[Guelfenbein, Carla] Le reste est silence
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[Guelfenbein, Carla] Le reste est silence
Titre : Le reste est silence
Auteur : Carla Guelfenbein
Traduit de l’espagnol (Chili) Par Claude Bleton
Broché: 311 pages
Éditeur : Actes Sud (6 janvier 2010)
Collection : Lettres latino-américaines
Présentation de l'éditeur :
Tommy a douze ans, et une maladie cardiaque qui lui interdit les jeux turbulents des garçons de son âge. Caché sous une table, il s'amuse à enregistrer sur son Mp3 le joyeux verbiage d'un banquet nuptial. Et voilà que l'on parle de sa mère, brutalement disparue dix ans plus tôt. Une brèche s'ouvre dans les secrets si bien gardés d'une famille recomposée, comme il en existe tant. La vie que tous croyaient ordonnée et paisible dérape, et les liens se distendent à mesure que l'histoire se tisse. Dans les non-dits de l'autre, chacun cherche sa propre vérité. L'enfant découvre à travers la mort violente de sa mère l'improbable "faute" de la judéité. Le père voit se raviver l'abyssale impuissance à protéger ceux qu'il aime. Et la belle-mère d'affronter une fragilité qui lui vient de l'enfance, une incapacité d'aimer et d'être aimée. Le reste est silence explore avec grâce la part d'ombre de chacun - cet infime espace intime auquel même l'amour ne peut donner accès - pour rappeler que c'est l'addition de toutes ces blessures qui constitue la pierre angulaire de l'édifice familial.
Quelques mots sur l'auteur :
Carla Guelfenbein est née en 1959 à Santiago du Chili. Exilée en Angleterre après le coup d'Etat de Pinochet, elle y étudie la biologie, puis le dessin. De retour au Chili, elle travaille dans des agences de publicité. Le reste est silence est son troisième roman, en cours de traduction dans une dizaine de langues. Actes Sud a publié en 2007 : «Ma femme de ta vie ».
Mon avis:
Une couverture superbe et un titre qui, a lui seul, invite à la poésie, et me voici partie avec un auteur inconnu entre les mains …. Qui plus est une femme, chilienne …L’occasion m’était ainsi offerte d’une nouvelle approche de la littérature de ce pays.
Une narration à trois voix :
Le fils de douze ans : Tommy.
Le père : Juan, veuf.
La seconde femme du père : Alma.
Après le numéro de chaque chapitre un symbole pour annoncer qui sera le narrateur.
J’ai accordé de l’importance à ses symboles.
Une flèche montante pour le fils qui veut toujours aller plus loin dans sa quête de la vérité, qui souhaite découvrir et comprendre tous les non-dits de la famille. (« Parfois, les mots sont comme des flèches. Ils vont et viennent, blessent et tuent, comme à la guerre. »)
Un sablier pour le père, qui ne peut pas arrêter le temps. Il doit accepter que la vie avance, l’entraîne, le bouge, l’oblige à agir et que les gens, les situations évoluent. Pourtant son fils voudrait quelquefois que l’aiguille de la montre ne tourne plus et que son papa reste avec lui.
Deux vagues parallèles pour la seconde femme, indécise comme ce qui la représente, un peu comme-ci, un peu comme ça. Ne sachant pas s’il vaut mieux agir d’une façon ou d’une autre…
Trois personnages englués dans leur vie, leur silence, leurs questions, leur réserve qui les empêchent de se confier, de se parler, de s’écouter aussi.
De silences en non-dits, ils ont bâti, cahin-caha, une unité, (une famille ?) pas très stable, où chacun s’empêtre dans ses interrogations, dans ses refus de voir ce qu’il en est réellement. N’est-ce pas plus facile parfois de faire comme si plutôt que de se laisser bouleverser par le changement au risque de perdre cette belle « façade » qui, si elle n’est qu’apparence, rend service parce qu’elle évite de
« creuser », d’entendre les réponses aux questions qui font mal, qui dérangent ? ….
L’écriture est belle, bien qu’assortie malgré tout de temps à autre de quelques longueurs. Fouiller les âmes est un exercice difficile, les décrire avec des mots encore plus.
