[Bâ, Mariama] Une si longue lettre
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Pinky
Sharon
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Votre avis sur Une si longue lettre de Mariama Bâ
[Bâ, Mariama] Une si longue lettre
Titre : Une si longue lettre.
Auteur : Mariama Bâ.
éditeur : Le serpent à plume.
Nombre de pages : 220 pages.
Mon résumé :
Ramatoulaye vient de perdre son mari après trente ans de mariage. Depuis cinq ans, celui-ci avait pris une seconde épouse, tirant un trait sur vingt-cinq ans de mariage et douze enfants. Ramatoulaye se souvient et écrit à son amie d'enfance Aïssatou. Confrontée à la même situation, celle-ci avait préféré divorcer et refaire sa vie, loin.
Mon avis :
Une si longue lettre est de ces livres dont je me dis : mais pourquoi je ne l'ai pas lu plus tôt ? Il fait partie de ses lettres dont j'ai envie de dire : lisez-le!
Le sujet ? La condition des femmes au Sénégal au début des années 80. Ramatoulaye et son amie ont fait des études, elles font partie de cette génération de femmes qui ont conquis leur indépendance, et pourtant, elles se trouvent victimes de la puissance des hommes, d'un système de caste insidieux, mais aussi des manoeuvres de leur belle-famille. Ainsi, le mari d'Aïssatou n'a pu résister à sa mère, qui lui a imposé une seconde épouse issue du même milieu que lui et Ramatoulaye de souligner que cette seconde union n'est pas si douloureuse puisque sa toute jeune épouse a déjà deux enfants. Son amie a osé divorcer, Ramatoulaye a fait le choix inverse, et maintenant, elle et sa co-épouse Binetou, ex meilleure amie de sa fille aînée, sont veuves du même homme.
Ramatoulaye a toujours fait face avec dignité et courage. Aujourd'hui encore, elle refuse les solutions de facilité qui s'offrent à elle et peu et peu lui importe que que l'on dit d'elle. Elle doit aussi assumer l'éducation des onze enfants qui sont encore à sa charge, aidée par sa seconde fille (l'aînée est mariée). Cette tâche est loin d'être facile, et Ramatoulaye, toujours, se remet en cause avec beaucoup d'humilité.La mère de sa jeune rivale n'a eu aucun scrupule, pour sa part, surtout pas celui de retirer sa fille du lycée afin de lui faire épouser "un vieux" et de profiter de tous les avantages de la situation pour elle-même. Quels sont leur avenir désormais ? Il n'est pas tourné vers l'espoir comme celui de Ramatoulaye, aussi je conclus mon billet par cette phrase, qui me touche beaucoup : Le mot bonheur recouvre bien quelque chose, n'est-ce pas? J'irai à sa recherche.
Sharon- Modérateur
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Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Bâ, Mariama] Une si longue lettre
Merci Thisa2mars.
L'auteure (morte peu avant la publication de son second roman) parlait en connaissance de cause : elle-même avait divorcé, bien qu'elle ait eu neuf enfants.
L'auteure (morte peu avant la publication de son second roman) parlait en connaissance de cause : elle-même avait divorcé, bien qu'elle ait eu neuf enfants.
Sharon- Modérateur
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Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Bâ, Mariama] Une si longue lettre
Mon ressenti
Que vous dire de ce livre si court et si dense à la fois : au travers une correspondance de deux amies, c’est tout le quotidien de la femme africaine qui apparait dans toute sa splendeur ou son horreur. Tout dépend du point de vue par lequel le lecteur reçoit ces confidences.
Au bout de l’écriture c’est un cri que lance l’auteure qui dévoile sans demie mesure la condition féminine africaine, la force que chacune doit avoir pour ne pas baisser les bras, sourire et serrer les dents, avancer pour le bien-être de ses enfants… Mariama révèle l’injustice que ces femmes subissent et dévoile son sentiment de révolte pour que les choses bougent et évoluent.
Un très beau moment de lecture à la rencontre de ces femmes fortes et pleine de cœur.
A découvrir
Que vous dire de ce livre si court et si dense à la fois : au travers une correspondance de deux amies, c’est tout le quotidien de la femme africaine qui apparait dans toute sa splendeur ou son horreur. Tout dépend du point de vue par lequel le lecteur reçoit ces confidences.
