[Day, Thomas] L'instinct de l'équarrisseur
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Quel est votre avis sur "L'instinct de l'équarisseur" ?
[Day, Thomas] L'instinct de l'équarrisseur
Article publié auparavant sur mon blog
Introduction
Thomas Day est un des nombreux pseudonymes utilisés par une personnalité assez remarquable du paysage de la littérature de l'imaginaire francophone. La plupart des ses romans sont comme une scène de film d'action bien crue : sexe, violence, hémoglobine. L'Asie est le décor qui lui sied le mieux. Fantasy au petit dej' ne se priverait pas de parler de "littérature pop-corn" si la littérature française y était un peu plus appréciée. Il faut savoir que s'il est remarquable, Thomas Day n'est pas forcément très apprécié. Chaque année, il publie dans Bifrost (Le grand magazine de la SF) les prix Razzies : Un prix pour les pires romans, pires nouvelles, pires traduction, pires politiques d'édition, pires illustrations ... En gros, il fait parler de lui mais tout le monde ne l'apprécie pas.
En cette période où on entend énormément parler du film Sherlock Holmes, je me suis dit qu'il serait bon de vous présenter un des romans français les plus appréciables qu'il m'ait été donné de lire et de relire. L'instinct de l'équarrisseur, vie et mort de Sherlock Holmes traite lui aussi à sa manière des formidables aventures holmsiennes et il s'agit donc d'un roman plus que jamais d'actualité qui mérite le détour. Vous le trouverez chez Mnemos en grand format ou sinon chez Folio SF à un prix tout à fait raisonnable.
Intrigue
L'histoire dépeinte en quatrième de couverture peut être répulsive, mais il ne faut pas se fier aux apparences. Oui, il y a un monde parallèle, mais ce n'est pas bien ça qui est important. L'important, ce sont les personnages. Arthur Conan Doyle est comme vous le savez l'écrivain ayant raconté les fameuses histoires de Sherlock Holmes. Ce médecin de formation sera notre héros durant tout le roman. J'entrouvre une digression pour vous faire remarquer à quel point il peut être intéressant de confronter un romancier avec le fruit de son imagination pourtant bien réel. C'était notamment le cas de Jules Vernes avec le voyage vers la lune qu'il fait dans La lune seule le sait de Johan Héliot. Je referme la parenthèse. Je disais donc que notre personnage principal est Conan Doyle, dont la mission est d'écrire les enquêtes de Sherlock Holmes et de son fidèle Dr Watson. Seulement, Holmes et Watson existent bel et bien, et Conan Doyle ne les connaît que trop. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il a bien du mal à adoucir les enquêtes des deux gentlemen , car en réalité, ce ne sont pas des modèles de finesse. Holmes est un vieux malade complètement cocaïnomane, violent et pervers. Son excentricité se manifeste par la cruauté comme par le sexe. Lui et son compère forment un duo atypique et ridicule n'ayant de cesse de réclamer les services de Conan Doyle pour les accompagner dans leurs aventures. Plongé dans un monde tout à fait fantastique et pourtant assez proche de notre XIXème siècle victorien, notre héros va participer à la poursuite de Jack l'éventreur, et surtout au dernier combat que Holmes mènera face au Docteur Moriarty son ennemi de toujours. Ce dernier, en quête d'immortalité est sur le point de gagner la partie.
Des rencontres riches, des aventures rocambolesques, drôles et sanglantes, un univers particulier et une intrigue bien ficelée : On découvre un monde où les worshs, petites boules de poils toutes mignonnes d'origines extraterrestres ont apporté une technologie avancée à l'humanité et vivent aujourd'hui de manière plus ou moins intégrée dans la société. Le lecteur découvre peu à peu que tout ce qu'il peut lire finit irrémédiablement par concerner l'ultime combat que Sherlock Holmes va mener avec l'aide de ses amis contre l'infâme Moriarty.
voici le responsable de notre bonheur
Intronisation
Ce livre est un petit bijoux pour le lecteur que je suis. Bien sur, ça n'est pas non plus un chef d'oeuvre : après l'avoir reposé sur une étagère on passe très vite à autre chose. Mais il laisse des très bons souvenirs grâce à ses personnages très drôles, ses scènes d'action cocasses et parfois même ses épisodes érotiques. Un souvenir persistant qu'on ne peut étancher qu'en le relisant plus tard et en l'appréciant tout autant une deuxième fois. C'est comme regarder un film d'action pour la trentième fois, juste parce qu'il est divertissant. Je le conseille donc sans modération car c'est un très bon investissement.
