaille des années durant dans les ateliers du Titien avant de faire carrière et de donner aux congrégations de Venise une oeuvre admirable nourrie de tradition biblique, de calligraphie ottomane et d’art sacré byzantin. Possédant à la perfection la précision du disegno (des peintres de l’école florentine) et la science du colorito (des peintres vénitiens) Le Turquetto est au sommet de sa gloire quand sa liaison avec une jeune femme du ghetto juif précipite la révélation de son identité véritable. Bientôt il est traîné devant les tribunaux de Venise…Metin Arditi dépeint à plaisir le foisonnement du Grand Bazar de Constantinople, les révoltes du jeune garçon avide de dessin et d’images, son soudain départ à Venise. Puis le lecteur le retrouve à l’âge mûr, marié et reconnu, artiste pris dans les subtilités des rivalités vénitiennes, en cette faste période de la Renaissance où s’accomplissent son ascension puis sa chute. Rythmé, coloré, parfaitement scénarisé, et semblant s’appuyer sur une documentation irréprochable, le livre convoque également les thèmes de la filiation, des rapports de l’art avec le pouvoir, et de la synthèse des influences religieuses qui est la marque particulière du Turquetto.
Mon avis
J’ai aimé la façon que Metin Arditi a choisi pour nous raconter le chemin parcouru par Elie Soriano “ Le Turquetto “ un document en avant première du roman, explique en gros ce que fut l’analyse d’une anomalie chromatique au coin inférieure droit du "tableau “ L’homme au gant “ ce qui a sans doute donné l’impulsion à l’auteur pour écrire ce roman. Le Turquetto est un personnage attachant, on suit son destin, ses tableaux sont reconnus à cette époque “ XVlème siècle “comme des chefs-d’oeuvre. Mais le ghetto existe déja et lorsque l’on découvre qu’il est juif, c’est la chute de l’homme qui fut vénéré par les amateurs d’art, je ne vais pas parler de la fin de sa vie, ni de ce que sont devenues ses oeuvres, mais il est certain que ce roman ma accrochée jusqu’à la fin. Des thèmes tels que les rapports entre père et fils, l’art, la culture et les valeurs, il est dit que le héros de ce roman fut élève de “ Le Titien “ mais je n’ai rien trouvé sur lui, par contre j’ai trouvé “ L’homme au gant “ un tableau assez sombre. Un très beau roman que j’ai aimé et je suis certaine que beaucoup d’autres lecteurs aimeront. Un gros coup de coeur pour moi.....5/5
Le Turquetto
Actes Sud août 2011
282 pages
Présentation de l'éditeur
Ce livre est l’histoire d’un tableau fameux… et d’une passion irrépressible. En 2001, à l’occasion de l’exposition Venise ou la couleur retrouvée, le très sérieux Musée d’art et d’histoire de Genève met en évidence que la signature du célèbre Homme au gant (attribué au Titien) présente une anomalie chromatique si troublante qu’on pourrait croire qu’un autre peintre en est le véritable auteur. Mais à quel contemporain l’attribuer, sinon à celui que le Titien lui-même surnommait Turquetto, “le petit Turc” ? Metin Arditi a choisi de raconter la vie de cet étonnant personnage. Enfant de Constantinople, né de parents juifs (aux alentours de 1519) en terre musulmane (où les lois sacrées interdisaient la reproduction,) ce fils d’un employé du marché aux esclaves, s’exile très jeune à Venise pour y parfaire et pratiquer son art. Sous une identité d’emprunt (Elias Troyanos) il travaille des années durant dans les ateliers du Titien avant de faire carrière et de donner aux congrégations de Venise une oeuvre admirable nourrie de tradition biblique, de calligraphie ottomane et d’art sacré byzantin. Possédant à la perfection la précision du disegno (des peintres de l’école florentine) et la science du colorito (des peintres vénitiens) Le Turquetto est au sommet de sa gloire quand sa liaison avec une jeune femme du ghetto juif précipite la révélation de son identité véritable. Bientôt il est traîné devant les tribunaux de Venise…Metin Arditi dépeint à plaisir le foisonnement du Grand Bazar de Constantinople, les révoltes du jeune garçon avide de dessin et d’images, son soudain départ à Venise. Puis le lecteur le retrouve à l’âge mûr, marié et reconnu, artiste pris dans les subtilités des rivalités vénitiennes, en cette faste période de la Renaissance où s’accomplissent son ascension puis sa chute. Rythmé, coloré, parfaitement scénarisé, et semblant s’appuyer sur une documentation irréprochable, le livre convoque également les thèmes de la filiation, des rapports de l’art avec le pouvoir, et de la synthèse des influences religieuses qui est la marque particulière du Turquetto.
