[Boukhobza, Chochana] Le troisième jour
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[Boukhobza, Chochana] Le troisième jour
Le troisième jour
Auteur: Chochana Boukhobza
Chochana Boukhobza, née en 1959 à Tunis, est un écrivain israélien.
Elle a étudié les mathématiques en Israël.
Elle est l'auteur de plusieurs romans : le premier, Un été à Jérusalem, a reçu le Prix Méditerranée 1986 alors que le second, Le Cri, a été finaliste au Prix Fémina 1987.
Editeur : Denoël
Nombre de pages : 412
4ème de couverture :
Elisheva, musicienne connue dans le monde entier, et Rachel, son élève violoncelliste, arrivent de New York pour un concert à Jérusalem, en 1990, un matin de khamsin.
Tandis que Rachel retrouve sa famille, ses amis et un amour perdu, Elisheva prépare une très secrète entreprise. À l'hôtel, elle rencontre Daniel, un chasseur de nazis, et sur l'esplanade du Temple, Carlos, qui travaille pour le Vatican. Survivante des camps, puisant sa force dans la musique et la colère, Elisheva a embarqué les deux hommes dans son aventure.
Sur l'échiquier de Jérusalem, deux histoires se superposent, l'une errante, qui ressuscite les blessures de l'enfance et l'intrigue amoureuse, l'autre pleine de la promesse faite aux morts.
Dans un roman où chaque personnage livre sa vérité, Chochana Boukhobza tisse sur trois jours une aventure haletante dont Jérusalem, avec ses parfums et sa lumière intense, est le centre.
Mon avis :
Auteur: Chochana Boukhobza
Chochana Boukhobza, née en 1959 à Tunis, est un écrivain israélien.
Elle a étudié les mathématiques en Israël.
Elle est l'auteur de plusieurs romans : le premier, Un été à Jérusalem, a reçu le Prix Méditerranée 1986 alors que le second, Le Cri, a été finaliste au Prix Fémina 1987.
Editeur : Denoël
Nombre de pages : 412
4ème de couverture :
Elisheva, musicienne connue dans le monde entier, et Rachel, son élève violoncelliste, arrivent de New York pour un concert à Jérusalem, en 1990, un matin de khamsin.
Tandis que Rachel retrouve sa famille, ses amis et un amour perdu, Elisheva prépare une très secrète entreprise. À l'hôtel, elle rencontre Daniel, un chasseur de nazis, et sur l'esplanade du Temple, Carlos, qui travaille pour le Vatican. Survivante des camps, puisant sa force dans la musique et la colère, Elisheva a embarqué les deux hommes dans son aventure.
Sur l'échiquier de Jérusalem, deux histoires se superposent, l'une errante, qui ressuscite les blessures de l'enfance et l'intrigue amoureuse, l'autre pleine de la promesse faite aux morts.
Dans un roman où chaque personnage livre sa vérité, Chochana Boukhobza tisse sur trois jours une aventure haletante dont Jérusalem, avec ses parfums et sa lumière intense, est le centre.
Mon avis :
Dernière édition par mimi54 le Ven 1 Avr 2011 - 22:42, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: [Boukhobza, Chochana] Le troisième jour
Jolie critique merci !
Sara2a- Grand sage du forum
-
Nombre de messages : 3030
Age : 54
Localisation : Porto-Vecchio
Genre littéraire préféré : Thrillers, fantastiques et un peu de tout ce qui peut me tomber sous les yeux .
Date d'inscription : 24/01/2010
Re: [Boukhobza, Chochana] Le troisième jour
Journal de bord d’une lecture
Prologue : Mimi m’a proposé une « lecture commune » : lire toutes les deux, le même livre en même temps … j’ai accepté ….
Ce livre s’appelle « Le troisième jour » … et je le finis le troisième jour … coïncidence …
Une belle couverture avec, sur un bandeau, une photo de Jérusalem, presque dorée qui invite à aller plus loin ...
