[Modiano, Patrick] Dans le café de la jeunesse perdue
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Votre avis sur "Dans le café de la jeunesse perdue"
[Modiano, Patrick] Dans le café de la jeunesse perdue
Dans le café de la jeunesse perdue
Editions Gallimard, 2007, 149 pages
Quatrième de couverture :
Encore aujourd' hui, il m' arrive d' entendre, le soir, une voix qui m' appelle par mon prénom, dans la rue. Une voix rauque. Elle traîne un peu sur les syllabes et je la reconnais tout de suite : la voix de Louki. Je me retourne, mais il n' y a personne. Pas seulement le soir, mais au creux de ces après-midi d' été où vous ne savez plus très bien en quelle année vous êtes. Tout va recommencer comme avant. Les mêmes jours, les mêmes nuits, les mêmes lieux, les mêmes rencontres. L' Eternel retour.
Mon avis :
Dans le café de la jeunesse perdue est un hymne à la mélancolie, à la douceur, à la nostalgie. Paris. Années 60. Au coeur des quartiers de la rive gauche, des êtres épris de liberté, noyés dans la torpeur d' une vie qui n' a plus de sens cherchent le repos à l' agitation de leurs coeurs. Le Condé, rendez-vous de quelques intellectuels blasés, des écrivains râtés, d' étudiants insatisfaits. Une somme d' individus qui sont à la recherche de quelque chose sans savoir très bien quoi. Ils sont là, font acte de présence, mais en réalité ne s' attachent à ce repère commun, que par nécessité. Des liens se créent au détour d' une bière, et d' une discussion quelconque. Chacun conserve en réalité une part d' ombre; un accord tacite existe pour ne dire que très peu sur soi même, voir rien. On se contente de futilités et c' est plus que suffisant.
Et pourtant, " nous vivons à la merci de certains silences. Nous en savons long les uns sur les autres. Alors nous tâchons de nous éviter. Le mieux, bien sûr, c' est de se perdre définitivement de vue."
Les aléas ferront en sorte de les disperser, certains à jamais. Néanmoins quelque chose les unit malgré eux : il est bien vrai qu' un seul être vous manque et tout est dépeuplé.
Louki faisait partie de ceux-là. Louki n' avait qu' une vingtine d' années lorsqu' elle s ' est engouffrée dans ce monde décalé, à part dans le bourdonnement de Paris. Elle aussi était devenue une habituée. Pour autant on ne savait que très peu de choses sur elle. Mais elle a marqué les esprits de beaucoup de gens, même des années plus tard, après la transformation de ce café en une maroquinerie, Louki existait toujours dans les esprits. Sa voix, ses gestes, sa tenue, son sourire... Quelques uns se remémorent par bribes de sa vie; le lecteur lui se contente d' assembler les pièces du puzzle pour découvrir un être las de ce la vie a consenti lui donner, et qui dans une quête agonisante presque, tente de déjouer tout le fatalisme que lui impose sa vie.
Le regard d' un inconnu, étudiant des mines nous laisse entrevoir sa physionomie, son côté mystérieux. Un détective privé à la recherche de cette jeune fille nous en dévoile les raisons. Louki elle- même tente de trouver une justification à ce qui l' enchaîne à cette constante tristesse et mélancolie. Roland, lui, apparaît comme un sauveur déchu. Louki pouvait- elle être sauvée au fond? Elle et tant d' autres qui se livraient à ces destins, à ces rencontres hasardeuses, à ces désillusions, à une vie bohêmienne recherchant de pâles lueurs d' espoir dans ce dénominateur commun : le Condé.
Ce point de passage obligatoire entre la Terre et le néant, obéissait à une logique propre et personne ne semblait s' en offusquer : " On dit tant de choses... Et puis les gens disparaissent un jour et on s' aperçoit qu' on ne savait rien d' eux, même pas leur véritable identité." Louki faisait bien partie de ceux-là. Son passage sur Terre soulève bien des questions : aux personnages qui la cotoyèrent ainsi qu' au lecteur lui même.
J' ai bien aimé ce livre qui par son écriture est très envoûtant. Il me donnait envie d' écouter du jazz et de me replonger dans un livre constitué de photos exclusivement en noir et blanc, acheté il y a quelques années en face du centre Pompidou.
Son titre est très évocateur d' une certaine ambiance propre aux cafés et bars parisiens, du moins tel que j' imagine. Modiano est un auteur que je découvre pour la première fois à travers son dernier opus, je n' en suis pas déçue du tout.