Mon avis
J’ai aimé la façon que Metin Arditi a choisi pour nous raconter le chemin parcouru par Elie Soriano “ Le Turquetto “ un document en avant première du roman, explique en gros ce que fut l’analyse d’une anomalie chromatique au coin inférieure droit du "tableau “ L’homme au gant “ ce qui a sans doute donné l’impulsion à l’auteur pour écrire ce roman. Le Turquetto est un personnage attachant, on suit son destin, ses tableaux sont reconnus à cette époque “ XVlème siècle “comme des chefs-d’oeuvre. Mais le ghetto existe déja et lorsque l’on découvre qu’il est juif, c’est la chute de l’homme qui fut vénéré par les amateurs d’art, je ne vais pas parler de la fin de sa vie, ni de ce que sont devenues ses oeuvres, mais il est certain que ce roman ma accrochée jusqu’à la fin. Des thèmes tels que les rapports entre père et fils, l’art, la culture et les valeurs, il est dit que le héros de ce roman fut élève de “ Le Titien “ mais je n’ai rien trouvé sur lui, par contre j’ai trouvé “ L’homme au gant “ un tableau assez sombre. Un très beau roman que j’ai aimé et je suis certaine que beaucoup d’autres lecteurs aimeront. Un gros coup de coeur pour moi.....5/5
lalyre- Grand sage du forum
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Re: [Arditi, Metin] Le Turquetto
Merci aussi pour ta critique, ce livre me paraît intéressant pour ma LAL.
chocolette- Grand sage du forum
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Re: [Arditi, Metin] Le Turquetto
La date officielle de sortie de ce roman étant le 17 Août 2011,
l'éditeur avait demandé à ma libraire (qui m'a prété le livre) de ne pas donner mon avis avant cette date.
Avec le recul d'un mois, je ne change rien à ce que j'ai écrit après cette très belle lecture.
Mon avis:
l'éditeur avait demandé à ma libraire (qui m'a prété le livre) de ne pas donner mon avis avant cette date.
Avec le recul d'un mois, je ne change rien à ce que j'ai écrit après cette très belle lecture.
Mon avis:
Le format Actes Sud et la couleur un peu jaune des pages conviennent très bien à cet opus atypique qui a su me séduire du début à la fin.
Le tableau dont on voit une partie sur la page de couverture, va apparaître dans ce roman et sera magnifiquement intégré au déroulement de l’histoire.
L’écriture est agréable, rythmée, appliquée par petites touches de couleurs, comme autant d’aplats sur une toile pour offrir au lecteur un superbe « rendu ».
Le « Maître » parlant d’un tableau : « Les émotions, ce sont des vagues qui te balaient sans que tu puisses comprendre ce qui t’arrive. »
L’élève parlant du maître : « Le maître savait décrire les passions et les émotions comme personne. Il ne les apaisait pas. Il les exacerbait. C’était la peinture des passions faite par un homme capable de les dominer. »
« Elie cherchait autre chose. Une peinture qui accueille et rassure.»
Les faits sont décrits nettement et les ressentis des uns et des autres esquissés avec délicatesse.
Quatre parties, deux se déroulant à Constantinople, deux à Venise, quatre mois, quatre années, le tout étendu sur quarante cinq ans à l’époque de la Renaissance.
Quatre « flashes » sur la vie d’Elie, le Turquetto. On quitte un enfant, on retrouve un homme … Quatre moments clés de sa vie, des tournants, des choix à faire et à …. assumer….
Metin Arditi donne une interprétation d’un fait reconnu (Le Titien a-t-il peint ou pas ce tableau ?) en orchestrant magistralement les événements imagés dont il parle.
De plus, parallèlement au récit nous permettant de « suivre » « Le Turquetto », il offre une véritable réflexion sur la vie et les mœurs de l’époque, la place et le pouvoir de la religion, les relations parents/ enfants, le rôle de l’art et la place que lui donne les différentes religions (peut-on tuer au nom de l’art ?), Refuser aux artistes le droit de peindre le « vivant » ? ….
Beaucoup de questions se bousculent, se choquent et s’entrechoquent à travers les différentes situations qui sont évoquées.
Plusieurs choses m’ont interpellée :
La peinture qui divise, qui crée des conflits face aux différentes interprétations des uns et des autres et parfois la peinture qui rassemble …..
Le comportement du Turquetto devant une œuvre terminée, un tableau qui aurait pu être considéré comme l’aboutissement de son art. Il a une attitude détachée alors que c’est « son jour de gloire. » Est-ce ainsi pour les artistes ? Donnent-ils tant et tant qu’une fois l’ouvrage terminé, il ne leur appartient plus ? Ou choisissent-ils de s’en détacher parce qu’ils ne peuvent pas le garder, parce que l’affectif ne doit pas intervenir, parce que c’est un « travail » ?
J’ai apprécié ce roman, non seulement pour la forme mais aussi pour le fond. Il donne la possibilité d’aller plus loin que la lecture en nous ouvrant à des interrogations intéressantes auxquelles il appartient à chacun de trouver ou pas des réponses ….
Le tableau dont on voit une partie sur la page de couverture, va apparaître dans ce roman et sera magnifiquement intégré au déroulement de l’histoire.
L’écriture est agréable, rythmée, appliquée par petites touches de couleurs, comme autant d’aplats sur une toile pour offrir au lecteur un superbe « rendu ».
Le « Maître » parlant d’un tableau : « Les émotions, ce sont des vagues qui te balaient sans que tu puisses comprendre ce qui t’arrive. »
L’élève parlant du maître : « Le maître savait décrire les passions et les émotions comme personne. Il ne les apaisait pas. Il les exacerbait. C’était la peinture des passions faite par un homme capable de les dominer. »
« Elie cherchait autre chose. Une peinture qui accueille et rassure.»
Les faits sont décrits nettement et les ressentis des uns et des autres esquissés avec délicatesse.
Quatre parties, deux se déroulant à Constantinople, deux à Venise, quatre mois, quatre années, le tout étendu sur quarante cinq ans à l’époque de la Renaissance.