Ce roman est découpé en quatre parties : premier cantique, deuxième cantique, troisième cantique, dernier cantique (plus petit que les autres, une sorte de "conclusion"). Dans chaque partie, les personnages sont évoqués tour à tour; lorsqu’il s’agit de Rachel, c’est elle qui « parle », elle dit « je ».
Premier jour : Je viens de commencer ce livre et déjà quelques phrases se détachent pour mes cahiers à spirales. « Elle a besoin de faire naître le son, d’entendre l’âme de l’instrument. »
Je lis une cinquantaine de pages et ma première impression est bonne : justesse du vocabulaire, clarté et précision des événements. Je m’attache déjà à Rachel, perdue lorsqu’elle revient chez les siens. New York, où elle vit, étant si différent de Jérusalem où sont (étaient ?) ses racines…. Rachel partie loin des siens avec Elisheva "pour la musique" … « Il y a des jours où je lui en veux, à cette femme, de t’avoir éloignée. Et des jours où je la bénis pour t’avoir ouvert la route d’un rêve. » dit la mère de Rachel.
Deuxième jour : C’est avec plaisir que je retrouve les personnages, d’autres se rajoutent mais chacun est clairement défini et il n’y a aucune confusion possible. Ces personnages ont des zones d’ombre, des souffrances cachées, des failles ….. Je note d’autres phrases. «Ces années passées au loin….. Pour n’obtenir qu’une mince couche d’oubli, et peut-on dire qu’il y a oubli quand la souffrance et le désir sont encore vifs et sonores ? » Je suis dans le deuxième cantique et je n’ai pas envie de fermer ce livre … Il a une vie, un rythme. Il est « présence » …
Troisième jour : Je termine le deuxième cantique et emporté par l’ambiance de ce roman, je ne peux plus m’arrêter, j’enchaîne le troisième puis le dernier cantique. Plus je m’approche de la fin, plus le rythme s’accélère. Pas du tout, comme un auteur qui voudrait se débarrasser de ces personnages, non, plutôt comme un auteur qui ne « tiendrait » plus ces personnages parce qu’ils auraient pris vie. Je n’entends plus un auteur me parler à l’oreille en voix off lorsque je lis, je « vois » chacune des personnes habitant cette histoire … Je suis « dans » le livre … Si je m’arrête pour boire un thé, ils sont encore en moi, j’ai envie de les retrouver …
Conclusion :
La musique est omniprésente dans ce livre, Rachel parle de son père en termes musicaux :
« Mon père est incarné par deux thèmes qui s’opposent. Le premier « boum boum » bas et heurté …. Un mouvement scandé, décalé …. Le second, long, lent, tout en douceur, résume sa relation à Dieu ……deux notes qui se renouvellent pour suggérer le rythme de la prière…. »
L’instrument est « humanisé » :
« Tu ne seras plus jamais seul. Ton instrument t’accompagnera dans la joie et dans la peine. »
L’écriture est belle, poignante, tissée d’un vocabulaire choisi mais jamais ostentatoire.
Chaque mot, chaque adjectif, chaque verbe apporte une précision, un éclairage sur ces tranches de vie qui vibrent sous nos yeux…. Chaque personnage mène un combat, contre d'autres, contre lui-même parfois, contre le passé omniprésent chez chacun qui parfois nous rattrape, contre ses "démons" ....
Le rythme s’accélère au fur et à mesure que le dénouement se rapproche …. comme une partition jouée à plusieurs … parce que chaque personnage devient plus présent, plus vivant, plus enraciné dans ce roman …
Je suis admirative de Chochana Boukhobza, elle a su donner d’elle-même tout en s’effaçant pour faire vivre son récit ….
Son livre est vivant …
Je n’oublierai pas cette Rencontre .... un coup de coeur ...
« Tu es un jardin »
« Qu’est ce qu’un jardin ? »
« C’est un endroit où il y a de l’eau et de la sève. Ne laisse personne abattre tes arbres, arracher tes plantes, défoncer ta terre. »
Prologue : Mimi m’a proposé une « lecture commune » : lire toutes les deux, le même livre en même temps … j’ai accepté ….
