[Mc Cann, Colum] Les saisons de la nuit
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Votre avis sur Les saisons de la nuit de Colum Mc Cann
[Mc Cann, Colum] Les saisons de la nuit
Titre : Les saisons de la nuit.
Auteur : Colum McCann
Editeur : Belfond
Nombre de pages : 321.
Quatrième de couverture (emprunté à Amazon.fr, j'ai dû rendre le livre)
" Ce roman parle de New York, d'amour, de mariages mixtes, de terrassiers qui creusent des tunnels, de bâtisseurs de gratte-ciel qui dansent sur des poutrelles à des centaines de mètres au-dessus de la ville. C'est peut-être le premier vrai roman consacré aux sans-abri, à ceux qui vivent au-dessous et à l'écart de la cité prospère. On sent que Colum McCann a fréquenté ces lieux-là : dans une langue qui procure un plaisir presque physique, il évoque avec une rare puissance ce présent qui empeste et ce passé qui oppresse. "
Mon avis :
Dans Mort à Harvard d'Amanda Cross, New York est une ville magnifique, où il fait bon vivre. Une ville "propre" et soignée. Les saisons de la nuit montre l'envers du décor.
Ce livre ne s'apprivoise pas facilement, parce qu'il renvoie à l'histoire méconnue des laissés-pour-compte de Manhattan. Ceux qui ont permis que Manhattan existe, les ouvriers, comme Nathan, qui ont construit le métro ou, plus proche de nous, Treefog, SDF qui vit, comme beaucoup de gens (à mon grand étonnement) dans le sous-sol déserté de la ville.
Du riche univers new yorkais, nous ne saurons pas grand chose - quelle importance ? Tant d'auteurs en ont parlé, parfois de façon fort clinquante, que nous avons tous ces images à l'esprit, sans parler des très nombreuses séries télévisées qui s'y déroule. L'apprêté de l'écriture de Colum Mc Cann est telle que j'ai souvent pensé à Toni Morrisson.
Le récit est découpé en deux instrigues parallèles un chapitre sur deux est consacré à une histoire. Pour qualifier Nathan Walker et Treefog, je n'ai pas envie d'utiliser le terme d'anti-héros, car il signifierait qu'ils sont antipathiques ou remplis de défauts. Ils ont bien plus de courage à mener leur vie que d'autres à la leur gâcher en permanence.
Les saisons de la nuit est l'histoire de tous ces immigrés qui tentent de s'intégrer dans le melting pot américain. La bétise des préjugés (y compris chez des personnes qui enseignent l'amour du prochain) prêterait presque à sourire n'étaient les souffrances qu'endurent Nathan, Eleonora et Clarence à cause de cette bétise.
Les saisons de la nuit est une fresque sublime.
Auteur : Colum McCann
Editeur : Belfond
Nombre de pages : 321.
Quatrième de couverture (emprunté à Amazon.fr, j'ai dû rendre le livre)
" Ce roman parle de New York, d'amour, de mariages mixtes, de terrassiers qui creusent des tunnels, de bâtisseurs de gratte-ciel qui dansent sur des poutrelles à des centaines de mètres au-dessus de la ville. C'est peut-être le premier vrai roman consacré aux sans-abri, à ceux qui vivent au-dessous et à l'écart de la cité prospère. On sent que Colum McCann a fréquenté ces lieux-là : dans une langue qui procure un plaisir presque physique, il évoque avec une rare puissance ce présent qui empeste et ce passé qui oppresse. "
Mon avis :
Dans Mort à Harvard d'Amanda Cross, New York est une ville magnifique, où il fait bon vivre. Une ville "propre" et soignée. Les saisons de la nuit montre l'envers du décor.
Ce livre ne s'apprivoise pas facilement, parce qu'il renvoie à l'histoire méconnue des laissés-pour-compte de Manhattan. Ceux qui ont permis que Manhattan existe, les ouvriers, comme Nathan, qui ont construit le métro ou, plus proche de nous, Treefog, SDF qui vit, comme beaucoup de gens (à mon grand étonnement) dans le sous-sol déserté de la ville.
Du riche univers new yorkais, nous ne saurons pas grand chose - quelle importance ? Tant d'auteurs en ont parlé, parfois de façon fort clinquante, que nous avons tous ces images à l'esprit, sans parler des très nombreuses séries télévisées qui s'y déroule. L'apprêté de l'écriture de Colum Mc Cann est telle que j'ai souvent pensé à Toni Morrisson.
Le récit est découpé en deux instrigues parallèles un chapitre sur deux est consacré à une histoire. Pour qualifier Nathan Walker et Treefog, je n'ai pas envie d'utiliser le terme d'anti-héros, car il signifierait qu'ils sont antipathiques ou remplis de défauts. Ils ont bien plus de courage à mener leur vie que d'autres à la leur gâcher en permanence.
Les saisons de la nuit est l'histoire de tous ces immigrés qui tentent de s'intégrer dans le melting pot américain. La bétise des préjugés (y compris chez des personnes qui enseignent l'amour du prochain) prêterait presque à sourire n'étaient les souffrances qu'endurent Nathan, Eleonora et Clarence à cause de cette bétise.
Les saisons de la nuit est une fresque sublime.
Sharon- Modérateur
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Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Mc Cann, Colum] Les saisons de la nuit
De 1916 à 1991, la même misère crasse règne sur l’envers du décor new-yorkais. Au début du siècle, le terrassier Nathan Walker est embauché au creusement des tunnels ferroviaires sous la ville. Il y risque sa vie dans des conditions innommables, gagnant juste de quoi subsister avec sa famille dans un taudis du Lower East Side. Soixante-quinze ans plus tard, le sans-abri Treefrog vit comme un rat dans un recoin de ces mêmes tunnels, sous Riverside Park, en plein Manhattan. Il est l’un de ces exclus formant à New York une cour des miracles confinée à l’abri des regards, sous la surface indifférente de la ville.