Quatre « flashes » sur la vie d’Elie, le Turquetto. On quitte un enfant, on retrouve un homme … Quatre moments clés de sa vie, des tournants, des choix à faire et à …. assumer….
Metin Arditi donne une interprétation d’un fait reconnu (Le Titien a-t-il peint ou pas ce tableau ?) en orchestrant magistralement les événements imagés dont il parle.
De plus, parallèlement au récit nous permettant de « suivre » « Le Turquetto », il offre une véritable réflexion sur la vie et les mœurs de l’époque, la place et le pouvoir de la religion, les relations parents/ enfants, le rôle de l’art et la place que lui donne les différentes religions (peut-on tuer au nom de l’art ?), Refuser aux artistes le droit de peindre le « vivant » ? ….
Beaucoup de questions se bousculent, se choquent et s’entrechoquent à travers les différentes situations qui sont évoquées.
Plusieurs choses m’ont interpellée :
La peinture qui divise, qui crée des conflits face aux différentes interprétations des uns et des autres et parfois la peinture qui rassemble …..
Le comportement du Turquetto devant une œuvre terminée, un tableau qui aurait pu être considéré comme l’aboutissement de son art. Il a une attitude détachée alors que c’est « son jour de gloire. » Est-ce ainsi pour les artistes ? Donnent-ils tant et tant qu’une fois l’ouvrage terminé, il ne leur appartient plus ? Ou choisissent-ils de s’en détacher parce qu’ils ne peuvent pas le garder, parce que l’affectif ne doit pas intervenir, parce que c’est un « travail » ?
J’ai apprécié ce roman, non seulement pour la forme mais aussi pour le fond. Il donne la possibilité d’aller plus loin que la lecture en nous ouvrant à des interrogations intéressantes auxquelles il appartient à chacun de trouver ou pas des réponses ….
Cassiopée- Admin
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Re: [Arditi, Metin] Le Turquetto
« L’homme au gant » est un tableau de Titien exposé au Louvre. Des expertises scientifiques ont montré des différences dans l’écriture de la signature du tableau et que, peut-être, le tableau n’aurait pas été vraiment réalisé par Titien mais par un de ses élèves. Ce fait réel est le point de départ du roman de Metin Arditi. Il nous relate, en effet, l’histoire d’Elie, un peintre du XVIème siècle, dont l’œuvre, admirable, aurait totalement disparu aujourd’hui. La biographie d’Elie se compose de 4 parties : son enfance à Constantinople, ses débuts d’artiste à Venise, sa chute et enfin son retour à Constantinople.
On suit le destin d’Elie avec intérêt, le style est fluide, très agréable, les descriptions de Constantinople, de Venise et des tableaux sont très réussies. Et Metin Arditi aborde avec finesse l’histoire de l’Art et l’importance des religions au XVIème siècle.
Un roman qui se lit avec plaisir.
On suit le destin d’Elie avec intérêt, le style est fluide, très agréable, les descriptions de Constantinople, de Venise et des tableaux sont très réussies. Et Metin Arditi aborde avec finesse l’histoire de l’Art et l’importance des religions au XVIème siècle.
Un roman qui se lit avec plaisir.
yaki- Grand sage du forum
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Re: [Arditi, Metin] Le Turquetto
Je l'ai commencé et vos critiques m'enthousiasment. Je m'y replonge !
Invité- Invité
Re: [Arditi, Metin] Le Turquetto
Je le note pour ma Môman, elle va adorer (et qui sait je risque de lui offrir qu'à moitié ). Merci pour vos fabuleuses critiques!
Invité- Invité
Re: [Arditi, Metin] Le Turquetto
Je ne connaissais pas Metin Arditi, et je suis particulièrement heureuse de cette découverte.
D'abord j'ai lu ce livre très vite, avec une impression de facilité, d'appétit de découvrir. Attention, le mot facilité n'est pas péjoratif : je me suis rendu compte que l'écriture de Metin Arditi est d'une clarté, d'une limpidité, d'une simplicité qui sont en réalité le signe d'un grand travail. Une écriture ciselée, qui tient à la fois de la phrase musicale (normal, puisque ce romancier est aussi chef de l'Orchestre de la Suisse romande) et de la peinture à petites touches, "à la pointe du pinceau" comme le Turquetto aimait traduire sur ses toiles les détails les plus fins, les émotions les plus sensibles.
Ensuite, que de thèmes tous plus intéressants les uns que les autres dans ce livre ! Un jeune Juif né à Constantinople, qui s'enfuit pour échapper à ses origines et à l'interdiction de peindre faite aux Juifs, change de nom, se fait passer pour un catholique et devient l'un des plus grands peintres de enise, à l'égal du Titien et de Véronèse. Evidemment, ce personnage est totalement fictif et pourtant on se croirait vraiment dans la cité des doges, en plein XVIe siècle, dans une ville décadente, dont l'Inquisition veut redresser les torts. Nous sommes au carrefour des trois grandes religions, judaïsme, chrétienté, islam, et suivant que l'on naît à Venise ou à Constantinople, il ne fait pas bon être juif en ce temps-là...
Tout commence et tout finit à Constantinople. Comment ne pas penser à Mathias Enard et à Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants ? Les deux romans valent chacun la peine d'être lus ! Quel bonheur de se replonger à nouveau dans les bazars grouillants, de croiser des personnages hauts en couleurs comme le mendiant Zeytine Mehmet ou Djelal, le calligraphe.
