[Murgia, Michela] Accabadora
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Notre avis:
[Murgia, Michela] Accabadora
Titre: Accabadora
Auteur: Michela MURGIA
Editeur: Seuil
2011 (2010 en Italie, Prix Campiello)
212 pages
ISBN 978.2.02.102507.1
Quatrième de couverture:
Dans un petit village sarde, la vieille couturière, Tzia Bonaria, accueille chez elle Maria, "cédée" bien volontiers par une veuve d'humbles origines.
Elle offrira à sa "fille d'âme" son métier et des études, choix audacieux pour une femme dans cette Sardaigne des années cinquante.
Maria grandit entourée de soins et de tendresse; mais certains aspects de la vie de Tzia Bonaria la troublent, en particulier ses mystérieuses absences nocturnes. Elle ignore en effet que la vieille couturière est, pour tous ses concitoyens, l'accabadora, la "dernière mère". Le jour où ce secret lui sera dévoilé, sa vie sera définitivement bouleversée et il faudra bien des années pour que la fille d'âme arrive enfin à pardonner à sa mère adoptive.
Dans une langue poétique et essentielle, Michela Murgia décrit les plis et replis les plus intimes du rapport très singulier unissant la vieille Tzia Bonaria et la jeune Maria, dans une Sardaigne atemporelle, aux us et coutumes fascinants.
Mon avis:
Dans ce roman, Michela Murgia nous décrit une Sardaigne lourde de traditions, de croyance et de superstitions. Les hommes y vivent dans une promiscuité très rurale qui induit à la fois une grande familiarité, beaucoup de solidarité mais aussi de profondes jalousies et bien peu d'intimité. La vie est rude, le regard d'autrui pesant.
Accabadora est le roman initiatique d'une fillette au destin peu commun. Quatrième fille de sa mère, elle est l'enfant de trop. Alors Bonaria Urrai, couturière respectée de tous, va l'adopter et l'élever dans un cadre simple, équilibré, mais surtout empreint d'énormément d'amour. Elle va lui offrir la chance de fréquenter l'école et développer chez la fillette un esprit tout à la fois intelligent et indépendant. Une tendre complicité naît entre la vieille femme et celle qui devient peu à peu une jeune fille. Mais Bonaria a un secret dont on devine qu'elle attend l'âge adulte de Maria pour le lui dévoiler et passer ainsi le flambeau d'une fonction qui pour être clandestine n'en est pas moins reconnue et acceptée de tous. Lorsqu'un malheureux hasard apprend à Maria la vérité, elle n'est pas mûre pour l'accepter et la rupture avec sa mère adoptive est inévitable. Michela Murgia nous dépeint alors avec beaucoup de talent ce nécessaire éloignement. Elle nous donne également une magnifique leçon de vie à travers ces femmes qui s'affrontent sans jamais briser le lien d'amour qui les unit.
L'auteur aborde dans ce magnifique roman une question qui ne peut nous laisser indifférents. Comme Maria, nos sentiments face à l'accabadora ne sont pas figés, ils peuvent même être opposés en fonction des moments de notre vie. Dans tous les cas, la réflexion nécessite d'être menée, c'est notre condition humaine qui nous l'impose.
J'ai adoré la compagnie de ces êtres. Leur mode de communication, où les non-dits tiennent autant de place que les mots m'a profondément émue. J'ai eu beau ralentir ma lecture, je n'ai pu retarder le moment de la fin, emportée que j'étais par ce flot étourdissant et c'est avec mille regrets que j'ai refermé le livre.
Un énorme coup de coeur!!
Auteur: Michela MURGIA
Editeur: Seuil
2011 (2010 en Italie, Prix Campiello)
212 pages
ISBN 978.2.02.102507.1
Quatrième de couverture:
Dans un petit village sarde, la vieille couturière, Tzia Bonaria, accueille chez elle Maria, "cédée" bien volontiers par une veuve d'humbles origines.
Elle offrira à sa "fille d'âme" son métier et des études, choix audacieux pour une femme dans cette Sardaigne des années cinquante.
Maria grandit entourée de soins et de tendresse; mais certains aspects de la vie de Tzia Bonaria la troublent, en particulier ses mystérieuses absences nocturnes. Elle ignore en effet que la vieille couturière est, pour tous ses concitoyens, l'accabadora, la "dernière mère". Le jour où ce secret lui sera dévoilé, sa vie sera définitivement bouleversée et il faudra bien des années pour que la fille d'âme arrive enfin à pardonner à sa mère adoptive.