Ce livre s’appelle « Le troisième jour » … et je le finis le troisième jour … coïncidence …
Une belle couverture avec, sur un bandeau, une photo de Jérusalem, presque dorée qui invite à aller plus loin ...
Ce roman est découpé en quatre parties : premier cantique, deuxième cantique, troisième cantique, dernier cantique (plus petit que les autres, une sorte de "conclusion"). Dans chaque partie, les personnages sont évoqués tour à tour; lorsqu’il s’agit de Rachel, c’est elle qui « parle », elle dit « je ».
Premier jour : Je viens de commencer ce livre et déjà quelques phrases se détachent pour mes cahiers à spirales. « Elle a besoin de faire naître le son, d’entendre l’âme de l’instrument. »
Je lis une cinquantaine de pages et ma première impression est bonne : justesse du vocabulaire, clarté et précision des événements. Je m’attache déjà à Rachel, perdue lorsqu’elle revient chez les siens. New York, où elle vit, étant si différent de Jérusalem où sont (étaient ?) ses racines…. Rachel partie loin des siens avec Elisheva "pour la musique" … « Il y a des jours où je lui en veux, à cette femme, de t’avoir éloignée. Et des jours où je la bénis pour t’avoir ouvert la route d’un rêve. » dit la mère de Rachel.
Deuxième jour : C’est avec plaisir que je retrouve les personnages, d’autres se rajoutent mais chacun est clairement défini et il n’y a aucune confusion possible. Ces personnages ont des zones d’ombre, des souffrances cachées, des failles ….. Je note d’autres phrases. «Ces années passées au loin….. Pour n’obtenir qu’une mince couche d’oubli, et peut-on dire qu’il y a oubli quand la souffrance et le désir sont encore vifs et sonores ? » Je suis dans le deuxième cantique et je n’ai pas envie de fermer ce livre … Il a une vie, un rythme. Il est « présence » …
Troisième jour : Je termine le deuxième cantique et emporté par l’ambiance de ce roman, je ne peux plus m’arrêter, j’enchaîne le troisième puis le dernier cantique. Plus je m’approche de la fin, plus le rythme s’accélère. Pas du tout, comme un auteur qui voudrait se débarrasser de ces personnages, non, plutôt comme un auteur qui ne « tiendrait » plus ces personnages parce qu’ils auraient pris vie. Je n’entends plus un auteur me parler à l’oreille en voix off lorsque je lis, je « vois » chacune des personnes habitant cette histoire … Je suis « dans » le livre … Si je m’arrête pour boire un thé, ils sont encore en moi, j’ai envie de les retrouver …
Conclusion :
La musique est omniprésente dans ce livre, Rachel parle de son père en termes musicaux :
« Mon père est incarné par deux thèmes qui s’opposent. Le premier « boum boum » bas et heurté …. Un mouvement scandé, décalé …. Le second, long, lent, tout en douceur, résume sa relation à Dieu ……deux notes qui se renouvellent pour suggérer le rythme de la prière…. »
L’instrument est « humanisé » :
« Tu ne seras plus jamais seul. Ton instrument t’accompagnera dans la joie et dans la peine. »
L’écriture est belle, poignante, tissée d’un vocabulaire choisi mais jamais ostentatoire.
Chaque mot, chaque adjectif, chaque verbe apporte une précision, un éclairage sur ces tranches de vie qui vibrent sous nos yeux…. Chaque personnage mène un combat, contre d'autres, contre lui-même parfois, contre le passé omniprésent chez chacun qui parfois nous rattrape, contre ses "démons" ....
Le rythme s’accélère au fur et à mesure que le dénouement se rapproche …. comme une partition jouée à plusieurs … parce que chaque personnage devient plus présent, plus vivant, plus enraciné dans ce roman …
Je suis admirative de Chochana Boukhobza, elle a su donner d’elle-même tout en s’effaçant pour faire vivre son récit ….
Son livre est vivant …
Je n’oublierai pas cette Rencontre .... un coup de coeur ...
