[Choplin, Antoine] Le héron de Guernica
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[Choplin, Antoine] Le héron de Guernica
[Choplin, Antoine] Le héron de Guernica
[Choplin, Antoine]
Le héron de Guernica
Editions Rouergue Août 2011
159 pages
Présentation de l'éditeur
Avril 1937, Guernica. Quand il ne donne pas un coup de main à la ferme du vieux Julian, Basilio passe son temps à peindre des hérons cendrés dans les marais, près du pont de la Renteria. Ce matin du 26, alors que nombre d’habitants ont déjà fuit la ville dans la crainte de l’arrivée des Nationalistes, le jeune homme rejoint son poste d’observation au bord de l’eau. Amoureux d’une jeune ouvrière de la confiserie, il veut lui peindre un héron de la plus belle élégance, lui prouver sa virtuosité et son adresse de coloriste, alors que, déjà, les premiers bombardiers allemands sillonnent le ciel. Ce n’est pas que Basilio se sente extérieur au conflit, il a même tenté de s’enrôler chez les Républicains, mais on n’a pas voulu de lui. En ville, on dit de lui qu’il a un sacré coup de pinceau. Mais qui peut comprendre sa fascination pour ces oiseaux, l’énigme de leur regard, leur élégance hiératique, mais aussi leur vulnérabilité ? Peintre naïf, peut-être que ce Basilio, mais surtout artiste qui interroge la question de la représentation. Comment faire pour rendre par le pinceau la vie qui s’exprime dans le frémissement des plumes ? Questionnement peut-être plus essentiel encore dans ces temps de cruauté. Car sitôt les premières bombes incendiaires tombées sur Guernica, Basilio rejoint la ville pour voir, de ses propres yeux, l’horreur à l’oeuvre. Avec l’aide d’Eusebio, son ami prêtre, il photographie les avions allemands, pour témoigner de ce massacre. Mais comment rendre la vérité de ce qu’ils sont en train de vivre, ceux de Guernica, dans ce cadre limité de la plaque photo ? « Ce qui se voit ne compte pas plus que ce qui est invisible » dit-il.
Mon avis
Ce livre est un petit bijou de littérature tout d’abord par l’amour que porte Basilio pour la peinture et les hérons. Ensuite sur fond historique, ce petit texte est écrit d’une façon concise, poétique, intelligente et humaine, créant une multitude d’images, d’émotion et de sensations. Une écriture qui met en valeur la simplicité et la pureté de Basilio, petit peintre amateur tellement attachant. Et pourtant l’on s’interroge sur la raison du bombardement des avions allemands sur Guernica, petite ville tranquille, il semblerait que cette tragédie eut lieu pour tester leurs nouvelles armes mais ce fut aussi dénoncé comme un acte terroriste….C’est un livre sombre par ce sujet mais rendu lumineux par l’art et l’écriture. C’est à lire absolument …..5/5
Le héron de Guernica
Editions Rouergue Août 2011
159 pages
Présentation de l'éditeur
Avril 1937, Guernica. Quand il ne donne pas un coup de main à la ferme du vieux Julian, Basilio passe son temps à peindre des hérons cendrés dans les marais, près du pont de la Renteria. Ce matin du 26, alors que nombre d’habitants ont déjà fuit la ville dans la crainte de l’arrivée des Nationalistes, le jeune homme rejoint son poste d’observation au bord de l’eau. Amoureux d’une jeune ouvrière de la confiserie, il veut lui peindre un héron de la plus belle élégance, lui prouver sa virtuosité et son adresse de coloriste, alors que, déjà, les premiers bombardiers allemands sillonnent le ciel. Ce n’est pas que Basilio se sente extérieur au conflit, il a même tenté de s’enrôler chez les Républicains, mais on n’a pas voulu de lui. En ville, on dit de lui qu’il a un sacré coup de pinceau. Mais qui peut comprendre sa fascination pour ces oiseaux, l’énigme de leur regard, leur élégance hiératique, mais aussi leur vulnérabilité ? Peintre naïf, peut-être que ce Basilio, mais surtout artiste qui interroge la question de la représentation. Comment faire pour rendre par le pinceau la vie qui s’exprime dans le frémissement des plumes ? Questionnement peut-être plus essentiel encore dans ces temps de cruauté. Car sitôt les premières bombes incendiaires tombées sur Guernica, Basilio rejoint la ville pour voir, de ses propres yeux, l’horreur à l’oeuvre. Avec l’aide d’Eusebio, son ami prêtre, il photographie les avions allemands, pour témoigner de ce massacre. Mais comment rendre la vérité de ce qu’ils sont en train de vivre, ceux de Guernica, dans ce cadre limité de la plaque photo ? « Ce qui se voit ne compte pas plus que ce qui est invisible » dit-il.