Dans une langue poétique et essentielle, Michela Murgia décrit les plis et replis les plus intimes du rapport très singulier unissant la vieille Tzia Bonaria et la jeune Maria, dans une Sardaigne atemporelle, aux us et coutumes fascinants.
Mon avis:
Dans ce roman, Michela Murgia nous décrit une Sardaigne lourde de traditions, de croyance et de superstitions. Les hommes y vivent dans une promiscuité très rurale qui induit à la fois une grande familiarité, beaucoup de solidarité mais aussi de profondes jalousies et bien peu d'intimité. La vie est rude, le regard d'autrui pesant.
Accabadora est le roman initiatique d'une fillette au destin peu commun. Quatrième fille de sa mère, elle est l'enfant de trop. Alors Bonaria Urrai, couturière respectée de tous, va l'adopter et l'élever dans un cadre simple, équilibré, mais surtout empreint d'énormément d'amour. Elle va lui offrir la chance de fréquenter l'école et développer chez la fillette un esprit tout à la fois intelligent et indépendant. Une tendre complicité naît entre la vieille femme et celle qui devient peu à peu une jeune fille. Mais Bonaria a un secret dont on devine qu'elle attend l'âge adulte de Maria pour le lui dévoiler et passer ainsi le flambeau d'une fonction qui pour être clandestine n'en est pas moins reconnue et acceptée de tous. Lorsqu'un malheureux hasard apprend à Maria la vérité, elle n'est pas mûre pour l'accepter et la rupture avec sa mère adoptive est inévitable. Michela Murgia nous dépeint alors avec beaucoup de talent ce nécessaire éloignement. Elle nous donne également une magnifique leçon de vie à travers ces femmes qui s'affrontent sans jamais briser le lien d'amour qui les unit.
L'auteur aborde dans ce magnifique roman une question qui ne peut nous laisser indifférents. Comme Maria, nos sentiments face à l'accabadora ne sont pas figés, ils peuvent même être opposés en fonction des moments de notre vie. Dans tous les cas, la réflexion nécessite d'être menée, c'est notre condition humaine qui nous l'impose.
J'ai adoré la compagnie de ces êtres. Leur mode de communication, où les non-dits tiennent autant de place que les mots m'a profondément émue. J'ai eu beau ralentir ma lecture, je n'ai pu retarder le moment de la fin, emportée que j'étais par ce flot étourdissant et c'est avec mille regrets que j'ai refermé le livre.
Un énorme coup de coeur!!
Véronique M.- Grand sage du forum
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Re: [Murgia, Michela] Accabadora
merci Véronique je me le note, j'aime beaucoup l'idée
Pinky- Grand sage du forum
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Re: [Murgia, Michela] Accabadora
J'ai beaucoup apprécié ce livre, qui m'a fait découvrir une facette des us et coutumes sardes que j'ignorais ... le style est agréable, la curiosité est perpétuelle, tout le long du roman, on a envie d'en savoir davantage ... merci Véronique pour cette belle découverte !
Invité- Invité
Re: [Murgia, Michela] Accabadora
Ce livre vite lu, se passe en Sardaigne, nous sommes dans les années 50, la modernité na pas encore envahit ce coin d’Italie. Dans cette campagne où la vie finit chez soi, on a parfois recours à l’Accabadora.
Au départ, on assiste à l’adoption d’un petite fille, donnée par sa mère à Tzia Bonaria ; la petite est heureuse auprès de cette couturière ; mais en grandissant, elle devient curieuse ; elle aimerait savoir ce qu’elle va faire la nuit. Quand elle va le découvrir, sa réaction va être le rejet, la foi Chrétienne dans laquelle vit l’Italie, ne peux accepter cette pratique, mais face à la souffrance, des choix pénibles sont parfois nécessaire.
Je ne dévoilerais rien, car découvrir qui est l’Accabadora fait tout le charme du livre, je recommande à celle qui veulent le savoir de ne pas lire la 4° couverture, pour ne rien deviner et accentuer le plaisir de cette lecture.
Au départ, on assiste à l’adoption d’un petite fille, donnée par sa mère à Tzia Bonaria ; la petite est heureuse auprès de cette couturière ; mais en grandissant, elle devient curieuse ; elle aimerait savoir ce qu’elle va faire la nuit. Quand elle va le découvrir, sa réaction va être le rejet, la foi Chrétienne dans laquelle vit l’Italie, ne peux accepter cette pratique, mais face à la souffrance, des choix pénibles sont parfois nécessaire.
