APOLLINAIRE, Guillaume

Poète et écrivain français, né sujet polonais de l'Empire russe. D'après sa fiche militaire, de son vrai nom Guillaume Albert Vladimir Alexandre Apollinaire de Kostrowitzky, il est né le 25 août 1880 à Rome et décédé pour la France le 9 novembre 1918 à Paris.
Sa mère, Angelika Kostrowicka est née à Nowogródek dans le grand-duché de Lituanie, appartenant à l'Empire russe dans une famille de la noblesse polonaise. Vivant à Rome de ses charmes et du jeu, elle y a une grossesse non désirée. Guillaume Apollinaire est déclaré à la mairie le 26 août 1880 sous le nom italien d'emprunt Dulcigny, d'un père inconnu et d'une mère voulant rester anonyme, Angelika le reconnaissant quelques mois plus tard. Selon l'hypothèse la plus probable, son père serait un officier italien. En 1882, elle lui donne comme frère ou demi-frère Alberto Eugenio Giovanni. La famille s'installe à Monaco en 1887 où sa mère est fichée par la police comme femme galante sous le nom d'Olga de Kostrowitzky, gagnant probablement sa vie comme entraîneuse dans le nouveau casino. Guillaume est placé en pension et effectue ses études chez les Maristes au collège Saint-Charles de Monaco de 1887 à 1895 puis est inscrit aux lycées de Cannes et de Nice où il se révèle un bon élève, pieux et docile mais échoue au baccalauréat. En 1899, il passe l'été dans la petite bourgade wallonne de Stavelot: ne pouvant payer la note de l'hôtel, Wilhelm et son demi-frère doivent quitter la ville en secret et à l'aube. L'épisode wallon féconde durablement son imagination et sa création. Ainsi, de cette époque date le souvenir des danses festives de cette contrée ainsi que l'emprunt au dialecte wallon.
En 1900, il s'installe à Paris, centre des arts et de la littérature européenne à l'époque. Vivant dans la précarité, sa mère lui demande pour gagner sa vie de passer un diplôme de sténographie et il devient employé de banque comme son demi-frère.
En juillet 1901, il écrit son premier article pour "Tabarin", hebdomadaire satirique dirigé par Ernest Gaillet, puis en septembre 1901 ses premiers poèmes dans la revue "La Grande France" sous son nom Wilhelm Kostrowiztky. De mai 1901 à 1902, il est précepteur pour la vicomtesse Élinor de Milhau, d'origine allemande et veuve d'un comte français. Il tombe amoureux de la gouvernante anglaise de ses enfants, Annie Playden, qui refuse ses avances. C'est alors la période « rhénane » dont ses recueils portent la trace. De retour à Paris en août 1902, il garde le contact avec Annie et se rend auprès d'elle à deux reprises à Londres. Mais en 1905, elle part pour l'Amérique.
Entre 1902 et 1907, il travaille pour divers organismes boursiers et parallèlement publie contes et poèmes dans des revues. Il prend à cette époque pour pseudonyme Apollinaire d'après le prénom de son grand-père maternel, Apollinaris, qui rappelle Apollon, dieu de la poésie. En 1907, il rencontre l'artiste peintre Marie Laurencin, avec qui il entretient une relation chaotique et orageuse. À cette même époque, il commence de vivre de sa plume. Il se lie d'amitié avec Pablo Picasso, Jean Metzinger, Paul Gordeaux, André Derain, Edmond-Marie Poullain, Maurice de Vlaminck et le Douanier Rousseau, se fait un nom de poète et de journaliste, de conférencier et de critique d'art à "L'Intransigeant". En septembre 1911, accusé de complicité de vol de La Joconde parce qu'une de ses relations avait dérobé des statuettes au Louvre, il est emprisonné durant une semaine à la prison de la Santé.
Il tente de s'engager dans l'armée française en août 1914, mais le conseil de révision ajourne sa demande car il n'a pas la nationalité française. Sa seconde demande en décembre 1914 est acceptée, ce qui lance sa procédure de naturalisation. Peu avant de s'engager, il tombe amoureux de Louise de Coligny-Châtillon, rencontrée à la Villa Baratier, dans les environs de Nice en septembre 1914 et la surnomme Lou. La comtesse est divorcée et mène une vie très libre. Guillaume Apollinaire s'éprend d'elle et la courtise d'abord en vain. Puis quand sa demande d'engagement est enfin acceptée et qu'il est envoyé à Nîmes, elle finit par accepter ses avances et part le rejoindre pendant une semaine, mais elle ne lui dissimule pas son attachement pour un homme qu'elle surnommait Toutou. Rapidement, Guillaume doit partir au front. Une correspondance naît de leur relation; au dos des lettres qu'Apollinaire envoyait au début au rythme d'une par jour ou tous les deux jours, puis de plus en plus espacées, se trouvent des poèmes qui furent rassemblés plus tard. Mais la jeune femme ne l'aimera jamais, du moins comme il l'aurait voulu; ils rompent en mars 1915 en se promettant de rester amis. Le 2 janvier 1915, il fait la connaissance de Madeleine Pagès dans un train. Il part avec le 38e régiment d'artillerie de campagne pour le front de Champagne le 4 avril 1915. Malgré les vicissitudes de l'existence en temps de guerre, il écrit dès qu'il le peut. Il se fiance à Madeleine en août 1915. Transféré à sa demande en novembre 1915 au 96e régiment d'infanterie avec le grade de sous-lieutenant dans le but de devenir officier, il est naturalisé français le 9 mars 1916 sous le nom de Guillaume Apollinaire.
Le sous-lieutenant Apollinaire est blessé à la tempe par un éclat d'obus le 17 mars 1916. Évacué à Paris, il est trépané le 10 mai 1916. À la fin de cette même année, ses amis organisent en son honneur un mémorable banquet dans l'Ancien Palais d'Orléans. Après une longue convalescence, il se remet progressivement au travail. Il épouse Jacqueline, à qui l'on doit de nombreuses publications posthumes.
Affaibli par sa blessure, Guillaume Apollinaire meurt chez lui le 9 novembre 1918 de la grippe espagnole. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise. La tombe de Guillaume Apollinaire présente un monument-menhir conçu par Picasso et financé par la vente aux enchères de deux œuvres de Matisse et Picasso le 21 juin 1924.