Les personnages sont vraiment très charismatiques par leur excentricité. Leurs défauts sont très appuyés et c'est ce qui les rends drôles et amusant. Tous les moyens sont les bons pour arriver à leurs fins. L'éthique est le cadet de leurs soucis et il est amusant de voir la bande de Sherlock Holmes se lancer dans le piratage et les grosses beuveries. Le combat obsessionnel que ce dernier mène contre Moriarty nous tient en haleine. Moriarty est un méchant plutôt bien ficelé qui découvre la thanatine, substance secrétée par l'organisme humain lorsqu'on se laisse aller aux violences les plus cruelles. En quête d'immortalité, il sera aidé durant quelques temps dans ses diaboliques plans par la magnifique Elizabeth, belle rousse au sang chaud.
De leur côté, les "gentils" ne manquent pas de rencontrer des personnages tout à fait géniaux : Un petit Worsh poilu très marrant au nom assez compliqué, Oscar Wilde, Jack london ...
Mention spéciale pour l'apparition de Sigmund Freud dans un Zeppelin où il apprendra à ses dépends qu'on ne doit pas tenter de psychanalyser Sherlock Holmes !
Comme je l'ai dit, l'écriture est drôle, conçue pour une lecture rapide. Il faut comparer ce livre à une série tv qu'on veut dévorer très vite. L'action n'a rien d'épique mais elle ne manque pas de rebondissement et de violence. On est bien loin des enquêtes minutieuses menées par des gentlemen : ici, on défonce les portes à coups de Winchester, on picole comme des trous, on part dans des courses-poursuites urbaines sur des side-cars volants, on se met tout ce qu'on peut dans les veines ... Mais au lieu de vous faire vomir, ce roman trash vous fera exploser de rire !
Ce fut pour moi mon premier roman "steampunk". Je dois dire que c'est celui ci qui m'a donné l'envie d'aller plus loin, et je regrette parfois de n'avoir rencontré que trop peu d'ouvrages de ce type. C'est pourquoi je le considère comme un roman original et efficace et donc indispensable.
Intransigeance
L'idée n'est pas mauvaise, l'effet réussi et le bouquin nous fait passer un bon moment. Livre efficace donc. Cependant, on ne peut pas dire "Amen" à tout. Il faut tout d'abord dire que tout ce qui concerne le personnage principal n'est pas bien passionnant : Arthur Conan Doyle n'a pas une personnalité aussi caricaturale que ses compagnons, et c'est ce qui le rend un peu insipides. Sa vie privée ne nous intéresse pas vraiment et ce qu'il vit dans son monde semble bien fade par rapport au monde fabuleux de Watson et Holmes. En fait, il n'a qu'un intérêt : c'est son regard rationnel et conventionnel (que nous partageons avec lui) qui permet d'appuyer sur la fantaisie et l'excentricité du monde incroyable dans lequel il est plongé.
Un second point qu'on peut critiquer, c'est la structure du livre. Il est composé de deux parties séparées par plusieurs années. La première partie est en quelque sorte centrée sur la découverte du monde, de ses personnages et de la poursuite de Jack l'éventreur. La seconde est celle du voyage, de l'ultime confrontation contre Moriarty, de la vie et de la mort de Sherlock Holmes (Pas de spoiler de ma part, c'est le titre du bouquin !). C'est sympathique mais on se demande vraiment où est le lien entre ces deux parties : A ce titre, Thomas Day aurait pu carrément faire une série de nouvelles indépendantes relatant chacune une des aventures de Holmes. Il aurait pu soit faire mieux, soit faire plus.
Nous devons aussi relativiser la critique littéraire professionnelle qui a tôt fait de complimenter Thomas Day sur son fabuleux travaille de recherche et de réécriture. Les dernières pages du livres nous montrent une longue liste de bouquins français et anglais dont l'écrivain se serait servi. En vérité je vous le dis : Pas la peine de lui cirer les pompes, le livre est très bien mais les références culturelles ne sont pas si nombreuses et il ne sert à rien de cherche quoi que ce soit dans ce roman d'intellectuel : C'est du pur divertissement et ça s'arrête là. Tant mieux.