Mon avis
Ce livre est un petit bijou de littérature tout d’abord par l’amour que porte Basilio pour la peinture et les hérons. Ensuite sur fond historique, ce petit texte est écrit d’une façon concise, poétique, intelligente et humaine, créant une multitude d’images, d’émotion et de sensations. Une écriture qui met en valeur la simplicité et la pureté de Basilio, petit peintre amateur tellement attachant. Et pourtant l’on s’interroge sur la raison du bombardement des avions allemands sur Guernica, petite ville tranquille, il semblerait que cette tragédie eut lieu pour tester leurs nouvelles armes mais ce fut aussi dénoncé comme un acte terroriste….C’est un livre sombre par ce sujet mais rendu lumineux par l’art et l’écriture. C’est à lire absolument …..5/5
lalyre- Grand sage du forum
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Re: [Choplin, Antoine] Le héron de Guernica
Très belle critique Lalyre, j'ai un livre dans ma PAL "Les dernières heures de Guernica" de Gordon Thomas qui m'est difficile de commencer, car je m'attends à un récit sombre et dur. Passer par un livre comme celui que tu chroniques pourrait m'aider à mieux appréhender le sujet. Je note le titre.
Invité- Invité
Re: [Choplin, Antoine] Le héron de Guernica
Merci Lalyre, je note!!
Véronique M.- Grand sage du forum
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Re: [Choplin, Antoine] Le héron de Guernica
mariejo a écrit:Très belle critique Lalyre, j'ai un livre dans ma PAL "Les dernières heures de Guernica" de Gordon Thomas qui m'est difficile de commencer, car je m'attends à un récit sombre et dur. Passer par un livre comme celui que tu chroniques pourrait m'aider à mieux appréhender le sujet. Je note le titre.
Merci mariejo et bien moi je note Les dernières heures de Guernica" de Gordon Thomas qui est dans ta pal
Bonne lecture:flower:
lalyre- Grand sage du forum
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Re: [Choplin, Antoine] Le héron de Guernica
Je viens de voir que sur le site de ma médiathèque, il est en commande. Quand ils l'auront je le réserve.
A toi aussi bonnes lectures
A toi aussi bonnes lectures
Invité- Invité
Re: [Choplin, Antoine] Le héron de Guernica
Cette sélection de livres issus de la rentrée de l'automne 2011 est décidément une ruche de bons livres.
Ce livre nous plonge dans la vie de Basilio, jeune homme simple, artiste peintre animalier à ses heures de loisir, jeune espagnol d'une commune obscure jusque là ; Guernica.
Antoine Choplin fait le pari de nous faire vivre de l'intérieur cette terrible journée de 1937, où les bombardiers allemands, alliés des fascistes espagnols, entreprirent de raser ce village sans histoire. Basilio, notre héros va nous faire le récit de ce bombardement avec les yeux du peintre, retracer les dernières heures de ce village où venait de se dérouler le marché traditionnel, les bombardements, les cris et images des victimes avec un regard avisé, celui du peintre qui étudie les détails mais sans voyeurisme. Cela, alors même qu'il s'acharnait, par volonté de séduire Celestina (au destin tragique car victime du bombardement) à reproduire les traits et caractéristiques d'un héron cendré dont il est l'admirateur.
Confronté à l'horreur, à cette apocalypse, les scènes rapportées, le sont, alors que Basilio se rend à l'exposition Universelle de Paris par la volonté du curé de sa paroisse, le Père Eusébio. Il se rejoue le drame devant la peinture de Picasso , "Guernica" exposée à cette occasion. Envoyé par le curé pour témoigner à Picasso de ce qu'il a vécu, afin de confronter leur art et de lui faire comprendre toute l'intensité de ce drame, la rencontre aura t'elle lieu ?
Parmi les images choc reprises par Antoine Choplin, on ne peut manquer cette description des taureaux en feu s'échappant de la grange de Guernica, d'autant plus crédible que l'on va les retrouver sur la toile de Picasso dont il faut avoir sous les yeux la toilepour encore mieux s'impregner de ce livre.
Très belle écriture, un livre à vraiment découvrir.