« Nous restons silencieux. Nous savons tous les deux que parfois les mots éteignent cette chaleur fragile et profonde qui enflamme les personnes. »
Carla Guelfenbein est un écrivain qui écrit avec émotion, les sensations au bout du stylo. Peut-être parfois, retient-elle trop les mots, n’osant pas se laisser aller mais je la relirai car je pense qu’elle n’ a pas donné sa pleine mesure dans ce roman …
Une narration à trois voix :
Le fils de douze ans : Tommy.
Le père : Juan, veuf.
La seconde femme du père : Alma.
Après le numéro de chaque chapitre un symbole pour annoncer qui sera le narrateur.
J’ai accordé de l’importance à ses symboles.
Une flèche montante pour le fils qui veut toujours aller plus loin dans sa quête de la vérité, qui souhaite découvrir et comprendre tous les non-dits de la famille. (« Parfois, les mots sont comme des flèches. Ils vont et viennent, blessent et tuent, comme à la guerre. »)
Un sablier pour le père, qui ne peut pas arrêter le temps. Il doit accepter que la vie avance, l’entraîne, le bouge, l’oblige à agir et que les gens, les situations évoluent. Pourtant son fils voudrait quelquefois que l’aiguille de la montre ne tourne plus et que son papa reste avec lui.
Deux vagues parallèles pour la seconde femme, indécise comme ce qui la représente, un peu comme-ci, un peu comme ça. Ne sachant pas s’il vaut mieux agir d’une façon ou d’une autre…
Trois personnages englués dans leur vie, leur silence, leurs questions, leur réserve qui les empêchent de se confier, de se parler, de s’écouter aussi.
De silences en non-dits, ils ont bâti, cahin-caha, une unité, (une famille ?) pas très stable, où chacun s’empêtre dans ses interrogations, dans ses refus de voir ce qu’il en est réellement. N’est-ce pas plus facile parfois de faire comme si plutôt que de se laisser bouleverser par le changement au risque de perdre cette belle « façade » qui, si elle n’est qu’apparence, rend service parce qu’elle évite de
« creuser », d’entendre les réponses aux questions qui font mal, qui dérangent ? ….
L’écriture est belle, bien qu’assortie malgré tout de temps à autre de quelques longueurs. Fouiller les âmes est un exercice difficile, les décrire avec des mots encore plus.
« Nous restons silencieux. Nous savons tous les deux que parfois les mots éteignent cette chaleur fragile et profonde qui enflamme les personnes. »
Carla Guelfenbein est un écrivain qui écrit avec émotion, les sensations au bout du stylo. Peut-être parfois, retient-elle trop les mots, n’osant pas se laisser aller mais je la relirai car je pense qu’elle n’ a pas donné sa pleine mesure dans ce roman …
Cassiopée- Admin
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Genre littéraire préféré : un peu tout
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Re: [Guelfenbein, Carla] Le reste est silence
Ma liste de livres à lire ne fait que s'agrandir ...
lili78- Grand sage du forum
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Re: [Guelfenbein, Carla] Le reste est silence
Cassiopée, je n'ai pas été déçue, au contraire, j'ai beaucoup aimé !
« Parfois les mots sont comme des flèches. Ils vont et viennent, blessent et tuent, comme à la guerre. Voilà pourquoi j’aime bien enregistrer les adules. Surtout quand ils parlent de leurs affaires et que soudain, comme par magie, ils éclatent tous de rire. » Tommy 12 ans, atteint d’une grave maladie cardiaque lui interdisant de trop gesticuler, s’amuse beaucoup à ce jeu, jusqu’au jour où les vieux secrets remontent à la surface.
C’est un jeu de cache-secrets mortel qui se joue dans cette famille. Comme dit Tommy, très mûr pour son âge, chacun a sa vérité, mais personne n’en parle. L’incommunicabilité comme ciment familial, on fait mieux question sérénité.
Carla Guelfenbein tresse une trame, à défaut d’une natte qui supposerait des échanges, qui m’a tenue éveillée jusqu’à la fin du livre.
Chaque personnage est représenté par un logo qui le définit parfaitement
-Sablier pour Juan, le père : le temps qui coule, le temps qu’il compte, le temps qu’il donne à ses malades, le temps qu’il ne prend pas avec Tommy, le temps des souvenirs.
