[Zweig, Stefan] Marie Stuart
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Votre avis sur "Marie Stuart"
[Zweig, Stefan] Marie Stuart
Genre : Biographie
Editions : Grasset - Collection Les cahiers rouges
ISBN : 2-246-16826-3
416 pages
Quatrième de couverture :
Reine d’Ecosse six jours après sa naissance en 1542, mariée à Francois II et reine de France à dix-sept ans, veuve un an après, remariée à Lord Darnley, amante du comte de Bothwell qui tuera Darnley, réfugiée auprès d’Elisabeth Ire qui la gardera captive pendant vingt ans, décapitée en 1587 pour s’être laissé prendre au piège d’une conspiration : Marie Stuart est l’une des figures les plus romanesques, les plus tragiques de l’histoire.
A destin exceptionnel, biographe prodigieux. Seul Stefan Zweig, mêlant la rigueur scientifique à l’intuition romanesque, pouvait ainsi caresser les secrets d’une femme et comprendre que «ce n’est que sous l’effet de sa passion démesurée qu’elle s’élève au-dessus d’elle-même, détruisant sa vie tout en l’immortalisant».
Mon avis : A destin exceptionnel, biographe prodigieux. Seul Stefan Zweig, mêlant la rigueur scientifique à l’intuition romanesque, pouvait ainsi caresser les secrets d’une femme et comprendre que «ce n’est que sous l’effet de sa passion démesurée qu’elle s’élève au-dessus d’elle-même, détruisant sa vie tout en l’immortalisant».
Je dois bien l’avouer, cette lecture a été pour moi plutôt pénible, malgré toutes ses qualités.
Le style de Stefan Zweig est bien évidemment irréprochable : phrases savamment construites, suprêmement travaillées mais sans lourdeur ni fioritures inutiles, récit habilement structuré pour ne pas lasser le lecteur.
Le travail d’historien est lui-aussi admirable, d’autant plus que chaque hypothèse est méticuleusement justifiée. Stefan Zweig ne se permet pas de citer simplement ses références pour mieux nous asséner son interprétation des preuves. Il nous expose ses partis pris (par exemple ne tenir compte d’aucun témoignage obtenu par la contrainte ou la torture), les sources à sa disposition, et les raisons qui l’ont convaincu de les utiliser ou de les écarter. Parfois, il admet humblement n’avoir aucune certitude, se fier à son analyse psychologique des protagonistes, mais il a alors l’honnêteté de présenter également les versions contradictoires.
Le sujet en lui-même est passionnant. Si Elisabeth Ire a été le sujet de nombreuses biographies, Marie Stuart a plutôt inspiré les poètes et les romanciers, séduits par sa destinée follement tragique. Très honnêtement, avant de lire ce livre, je ne savais pas grand-chose (rien ?) de ce personnage pourtant important dans l’histoire de l’Europe moderne, si ce n’est qu’elle était Ecossaise (et/ou Française ?) et qu’elle avait été battue par Elisabeth dans la course au trône d’Angleterre. Thème intéressant, donc.
Mais alors, me direz-vous, quid de la pénibilité dénoncée dès la première ligne de cette critique ?
Eh bien je dois dire que le paternalisme de Stefan Zweig (ou ce que je perçois comme tel) m’a agacée. A une époque où les femmes étaient considérées comme de perpétuelles mineurs, des êtres dont la versatilité - l’hystérie, l’inconstance, bref ! j’en passe - justifiaient une tutelle attentive de l’Homme (oui, la majuscule est voulue), Stefan Zweig s’est laissé allé à excuser, à minimiser, à interpréter, des actes à la lumière de la féminité de ses protagonistes, Marie et Elisabeth.
Elisabeth atermoie parce que c’est une «hystérique», une «insatisfaite», là où on jugerait probablement qu’un homme est prudent, rusé, ou même tout simplement fourbe. Marie Stuart est «la victime» de Bothwell, son «esclave», elle «obéit à sa volonté», subjuguée par sa personnalité forte et par les extases qu’il lui procure. D’autres faits la peignent plutôt en séductrice invétérée, femme indépendante et sans scrupule qui use des armes que la nature lui a données, les seules à sa disposition dans une société résolument phallocrate. Pourtant, l’auteur choisit de lui ôter la responsabilité d’actes trop virils car trop brutaux - l’assassinat de son époux légitime - indignes du doux caractère féminin.
Voilà pour le négatif. Maigre, dans l’absolu. Mais suffisamment pour avoir sensiblement entamé mon plaisir de lecture.
Une bonne œuvre, néanmoins. A découvrir.
Ma note : 6,5/10Le style de Stefan Zweig est bien évidemment irréprochable : phrases savamment construites, suprêmement travaillées mais sans lourdeur ni fioritures inutiles, récit habilement structuré pour ne pas lasser le lecteur.
Le travail d’historien est lui-aussi admirable, d’autant plus que chaque hypothèse est méticuleusement justifiée. Stefan Zweig ne se permet pas de citer simplement ses références pour mieux nous asséner son interprétation des preuves. Il nous expose ses partis pris (par exemple ne tenir compte d’aucun témoignage obtenu par la contrainte ou la torture), les sources à sa disposition, et les raisons qui l’ont convaincu de les utiliser ou de les écarter. Parfois, il admet humblement n’avoir aucune certitude, se fier à son analyse psychologique des protagonistes, mais il a alors l’honnêteté de présenter également les versions contradictoires.
Le sujet en lui-même est passionnant. Si Elisabeth Ire a été le sujet de nombreuses biographies, Marie Stuart a plutôt inspiré les poètes et les romanciers, séduits par sa destinée follement tragique. Très honnêtement, avant de lire ce livre, je ne savais pas grand-chose (rien ?) de ce personnage pourtant important dans l’histoire de l’Europe moderne, si ce n’est qu’elle était Ecossaise (et/ou Française ?) et qu’elle avait été battue par Elisabeth dans la course au trône d’Angleterre. Thème intéressant, donc.
Mais alors, me direz-vous, quid de la pénibilité dénoncée dès la première ligne de cette critique ?
Eh bien je dois dire que le paternalisme de Stefan Zweig (ou ce que je perçois comme tel) m’a agacée. A une époque où les femmes étaient considérées comme de perpétuelles mineurs, des êtres dont la versatilité - l’hystérie, l’inconstance, bref ! j’en passe - justifiaient une tutelle attentive de l’Homme (oui, la majuscule est voulue), Stefan Zweig s’est laissé allé à excuser, à minimiser, à interpréter, des actes à la lumière de la féminité de ses protagonistes, Marie et Elisabeth.
Elisabeth atermoie parce que c’est une «hystérique», une «insatisfaite», là où on jugerait probablement qu’un homme est prudent, rusé, ou même tout simplement fourbe. Marie Stuart est «la victime» de Bothwell, son «esclave», elle «obéit à sa volonté», subjuguée par sa personnalité forte et par les extases qu’il lui procure. D’autres faits la peignent plutôt en séductrice invétérée, femme indépendante et sans scrupule qui use des armes que la nature lui a données, les seules à sa disposition dans une société résolument phallocrate. Pourtant, l’auteur choisit de lui ôter la responsabilité d’actes trop virils car trop brutaux - l’assassinat de son époux légitime - indignes du doux caractère féminin.
Voilà pour le négatif. Maigre, dans l’absolu. Mais suffisamment pour avoir sensiblement entamé mon plaisir de lecture.
Une bonne œuvre, néanmoins. A découvrir.
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