Ce livre nous plonge dans la vie de Basilio, jeune homme simple, artiste peintre animalier à ses heures de loisir, jeune espagnol d'une commune obscure jusque là ; Guernica.
Antoine Choplin fait le pari de nous faire vivre de l'intérieur cette terrible journée de 1937, où les bombardiers allemands, alliés des fascistes espagnols, entreprirent de raser ce village sans histoire. Basilio, notre héros va nous faire le récit de ce bombardement avec les yeux du peintre, retracer les dernières heures de ce village où venait de se dérouler le marché traditionnel, les bombardements, les cris et images des victimes avec un regard avisé, celui du peintre qui étudie les détails mais sans voyeurisme. Cela, alors même qu'il s'acharnait, par volonté de séduire Celestina (au destin tragique car victime du bombardement) à reproduire les traits et caractéristiques d'un héron cendré dont il est l'admirateur.
Confronté à l'horreur, à cette apocalypse, les scènes rapportées, le sont, alors que Basilio se rend à l'exposition Universelle de Paris par la volonté du curé de sa paroisse, le Père Eusébio. Il se rejoue le drame devant la peinture de Picasso , "Guernica" exposée à cette occasion. Envoyé par le curé pour témoigner à Picasso de ce qu'il a vécu, afin de confronter leur art et de lui faire comprendre toute l'intensité de ce drame, la rencontre aura t'elle lieu ?
Parmi les images choc reprises par Antoine Choplin, on ne peut manquer cette description des taureaux en feu s'échappant de la grange de Guernica, d'autant plus crédible que l'on va les retrouver sur la toile de Picasso dont il faut avoir sous les yeux la toilepour encore mieux s'impregner de ce livre.
Très belle écriture, un livre à vraiment découvrir.
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Lectures en cours :
Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli
Pourquoi le saut des baleines de Nicolas Cavaillés
Un loup quelque part d'Amélie Cordonnier.
La pensée du moment :
"Les Hommes sont malheureux parce qu'ils ne réalisent pas les rêves qu'ils ont" Jacques Brel.
Re: [Choplin, Antoine] Le héron de Guernica
●○● Un livre touchant et poignant.
Basilio paraît simplet au premier abord. Gauche, naïf, mais on le découvre doté d'une profondeur peu commune.
Ce roman parle des méfaits de la guerre, des dernières heures de ce village, Guernica qui a été dévasté et rasé, de ses victimes.
Mais tout est relaté du côté de l'art, de ces hérons que Basilio peint qui sont un témoignage de ce massacre.
Une histoire bouleversante qui ne nous laisse pas indemne après la lecture.
Un style poétique et déroutant pour moi au niveau de la ponctuation.
Un livre qu'une habituée de la bibliothèque m'a prêté et je l'en remercie pour cette découverte. ●○●
Note : 2.5/3
Basilio paraît simplet au premier abord. Gauche, naïf, mais on le découvre doté d'une profondeur peu commune.
Ce roman parle des méfaits de la guerre, des dernières heures de ce village, Guernica qui a été dévasté et rasé, de ses victimes.
Mais tout est relaté du côté de l'art, de ces hérons que Basilio peint qui sont un témoignage de ce massacre.
Une histoire bouleversante qui ne nous laisse pas indemne après la lecture.
Un style poétique et déroutant pour moi au niveau de la ponctuation.
Un livre qu'une habituée de la bibliothèque m'a prêté et je l'en remercie pour cette découverte. ●○●
Note : 2.5/3
Re: [Choplin, Antoine] Le héron de Guernica
C’est dans une petite ville basque, devenue tristement célèbre par son bombardement, passée à la postérité grâce au talent de Picasso, que Choplin choisit de faire vivre Basilio.
Pas n’importe quand bien sûr, quelques jours, quelques heures seulement avant l’horreur, avant que des hommes ne détruisent d’autres hommes.
Il a l’âme pure Basilio, il peint uniquement des hérons, mais il veut absolument leur donner cette étincelle de vie, ce petit plus qui fait toute la différence. Il y tient d’autant plus qu’il veut l’offrir, ce héron, à Celestina,
Alors qu’il observe un superbe héron cendré, et tente de poser sur la toile ses observations, le bombardement commence.
Choplin nous fait vivre, à travers le regard de Basilio toute l’horreur de ces heures noires. Les gens qui fuient ou cherchent des abris, la recherche désespérée des êtres aimés et qu’on ne retrouve pas. La ville en feu, les humains déchiquetés, les taureaux … , c’était jour de marché, à Guernica !