Je ne dévoilerais rien, car découvrir qui est l’Accabadora fait tout le charme du livre, je recommande à celle qui veulent le savoir de ne pas lire la 4° couverture, pour ne rien deviner et accentuer le plaisir de cette lecture.
Re: [Murgia, Michela] Accabadora
c'est tout à fait ça, Petitepom, tu as très bien su retranscrire l'essence du livre !
Invité- Invité
Re: [Murgia, Michela] Accabadora
merci, ce n'est pas facile de parler de ce livre sans rien dévoiler.
Re: [Murgia, Michela] Accabadora
Je n'ai pas vu beaucoup de billets sur ce livre d'une jeune auteur italienne, ou plutôt sarde : Michela Murgia, présente à la toute récente Foire du livre de Bruxelles, a expliqué vouloir écrire un livre sur la Sardaigne, sur la communauté que constitue un village, et surtout sur ce rôle de l'accabadora (mot que l'on peut traduire par "endormeuse"). Dans son roman, il est question de naissance et de mort, de mise au monde et d'accomplissement de soi.
Sur une terre rude, indépendante et fière, les habitants de Soreni s'observent, s'épient, s'entraident ou se spolient. Les hommes entretiennet leur code d'honneur tandis que les femmes veillent sur la vie. Dans cette communauté qui croit en secret aux esprits, mais qui respecte aussi le prêtre, Tzia Bonaria a remarqué la petite Maria, la petite dernière, la petite "en trop" et elle l'adopte. Maria devient sa "fill' e anima". Se tisse alors une relation marquée par le respect, l'attention et le secret. (Impossible de ne pas penser à Claire Keegan et Les trois lumières.)
Ne croyez pas un seul instant que je vais vous révéler ce secret (c'est d'ailleurs très difficile de parler de ce livre sans le déflorer). Si vous ouvrez ce livre, vous vous laisserez sans doute prendre aux charmes âpres des habitants de Soreni, vous serez entraînés dans l'intimité de Bonaria et Maria, vous serez conquis par le talent en apparence simple de Michela Murgia qui mène ses personnages de bout en bout dans une construction subtile, pleine de finesse. Elle réussit à nous parler de sujets graves, de questions complexes en nous faisant goûter la chaleur du soleil, la douceur des raisins, l'effervescence d'une fête de mariage en Sardaigne.
"S'il est vrai que la terre parle de ceux qui la possèdent, les collines qui entouraient Soreni tenaient un discours compliqué. Les petits lopins irréguliers décrivaient des familles trop nombreuses et querelleuses, qui avaient éclaté en une myriade de délimitations, murets en basalte noir que la haine soutenait." (p. 44)
"Le commandant des carabiniers, calabrais d'origine sicilienne, n'y avait pas cru un seul instant, mais il possédait assez d'expérience pour savoir que l'existence de huit témoins confirmant la dynamique de l'accident de chasse ne lui permettait pas d'ergoter. Il y a des lieux où la vérité et l'opinion de la majorité constituent deux concepts superposables,et, dans cette mystérieuse géographie du consensus, Soreni occupait le rang de petite capitale morale." (p. 84)
Sur une terre rude, indépendante et fière, les habitants de Soreni s'observent, s'épient, s'entraident ou se spolient. Les hommes entretiennet leur code d'honneur tandis que les femmes veillent sur la vie. Dans cette communauté qui croit en secret aux esprits, mais qui respecte aussi le prêtre, Tzia Bonaria a remarqué la petite Maria, la petite dernière, la petite "en trop" et elle l'adopte. Maria devient sa "fill' e anima". Se tisse alors une relation marquée par le respect, l'attention et le secret. (Impossible de ne pas penser à Claire Keegan et Les trois lumières.)
Ne croyez pas un seul instant que je vais vous révéler ce secret (c'est d'ailleurs très difficile de parler de ce livre sans le déflorer). Si vous ouvrez ce livre, vous vous laisserez sans doute prendre aux charmes âpres des habitants de Soreni, vous serez entraînés dans l'intimité de Bonaria et Maria, vous serez conquis par le talent en apparence simple de Michela Murgia qui mène ses personnages de bout en bout dans une construction subtile, pleine de finesse. Elle réussit à nous parler de sujets graves, de questions complexes en nous faisant goûter la chaleur du soleil, la douceur des raisins, l'effervescence d'une fête de mariage en Sardaigne.