Evidemment, la peinture est au coeur du récit. Toiles, dessins, modèles, commanditaires, ateliers de Venise, il suffit de fermer les yeux pour y être transporté, mais l'essentiel n'est pas là : c'est l'urgence de la création, la force de l'inspiration, les liens entre peinture et pouvoir qui sont les enjeux de ce roman. C'est la soltude profonde d'un homme, Elie, Ilias, qui ne s'est jamais vraiment montré tel qu'il est en réalité parce que la société dans laquelle il vivait était organisée en castes aux frontières infranchissables. Un homme qui a pourtant intégré de façon sublime les différentes influences auxquelles il a été sensible. Un homme qui sera sans cesse dans l'inquiétude, et cherchera toute sa vie une forme d'apaisement, une réconciliation intérieure. Il la trouvera dans un dépouillement à la fois imposé et accepté.
Etrange alchimie qui nous fait refermer le livre la gorge serrée, les yeux pleins de tableaux disparus...
Un passage parmi d'autres qui m'a beaucoup touchée :
"C'était cela, être chrétien. Attendre l'autre. Comme le faisait le Christ du Turquetto. L'attendre avec une patience infinie. Lui dire : Je te prendrai dans mes bras et je te dirai que nous sommes seuls, toujours, toi, moi et les autres, tous autant que nous sommes. Seuls jusqu'au jour du Jugement dernier. Seuls et inconsolables de tant de solitude." (p. 208)
D'abord j'ai lu ce livre très vite, avec une impression de facilité, d'appétit de découvrir. Attention, le mot facilité n'est pas péjoratif : je me suis rendu compte que l'écriture de Metin Arditi est d'une clarté, d'une limpidité, d'une simplicité qui sont en réalité le signe d'un grand travail. Une écriture ciselée, qui tient à la fois de la phrase musicale (normal, puisque ce romancier est aussi chef de l'Orchestre de la Suisse romande) et de la peinture à petites touches, "à la pointe du pinceau" comme le Turquetto aimait traduire sur ses toiles les détails les plus fins, les émotions les plus sensibles.
Ensuite, que de thèmes tous plus intéressants les uns que les autres dans ce livre ! Un jeune Juif né à Constantinople, qui s'enfuit pour échapper à ses origines et à l'interdiction de peindre faite aux Juifs, change de nom, se fait passer pour un catholique et devient l'un des plus grands peintres de enise, à l'égal du Titien et de Véronèse. Evidemment, ce personnage est totalement fictif et pourtant on se croirait vraiment dans la cité des doges, en plein XVIe siècle, dans une ville décadente, dont l'Inquisition veut redresser les torts. Nous sommes au carrefour des trois grandes religions, judaïsme, chrétienté, islam, et suivant que l'on naît à Venise ou à Constantinople, il ne fait pas bon être juif en ce temps-là...
Tout commence et tout finit à Constantinople. Comment ne pas penser à Mathias Enard et à Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants ? Les deux romans valent chacun la peine d'être lus ! Quel bonheur de se replonger à nouveau dans les bazars grouillants, de croiser des personnages hauts en couleurs comme le mendiant Zeytine Mehmet ou Djelal, le calligraphe.
Evidemment, la peinture est au coeur du récit. Toiles, dessins, modèles, commanditaires, ateliers de Venise, il suffit de fermer les yeux pour y être transporté, mais l'essentiel n'est pas là : c'est l'urgence de la création, la force de l'inspiration, les liens entre peinture et pouvoir qui sont les enjeux de ce roman. C'est la soltude profonde d'un homme, Elie, Ilias, qui ne s'est jamais vraiment montré tel qu'il est en réalité parce que la société dans laquelle il vivait était organisée en castes aux frontières infranchissables. Un homme qui a pourtant intégré de façon sublime les différentes influences auxquelles il a été sensible. Un homme qui sera sans cesse dans l'inquiétude, et cherchera toute sa vie une forme d'apaisement, une réconciliation intérieure. Il la trouvera dans un dépouillement à la fois imposé et accepté.
Etrange alchimie qui nous fait refermer le livre la gorge serrée, les yeux pleins de tableaux disparus...
Un passage parmi d'autres qui m'a beaucoup touchée :
"C'était cela, être chrétien. Attendre l'autre. Comme le faisait le Christ du Turquetto. L'attendre avec une patience infinie. Lui dire : Je te prendrai dans mes bras et je te dirai que nous sommes seuls, toujours, toi, moi et les autres, tous autant que nous sommes. Seuls jusqu'au jour du Jugement dernier. Seuls et inconsolables de tant de solitude." (p. 208)
Invité- Invité
Re: [Arditi, Metin] Le Turquetto
J’avais lu de nombreuses critiques élogieuses sur ce roman et la mienne n’y dérogera pas.
Moi qui suis passionnée d’Histoire, d’Art et de peinture en particulier, je ne pouvais pas passer à côté de ce livre. Qui est donc ce Turquetto ? L’Homme au gant ne serait donc pas de Titien ?
C’est en se basant sur cette particularité de cette toile que Metin Arditi construit tout son roman. Et il le fait si bien que j’ai vraiment cru à l’existence du Turquetto. Pourtant tout cela reste entièrement hypothétique même si certains éléments troublants et réels viennent cautionner la thèse de l’auteur.