Alors, il va le peindre, pour Célestina qui n’est plus, ce héron, ce superbe Héron cendré, avec de la peinture et du sang. Il en fait une toile tellement vivante que le père Eusébio lui suggère d’aller à l’exposition universelle et de montrer sa peinture au maître, au grand Picasso.
J’ai lu ce livre comme je lis un poème, en goutant au plaisir de chaque mot, de chaque phrase. Rien de banal, rien de sordide, un regard pur, des mots superbes.
Je remercie Partage lecture et les éditions Points pour ce partenariat.
Les lectures de Joëlle
Pas n’importe quand bien sûr, quelques jours, quelques heures seulement avant l’horreur, avant que des hommes ne détruisent d’autres hommes.
Il a l’âme pure Basilio, il peint uniquement des hérons, mais il veut absolument leur donner cette étincelle de vie, ce petit plus qui fait toute la différence. Il y tient d’autant plus qu’il veut l’offrir, ce héron, à Celestina,
Alors qu’il observe un superbe héron cendré, et tente de poser sur la toile ses observations, le bombardement commence.
Choplin nous fait vivre, à travers le regard de Basilio toute l’horreur de ces heures noires. Les gens qui fuient ou cherchent des abris, la recherche désespérée des êtres aimés et qu’on ne retrouve pas. La ville en feu, les humains déchiquetés, les taureaux … , c’était jour de marché, à Guernica !
Alors, il va le peindre, pour Célestina qui n’est plus, ce héron, ce superbe Héron cendré, avec de la peinture et du sang. Il en fait une toile tellement vivante que le père Eusébio lui suggère d’aller à l’exposition universelle et de montrer sa peinture au maître, au grand Picasso.
J’ai lu ce livre comme je lis un poème, en goutant au plaisir de chaque mot, de chaque phrase. Rien de banal, rien de sordide, un regard pur, des mots superbes.
Je remercie Partage lecture et les éditions Points pour ce partenariat.
Les lectures de Joëlle
Dernière édition par joëlle le Ven 24 Jan 2020 - 10:23, édité 1 fois
joëlle- Modérateur
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Re: [Choplin, Antoine] Le héron de Guernica
Mon avis
Un immense merci aux éditions Points et à PartageLecture pour cette lecture poétique qui est un coup de coeur.
« Comme chaque fois, il s’émerveille de la dignité de sa posture. »
Basilio observe, dans le silence de l’affût, le héron. Il le regarde, et, admiratif, souhaite le peindre pour immortaliser l’instant de grâce… Le peindre, oui, mais le peindre pour le garder vivant, éternel ….
C’est un poète à ses heures, cet homme simple qui vit sans complications.
De quoi a-t-il besoin ? De la nature, de ses amis, de sa famille mais surtout du héron dont la contemplation semble l’apaiser, et même lui apporter l’essentiel : la sérénité. S’il pouvait le réussir ce tableau, il l’offrirait à celle qu’il aime…
Un temps ….
Et là, monte l’embrasement, les mots restent réfléchis, choisis mais se bousculent un peu, comme ces personnes qui fuient, souffrent, hurlent, sous nos yeux et ceux de Basilio ….
« Le vacarme croît et chante curieusement dans l’espace du conduit en faisant vibrer le béton. »
L’écriture reste poétique, le phrasé soigné, mais l’horreur est bien présente. Les phrases sont courtes, donnant un rythme cadencé comme dans un long poème.
Un temps ….
Car c’est bien de cela qu’il s’agit envers et contre tout : mettre l’Art au service de la mémoire de l’homme.
Que ce soit avec le héron, immobile au milieu du fracas, seule touche de liberté.
Que ce soit avec le tableau de Picasso, dur et violent pour ne pas oublier.
Que ce soit avec ce bijou littéraire que nous offre Antoine Choplin. La musique de ses mots distille une histoire qu’il nous murmure à l’oreille comme une broderie à points comptés prenant vie sous nos yeux.
Un immense merci aux éditions Points et à PartageLecture pour cette lecture poétique qui est un coup de coeur.
« Comme chaque fois, il s’émerveille de la dignité de sa posture. »
Basilio observe, dans le silence de l’affût, le héron. Il le regarde, et, admiratif, souhaite le peindre pour immortaliser l’instant de grâce… Le peindre, oui, mais le peindre pour le garder vivant, éternel ….