Editions Gallimard, 2007, 149 pages
Quatrième de couverture :
Encore aujourd' hui, il m' arrive d' entendre, le soir, une voix qui m' appelle par mon prénom, dans la rue. Une voix rauque. Elle traîne un peu sur les syllabes et je la reconnais tout de suite : la voix de Louki. Je me retourne, mais il n' y a personne. Pas seulement le soir, mais au creux de ces après-midi d' été où vous ne savez plus très bien en quelle année vous êtes. Tout va recommencer comme avant. Les mêmes jours, les mêmes nuits, les mêmes lieux, les mêmes rencontres. L' Eternel retour.
Mon avis :
Dans le café de la jeunesse perdue est un hymne à la mélancolie, à la douceur, à la nostalgie. Paris. Années 60. Au coeur des quartiers de la rive gauche, des êtres épris de liberté, noyés dans la torpeur d' une vie qui n' a plus de sens cherchent le repos à l' agitation de leurs coeurs. Le Condé, rendez-vous de quelques intellectuels blasés, des écrivains râtés, d' étudiants insatisfaits. Une somme d' individus qui sont à la recherche de quelque chose sans savoir très bien quoi. Ils sont là, font acte de présence, mais en réalité ne s' attachent à ce repère commun, que par nécessité. Des liens se créent au détour d' une bière, et d' une discussion quelconque. Chacun conserve en réalité une part d' ombre; un accord tacite existe pour ne dire que très peu sur soi même, voir rien. On se contente de futilités et c' est plus que suffisant.
Et pourtant, " nous vivons à la merci de certains silences. Nous en savons long les uns sur les autres. Alors nous tâchons de nous éviter. Le mieux, bien sûr, c' est de se perdre définitivement de vue."
Les aléas ferront en sorte de les disperser, certains à jamais. Néanmoins quelque chose les unit malgré eux : il est bien vrai qu' un seul être vous manque et tout est dépeuplé.
Louki faisait partie de ceux-là. Louki n' avait qu' une vingtine d' années lorsqu' elle s ' est engouffrée dans ce monde décalé, à part dans le bourdonnement de Paris. Elle aussi était devenue une habituée. Pour autant on ne savait que très peu de choses sur elle. Mais elle a marqué les esprits de beaucoup de gens, même des années plus tard, après la transformation de ce café en une maroquinerie, Louki existait toujours dans les esprits. Sa voix, ses gestes, sa tenue, son sourire... Quelques uns se remémorent par bribes de sa vie; le lecteur lui se contente d' assembler les pièces du puzzle pour découvrir un être las de ce la vie a consenti lui donner, et qui dans une quête agonisante presque, tente de déjouer tout le fatalisme que lui impose sa vie.
Le regard d' un inconnu, étudiant des mines nous laisse entrevoir sa physionomie, son côté mystérieux. Un détective privé à la recherche de cette jeune fille nous en dévoile les raisons. Louki elle- même tente de trouver une justification à ce qui l' enchaîne à cette constante tristesse et mélancolie. Roland, lui, apparaît comme un sauveur déchu. Louki pouvait- elle être sauvée au fond? Elle et tant d' autres qui se livraient à ces destins, à ces rencontres hasardeuses, à ces désillusions, à une vie bohêmienne recherchant de pâles lueurs d' espoir dans ce dénominateur commun : le Condé.
Ce point de passage obligatoire entre la Terre et le néant, obéissait à une logique propre et personne ne semblait s' en offusquer : " On dit tant de choses... Et puis les gens disparaissent un jour et on s' aperçoit qu' on ne savait rien d' eux, même pas leur véritable identité." Louki faisait bien partie de ceux-là. Son passage sur Terre soulève bien des questions : aux personnages qui la cotoyèrent ainsi qu' au lecteur lui même.
J' ai bien aimé ce livre qui par son écriture est très envoûtant. Il me donnait envie d' écouter du jazz et de me replonger dans un livre constitué de photos exclusivement en noir et blanc, acheté il y a quelques années en face du centre Pompidou.
Son titre est très évocateur d' une certaine ambiance propre aux cafés et bars parisiens, du moins tel que j' imagine. Modiano est un auteur que je découvre pour la première fois à travers son dernier opus, je n' en suis pas déçue du tout.
Dernière édition par songes-litteraires le Dim 30 Nov 2008 - 18:49, édité 3 fois
Invité- Invité
Re: [Modiano, Patrick] Dans le café de la jeunesse perdue
Un auteur que je ne connaissais pas du tout! merci pour cette excellente critique
Thot- Admin
-
Nombre de messages : 6094
Age : 44
Localisation : Suisse
Genre littéraire préféré : Je lis de tout, mais j'aime moins la science-fiction.