Histoire : 6/10
Style : 8/10
Imagination : 8/10
Points faibles : Un one-shot qui aurait surement mérité un petit frère pour peaufiner et épaissir une idée originale.
Points forts : Violence, humour et sexe maitrisés dans une aventure haletante divertissante et délurée.
Note globale : 8/10
A qui le recommander : à tous les lecteurs de saga qui en ont marre de la finesse, à tous ceux qui aiment le rock n'roll, à tous ceux qui veulent s'éclater le temps d'une parenthèse.
Commentaires : Vous allez surement me faire remarquer que la bonne note que je donne à ce roman est un poil excessive. Vous n'avez pas tort, car comme je l'ai dit ce roman n'est pas un chef d'oeuvre. Mais ce qui rend ce livre si riche, c'est que Thomas Day ne cherche justement pas à jouer dans la cour des grands. Beaucoup d'auteurs tentent de rivaliser avec le génie de leurs confrères en rédigeant une fresque épique et merveilleuse et ils se plantent lamentablement. Ce bouquin a le mérite de répondre parfaitement à ses prétentions fondées sur l'humour et l'action (au plus grand plaisir des lecteurs). Attention, je précise que ça n'a rien à voir avec Terry Pratchet.
Introduction
Thomas Day est un des nombreux pseudonymes utilisés par une personnalité assez remarquable du paysage de la littérature de l'imaginaire francophone. La plupart des ses romans sont comme une scène de film d'action bien crue : sexe, violence, hémoglobine. L'Asie est le décor qui lui sied le mieux. Fantasy au petit dej' ne se priverait pas de parler de "littérature pop-corn" si la littérature française y était un peu plus appréciée. Il faut savoir que s'il est remarquable, Thomas Day n'est pas forcément très apprécié. Chaque année, il publie dans Bifrost (Le grand magazine de la SF) les prix Razzies : Un prix pour les pires romans, pires nouvelles, pires traduction, pires politiques d'édition, pires illustrations ... En gros, il fait parler de lui mais tout le monde ne l'apprécie pas.
En cette période où on entend énormément parler du film Sherlock Holmes, je me suis dit qu'il serait bon de vous présenter un des romans français les plus appréciables qu'il m'ait été donné de lire et de relire. L'instinct de l'équarrisseur, vie et mort de Sherlock Holmes traite lui aussi à sa manière des formidables aventures holmsiennes et il s'agit donc d'un roman plus que jamais d'actualité qui mérite le détour. Vous le trouverez chez Mnemos en grand format ou sinon chez Folio SF à un prix tout à fait raisonnable.
Intrigue
L'histoire dépeinte en quatrième de couverture peut être répulsive, mais il ne faut pas se fier aux apparences. Oui, il y a un monde parallèle, mais ce n'est pas bien ça qui est important. L'important, ce sont les personnages. Arthur Conan Doyle est comme vous le savez l'écrivain ayant raconté les fameuses histoires de Sherlock Holmes. Ce médecin de formation sera notre héros durant tout le roman. J'entrouvre une digression pour vous faire remarquer à quel point il peut être intéressant de confronter un romancier avec le fruit de son imagination pourtant bien réel. C'était notamment le cas de Jules Vernes avec le voyage vers la lune qu'il fait dans La lune seule le sait de Johan Héliot. Je referme la parenthèse. Je disais donc que notre personnage principal est Conan Doyle, dont la mission est d'écrire les enquêtes de Sherlock Holmes et de son fidèle Dr Watson. Seulement, Holmes et Watson existent bel et bien, et Conan Doyle ne les connaît que trop. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il a bien du mal à adoucir les enquêtes des deux gentlemen , car en réalité, ce ne sont pas des modèles de finesse. Holmes est un vieux malade complètement cocaïnomane, violent et pervers. Son excentricité se manifeste par la cruauté comme par le sexe. Lui et son compère forment un duo atypique et ridicule n'ayant de cesse de réclamer les services de Conan Doyle pour les accompagner dans leurs aventures. Plongé dans un monde tout à fait fantastique et pourtant assez proche de notre XIXème siècle victorien, notre héros va participer à la poursuite de Jack l'éventreur, et surtout au dernier combat que Holmes mènera face au Docteur Moriarty son ennemi de toujours. Ce dernier, en quête d'immortalité est sur le point de gagner la partie.