C’est un poète à ses heures, cet homme simple qui vit sans complications.
De quoi a-t-il besoin ? De la nature, de ses amis, de sa famille mais surtout du héron dont la contemplation semble l’apaiser, et même lui apporter l’essentiel : la sérénité. S’il pouvait le réussir ce tableau, il l’offrirait à celle qu’il aime…
Un temps ….
Et là, monte l’embrasement, les mots restent réfléchis, choisis mais se bousculent un peu, comme ces personnes qui fuient, souffrent, hurlent, sous nos yeux et ceux de Basilio ….
« Le vacarme croît et chante curieusement dans l’espace du conduit en faisant vibrer le béton. »
L’écriture reste poétique, le phrasé soigné, mais l’horreur est bien présente. Les phrases sont courtes, donnant un rythme cadencé comme dans un long poème.
Un temps ….
Car c’est bien de cela qu’il s’agit envers et contre tout : mettre l’Art au service de la mémoire de l’homme.
Que ce soit avec le héron, immobile au milieu du fracas, seule touche de liberté.
Que ce soit avec le tableau de Picasso, dur et violent pour ne pas oublier.
Que ce soit avec ce bijou littéraire que nous offre Antoine Choplin. La musique de ses mots distille une histoire qu’il nous murmure à l’oreille comme une broderie à points comptés prenant vie sous nos yeux.
Cassiopée- Admin
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Re: [Choplin, Antoine] Le héron de Guernica
Merci au forum Partage-Lecture et aux éditions Points pour ce partenariat.
Mon avis :
Comment représenter Guernica ? Comment raconter ce qui s'est passé là-bas ? Bien sûr, il y a le tableau de Pablo Picasso, que tout le monde connaît, que la quasi-totalité des collégiens de France aura étudié dans le cadre de l'histoire des arts, en 3e. Il est d'ailleurs le point de départ de ce roman, puisque Basilio se rend à Paris pour voir la toile et rencontrer Picasso, qui a peint Guernica sans avoir été là le jour du bombardement. Il y a aussi, désormais, ce roman.
J'hésite, d'ailleurs, avec ce terme : roman. Le héron de Guernica, avec ses paragraphes en forme de strophe, son rythme particulier, qui épouse le langage de Basilio, ses images, l'importance accordée aux sonorités, la précision des descriptions, me fait davantage penser à un poème en prose.
Le point de vue adopté est celui de Basilio, un jeune homme qui aurait voulu être soldat, mais que l'armée a refusé. Alors il travaille auprès de Julian, il se rend au marché pour vendre cochon et haricots, il va au bal, il peint un héron dans les marais, il essaie de le rendre vivant, de le représenter de la manière la plus juste possible et n'y parvient pas. Autour de lui, la vie poursuit son cours, malgré la guerre, malgré les soldats qui vont et viennent, malgré les nouvelles qui ne sont pas bonnes. Et survient le bombardement.
Témoigner, comment ? C'est la question que se pose le père Eusébio, double terre à terre de Basilio, qui prend des photos, inlassablement, pour montrer : il sait déjà que le témoignage oral des survivants ne suffira pas. Et quand l'auteur nous décrit la ville, les flammes, les destructions, et Basilio qui erre dans la ville, à la recherche des siens (son oncle Augusto, Julian, mais aussi Celestina, ou Rapha, dont la famille voulait partir), je suis toujours étonnée que l'on puisse survivre à tant de dévastations. La narration ne cherche pas une surenchère dans l'horreur, les détails les plus frappants, les plus significations sont montrés, racontés, ils n'en sont que plus frappants. De même, la toile de Picasso ne sera pas décrite : le héron de Guernica est une oeuvre à part entière, pas l'explication d'une autre oeuvre.
Le héron de Guernica est un roman à lire, tout simplement.
Comment représenter Guernica ? Comment raconter ce qui s'est passé là-bas ? Bien sûr, il y a le tableau de Pablo Picasso, que tout le monde connaît, que la quasi-totalité des collégiens de France aura étudié dans le cadre de l'histoire des arts, en 3e. Il est d'ailleurs le point de départ de ce roman, puisque Basilio se rend à Paris pour voir la toile et rencontrer Picasso, qui a peint Guernica sans avoir été là le jour du bombardement. Il y a aussi, désormais, ce roman.