"S'il est vrai que la terre parle de ceux qui la possèdent, les collines qui entouraient Soreni tenaient un discours compliqué. Les petits lopins irréguliers décrivaient des familles trop nombreuses et querelleuses, qui avaient éclaté en une myriade de délimitations, murets en basalte noir que la haine soutenait." (p. 44)
"Le commandant des carabiniers, calabrais d'origine sicilienne, n'y avait pas cru un seul instant, mais il possédait assez d'expérience pour savoir que l'existence de huit témoins confirmant la dynamique de l'accident de chasse ne lui permettait pas d'ergoter. Il y a des lieux où la vérité et l'opinion de la majorité constituent deux concepts superposables,et, dans cette mystérieuse géographie du consensus, Soreni occupait le rang de petite capitale morale." (p. 84)
Invité- Invité
Re: [Murgia, Michela] Accabadora
je suis très tentée mais j'attendrai qu'il sorte en poche
Invité- Invité
Re: [Murgia, Michela] Accabadora
Véronique M., tu nous as fait une très belle critique :9ç<:
Invité- Invité
Re: [Murgia, Michela] Accabadora
Merci Kokhaba, mon plus grand bonheur est de pouvoir partager les bouquins que j'ai aimés...
Véronique M.- Grand sage du forum
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Re: [Murgia, Michela] Accabadora
Quel beau livre !!!!
C’était il y a longtemps et pourtant, nous sommes en 1950 à Soreni, village de Sardaigne. Les femmes sont habillées en noir, deuil d’un mari, d’un enfant, d’un fiancé mort pendant les 2 dernières guerres. La terre est dure, les traditions tenaces, les habitants de ce village s’épient, se jalousent, se volent, s’entraident…. La vie normale d’un petit village.
Tzia Bonaria, veuve avant d’être mariée, ventre sec, va trouver Anna Teresa Listru et lui propose de recueillir sa dernière fille Maria, dite, la dernière, la quatrième, la fille en trop…. Maria « Fill’e anima », fille d’âme, est élevée par Tzia qui lui donnera tout son amour, la confiance, l’éducation. Elle découvrira la sensation insolite d’être importante pour quelqu’un, de pouvoir grandir tranquillement. Pourtant, une nuit, elle découvre que Tzia s’absente la nuit…. Ce secret, ce sera son ami d’enfance qui le lui dévoilera à l’occasion du décès de son frère. Tzia est accabadora, l’endormeuse… Les femmes sardes donnent la vie mais certaines sont appelées au chevet de moribonds, qui le demandent, pour donner la mort. Pour l’accepter, il faudra que Maria quitte le village pour aller sur le continent, puis revienne assister Tzia mourante.
Fill’e anima, fille de l’âme, celle que l’on choisit pour l’amener vers soi, pour l’élever. Accabadora, fait presque penser à une formule magique. Le pouvoir poétique des mots étrangers est immense.
Quel plaisir cette lecture lente, au rythme de la vie de ce petit village du bout du monde où la modernité, synonyme de la fin de ces traditions, arrive à tous petits pas. Michela Murgia tisse autour de nous un voile de tendresse, de rudesse, de filiation, de transmission grâce à une écriture fluide, tout en retenue et si poétique que je n’ai pu reposer le livre. Un très bon livre que je ne peux que recommander. Merci à toi Cassiopée.
Quelques extraits :
Fillus de anima.
C’est ainsi qu’on appelle les enfants doublement engendrés, de la pauvreté d’une femme et de la stérilité d’une autre. De ce second accouchement était née Maria Listru, fruit tardif de l’âme de Bonaria Urrai.
Malgré le temps qui s’était écoulé, Maria n’était pas encore certaine d’avoir compris à quel point ce choix avait dévié le cours de sa vie. Une seule chose avait été portée en compte depuis le début : ce lit, au chevet duquel sa présence avait à présent le poids d’un accomplissement.