Date d'inscription : 02/06/2008
Re: [Modiano, Patrick] Dans le café de la jeunesse perdue
Bonsoir,
J'ai lu cet auteur mais je n'ai jamais accroché à son style mais ta critique me fait penser que je pourrais essayer de nouveau !!!
A suivre...
merci !
J'ai lu cet auteur mais je n'ai jamais accroché à son style mais ta critique me fait penser que je pourrais essayer de nouveau !!!
A suivre...
merci !
Invité- Invité
Re: [Modiano, Patrick] Dans le café de la jeunesse perdue
Moi je le découvre Mélusine, et je n' en suis point déçue! Maintenant il a déjà de grands classiques derrière lui que je voudrais bien découvrir.
Thot j' espère t' avoir donnée envie de le découvrir aussi
Thot j' espère t' avoir donnée envie de le découvrir aussi
Invité- Invité
Re: [Modiano, Patrick] Dans le café de la jeunesse perdue
songes-litteraires a écrit:
Thot j' espère t' avoir donnée envie de le découvrir aussi
Je vais essayer de lui trouver une place dans ma looooongue LAL
Thot- Admin
-
Nombre de messages : 6094
Age : 44
Localisation : Suisse
Genre littéraire préféré : Je lis de tout, mais j'aime moins la science-fiction.
Date d'inscription : 02/06/2008
Re: [Modiano, Patrick] Dans le café de la jeunesse perdue
Comme Le Clezio , Modiano est un de mes auteurs préférés car de ma génération il garde la mélancolie d'une jeunesse perdue et ses histoires racontent toujours des quêtes d'une femme à Paris et souvent durant l 'Occupation à Paris.
Ses romans baignent toujours dans une atmosphère de brumes , incertitudes ,
de mélancolie notamment dans " rue des boutiques obscures" " Dora Bruder"
Place de l' Etoile ".
Ses romans baignent toujours dans une atmosphère de brumes , incertitudes ,
de mélancolie notamment dans " rue des boutiques obscures" " Dora Bruder"
Place de l' Etoile ".
Invité- Invité
Re: [Modiano, Patrick] Dans le café de la jeunesse perdue
Tu décris très bien l' atmosphère qui ressort de ma lecture : la mélancolie, les incertitudes, brumes... c' est parfaitement ça! Quand aux autres oeuvres que tu cites, j' espère les découvrir un jour !!!
Est-ce que tu l' as lu dans le café de la jeunesse perdue?
Est-ce que tu l' as lu dans le café de la jeunesse perdue?
Invité- Invité
Re: [Modiano, Patrick] Dans le café de la jeunesse perdue
oui je l ai lu et j ai beaucoup apprécié ce roman plein de cette nostalgie qui colle à la peau de Modiano
J ai lu presque tout de ce romancier qui me fait songer à Le Clezio.
J ai lu presque tout de ce romancier qui me fait songer à Le Clezio.
Invité- Invité
Re: [Modiano, Patrick] Dans le café de la jeunesse perdue
Je ne vois pas ce que je pourrai ajouter à la critique de songes-littéraires, elle est déjà bien complète et reflète bien le livre. J'ai bien apprécié aussi ce livre surtout pour l'ambiance qu'on y trouve et les non-dits, vraiment intéressant !
yaki- Grand sage du forum
-
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Age : 47
Localisation : Yvelines
Emploi/loisirs : Lecture, scrapbooking, balades,...
Genre littéraire préféré : Romans contemporains
Date d'inscription : 10/06/2008
Re: [Modiano, Patrick] Dans le café de la jeunesse perdue
J'ai acheté un bouquin de Modiano, "Accident Nocturne", pas encore lu... si ça me plait, je continuerai peut etre par celui ci!!
Invité- Invité
Re: [Modiano, Patrick] Dans le café de la jeunesse perdue
Editeur : Folio.
Nombre de pages : 160.
Comme Yaki, je dira tout d'abord qu'il est difficile de rédiger une analyse plus complète que celle de songes-littéraires. Néanmoins, je me lance.
Dès les premières lignes, j'ai été séduite par la musique des mots et des phrases. Je n'avais pas envie de lâcher le livre, tant cette petite musique, tout en délicatesse et en poésie, me charmait. Je me suis attachée à chacun de ses personnages, qui se cherchent ou se résignent, notamment à Roland et au détective, dont la vie a été bouleversée presque malgré eux par Louki. C'est elle finalement, que tous cherchent à comprendre tout au long de ce roman, mais comment y parviendraient-ils, puisqu'elle-même, toujours en fuite, toujours énigmatique, ne le parvient pas.
Un très beau roman, qui m'a donné envie de lire d'autres oeuvres de Modiano.
Sharon- Modérateur
-
Nombre de messages : 13263
Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
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