J'hésite, d'ailleurs, avec ce terme : roman. Le héron de Guernica, avec ses paragraphes en forme de strophe, son rythme particulier, qui épouse le langage de Basilio, ses images, l'importance accordée aux sonorités, la précision des descriptions, me fait davantage penser à un poème en prose.
Le point de vue adopté est celui de Basilio, un jeune homme qui aurait voulu être soldat, mais que l'armée a refusé. Alors il travaille auprès de Julian, il se rend au marché pour vendre cochon et haricots, il va au bal, il peint un héron dans les marais, il essaie de le rendre vivant, de le représenter de la manière la plus juste possible et n'y parvient pas. Autour de lui, la vie poursuit son cours, malgré la guerre, malgré les soldats qui vont et viennent, malgré les nouvelles qui ne sont pas bonnes. Et survient le bombardement.
Témoigner, comment ? C'est la question que se pose le père Eusébio, double terre à terre de Basilio, qui prend des photos, inlassablement, pour montrer : il sait déjà que le témoignage oral des survivants ne suffira pas. Et quand l'auteur nous décrit la ville, les flammes, les destructions, et Basilio qui erre dans la ville, à la recherche des siens (son oncle Augusto, Julian, mais aussi Celestina, ou Rapha, dont la famille voulait partir), je suis toujours étonnée que l'on puisse survivre à tant de dévastations. La narration ne cherche pas une surenchère dans l'horreur, les détails les plus frappants, les plus significations sont montrés, racontés, ils n'en sont que plus frappants. De même, la toile de Picasso ne sera pas décrite : le héron de Guernica est une oeuvre à part entière, pas l'explication d'une autre oeuvre.
Le héron de Guernica est un roman à lire, tout simplement.
Sharon- Modérateur
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Re: [Choplin, Antoine] Le héron de Guernica
Ce court roman nous raconte la vie de Basilio, habitant de Guernica.
Ma fille venant d'achever sa troisième, j'ai eu le droit d'entendre parler de Guernica une bonne partie de l'année (épreuve au brevet). J'ai été d'autant plus sensible à ce roman que j'avais eu les explications dans le détail du fameux tableau de Picasso et qu'il était présent dans mon esprit pendant toute ma lecture. Du reste, même si ce tableau est presque un personnage du roman, il est finalement peu décrit. Car ce n'est pas l'important ici.
Nous suivons en temps réel ce jeune homme, Basilio. C'est une personne simple et attachante. Il travaille chez un vieux paysan, va au bal toutes les semaines, a un coup de cœur pour une villageoise et surtout, il s'échappe pour exercer son art, la peinture. Moi qui ne suis pas douée de mes mains, j'ai eu envie d'avoir un pinceau à la main tellement il semble aimer peindre. On l'envie et on aimerait être aussi passionné que lui.
Il peint son modèle favori, le héron cendré quand les bombardements commencent. Nous suivons Basilio dans le village, à la recherche de ses proches. L'impensable arrive, le village est quasiment décimé.
La force de ce roman est de ne pas chercher à interpréter les émotions, les ressentis des personnages. Il y a "seulement" des descriptions précises, nettes, qui peignent un tableau au lecteur. Le cœur serré, nous avons l'impression d'être sur place, en comprenant en même temps qu'eux l'horreur.
Il n'y a aucune analyse ni interprétation post-guerre, juste les faits, bruts, violents, inimaginables. Ses victimes sont là, humains, mais aussi le héron de Guernica, si majestueux et tellement émouvant, qui laisse en cadeau au peintre son sang, la peinture de ce jour maudit.
Je remercie les éditions Points et le forum Partage Lecture pour ce partenariat.
Ma fille venant d'achever sa troisième, j'ai eu le droit d'entendre parler de Guernica une bonne partie de l'année (épreuve au brevet). J'ai été d'autant plus sensible à ce roman que j'avais eu les explications dans le détail du fameux tableau de Picasso et qu'il était présent dans mon esprit pendant toute ma lecture. Du reste, même si ce tableau est presque un personnage du roman, il est finalement peu décrit. Car ce n'est pas l'important ici.
Nous suivons en temps réel ce jeune homme, Basilio. C'est une personne simple et attachante. Il travaille chez un vieux paysan, va au bal toutes les semaines, a un coup de cœur pour une villageoise et surtout, il s'échappe pour exercer son art, la peinture. Moi qui ne suis pas douée de mes mains, j'ai eu envie d'avoir un pinceau à la main tellement il semble aimer peindre. On l'envie et on aimerait être aussi passionné que lui.