« Puis la jeune fille commença à comprendre ce que Bonaria Urrai entendait quand elle lui avait lancé trois ans plus tôt : « Ne dis pas : fontaine, je ne boirai pas de ton eau ». »
C’était il y a longtemps et pourtant, nous sommes en 1950 à Soreni, village de Sardaigne. Les femmes sont habillées en noir, deuil d’un mari, d’un enfant, d’un fiancé mort pendant les 2 dernières guerres. La terre est dure, les traditions tenaces, les habitants de ce village s’épient, se jalousent, se volent, s’entraident…. La vie normale d’un petit village.
Tzia Bonaria, veuve avant d’être mariée, ventre sec, va trouver Anna Teresa Listru et lui propose de recueillir sa dernière fille Maria, dite, la dernière, la quatrième, la fille en trop…. Maria « Fill’e anima », fille d’âme, est élevée par Tzia qui lui donnera tout son amour, la confiance, l’éducation. Elle découvrira la sensation insolite d’être importante pour quelqu’un, de pouvoir grandir tranquillement. Pourtant, une nuit, elle découvre que Tzia s’absente la nuit…. Ce secret, ce sera son ami d’enfance qui le lui dévoilera à l’occasion du décès de son frère. Tzia est accabadora, l’endormeuse… Les femmes sardes donnent la vie mais certaines sont appelées au chevet de moribonds, qui le demandent, pour donner la mort. Pour l’accepter, il faudra que Maria quitte le village pour aller sur le continent, puis revienne assister Tzia mourante.
Fill’e anima, fille de l’âme, celle que l’on choisit pour l’amener vers soi, pour l’élever. Accabadora, fait presque penser à une formule magique. Le pouvoir poétique des mots étrangers est immense.
Quel plaisir cette lecture lente, au rythme de la vie de ce petit village du bout du monde où la modernité, synonyme de la fin de ces traditions, arrive à tous petits pas. Michela Murgia tisse autour de nous un voile de tendresse, de rudesse, de filiation, de transmission grâce à une écriture fluide, tout en retenue et si poétique que je n’ai pu reposer le livre. Un très bon livre que je ne peux que recommander. Merci à toi Cassiopée.
Quelques extraits :
Fillus de anima.
C’est ainsi qu’on appelle les enfants doublement engendrés, de la pauvreté d’une femme et de la stérilité d’une autre. De ce second accouchement était née Maria Listru, fruit tardif de l’âme de Bonaria Urrai.
Malgré le temps qui s’était écoulé, Maria n’était pas encore certaine d’avoir compris à quel point ce choix avait dévié le cours de sa vie. Une seule chose avait été portée en compte depuis le début : ce lit, au chevet duquel sa présence avait à présent le poids d’un accomplissement.
« Puis la jeune fille commença à comprendre ce que Bonaria Urrai entendait quand elle lui avait lancé trois ans plus tôt : « Ne dis pas : fontaine, je ne boirai pas de ton eau ». »
Re: [Murgia, Michela] Accabadora
merci Zazy pour cette jolie critique empreinte d’émotions
louloute- Grand sage du forum
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Re: [Murgia, Michela] Accabadora
alors je le note ton enthousiasme est contagieux
louloute- Grand sage du forum
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Re: [Murgia, Michela] Accabadora
Ta critique est très belle mais tu as tout dévoilé du roman, Zazy, c'est dommage !
Invité- Invité
Re: [Murgia, Michela] Accabadora
Mon avis : Il a des livres qui vous sautent au yeux, des thémes, des lieux qui vous interpellent, des couvertures qui vous attirent, des titres mystérieux ..... voilà tout ce qui m'a captivée dans ce livre ; un endroit magique : La Sardaigne secréte et inexplicable avec toutes ses coutumes, une île fascinante au pied de l'Italie et un titre : L'accabadora. Je n'ai même pas chercher à savoir ce que cela pouvait signifier ce mot, ayant juste hâte de le découvrir durant ma lecture.
Tzia Bonaria Urrai est "veuve" de guerre et sans enfant, son futur mari n'est jamais revenu des tranchées, c'est pour ça qu'elle demande Maria à sa mère celle ci étant la quatrième fille d'Anna Tersa Listru. Ne pouvant la nourrir, elle donne sa fille sans état d'âme. Elle sera donc "fill'e anima", sa fille d'âme. C'est bien des années plus tard que la jeune fille comprendra qu'elle a été adoptée par l'Accabadora du village de Soreni.
Une lecture assez agréable pourtant j'ai trouvé que le sujet était un peu survolé, j'aurais voulu plus de mystére, plus de légende autour de Tzia. Finalement, on suit plus la vie de Maria et on se rend compte au fil du temps que sa mère adoptive n'est pas que couturière mais qu'elle cache un secret car certaines nuits elle sort pour accomplir le destin.