« Tu es un jardin »
« Qu’est ce qu’un jardin ? »
« C’est un endroit où il y a de l’eau et de la sève. Ne laisse personne abattre tes arbres, arracher tes plantes, défoncer ta terre. »
Cassiopée- Admin
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Date d'inscription : 17/04/2009
Re: [Boukhobza, Chochana] Le troisième jour
Ce livre est une pure merveille!
Nous suivons Elisha violoncelliste de talent accompagnée de Rachel, sa protégée, également violoncelliste et promise à un bel avenir, de retour toutes deux sur la terre d'Israël.
Tout est rempli de délicatesse et de raffinement dans ce roman. Israël est merveilleusement bien décrite malgré la guerre, et les personnages sont tous plus attachants les uns que les autres, que ce soit les parents de Rachel, avec tout ce qu'ils ont de typique de l'ancienne génération nord Africaine, ou ses amis, jeunes Israëliens vivant dans leur époque, remplie de modernité.
Chacune aura un parcours personnel pendant ces trois jours : Elisheva mettra en place sa vengeance, mûrement réfléchie, et Rachel retrouvera ses amis et son amour de jeunesse .
mais comment tout cela finira??
C'est une histoire pleine de tristesse et de nostalgie que vous découvrirez avec ce livre, baignée des couleurs de l'Afrique et emprunt de musique
Nous suivons Elisha violoncelliste de talent accompagnée de Rachel, sa protégée, également violoncelliste et promise à un bel avenir, de retour toutes deux sur la terre d'Israël.
Tout est rempli de délicatesse et de raffinement dans ce roman. Israël est merveilleusement bien décrite malgré la guerre, et les personnages sont tous plus attachants les uns que les autres, que ce soit les parents de Rachel, avec tout ce qu'ils ont de typique de l'ancienne génération nord Africaine, ou ses amis, jeunes Israëliens vivant dans leur époque, remplie de modernité.
Chacune aura un parcours personnel pendant ces trois jours : Elisheva mettra en place sa vengeance, mûrement réfléchie, et Rachel retrouvera ses amis et son amour de jeunesse .
mais comment tout cela finira??
C'est une histoire pleine de tristesse et de nostalgie que vous découvrirez avec ce livre, baignée des couleurs de l'Afrique et emprunt de musique
Invité- Invité
Re: [Boukhobza, Chochana] Le troisième jour
C'est un peu difficile de parler de ce roman, car je l'ai lu "en tranches", à Jérusalem, quand j'avais un petit moment libre, sans trop de fatigue. Je crois que si je l'avais lu chez moi, je l'aurais apprécié davantage. Mais cette déception cède la place au bonheur d'avoir lu sur place, et de pouvoir situer plus ou moins les lieux, les ambiances... C'est ainsi que j'ai compris que les Juifs appellent le Mur des lamentations "le Kotel", que j'ai voyagé de la porte des Lions à la porte de Damas, dans la vieille ville de Jérusalem, que j'ai suivi à tombeau ouvert Eytan et Rachel jusqu'à Ein Guedi, près de la Mer Morte, que j'ai croisé un vieux prêtre copte, un changeur, une Palestinienne qui vendait ses raisins sur le trottoir... La quatrième de couverture ne ment pas, qui nous présente Jérusalem comme un personnage à part entière.