Des rencontres riches, des aventures rocambolesques, drôles et sanglantes, un univers particulier et une intrigue bien ficelée : On découvre un monde où les worshs, petites boules de poils toutes mignonnes d'origines extraterrestres ont apporté une technologie avancée à l'humanité et vivent aujourd'hui de manière plus ou moins intégrée dans la société. Le lecteur découvre peu à peu que tout ce qu'il peut lire finit irrémédiablement par concerner l'ultime combat que Sherlock Holmes va mener avec l'aide de ses amis contre l'infâme Moriarty.
voici le responsable de notre bonheur
Intronisation
Ce livre est un petit bijoux pour le lecteur que je suis. Bien sur, ça n'est pas non plus un chef d'oeuvre : après l'avoir reposé sur une étagère on passe très vite à autre chose. Mais il laisse des très bons souvenirs grâce à ses personnages très drôles, ses scènes d'action cocasses et parfois même ses épisodes érotiques. Un souvenir persistant qu'on ne peut étancher qu'en le relisant plus tard et en l'appréciant tout autant une deuxième fois. C'est comme regarder un film d'action pour la trentième fois, juste parce qu'il est divertissant. Je le conseille donc sans modération car c'est un très bon investissement.
Les personnages sont vraiment très charismatiques par leur excentricité. Leurs défauts sont très appuyés et c'est ce qui les rends drôles et amusant. Tous les moyens sont les bons pour arriver à leurs fins. L'éthique est le cadet de leurs soucis et il est amusant de voir la bande de Sherlock Holmes se lancer dans le piratage et les grosses beuveries. Le combat obsessionnel que ce dernier mène contre Moriarty nous tient en haleine. Moriarty est un méchant plutôt bien ficelé qui découvre la thanatine, substance secrétée par l'organisme humain lorsqu'on se laisse aller aux violences les plus cruelles. En quête d'immortalité, il sera aidé durant quelques temps dans ses diaboliques plans par la magnifique Elizabeth, belle rousse au sang chaud.
De leur côté, les "gentils" ne manquent pas de rencontrer des personnages tout à fait géniaux : Un petit Worsh poilu très marrant au nom assez compliqué, Oscar Wilde, Jack london ...
Mention spéciale pour l'apparition de Sigmund Freud dans un Zeppelin où il apprendra à ses dépends qu'on ne doit pas tenter de psychanalyser Sherlock Holmes !
Comme je l'ai dit, l'écriture est drôle, conçue pour une lecture rapide. Il faut comparer ce livre à une série tv qu'on veut dévorer très vite. L'action n'a rien d'épique mais elle ne manque pas de rebondissement et de violence. On est bien loin des enquêtes minutieuses menées par des gentlemen : ici, on défonce les portes à coups de Winchester, on picole comme des trous, on part dans des courses-poursuites urbaines sur des side-cars volants, on se met tout ce qu'on peut dans les veines ... Mais au lieu de vous faire vomir, ce roman trash vous fera exploser de rire !
Ce fut pour moi mon premier roman "steampunk". Je dois dire que c'est celui ci qui m'a donné l'envie d'aller plus loin, et je regrette parfois de n'avoir rencontré que trop peu d'ouvrages de ce type. C'est pourquoi je le considère comme un roman original et efficace et donc indispensable.
Intransigeance
L'idée n'est pas mauvaise, l'effet réussi et le bouquin nous fait passer un bon moment. Livre efficace donc. Cependant, on ne peut pas dire "Amen" à tout. Il faut tout d'abord dire que tout ce qui concerne le personnage principal n'est pas bien passionnant : Arthur Conan Doyle n'a pas une personnalité aussi caricaturale que ses compagnons, et c'est ce qui le rend un peu insipides. Sa vie privée ne nous intéresse pas vraiment et ce qu'il vit dans son monde semble bien fade par rapport au monde fabuleux de Watson et Holmes. En fait, il n'a qu'un intérêt : c'est son regard rationnel et conventionnel (que nous partageons avec lui) qui permet d'appuyer sur la fantaisie et l'excentricité du monde incroyable dans lequel il est plongé.