Puis vient le temps des explications, du rejet mais on ne fuit pas sa destinée.
Une écriture agréable où l'auteur a su faire ressortir la chaleur de son pays, l'aridité, la rusticité des personnages de la campagne attachés à leur terre. Par contre le côté us et coutume n'est pas assez présent pour moi. Une lecture sympathique mais dommage, il m'a manqué quelque chose. Un livre qui soulève un grand débat de société.
Tzia Bonaria Urrai est "veuve" de guerre et sans enfant, son futur mari n'est jamais revenu des tranchées, c'est pour ça qu'elle demande Maria à sa mère celle ci étant la quatrième fille d'Anna Tersa Listru. Ne pouvant la nourrir, elle donne sa fille sans état d'âme. Elle sera donc "fill'e anima", sa fille d'âme. C'est bien des années plus tard que la jeune fille comprendra qu'elle a été adoptée par l'Accabadora du village de Soreni.
Une lecture assez agréable pourtant j'ai trouvé que le sujet était un peu survolé, j'aurais voulu plus de mystére, plus de légende autour de Tzia. Finalement, on suit plus la vie de Maria et on se rend compte au fil du temps que sa mère adoptive n'est pas que couturière mais qu'elle cache un secret car certaines nuits elle sort pour accomplir le destin.
Puis vient le temps des explications, du rejet mais on ne fuit pas sa destinée.
Une écriture agréable où l'auteur a su faire ressortir la chaleur de son pays, l'aridité, la rusticité des personnages de la campagne attachés à leur terre. Par contre le côté us et coutume n'est pas assez présent pour moi. Une lecture sympathique mais dommage, il m'a manqué quelque chose. Un livre qui soulève un grand débat de société.
Invité- Invité
Re: [Murgia, Michela] Accabadora
Mon ressenti
Avec cette lecture, j’ai plongé dans la vie quotidienne d’un petit village sarde des années cinquante. J’y ai découvert une curieuse légende de naissance (entre une mère très pauvre et l’infertilité d’une autre : donner sa fille…) mais aussi des rites, des us et coutumes parfois très pesants, des vieilles traditions… Dans ce petit village tout le monde se connait et les histoires de familles se transmettent aussi bien dans le bonheur que dans la haine… Le récit se lit comme une légende ou se regarde comme une vieille photo en noire et blanc et pourtant très vite j’ai été happée par cette histoire parce que les personnages sont lumineux, humains… et parce qu’ils sont proches de nous… que ce soit en Sardaigne, en France, au Canada ou ailleurs, ce sont les mêmes questions qui reviennent : la transmission à ses enfants (que leur transmettons-nous de parents à enfants, de génération en génération), la question de la mort (quel départ ? Le choisit-on ? L’euthanasie ?), le regard de l’autre sur soi et le jugement…
Derrière tout cela, tel un peintre, l’auteure utilise la lumière, les clairs obscurs, les ténèbres pour jouer sur nos propres interrogations. Les hommes se battent pour sauvegarder la terre et leur honneur, les femmes donnent la vie et la préserve mais chacun reste digne. C’est une rencontre et un voyage en nous-même en somme, de résonances en résonances, le lecteur fait le point sur ses propres questions.
A découvrir
merci Véronique
Avec cette lecture, j’ai plongé dans la vie quotidienne d’un petit village sarde des années cinquante. J’y ai découvert une curieuse légende de naissance (entre une mère très pauvre et l’infertilité d’une autre : donner sa fille…) mais aussi des rites, des us et coutumes parfois très pesants, des vieilles traditions… Dans ce petit village tout le monde se connait et les histoires de familles se transmettent aussi bien dans le bonheur que dans la haine… Le récit se lit comme une légende ou se regarde comme une vieille photo en noire et blanc et pourtant très vite j’ai été happée par cette histoire parce que les personnages sont lumineux, humains… et parce qu’ils sont proches de nous… que ce soit en Sardaigne, en France, au Canada ou ailleurs, ce sont les mêmes questions qui reviennent : la transmission à ses enfants (que leur transmettons-nous de parents à enfants, de génération en génération), la question de la mort (quel départ ? Le choisit-on ? L’euthanasie ?), le regard de l’autre sur soi et le jugement…
Derrière tout cela, tel un peintre, l’auteure utilise la lumière, les clairs obscurs, les ténèbres pour jouer sur nos propres interrogations. Les hommes se battent pour sauvegarder la terre et leur honneur, les femmes donnent la vie et la préserve mais chacun reste digne. C’est une rencontre et un voyage en nous-même en somme, de résonances en résonances, le lecteur fait le point sur ses propres questions.