"Dès que j'ai commencé à marcher dans les ruelles étroites, j'ai entendu le Cantique des cantiques. Chézaphani Hachémech, le soleil m'a brûlée, les fils de mon oncle m'ont fait travailler dans leurs vignes... Je marchais et je pleurais. Je ne savais pas pourquoi je pleurais, sans doute à cause de cette flûte qui jouait, chopée au passage d'une école et qui accompagnait un choral d'enfants. Toujours est-il que, à peine entendue, la voix de la flûte ne m'a plus quittée tandis que je longeais le quartier chrétien et entrais dans la Via Dolorosa. J'ai senti la peau douce de Jérusalem apparaître derrière les pierres blanches, puissantes et râpeuses des murailles. Une peau douce derrière l'os de la ville. Des centaines d'hommes sont morts pour ce sanctuaire. Des milliers de jeunes gens de vingt ans y ont été blessés. Mais rien n'a changé dans la cité. Incroyable paradoxe, terrible paradoxe d'une civilisation qui s'interdit de déplacer une pierre de la ville, mais qui accepte qu'on meure pour elle." (p. 235)
Et puis il y a ces deux femmes, Elisheva et Rachel. Grâce à la première, rescapée de Maidanek, émigrée en Israël dès la fondation de l'Etat en 1948, nous pouvons pressentir l'ardeur, la solidarité et les difficultés des premiers kibboutz, des premiers colons, des soldats qui voulaient défendre ce pays conquis par la force. La seconde, la plus jeune, a fui Jérusalem mais aussi un amour qui n'a pas su la retenir (ou concurrencer la musique) et un père autoritaire, tatillon, blessé.
"Un jour j'ai transcrit les phrases de mon père en notes musicales. J'ai choisi un saxo, des percussions, un violoncelle en pizzicati et des interventions vocales qui montent en vocalises vers les aigus pour rythmer les chocs émotionnels subis par les gens qui le côtoient.
Mon père est incarné par deux thèmes qui s'opposent.
Le premier, boum boum, boum, bas et heurté, quand il me dit : "Dégage !" ou bien "Qu'est-ce que j'en ai à foutre de toi ?" ou "Ton avis et toi... sont peu de chose à mes yeux !", un mouvement, saccadé, décalé, dirigé par une battue serrée.
Le second, long, lent, tout en douceur, résume sa relation à Dieu. Il est joué par une flûte traversière et sur deux notes, mi, si : "Messie, see me, mais si,miss mi" qui se renouvellent pour suggérer le rythme de la prière. Deux notes pour raconter comment mon père bénit le pain, deux notes pour raconter sa joie à la synagogue, deux notes quand il chante des psaumes." (p. 215)
La musique, elle aussi, joue un rôle dans ce récit à plusieurs voix : celle qui naît des cordes des violoncelles, celle qui permet de donner un certain sens à sa vie malgré le chaos, celle qui rassemble ou qui divise. Celle qui permet peut-être de voir au-delà des apparences, car dans ce roman, personne n'est tout à fait celui qu'il semble être, ou le personnage qu'il a construit pour faire illusion à ses proches.
"J'ai compris que mon père était fêlé, et que sa folie était très particulière, qu'elle était le résultat de sa naissance en terre d'islam. Qu'il soit un sioniste convaincu ne changeait rien à son problème. Il portait en lui un terrain secret mais tenace, un terrain où Juifs et Arabes pouvaient s'entendre, faire des affaires, continuer à se parler." (p. 223)
Le titre du roman me fait penser à une référence chrétienne (celle de la résurrection le troisième jour), sa découpe en cantiques fait plus référence au livre "amoureux" de l'Ancien Testament, la langue est belle, et pourtant la fin m'a laissé un goût d'anéantissement : la musique était un prétexte pour régler une Histoire insoluble, impardonnable, insurmontable.
Un très beau roman (malgré les réserves liées aux conditions de lecture, il fallait sans doute le lire là-bas).
"Dès que j'ai commencé à marcher dans les ruelles étroites, j'ai entendu le Cantique des cantiques. Chézaphani Hachémech, le soleil m'a brûlée, les fils de mon oncle m'ont fait travailler dans leurs vignes... Je marchais et je pleurais. Je ne savais pas pourquoi je pleurais, sans doute à cause de cette flûte qui jouait, chopée au passage d'une école et qui accompagnait un choral d'enfants. Toujours est-il que, à peine entendue, la voix de la flûte ne m'a plus quittée tandis que je longeais le quartier chrétien et entrais dans la Via Dolorosa. J'ai senti la peau douce de Jérusalem apparaître derrière les pierres blanches, puissantes et râpeuses des murailles. Une peau douce derrière l'os de la ville. Des centaines d'hommes sont morts pour ce sanctuaire. Des milliers de jeunes gens de vingt ans y ont été blessés. Mais rien n'a changé dans la cité. Incroyable paradoxe, terrible paradoxe d'une civilisation qui s'interdit de déplacer une pierre de la ville, mais qui accepte qu'on meure pour elle." (p. 235)
Et puis il y a ces deux femmes, Elisheva et Rachel. Grâce à la première, rescapée de Maidanek, émigrée en Israël dès la fondation de l'Etat en 1948, nous pouvons pressentir l'ardeur, la solidarité et les difficultés des premiers kibboutz, des premiers colons, des soldats qui voulaient défendre ce pays conquis par la force. La seconde, la plus jeune, a fui Jérusalem mais aussi un amour qui n'a pas su la retenir (ou concurrencer la musique) et un père autoritaire, tatillon, blessé.