J’ai adoré ce roman, intelligent, bien construit et très bien écrit. Rien n’est superflu dans ce récit, les dialogues sont magnifiques. Je pourrais juste reprocher le manque de descriptions qui m’auraient permis de me sentir encore plus dans l’ambiance de l’époque. En revanche, les personnages sont méticuleusement travaillés, leur personnalité est décrite de façon à les rendre vraiment vivants. Curieusement, j’ai même trouvé que les personnages secondaires étaient plus précis que le personnage principal lui-même ce qui ne fait qu’ajouter au mystère qui l’entoure.
Un des thèmes abordés traite du lien filial à travers la relation entre Elie et son père. Elie a honte de son père et de sa condition. Le père a honte de son fils qu’il voit comme un traître aux « Siens » sous-entendu au peuple juif. Pourtant cette relation est l’axe central du roman et vous ne pourrez plus ensuite regarder le tableau de L’Homme au gant de la même façon.
Metin Arditi a su aussi reconstituer avec talent les luttes de pouvoir à Venise et le rôle de l’Eglise dans ces conflits. L’action se place en plein XVIème siècle, nous sommes à l’époque de la Réforme et donc de l’émergence du protestantisme. L’Eglise catholique doit réagir face à l’hérésie et doit pratiquer un retour à la pureté des Anciens, surtout dans une ville décadente livrée à tous les vices comme Venise. C’est là qu’intervient l’Art comme outil de propagande, l’Art se met au service du pouvoir et l’auteur explique à merveille les liens entre artistes et Grands du monde qui cherchent par là un moyen de se mettre en valeur et d’assurer leur gloire. Les candidats au capes d’Histoire auront là un très bel exemple illustratif de leurs cours sur Le Prince et les Arts (même si c’est fictionnel c’est toujours intéressant).
Le Turquetto va donc se retrouver pris dans ces questions de rivalités et va vouloir utiliser son art comme moyen d’expression pour révéler son lourd secret.
Car Elie, à l’image de son prénom, est à la croisée des trois religions, juive, chrétienne et musulmane et devient, sous la plume de Metin Arditi, tout un symbole.
Mais dans une époque et un contexte de guerre de religions, l’intolérance et le fanatisme ambiants le conduiront à sa perte.
Un gros coup de cœur donc pour ce superbe roman à ne pas manquer. Il ne me reste plus maintenant qu’à aller faire un tour au Louvre.
Moi qui suis passionnée d’Histoire, d’Art et de peinture en particulier, je ne pouvais pas passer à côté de ce livre. Qui est donc ce Turquetto ? L’Homme au gant ne serait donc pas de Titien ?
C’est en se basant sur cette particularité de cette toile que Metin Arditi construit tout son roman. Et il le fait si bien que j’ai vraiment cru à l’existence du Turquetto. Pourtant tout cela reste entièrement hypothétique même si certains éléments troublants et réels viennent cautionner la thèse de l’auteur.
J’ai adoré ce roman, intelligent, bien construit et très bien écrit. Rien n’est superflu dans ce récit, les dialogues sont magnifiques. Je pourrais juste reprocher le manque de descriptions qui m’auraient permis de me sentir encore plus dans l’ambiance de l’époque. En revanche, les personnages sont méticuleusement travaillés, leur personnalité est décrite de façon à les rendre vraiment vivants. Curieusement, j’ai même trouvé que les personnages secondaires étaient plus précis que le personnage principal lui-même ce qui ne fait qu’ajouter au mystère qui l’entoure.
Un des thèmes abordés traite du lien filial à travers la relation entre Elie et son père. Elie a honte de son père et de sa condition. Le père a honte de son fils qu’il voit comme un traître aux « Siens » sous-entendu au peuple juif. Pourtant cette relation est l’axe central du roman et vous ne pourrez plus ensuite regarder le tableau de L’Homme au gant de la même façon.
Metin Arditi a su aussi reconstituer avec talent les luttes de pouvoir à Venise et le rôle de l’Eglise dans ces conflits. L’action se place en plein XVIème siècle, nous sommes à l’époque de la Réforme et donc de l’émergence du protestantisme. L’Eglise catholique doit réagir face à l’hérésie et doit pratiquer un retour à la pureté des Anciens, surtout dans une ville décadente livrée à tous les vices comme Venise. C’est là qu’intervient l’Art comme outil de propagande, l’Art se met au service du pouvoir et l’auteur explique à merveille les liens entre artistes et Grands du monde qui cherchent par là un moyen de se mettre en valeur et d’assurer leur gloire. Les candidats au capes d’Histoire auront là un très bel exemple illustratif de leurs cours sur Le Prince et les Arts (même si c’est fictionnel c’est toujours intéressant).
Le Turquetto va donc se retrouver pris dans ces questions de rivalités et va vouloir utiliser son art comme moyen d’expression pour révéler son lourd secret.
Car Elie, à l’image de son prénom, est à la croisée des trois religions, juive, chrétienne et musulmane et devient, sous la plume de Metin Arditi, tout un symbole.
Mais dans une époque et un contexte de guerre de religions, l’intolérance et le fanatisme ambiants le conduiront à sa perte.
Un gros coup de cœur donc pour ce superbe roman à ne pas manquer. Il ne me reste plus maintenant qu’à aller faire un tour au Louvre.