A découvrir
merci Véronique
Dernière édition par Pinky le Mer 17 Oct 2012 - 19:21, édité 1 fois
Pinky- Grand sage du forum
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Re: [Murgia, Michela] Accabadora
Accabadora. Un titre magnétique, envoûtant, qui résonne comme une formule magique. Certains y entendront la musique de la vie, d'autres la litanie de la mort, c'est selon. Mais Accabadora est avant tout un roman qui invite à la réflexion et amène le lecteur à un questionnement troublant (et très personnel) sur le sens de la vie et celui de la mort.
Là où il eût été facile de succomber à un déballage malsain, Michela Murgia utilise son talent de conteuse, toute la subtilité et le pouvoir des mots, toute la finesse de sa plume pour faire de son roman un récit tout en nuances, à la fois sensible, pudique et surprenant de légèreté. A demi-mots, l'auteure lève un coin de voile sur les croyances et les superstitions de sa Sardaigne natale. C'est magnifiquement raconté, incroyablement dépaysant, en un mot, fascinant !
Là où il eût été facile de succomber à un déballage malsain, Michela Murgia utilise son talent de conteuse, toute la subtilité et le pouvoir des mots, toute la finesse de sa plume pour faire de son roman un récit tout en nuances, à la fois sensible, pudique et surprenant de légèreté. A demi-mots, l'auteure lève un coin de voile sur les croyances et les superstitions de sa Sardaigne natale. C'est magnifiquement raconté, incroyablement dépaysant, en un mot, fascinant !
Re: [Murgia, Michela] Accabadora
très joli avis INgrid
Pinky- Grand sage du forum
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Re: [Murgia, Michela] Accabadora
Merci pour vos critiques (que je ne veux pas trop lire), je le note, je suis enthousiasmée.
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Re: [Murgia, Michela] Accabadora
Tu as raison, Step ! Le mieux, c'est encore de le lire pour se faire sa propre opinion ! Bonne lecture !
Re: [Murgia, Michela] Accabadora
Coup de cœur!!!
Pour la traductrice qui a si bien su trouver les mots justes afin de faire vibrer l'émotion sans tomber dans le mièvre et le voyeurisme.
Pour l’écriture raffinée, poétique, abordant avec douceur et finesse des sujets difficiles...
Pour les personnages décrits avec délicatesse, par petites touches comme un canevas qui se construit à points comptés.
Pour le thème original, pour cette Sardaigne secrète, coincée dans ses croyances, ses superstitions, ses non-dits, ses secrets, ses silences, ses choix ….
Pour toutes ces questions que fait surgir cet opus sur notre vie, la vie, le destin, la rencontre, les rencontres ….
Pour le bonheur de lire encore et encore des romans qui laissent une "trace"....
Pour mon fils qui m'a offert ce livre!
Pour la traductrice qui a si bien su trouver les mots justes afin de faire vibrer l'émotion sans tomber dans le mièvre et le voyeurisme.
Pour l’écriture raffinée, poétique, abordant avec douceur et finesse des sujets difficiles...
Pour les personnages décrits avec délicatesse, par petites touches comme un canevas qui se construit à points comptés.
Pour le thème original, pour cette Sardaigne secrète, coincée dans ses croyances, ses superstitions, ses non-dits, ses secrets, ses silences, ses choix ….
Pour toutes ces questions que fait surgir cet opus sur notre vie, la vie, le destin, la rencontre, les rencontres ….
Pour le bonheur de lire encore et encore des romans qui laissent une "trace"....
Pour mon fils qui m'a offert ce livre!
Cassiopée- Admin
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Emploi/loisirs : enseignante
Genre littéraire préféré : un peu tout
Date d'inscription : 17/04/2009
Re: [Murgia, Michela] Accabadora
Merci pour vos critiques, je viens de le charger sur ma liseuse!!!
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Tenir debout de Mélissa da Costa
Step- Grand sage du forum
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Genre littéraire préféré : Romans contemporains ou non, policiers/thrillers, un peu tout. Pas de BD
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