"Un jour j'ai transcrit les phrases de mon père en notes musicales. J'ai choisi un saxo, des percussions, un violoncelle en pizzicati et des interventions vocales qui montent en vocalises vers les aigus pour rythmer les chocs émotionnels subis par les gens qui le côtoient.
Mon père est incarné par deux thèmes qui s'opposent.
Le premier, boum boum, boum, bas et heurté, quand il me dit : "Dégage !" ou bien "Qu'est-ce que j'en ai à foutre de toi ?" ou "Ton avis et toi... sont peu de chose à mes yeux !", un mouvement, saccadé, décalé, dirigé par une battue serrée.
Le second, long, lent, tout en douceur, résume sa relation à Dieu. Il est joué par une flûte traversière et sur deux notes, mi, si : "Messie, see me, mais si,miss mi" qui se renouvellent pour suggérer le rythme de la prière. Deux notes pour raconter comment mon père bénit le pain, deux notes pour raconter sa joie à la synagogue, deux notes quand il chante des psaumes." (p. 215)
La musique, elle aussi, joue un rôle dans ce récit à plusieurs voix : celle qui naît des cordes des violoncelles, celle qui permet de donner un certain sens à sa vie malgré le chaos, celle qui rassemble ou qui divise. Celle qui permet peut-être de voir au-delà des apparences, car dans ce roman, personne n'est tout à fait celui qu'il semble être, ou le personnage qu'il a construit pour faire illusion à ses proches.
"J'ai compris que mon père était fêlé, et que sa folie était très particulière, qu'elle était le résultat de sa naissance en terre d'islam. Qu'il soit un sioniste convaincu ne changeait rien à son problème. Il portait en lui un terrain secret mais tenace, un terrain où Juifs et Arabes pouvaient s'entendre, faire des affaires, continuer à se parler." (p. 223)
Le titre du roman me fait penser à une référence chrétienne (celle de la résurrection le troisième jour), sa découpe en cantiques fait plus référence au livre "amoureux" de l'Ancien Testament, la langue est belle, et pourtant la fin m'a laissé un goût d'anéantissement : la musique était un prétexte pour régler une Histoire insoluble, impardonnable, insurmontable.
Un très beau roman (malgré les réserves liées aux conditions de lecture, il fallait sans doute le lire là-bas).
Invité- Invité
Re: [Boukhobza, Chochana] Le troisième jour
Avis et commentaires :
Difficile de définir le style de ce livre ; roman; histoire, musique, destins croisés.... En tout cas un grand bonheur de lecture.
Anodine cette histoire d'Elisheva, une virtouse du violoncelle et de son élève Rachel qui effectuent toutes les deux un retour en Israël et à sa ville la plus forte en image et en foi à l'occasion d'une représentation unique avec un grand orchestre sous la baguette d'un des plus grands chefs d'orchestre mondialement reconnu ?.... voir car chacune va à la rencontre d'un destin qui pourrait bien être tragique.
On plonge très vite dans récit dans lequel Chochana Boukhobza mèle, avec talent et brio, biographie, histoire, l'atmosphère lourde de ce pays et de cette ville toujours en état d'alerte où les haines millènaires se cultivent.