Il peint son modèle favori, le héron cendré quand les bombardements commencent. Nous suivons Basilio dans le village, à la recherche de ses proches. L'impensable arrive, le village est quasiment décimé.
La force de ce roman est de ne pas chercher à interpréter les émotions, les ressentis des personnages. Il y a "seulement" des descriptions précises, nettes, qui peignent un tableau au lecteur. Le cœur serré, nous avons l'impression d'être sur place, en comprenant en même temps qu'eux l'horreur.
Il n'y a aucune analyse ni interprétation post-guerre, juste les faits, bruts, violents, inimaginables. Ses victimes sont là, humains, mais aussi le héron de Guernica, si majestueux et tellement émouvant, qui laisse en cadeau au peintre son sang, la peinture de ce jour maudit.
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Cassiopée- Admin
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Re: [Choplin, Antoine] Le héron de Guernica
Elles sont superbes tes photos Cassiopée…C'est toi l'artiste?
joëlle- Modérateur
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Re: [Choplin, Antoine] Le héron de Guernica
joëlle a écrit:Elles sont superbes tes photos Cassiopée…C'est toi l'artiste?
Non, non, je n'ai pas voulu mettre les miennes.
Cassiopée- Admin
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Re: [Choplin, Antoine] Le héron de Guernica
Mon avis :
Antoine Choplin s’inspire du tableau de Picasso, Guernica, pour donner corps à son récit. Il fait revivre sous nos yeux les corps démembrés, mutilés, les âmes privées de vie de l’œuvre du maître, leur donne une existence, en fait des êtres de chair et de sang avant, pendant et après la barbarie allemande avec une écriture simple et profonde, délicate, sensible et poétique, qui va au cœur des choses et ressemble beaucoup à son personnage principal, Basilio, un homme simple, vrai, modeste, avec une sensibilité d’artiste, un regard acéré sur les êtres qui l’entourent, qui voit le visible et l’invisible, ce que les autres ne voient pas ou plus, comme la splendeur d’un vol de héron, même pendant les bombardements aériens, qui mutilent sa ville et ses habitants.
« Quand même, il doit falloir une sacrée patience, dit le soldat.
Faut surtout avoir très envie de regarder, dit Basilio. De bien regarder les choses. Le héron, ce qu’on peut en voir, et tout ce qu’on ne peut pas. Aussi, tout ce qui l’entoure. Tout ce qu’il y a dans l’air qu’on respire, le héron, toi et moi. C’est surtout cette envie-là qu’il faut. »
« Evidemment, dit le curé. Tu vois, je me demande si, toi et moi, on s’intéresse pas aux mêmes choses en fait.
Basilio lève les yeux.
Toutes les choses qu’on ne voit pas. Tout ce qui palpite sans figurer sur les images, ce qu’on éprouve avec force et qui se refuse à nos sens premiers. Et dont on voudrait tellement témoigner pourtant.
Ah oui, ça c’est vrai, cette envie de témoigner, dit Basilio. »
Il voudrait témoigner de la dignité, la majesté du héron en rendant son regard intense, en exprimant toute son intériorité tout comme sa beauté extérieure, cette palpitation qui vibre en lui, même lorsqu’il est à l’arrêt mais en perfectionniste, il n’est jamais satisfait de sa représentation de l’animal, qu’il sait ne pas être la réalité mais une vision des choses, une infime partie d’un tout figé à un instant T. L’auteur donne ainsi lui aussi sa représentation des événements liés à la guerre civile espagnole, souvent peu évoquée chez nous, à travers Guernica, mais aussi à travers les expériences de tous ses personnages, soldats et civils, il évoque plus globalement les exactions des nationalistes comme la colonne Madrid et son boucher, Yagüe, responsable du massacre de Badajoz et s’inscrit dans la réalité historique en lui donnant un visage, celui de Basilio mais aussi ceux d’Antonio, Celestina, l’oncle Augusto et le vieux Julian, Maria, Bolin et les autres, il lui donne une consistance, évoque la vie avant d’invoquer la mort, ce qui est d’autant plus tangible, touchant et déchirant en même temps. La beauté des choses et l’horreur s’entrecroisent ici, prenant le lecteur à la gorge pour ne jamais le quitter.
Une très belle lecture que je conseille à tous, vibrant hommage aux victimes de Guernica.
« Il y a cette nuit qui se profile, comme la veille. Et ce monde qui continue à valser, et la lune imperturbable.