Invité- Invité
Re: [Arditi, Metin] Le Turquetto
Avis et commentaires :
Précédé par des avis enthousiastes, je n'ai pu que rebondir à cette proposition de livre voyageur et je confie ici ma joie de lecteur et d'amateur d'Histoire et d'Histoire de l'Art à la clotûre de ce livre.
Parcours fantastique entre 1531 et 1576 d'un peintre de génie, né juif à Constantinople, obligé de rompre avec sa patrie d'origine et à la foi de son père (où toute représentation est interdite) pour assouvir sa passion du croquis et de la peinture , Ilias Troyanos s'enfuit vers Venise pour s'adonner à cet art dans lequel il excelle. Se déclarant chrétien et après un apprentissage auprès d'un des plus prestigieux maître, il devient Il Turquetto. Peintre de génie, il épouse une femme d'une famille riche, fonde son école et connaît la célébrité parmi les plus grandes familles vénitiennes et ses pairs.
Enchainant les peintures , portraits, à caractère religieux, il frôle le génie avec une de ses plus grandes oeuvres ; la sainte Cène mais commet son premier faux pas en vivant un amour adultère avec une modèle juive dont il reprend les traits dans certaines de ses oeuvres et surtout en représentant cette scène ultime de la vie du Christ sur la véritable base de la tradition juive.
Victime des cabales de la société vénitienne où les juifs sont enfermés dans leur ghetto et interdit de toute représentativité et dés réglements politiques de la cité, il va connaître l'humiliation, le procès et une condamnation à mort comme de l'autodafé de toutes ses oeuvres. Reprenant, dans l'urgence le chemin de la fuite et le retour à son pays d'origine, il tentera alors de s'allèger d'un profond sentiment de culpabilité.
Oeuvre littéraire de très grande qualité, les descriptions des peintures supposées (du Turquetto il ne reste qu'un seul tableau) on voit l'histoire s'accélérer, l'évolution de sa peinture, le contenu mêle des oeuvres de ce peintre et un fascimant portrait des grandeurs et faiblesses des sociétés Vénitiennes, Turques et Grecques.
Ecriture magistrale qui comblera les amateurs d'art, d'histoire et de cités prestigieuses autour d'une vie extraordinaire.
Précédé par des avis enthousiastes, je n'ai pu que rebondir à cette proposition de livre voyageur et je confie ici ma joie de lecteur et d'amateur d'Histoire et d'Histoire de l'Art à la clotûre de ce livre.
Parcours fantastique entre 1531 et 1576 d'un peintre de génie, né juif à Constantinople, obligé de rompre avec sa patrie d'origine et à la foi de son père (où toute représentation est interdite) pour assouvir sa passion du croquis et de la peinture , Ilias Troyanos s'enfuit vers Venise pour s'adonner à cet art dans lequel il excelle. Se déclarant chrétien et après un apprentissage auprès d'un des plus prestigieux maître, il devient Il Turquetto. Peintre de génie, il épouse une femme d'une famille riche, fonde son école et connaît la célébrité parmi les plus grandes familles vénitiennes et ses pairs.
Enchainant les peintures , portraits, à caractère religieux, il frôle le génie avec une de ses plus grandes oeuvres ; la sainte Cène mais commet son premier faux pas en vivant un amour adultère avec une modèle juive dont il reprend les traits dans certaines de ses oeuvres et surtout en représentant cette scène ultime de la vie du Christ sur la véritable base de la tradition juive.
Victime des cabales de la société vénitienne où les juifs sont enfermés dans leur ghetto et interdit de toute représentativité et dés réglements politiques de la cité, il va connaître l'humiliation, le procès et une condamnation à mort comme de l'autodafé de toutes ses oeuvres. Reprenant, dans l'urgence le chemin de la fuite et le retour à son pays d'origine, il tentera alors de s'allèger d'un profond sentiment de culpabilité.
Oeuvre littéraire de très grande qualité, les descriptions des peintures supposées (du Turquetto il ne reste qu'un seul tableau) on voit l'histoire s'accélérer, l'évolution de sa peinture, le contenu mêle des oeuvres de ce peintre et un fascimant portrait des grandeurs et faiblesses des sociétés Vénitiennes, Turques et Grecques.
Ecriture magistrale qui comblera les amateurs d'art, d'histoire et de cités prestigieuses autour d'une vie extraordinaire.
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Lectures en cours :
Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli
Pourquoi le saut des baleines de Nicolas Cavaillés
Un loup quelque part d'Amélie Cordonnier.
La pensée du moment :
"Les Hommes sont malheureux parce qu'ils ne réalisent pas les rêves qu'ils ont" Jacques Brel.
Re: [Arditi, Metin] Le Turquetto
Merci Lalyre et vous tous pour vos critiques, je le mets dans ma Làl.
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Tenir debout de Mélissa da Costa
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Re: [Arditi, Metin] Le Turquetto
J'ai voté : moyennement apprécié
Je viens de terminer ce roman... à mon grand soulagement.
Pour tout vous dire, j'ai failli abandonner ma lecture plusieurs fois.
Mais vos critiques étaient si enthousiastes que je me suis dit que je devais aller jusqu'à la fin.
Malheureusement, le miracle n'a pas eu lieu.
Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages qui sont tous assez détestables (à part peut-être Stefania, la femme du Turquetto).
J'ai trouvé les descriptions des lieux et de la vie à la Renaissance bien noirs, surtout à Venise.