- Flèche du sagittaire pour Tommy ; « parfois, les mots sont comme des flèches ». Il en reçoit beaucoup de flèches, elles sont fichées en lui et l’étouffent.
- le symbole de l’eau pour Alma, la mère ; « vers dix sept ans, ma perception du monde était celle d’une habitation remplie d’eau. » Elle vit entre deux rives, s’est construit son barrage que les évènements feront éclater.
Juan porte en lui le lourd secret de la mort de sa femme que Tommy, avec son habitude d’écouter et enregistrer les conversations en cachette, recevra en pleine figure lors d’un repas familial. Les turbulences secouent les bases de la famille, les lézardes apparaissent, les secrets remontent à la surface. Chacun essaie de nager à contre-courant puis se laisse emporter par les vagues. J’ai eu cette vision d’oiseaux se cognant à un mur de verre transparent, s’y blessant, y retournant pour mieux se blesser. Tout marche par deux : Juan et Alma, un couple où l’un domine l’autre ou, du départ, il y a un léger malentendu ; Alma et Tommy qui utilisent souvent le langage des sourds-muets pour communiquer ; Juan et Tommy qui n’arrivent pas à se parler, à se dire tout leur amour.
Un livre puissant et magnifique. Carla Guelfenbein met à nu ses personnages, éclaire leurs doutes et leurs angoisses. Son écriture, tout en retenue, renforce le sentiment de mal-être, renforce les non-dits, les secrets jusqu’à ce que, du fond de la piscine, ils donnent le coup de pied qui leur permettra d’oser.
« Parfois les mots sont comme des flèches. Ils vont et viennent, blessent et tuent, comme à la guerre. Voilà pourquoi j’aime bien enregistrer les adules. Surtout quand ils parlent de leurs affaires et que soudain, comme par magie, ils éclatent tous de rire. » Tommy 12 ans, atteint d’une grave maladie cardiaque lui interdisant de trop gesticuler, s’amuse beaucoup à ce jeu, jusqu’au jour où les vieux secrets remontent à la surface.
C’est un jeu de cache-secrets mortel qui se joue dans cette famille. Comme dit Tommy, très mûr pour son âge, chacun a sa vérité, mais personne n’en parle. L’incommunicabilité comme ciment familial, on fait mieux question sérénité.
Carla Guelfenbein tresse une trame, à défaut d’une natte qui supposerait des échanges, qui m’a tenue éveillée jusqu’à la fin du livre.
Chaque personnage est représenté par un logo qui le définit parfaitement
-Sablier pour Juan, le père : le temps qui coule, le temps qu’il compte, le temps qu’il donne à ses malades, le temps qu’il ne prend pas avec Tommy, le temps des souvenirs.
- Flèche du sagittaire pour Tommy ; « parfois, les mots sont comme des flèches ». Il en reçoit beaucoup de flèches, elles sont fichées en lui et l’étouffent.
- le symbole de l’eau pour Alma, la mère ; « vers dix sept ans, ma perception du monde était celle d’une habitation remplie d’eau. » Elle vit entre deux rives, s’est construit son barrage que les évènements feront éclater.
Juan porte en lui le lourd secret de la mort de sa femme que Tommy, avec son habitude d’écouter et enregistrer les conversations en cachette, recevra en pleine figure lors d’un repas familial. Les turbulences secouent les bases de la famille, les lézardes apparaissent, les secrets remontent à la surface. Chacun essaie de nager à contre-courant puis se laisse emporter par les vagues. J’ai eu cette vision d’oiseaux se cognant à un mur de verre transparent, s’y blessant, y retournant pour mieux se blesser. Tout marche par deux : Juan et Alma, un couple où l’un domine l’autre ou, du départ, il y a un léger malentendu ; Alma et Tommy qui utilisent souvent le langage des sourds-muets pour communiquer ; Juan et Tommy qui n’arrivent pas à se parler, à se dire tout leur amour.
Un livre puissant et magnifique. Carla Guelfenbein met à nu ses personnages, éclaire leurs doutes et leurs angoisses. Son écriture, tout en retenue, renforce le sentiment de mal-être, renforce les non-dits, les secrets jusqu’à ce que, du fond de la piscine, ils donnent le coup de pied qui leur permettra d’oser.