Elisheva, seule rescapée de sa famille des camps de la mort nazis que seul son talent de musicienne, hors pair, lui a permis de revenir vivante mais désespèrement seule et détruite, ivre de vengeance. Pour l'assouvir elle met sur pied une opération exceptionnelle, dont elle sera l'exécutrice. Son élève, la fille qu'elle n'a jamais pu ou voulu avoir, Rachel a quitté Israël et ses parents à la fin de l'adolescence mais aussi l'homme de sa vie, pour suivre Elisheva et assouvir; elle, son amour de la musique.
Destins et histoires croisées des familles de chacun, si Elisheva poursuit son but de vengeance, Rachel va devoir affronter l'incompréhension de ses parents, de son frère, de ses amis face à ce qu'ils considèrent comme une désertion et lutter contre ses sentiments profonds.
Tout cela est décrit magistralement, avec une plume exceptionnelle ; le roman et l'histoire de ses femmes de ce peuple israëlien et du conflit avec les palestiniens, l'amour et la connaissance de la musique, les tragédies de l'extermination du peuple juif, l'opposition de la tradition, de la religion, des relations entre parents et enfants, la filiation intellectuelle.
Roman, biographies, suspense, déferlement des sentiments humains, tout cela est réuni avec talent. on est pas loin du coup de coeur.
Ma note : 8 /10.
Difficile de définir le style de ce livre ; roman; histoire, musique, destins croisés.... En tout cas un grand bonheur de lecture.
Anodine cette histoire d'Elisheva, une virtouse du violoncelle et de son élève Rachel qui effectuent toutes les deux un retour en Israël et à sa ville la plus forte en image et en foi à l'occasion d'une représentation unique avec un grand orchestre sous la baguette d'un des plus grands chefs d'orchestre mondialement reconnu ?.... voir car chacune va à la rencontre d'un destin qui pourrait bien être tragique.
On plonge très vite dans récit dans lequel Chochana Boukhobza mèle, avec talent et brio, biographie, histoire, l'atmosphère lourde de ce pays et de cette ville toujours en état d'alerte où les haines millènaires se cultivent.
Elisheva, seule rescapée de sa famille des camps de la mort nazis que seul son talent de musicienne, hors pair, lui a permis de revenir vivante mais désespèrement seule et détruite, ivre de vengeance. Pour l'assouvir elle met sur pied une opération exceptionnelle, dont elle sera l'exécutrice. Son élève, la fille qu'elle n'a jamais pu ou voulu avoir, Rachel a quitté Israël et ses parents à la fin de l'adolescence mais aussi l'homme de sa vie, pour suivre Elisheva et assouvir; elle, son amour de la musique.
Destins et histoires croisées des familles de chacun, si Elisheva poursuit son but de vengeance, Rachel va devoir affronter l'incompréhension de ses parents, de son frère, de ses amis face à ce qu'ils considèrent comme une désertion et lutter contre ses sentiments profonds.
Tout cela est décrit magistralement, avec une plume exceptionnelle ; le roman et l'histoire de ses femmes de ce peuple israëlien et du conflit avec les palestiniens, l'amour et la connaissance de la musique, les tragédies de l'extermination du peuple juif, l'opposition de la tradition, de la religion, des relations entre parents et enfants, la filiation intellectuelle.
Roman, biographies, suspense, déferlement des sentiments humains, tout cela est réuni avec talent. on est pas loin du coup de coeur.
Ma note : 8 /10.
_________________
Lectures en cours :
Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli
Pourquoi le saut des baleines de Nicolas Cavaillés
Un loup quelque part d'Amélie Cordonnier.
La pensée du moment :
"Les Hommes sont malheureux parce qu'ils ne réalisent pas les rêves qu'ils ont" Jacques Brel.
Re: [Boukhobza, Chochana] Le troisième jour
Ce livre se passant à Jérusalem... devrait me plaire...
Je ne connais pas la "Terre Sainte" mais elle m'attire et j'aime tout ce qui en parle
Je ne connais pas la "Terre Sainte" mais elle m'attire et j'aime tout ce qui en parle
Invité- Invité
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