Un second point qu'on peut critiquer, c'est la structure du livre. Il est composé de deux parties séparées par plusieurs années. La première partie est en quelque sorte centrée sur la découverte du monde, de ses personnages et de la poursuite de Jack l'éventreur. La seconde est celle du voyage, de l'ultime confrontation contre Moriarty, de la vie et de la mort de Sherlock Holmes (Pas de spoiler de ma part, c'est le titre du bouquin !). C'est sympathique mais on se demande vraiment où est le lien entre ces deux parties : A ce titre, Thomas Day aurait pu carrément faire une série de nouvelles indépendantes relatant chacune une des aventures de Holmes. Il aurait pu soit faire mieux, soit faire plus.
Nous devons aussi relativiser la critique littéraire professionnelle qui a tôt fait de complimenter Thomas Day sur son fabuleux travaille de recherche et de réécriture. Les dernières pages du livres nous montrent une longue liste de bouquins français et anglais dont l'écrivain se serait servi. En vérité je vous le dis : Pas la peine de lui cirer les pompes, le livre est très bien mais les références culturelles ne sont pas si nombreuses et il ne sert à rien de cherche quoi que ce soit dans ce roman d'intellectuel : C'est du pur divertissement et ça s'arrête là. Tant mieux.
Histoire : 6/10
Style : 8/10
Imagination : 8/10
Points faibles : Un one-shot qui aurait surement mérité un petit frère pour peaufiner et épaissir une idée originale.
Points forts : Violence, humour et sexe maitrisés dans une aventure haletante divertissante et délurée.
Note globale : 8/10
A qui le recommander : à tous les lecteurs de saga qui en ont marre de la finesse, à tous ceux qui aiment le rock n'roll, à tous ceux qui veulent s'éclater le temps d'une parenthèse.
Commentaires : Vous allez surement me faire remarquer que la bonne note que je donne à ce roman est un poil excessive. Vous n'avez pas tort, car comme je l'ai dit ce roman n'est pas un chef d'oeuvre. Mais ce qui rend ce livre si riche, c'est que Thomas Day ne cherche justement pas à jouer dans la cour des grands. Beaucoup d'auteurs tentent de rivaliser avec le génie de leurs confrères en rédigeant une fresque épique et merveilleuse et ils se plantent lamentablement. Ce bouquin a le mérite de répondre parfaitement à ses prétentions fondées sur l'humour et l'action (au plus grand plaisir des lecteurs). Attention, je précise que ça n'a rien à voir avec Terry Pratchet.
Dernière édition par Iani le Lun 15 Mar 2010 - 20:36, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: [Day, Thomas] L'instinct de l'équarrisseur
Merci en tout cas pour cette magnifique critique
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Invité- Invité
Re: [Day, Thomas] L'instinct de l'équarrisseur
Mon avis :
Le délire schizophrène d’un fan holmésien. L’incroyable élucubration d’un geek sous acide. Le rejeton étrange et fascinant d’une Angleterre victorienne et du Sunnydale de «Buffy contre les vampires». Un peu de tout ça. En mieux.
Thomas Day a réussi là où d’autres ont échoué : s’approprier le héros emblématique d’Arthur Conan Doyle. Holmes marié, Holmes père, Holmes non plus détective mais assassin royal, Holmes non plus enquêteur omniscient affublé d’un faire-valoir aux capacités limitées, mais simple limier hors pair associé au génial inventeur Watson.
Pari risqué. Pari audacieux. Pari dans l’ensemble bien tenu.
Evitant l’écueil d’un simple et pénible plagiat aux relents d'anticipation ou de fantastique, Thomas Day nous offre un univers onirique (d’aucuns diraient, et n’auraient pas tort, cauchemardesque) dans lequel rôdent goules, vampires, loups-garous et autres démons sanguinaires. Un univers qui a besoin de plus que d’un simple enquêteur, aussi doué soit-il. Dans cet univers féroce, le locataire du 2021 Baker Street ne se contente pas de traquer et de capturer. Il exécute. Et il le fait sans état d’âme, voire avec un certain plaisir (ou un plaisir certain).