Poésie
1911 - Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée
1913 - Alcools
1917 - Vitam impendere amori
1918 - Calligrammes
1925 - Il y a...
1947 - Ombre de mon amour
1949 - Poèmes secrets à Madeleine
1952 - Le Guetteur mélancolique
1985 - Soldes
2006 - Et moi aussi je suis peintre

Romans et contes
1900 - Mirely ou le Petit Trou pas cher
1907 - Les Onze Mille Verges ou les Amours d'un hospodar
1909 - L'Enchanteur pourrissant
1910 - L'Hérésiarque et Cie
1911 - Les Exploits d'un jeune Don Juan
1914 - La Rome des Borgia
1914 - La Fin de Babylone
1915 - Les Trois Don Juan
1916 - Le Poète assassiné
1920 - La Femme assise
1928 - Les Épingles

Ouvrages critiques et chroniques
1909 - La Phalange nouvelle
1909 - L'Œuvre du Marquis de Sade
1909 - Les Poèmes de l'année
1909 - Les Poètes d'aujourd'hui
1910 - Le Théâtre italien
1912 - Pages d'histoire, chronique des grands siècles de France
1913 - La Peinture moderne
1913 - Les Peintres cubistes. Méditations esthétiques
1913 - L'Antitradition futuriste
1913 - L'Enfer de la Bibliothèque nationale
1918 - Le Flâneur des deux rives
1924 - L'Œuvre poétique de Charles Baudelaire
1926 - Anecdotiques
1964 - Les Diables amoureux

Théâtre et scénario
1917 - Les Mamelles de Tirésias
1917 - La Bréhatine
1918 - Couleur du temps
1952 - Casanova

Correspondance
1948 - Lettres à sa marraine 1915–1918
1952 - Tendre comme le souvenir
1955 - Lettres à Lou
2005 - Lettres à Madeleine. Tendre comme le souvenir
2009 - Correspondance avec les artistes

Journal
1991 - Journal intime (1898-1918)

Merci à Anaïs P. pour la MAJ.