Et son corps fatigué et transpercé d’images, et l’infinie procession des choses. Et son corps fatigué, transpercé d’images mais indivisible, venu à bout, vaille que vaille, des heures de cette journée.
Basilio, toujours lui, seulement entaillé d’une journée de plus. »
Un grand merci aux éditions Points et au forum Partage Lecture pour cette belle découverte.
Antoine Choplin s’inspire du tableau de Picasso, Guernica, pour donner corps à son récit. Il fait revivre sous nos yeux les corps démembrés, mutilés, les âmes privées de vie de l’œuvre du maître, leur donne une existence, en fait des êtres de chair et de sang avant, pendant et après la barbarie allemande avec une écriture simple et profonde, délicate, sensible et poétique, qui va au cœur des choses et ressemble beaucoup à son personnage principal, Basilio, un homme simple, vrai, modeste, avec une sensibilité d’artiste, un regard acéré sur les êtres qui l’entourent, qui voit le visible et l’invisible, ce que les autres ne voient pas ou plus, comme la splendeur d’un vol de héron, même pendant les bombardements aériens, qui mutilent sa ville et ses habitants.
« Quand même, il doit falloir une sacrée patience, dit le soldat.
Faut surtout avoir très envie de regarder, dit Basilio. De bien regarder les choses. Le héron, ce qu’on peut en voir, et tout ce qu’on ne peut pas. Aussi, tout ce qui l’entoure. Tout ce qu’il y a dans l’air qu’on respire, le héron, toi et moi. C’est surtout cette envie-là qu’il faut. »
« Evidemment, dit le curé. Tu vois, je me demande si, toi et moi, on s’intéresse pas aux mêmes choses en fait.
Basilio lève les yeux.
Toutes les choses qu’on ne voit pas. Tout ce qui palpite sans figurer sur les images, ce qu’on éprouve avec force et qui se refuse à nos sens premiers. Et dont on voudrait tellement témoigner pourtant.
Ah oui, ça c’est vrai, cette envie de témoigner, dit Basilio. »
Il voudrait témoigner de la dignité, la majesté du héron en rendant son regard intense, en exprimant toute son intériorité tout comme sa beauté extérieure, cette palpitation qui vibre en lui, même lorsqu’il est à l’arrêt mais en perfectionniste, il n’est jamais satisfait de sa représentation de l’animal, qu’il sait ne pas être la réalité mais une vision des choses, une infime partie d’un tout figé à un instant T. L’auteur donne ainsi lui aussi sa représentation des événements liés à la guerre civile espagnole, souvent peu évoquée chez nous, à travers Guernica, mais aussi à travers les expériences de tous ses personnages, soldats et civils, il évoque plus globalement les exactions des nationalistes comme la colonne Madrid et son boucher, Yagüe, responsable du massacre de Badajoz et s’inscrit dans la réalité historique en lui donnant un visage, celui de Basilio mais aussi ceux d’Antonio, Celestina, l’oncle Augusto et le vieux Julian, Maria, Bolin et les autres, il lui donne une consistance, évoque la vie avant d’invoquer la mort, ce qui est d’autant plus tangible, touchant et déchirant en même temps. La beauté des choses et l’horreur s’entrecroisent ici, prenant le lecteur à la gorge pour ne jamais le quitter.
Une très belle lecture que je conseille à tous, vibrant hommage aux victimes de Guernica.
« Il y a cette nuit qui se profile, comme la veille. Et ce monde qui continue à valser, et la lune imperturbable.
Et son corps fatigué et transpercé d’images, et l’infinie procession des choses. Et son corps fatigué, transpercé d’images mais indivisible, venu à bout, vaille que vaille, des heures de cette journée.
Basilio, toujours lui, seulement entaillé d’une journée de plus. »
Un grand merci aux éditions Points et au forum Partage Lecture pour cette belle découverte.
Invité- Invité
Re: [Choplin, Antoine] Le héron de Guernica
Un roman court qui m'a permis de revoir cette terrible journée à Guernica et le tableau de Picasso.
Les descriptions ne sont pas sanguinolentes, elles arrivent même à être poétiques !
Un bel hommage, il n'y en a jamais assez, à toutes ces victimes de cette guerre fratricide.
Les descriptions ne sont pas sanguinolentes, elles arrivent même à être poétiques !
Un bel hommage, il n'y en a jamais assez, à toutes ces victimes de cette guerre fratricide.
marie do- Grand sage du forum
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