Le style, flamboyant, donne à cette noire épopée une chaleur, une vivacité étonnantes. On est étourdi au même titre que le malheureux Conan Doyle, anti-héros choisi bien malgré lui pour raconter dans notre monde les méfaits... pardon ! les exploits du limier de la reine (Epiphanie Ière... Rien que le nom...). L’auteur joue sur une ambiance sombre, sur un rythme soutenu mais non frénétique, sur un érotisme omniprésent, sur un humour noir et décapant. Il introduit dans son récit des personnages improbables, finalement plus présents et attachants qu’Holmes et Moriarty, ramenés à l’état de sombres et mystérieuses icônes.
Je reconnais, de façon tout à fait objective, que ce livre n’est pas le meilleur du genre. La profondeur des personnages est discutable, tout comme l’originalité des rebondissements. Quelques gros hameçons destinés à capturer le bon vieux geek (ou la bonne vieille geekette) de base scintillent dans l’eau avec un peu trop d’insistance (Billy the Kid, Jack London, Jack L’Eventreur... Un peu trop de célébrités au mètre carré, tout de même). Mais c’est justement ça qui est bon.
Osons dire le mot : jouissif !
Ce livre est pour moi l’équivalent littéraire du paquet de gâteaux sablés nappés chocolat dont nous ne citerons pas le nom («Ne pariez jamais que vous n’en mangerez qu’un»), ou du pot de pâte à tartiner chocolat-noisette dont nous tairons également l’identité.
On sait qu’il ne faut pas boulotter tout le pot (paquet). Mais si on n’en abuse pas (et même si on en abuse), quel régal !Ma note : 8/10
Le délire schizophrène d’un fan holmésien. L’incroyable élucubration d’un geek sous acide. Le rejeton étrange et fascinant d’une Angleterre victorienne et du Sunnydale de «Buffy contre les vampires». Un peu de tout ça. En mieux.
Thomas Day a réussi là où d’autres ont échoué : s’approprier le héros emblématique d’Arthur Conan Doyle. Holmes marié, Holmes père, Holmes non plus détective mais assassin royal, Holmes non plus enquêteur omniscient affublé d’un faire-valoir aux capacités limitées, mais simple limier hors pair associé au génial inventeur Watson.
Pari risqué. Pari audacieux. Pari dans l’ensemble bien tenu.
Evitant l’écueil d’un simple et pénible plagiat aux relents d'anticipation ou de fantastique, Thomas Day nous offre un univers onirique (d’aucuns diraient, et n’auraient pas tort, cauchemardesque) dans lequel rôdent goules, vampires, loups-garous et autres démons sanguinaires. Un univers qui a besoin de plus que d’un simple enquêteur, aussi doué soit-il. Dans cet univers féroce, le locataire du 2021 Baker Street ne se contente pas de traquer et de capturer. Il exécute. Et il le fait sans état d’âme, voire avec un certain plaisir (ou un plaisir certain).
Le style, flamboyant, donne à cette noire épopée une chaleur, une vivacité étonnantes. On est étourdi au même titre que le malheureux Conan Doyle, anti-héros choisi bien malgré lui pour raconter dans notre monde les méfaits... pardon ! les exploits du limier de la reine (Epiphanie Ière... Rien que le nom...). L’auteur joue sur une ambiance sombre, sur un rythme soutenu mais non frénétique, sur un érotisme omniprésent, sur un humour noir et décapant. Il introduit dans son récit des personnages improbables, finalement plus présents et attachants qu’Holmes et Moriarty, ramenés à l’état de sombres et mystérieuses icônes.
Je reconnais, de façon tout à fait objective, que ce livre n’est pas le meilleur du genre. La profondeur des personnages est discutable, tout comme l’originalité des rebondissements. Quelques gros hameçons destinés à capturer le bon vieux geek (ou la bonne vieille geekette) de base scintillent dans l’eau avec un peu trop d’insistance (Billy the Kid, Jack London, Jack L’Eventreur... Un peu trop de célébrités au mètre carré, tout de même). Mais c’est justement ça qui est bon.
Osons dire le mot : jouissif !
Ce livre est pour moi l’équivalent littéraire du paquet de gâteaux sablés nappés chocolat dont nous ne citerons pas le nom («Ne pariez jamais que vous n’en mangerez qu’un»), ou du pot de pâte à tartiner chocolat-noisette dont nous tairons également l’identité.
On sait qu’il ne faut pas boulotter tout le pot (paquet). Mais si on n’en abuse pas (et même si on en abuse), quel régal !
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