Re: [Guelfenbein, Carla] Le reste est silence
Mon ressenti
Un coup de cœur pour ce livre à la couverture des plus poétiques « j’irai te décrocher la lune » … J’ai été transportée et bouleversée par l’histoire de cet enfant de 12 ans. Il porte un regard sur le monde des adultes et en a une compréhension époustouflante.
Tel le vent d’une tempête, le lecteur est bousculé par le regard de trois personnages et poussé de l’un vers l’autre : Tommy (en quête de vérités, de réponses concernant la disparition de sa mère et de liberté), son père Juan grand cardiologue et chirurgien (veuf, il oscille entre culpabilité, froideur, questionnement sur son rôle de père et de mari…), Elma compagne et belle-mère (fragile et écartelée entre sa vie de famille et de femme, doutes et attentes). Le triangle de relations tissées entre ces trois personnes est édifiante : les non-dits, les blocages, la violence des ressentis qu’ils soient positifs ou négatifs, la protection, les élans… Chaque personnage est représenté par un petit symbole très caractéristique qui vient indiquer qui nous parle : la flèche du sagittaire pour Tommy, un sablier pour Juan et l’eau pour Alma. Au jeu des caches-secrets (comme le dit Tommy), chacun a sa vérité mais chacun reste muré dans son silence. Ce silence est le fil d’Ariane qui vient murer chacun dans son positionnement et ses croyances. A tour de rôle, ils feront l’expérience de l’apprentissage des mots et mettront à l’épreuve le lien du cœur.
Sans jamais faire dans le patho, l’auteure m’a tenue en haleine dans cette rencontre avec cette famille : tous ont de bonnes raisons de ne pas aller vers l’autre, s’enfermant et s’isolant un peu plus chaque jour. Ces replis viennent secouer les bases de la famille, faisant remonter les secrets. Carla Guelfenbein met chacun à nu en éclairant les claires-obscurs et faisant apparaître les doutes et les angoisses de chacun d’entre nous en fait. C’est un roman fort qui donne malgré les propos, un espoir important : tout n’est jamais jouer et tout est encore possible…
A découvrir
Un coup de cœur pour ce livre à la couverture des plus poétiques « j’irai te décrocher la lune » … J’ai été transportée et bouleversée par l’histoire de cet enfant de 12 ans. Il porte un regard sur le monde des adultes et en a une compréhension époustouflante.
Tel le vent d’une tempête, le lecteur est bousculé par le regard de trois personnages et poussé de l’un vers l’autre : Tommy (en quête de vérités, de réponses concernant la disparition de sa mère et de liberté), son père Juan grand cardiologue et chirurgien (veuf, il oscille entre culpabilité, froideur, questionnement sur son rôle de père et de mari…), Elma compagne et belle-mère (fragile et écartelée entre sa vie de famille et de femme, doutes et attentes). Le triangle de relations tissées entre ces trois personnes est édifiante : les non-dits, les blocages, la violence des ressentis qu’ils soient positifs ou négatifs, la protection, les élans… Chaque personnage est représenté par un petit symbole très caractéristique qui vient indiquer qui nous parle : la flèche du sagittaire pour Tommy, un sablier pour Juan et l’eau pour Alma. Au jeu des caches-secrets (comme le dit Tommy), chacun a sa vérité mais chacun reste muré dans son silence. Ce silence est le fil d’Ariane qui vient murer chacun dans son positionnement et ses croyances. A tour de rôle, ils feront l’expérience de l’apprentissage des mots et mettront à l’épreuve le lien du cœur.
Sans jamais faire dans le patho, l’auteure m’a tenue en haleine dans cette rencontre avec cette famille : tous ont de bonnes raisons de ne pas aller vers l’autre, s’enfermant et s’isolant un peu plus chaque jour. Ces replis viennent secouer les bases de la famille, faisant remonter les secrets. Carla Guelfenbein met chacun à nu en éclairant les claires-obscurs et faisant apparaître les doutes et les angoisses de chacun d’entre nous en fait. C’est un roman fort qui donne malgré les propos, un espoir important : tout n’est jamais jouer et tout est encore possible…
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Pinky- Grand sage du forum
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