Des milliers de kilomètres de galeries forment les entrailles de New York : tunnels de métro, circuits d’adduction d’eau et canalisations d’égout, réseau de vapeur sous pression chauffant la ville, caves et salles autrefois aménagées en habitations pour les ouvriers qui creusaient ce dédale déployé sur dix-huit niveaux. S’y est progressivement réfugié tout un peuple-taupe, communauté invisible de déclassés clochardisés dont certains n’ont pas vu le jour depuis des années, monde inversé dont la ville en surface n’a bien souvent même pas conscience et où règnent obscurité, froid, peur et désespoir...
L’auteur, qui, à vingt-et-un ans, quittait son Irlande natale pour sillonner les Etats-Unis à bicyclette, exerçant mille petits boulots et croisant nombre de marginaux et de laissés-pour-compte, nourrit sa narration d’une expérience humaine qui lui confère authenticité et épaisseur. Transparents héros du quotidien, à réaliser silencieusement des tâches ingrates, souvent physiques, parfois dangereuses, qui, en échange de leur usure, les empêchent tout juste de ne pas sombrer dans une totale précarité ; misérables tombés pour de bon dans le bac à ordures de la société, relégués en des marges dont on détourne le regard : c’est une galerie de personnages méprisés et maltraités que l’écrivain met en lumière dans ce roman, leur redonnant humanité et dignité dans une évocation très largement impressionnante.
Nombreuses sont les scènes choc, à commencer par le spectaculaire accident venu ponctuer, en 1916, l’épique et mortel creusement du tunnel ferroviaire sous l’East River, mais aussi les vertigineuses et insensées acrobaties de ces « hommes-araignées » employés à la construction des gratte-ciel, et enfin, bien sûr, ce dantesque labyrinthe souterrain où, depuis les années soixante-dix, vient se terrer une population croissante de déshérités, réduits à partager l’existence des taupes et des rats. S’y mêlent blancs et noirs ; hommes, femmes, et même des enfants : tous avalés par la bête monstrueuse que paraît la ville de New York, coincés dans ses viscères enchevêtrés et obscurs pour une existence de pur cauchemar.
Jamais l’on ne s’ennuie dans cette vaste fresque couvrant plusieurs générations d’une même famille pour revenir inlassablement buter, en incessants allers-retours temporels, sur le destin souterrain d’un sans-abri à l’identité mystérieuse. Un livre magistral, reflet d’une réalité sociale qui, en ce qui concerne la frange des déshérités de l’Amérique, ne semble guère avoir progressé depuis un siècle. Coup de coeur.
Des milliers de kilomètres de galeries forment les entrailles de New York : tunnels de métro, circuits d’adduction d’eau et canalisations d’égout, réseau de vapeur sous pression chauffant la ville, caves et salles autrefois aménagées en habitations pour les ouvriers qui creusaient ce dédale déployé sur dix-huit niveaux. S’y est progressivement réfugié tout un peuple-taupe, communauté invisible de déclassés clochardisés dont certains n’ont pas vu le jour depuis des années, monde inversé dont la ville en surface n’a bien souvent même pas conscience et où règnent obscurité, froid, peur et désespoir...
L’auteur, qui, à vingt-et-un ans, quittait son Irlande natale pour sillonner les Etats-Unis à bicyclette, exerçant mille petits boulots et croisant nombre de marginaux et de laissés-pour-compte, nourrit sa narration d’une expérience humaine qui lui confère authenticité et épaisseur. Transparents héros du quotidien, à réaliser silencieusement des tâches ingrates, souvent physiques, parfois dangereuses, qui, en échange de leur usure, les empêchent tout juste de ne pas sombrer dans une totale précarité ; misérables tombés pour de bon dans le bac à ordures de la société, relégués en des marges dont on détourne le regard : c’est une galerie de personnages méprisés et maltraités que l’écrivain met en lumière dans ce roman, leur redonnant humanité et dignité dans une évocation très largement impressionnante.
Nombreuses sont les scènes choc, à commencer par le spectaculaire accident venu ponctuer, en 1916, l’épique et mortel creusement du tunnel ferroviaire sous l’East River, mais aussi les vertigineuses et insensées acrobaties de ces « hommes-araignées » employés à la construction des gratte-ciel, et enfin, bien sûr, ce dantesque labyrinthe souterrain où, depuis les années soixante-dix, vient se terrer une population croissante de déshérités, réduits à partager l’existence des taupes et des rats. S’y mêlent blancs et noirs ; hommes, femmes, et même des enfants : tous avalés par la bête monstrueuse que paraît la ville de New York, coincés dans ses viscères enchevêtrés et obscurs pour une existence de pur cauchemar.
Jamais l’on ne s’ennuie dans cette vaste fresque couvrant plusieurs générations d’une même famille pour revenir inlassablement buter, en incessants allers-retours temporels, sur le destin souterrain d’un sans-abri à l’identité mystérieuse. Un livre magistral, reflet d’une réalité sociale qui, en ce qui concerne la frange des déshérités de l’Amérique, ne semble guère avoir progressé depuis un siècle. Coup de coeur.
Re: [Mc Cann, Colum] Les saisons de la nuit
Merci Sharon et Cannetille. Je note ce roman
De cet auteur, j'ai lu : Apeirogon et Danseur.
De cet auteur, j'ai lu : Apeirogon et Danseur.
Dulcie- Grand expert du forum
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Genre littéraire préféré : Roman historique
Date d'inscription : 10/01/2023
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