Les aspects religieux dominent le livre (avec la ségrégation des Juifs en toile de fond), ainsi que les rapports entre les différents peuples (Turcs, Grecs, Castillans...).
Je n'ai pas tout compris. Je n'ai même rien compris du tout, je crois.
J'ai eu la désagréable impression de ne pas être assez cultivée pour entrer dans cet univers.
Grosse déception, donc.
Je viens de terminer ce roman... à mon grand soulagement.
Pour tout vous dire, j'ai failli abandonner ma lecture plusieurs fois.
Mais vos critiques étaient si enthousiastes que je me suis dit que je devais aller jusqu'à la fin.
Malheureusement, le miracle n'a pas eu lieu.
Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages qui sont tous assez détestables (à part peut-être Stefania, la femme du Turquetto).
J'ai trouvé les descriptions des lieux et de la vie à la Renaissance bien noirs, surtout à Venise.
Les aspects religieux dominent le livre (avec la ségrégation des Juifs en toile de fond), ainsi que les rapports entre les différents peuples (Turcs, Grecs, Castillans...).
Je n'ai pas tout compris. Je n'ai même rien compris du tout, je crois.
J'ai eu la désagréable impression de ne pas être assez cultivée pour entrer dans cet univers.
Grosse déception, donc.
Invité- Invité
Re: [Arditi, Metin] Le Turquetto
Je ne connaissais pas l'auteur mais c'est une belle découverte. L'écriture est de qualité, l'histoire est prenante et les personnages remplit d'humanité. Bref, le plaisir est au rendez-vous. J'ai beaucoup aimé ce livre qui est un vrai coup de cœur. A découvrir sans hésiter. Perso, je vais m'empresser de découvrir d'autres livres de cet auteur d'origine turque, pour voir si le coup de cœur se confirme.
8/10
8/10
Sarfre- Grand expert du forum
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Re: [Arditi, Metin] Le Turquetto
Cet avis enthousiaste confirme mes doutes sur ce livre : j'ai dû passer à côté.
C'est frustrant. Mais bon...
Peut-être faudrait-il que je lise une autre œuvre de cet auteur ?
Que comptes-tu lire ensuite, pour continuer à le découvrir, Sarfre ?
C'est frustrant. Mais bon...
Peut-être faudrait-il que je lise une autre œuvre de cet auteur ?
Que comptes-tu lire ensuite, pour continuer à le découvrir, Sarfre ?
Invité- Invité
Re: [Arditi, Metin] Le Turquetto
Pour continuer à découvrir l'auteur j'ai déjà Loin des bras dans ma PAL.
Sarfre- Grand expert du forum
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Re: [Arditi, Metin] Le Turquetto
Merci pour cette piste, sarfre.
Le sujet de Loin des bras me parle : j'aime l'idée d'une galerie de personnages et le thème de l'éducation.
Tu me donnes envie de mettre cet auteur dans mon challenge bis repetita.
Le sujet de Loin des bras me parle : j'aime l'idée d'une galerie de personnages et le thème de l'éducation.
Tu me donnes envie de mettre cet auteur dans mon challenge bis repetita.
Invité- Invité
Re: [Arditi, Metin] Le Turquetto
Mon ressenti
Un merveilleux coup de cœur pour ce livre et cet auteur que je découvre. J’ai été emballée et transportée. En partant d’un tableau bien réel (l’homme au gant, exposé au Louvres, est dit-on pas de Titien…), Arditi imagine une fantastique histoire autour d’un peintre du XVIe siècle, dont l’œuvre aurait entièrement disparu.
De Constantinople à Venise, j’ai parcouru les méandres de la vie de ce jeune garçon élevé dans les bas-fonds de la ville et dont la religion interdit toute représentation d’image, alors qu’il dessine comme un dieu ; puis devenu homme et enfin vieillard.
Elie est juif élevé par une nourrice musulmane fournisseuse et testeuse de concubine et par un père malade. A cette époque, les persécutions contre les juifs sont particulièrement violentes, la chrétienté veille au bon respect des règles. Il est l’ami de Djelal qui lui apprend le métier de copiste et Zeytine Mehmet, cul de jatte et mendiant. A la mort de son père, il s’embarque pour Venise et cache sa judaïcité. Il devient un peintre reconnu par tous les grands : hommes riches et de pouvoir, l’église lui demande à qui mieux mieux, des œuvres de toute beauté qui viennent inscrire la lumière et la vie comme un guide. Ce peintre sait transcrire et rendre l’humanité dans ce qu’elle a de plus beau tout comme il sait traduire les émotions et les préceptes religieux chrétiens sans pareil. Je n’en dis pas plus sur l’histoire de ce fantastique peintre. Il reviendra dans son pays d’origine où il finira sa vie.
L’auteur quant à lui sait décrire le tumulte du grand bazar de Constantinople tout comme les intrigues politiques tout en finesse de Venise. Il transcrit une biographie haletante, pleine de rebondissement au travers d’une fresque historique, thriller et humanité. L’humanité est tout le message de l’auteur : la condition du peintre à cette époque, plaire à ses mécènes sans déroger à la règle de l’église. Un hommage merveilleux à ceux qui ont ouvert la voie à notre regard et qui ont disparu ou sont morts dans la misère. Une très belle rencontre
A découvrir absolument
Un merveilleux coup de cœur pour ce livre et cet auteur que je découvre. J’ai été emballée et transportée. En partant d’un tableau bien réel (l’homme au gant, exposé au Louvres, est dit-on pas de Titien…), Arditi imagine une fantastique histoire autour d’un peintre du XVIe siècle, dont l’œuvre aurait entièrement disparu.
De Constantinople à Venise, j’ai parcouru les méandres de la vie de ce jeune garçon élevé dans les bas-fonds de la ville et dont la religion interdit toute représentation d’image, alors qu’il dessine comme un dieu ; puis devenu homme et enfin vieillard.
Elie est juif élevé par une nourrice musulmane fournisseuse et testeuse de concubine et par un père malade. A cette époque, les persécutions contre les juifs sont particulièrement violentes, la chrétienté veille au bon respect des règles. Il est l’ami de Djelal qui lui apprend le métier de copiste et Zeytine Mehmet, cul de jatte et mendiant. A la mort de son père, il s’embarque pour Venise et cache sa judaïcité. Il devient un peintre reconnu par tous les grands : hommes riches et de pouvoir, l’église lui demande à qui mieux mieux, des œuvres de toute beauté qui viennent inscrire la lumière et la vie comme un guide. Ce peintre sait transcrire et rendre l’humanité dans ce qu’elle a de plus beau tout comme il sait traduire les émotions et les préceptes religieux chrétiens sans pareil. Je n’en dis pas plus sur l’histoire de ce fantastique peintre. Il reviendra dans son pays d’origine où il finira sa vie.
L’auteur quant à lui sait décrire le tumulte du grand bazar de Constantinople tout comme les intrigues politiques tout en finesse de Venise. Il transcrit une biographie haletante, pleine de rebondissement au travers d’une fresque historique, thriller et humanité. L’humanité est tout le message de l’auteur : la condition du peintre à cette époque, plaire à ses mécènes sans déroger à la règle de l’église. Un hommage merveilleux à ceux qui ont ouvert la voie à notre regard et qui ont disparu ou sont morts dans la misère. Une très belle rencontre
A découvrir absolument
Pinky- Grand sage du forum
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Re: [Arditi, Metin] Le Turquetto
Metin Arditi nous raconte l'histoire de Elie Soriano, juif ottoman, qui, pour pouvoir peindre devient "le Turquetto".
C'est l'occasion pour l'auteur de nous faire découvrir la Constantinople des années 1520, la pauvreté, les différences entre les religions et surtout les relations entre ces peuples de religions et coutumes différentes. Puis la Venise de la Renaissance avec sa beauté, sa richesse, ses bas-fond et sa puanteur.
En donnant à son jeune héros un regard acéré sûr le monde et les hommes qui l'entourent et le talent d'un grand peintre, il l'oblige à tricher pour pouvoir apprendre, pour exercer son art.
Parce qu'en ces temps de Renaissance, les religions sont puissantes…
Si comme le suggère l'auteur, "L'homme au gant" n'est pas l'oeuvre du Titien, alors l'autodafé est réelle, et nous sommes privés du sublime, "le Turquetto" a droit à une réhabilitation.
Si l'auteur a juste profité d'un doute sur la signature de l'oeuvre, il a bien fait, car grâce à ce subterfuge, j'ai passé de belles heures de lecture et "Le Turquetto" est devenu vivant!
C'est l'occasion pour l'auteur de nous faire découvrir la Constantinople des années 1520, la pauvreté, les différences entre les religions et surtout les relations entre ces peuples de religions et coutumes différentes. Puis la Venise de la Renaissance avec sa beauté, sa richesse, ses bas-fond et sa puanteur.
En donnant à son jeune héros un regard acéré sûr le monde et les hommes qui l'entourent et le talent d'un grand peintre, il l'oblige à tricher pour pouvoir apprendre, pour exercer son art.
Parce qu'en ces temps de Renaissance, les religions sont puissantes…
Si comme le suggère l'auteur, "L'homme au gant" n'est pas l'oeuvre du Titien, alors l'autodafé est réelle, et nous sommes privés du sublime, "le Turquetto" a droit à une réhabilitation.
Si l'auteur a juste profité d'un doute sur la signature de l'oeuvre, il a bien fait, car grâce à ce subterfuge, j'ai passé de belles heures de lecture et "Le Turquetto" est devenu vivant!
joëlle- Modérateur
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Re: [Arditi, Metin] Le Turquetto
J'ai beaucoup aimé!
L'auteur rend vivant ces temps historiques où l'art sacré devait s'imposer à tous. Les personnages transcendent le temps et vivent en nous à travers ces pages. M. Arditi, impressionnant d'intelligence, nous transporte au ciel avec l'art et en enfer avec la religion. Pour la religion, naguère ou aujourd'hui, rien n'a changé.
J'eus aimé plus de pages à cette histoire tant cette lecture est agréable.
Ma cote: 6,5/10.
L'auteur rend vivant ces temps historiques où l'art sacré devait s'imposer à tous. Les personnages transcendent le temps et vivent en nous à travers ces pages. M. Arditi, impressionnant d'intelligence, nous transporte au ciel avec l'art et en enfer avec la religion. Pour la religion, naguère ou aujourd'hui, rien n'a changé.
J'eus aimé plus de pages à cette histoire tant cette lecture est agréable.
Ma cote: 6,5/10.
Moulin-à-Vent- Grand sage du forum
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