Au bout de l’écriture c’est un cri que lance l’auteure qui dévoile sans demie mesure la condition féminine africaine, la force que chacune doit avoir pour ne pas baisser les bras, sourire et serrer les dents, avancer pour le bien-être de ses enfants… Mariama révèle l’injustice que ces femmes subissent et dévoile son sentiment de révolte pour que les choses bougent et évoluent.
Un très beau moment de lecture à la rencontre de ces femmes fortes et pleine de cœur.
A découvrir
Pinky- Grand sage du forum
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Age : 61
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Emploi/loisirs : Educatrice spécialisée, peinture, dessin, bricolage, ballade, baignade, tricot, couture
Genre littéraire préféré : Je lis de tout en littérature mais j'ai beaucoup de mal avec les policiers... j'en lis 1 ou 2 dans l
Date d'inscription : 04/06/2008
Re: [Bâ, Mariama] Une si longue lettre
bonne découverte de ce livre Algue
Pinky- Grand sage du forum
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Date d'inscription : 04/06/2008
Re: [Bâ, Mariama] Une si longue lettre
A la mort de son mari, Ramatoulaye prend la plume pour écrire à sa meilleure amie Aïssatou. Elle lui livre ses souvenirs, ses douleurs, son quotidien et ses espoirs.
J’ai été très touché par Ramatoulaye, malgré les difficultés, la peine, la déception, elle n’écoute pas la froide raison mais suit, envers et contre tout, la douce chaleur de son cœur. Son courage et sa détermination forcent le respect.
A travers la voix de Ramatoulaye, Mariama Bâ évoque la société sénégalaise : le poids des traditions, la religion et dénonce la condition des femmes.
Un livre absolument magnifique à découvrir !
« On ne prend pas rendez-vous avec le destin. Le destin empoigne qui il veut, quand il veut. Dans le sens de vos désirs, il vous apporte la plénitude. Mais le plus souvent, il déséquilibre et heurte. Alors on subit. »
J’ai été très touché par Ramatoulaye, malgré les difficultés, la peine, la déception, elle n’écoute pas la froide raison mais suit, envers et contre tout, la douce chaleur de son cœur. Son courage et sa détermination forcent le respect.
A travers la voix de Ramatoulaye, Mariama Bâ évoque la société sénégalaise : le poids des traditions, la religion et dénonce la condition des femmes.
Un livre absolument magnifique à découvrir !
« On ne prend pas rendez-vous avec le destin. Le destin empoigne qui il veut, quand il veut. Dans le sens de vos désirs, il vous apporte la plénitude. Mais le plus souvent, il déséquilibre et heurte. Alors on subit. »
lili78- Grand sage du forum
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Re: [Bâ, Mariama] Une si longue lettre
Confinée pendant la traditionnelle quarantaine imposée par son veuvage, Ramatoulaye adresse une longue lettre à son amie Aïssatou. Elle y fait le bilan de son existence, se remémorant les rêves de sa jeunesse, le bonheur de ses années conjugales, puis la douleur de la solitude quand son mari la délaissa pour prendre une seconde épouse.
Si les confidences que, sur un ton juste et posé, cette femme aligne avec sincérité dans une prise de recul sur sa vie passée, sont devenues un immense classique de la littérature africaine et ont classé Mariama Bâ parmi les écrivains les plus célèbres de son pays, c’est parce qu’elles constituent un manifeste, pionnier lors de sa parution à la fin des années soixante-dix, pour la condition féminine au Sénégal. Au travers de deux amies confrontées malgré leur éducation, leur aisance et leur accès à une activité professionnelle, aux limitations imposées aux femmes dans leur rapport aux hommes, c’est toute la société sénégalaise, avec son système de castes et surtout la pratique de la polygamie, que questionne Mariama Bâ.
Comme son amie avant elle, Ramatoulaye découvre après tout le monde les tortueuses intrigues familiales et le remariage de son mari au bout de vingt-cinq ans de vie commune. Contrairement à Aïssatou qui opte pour le divorce et s’exile, elle prend le parti de plier devant le fait accompli, mais en s’effaçant dans une solitude consacrée à son métier d’enseignante et à ses douze enfants : un choix qui, au-delà d’être humiliant, l'isole péniblement. Comble de ce qui n’est pourtant pas de l’ironie, au décès du mari, des années plus tard, il faudra encore que Ramatoulaye bouscule les traditions pour envisager de recouvrer un droit sur sa propre vie. Car, une fois passé l’obligatoire confinement du veuvage, c’est son beau-frère qui est désormais en droit d’en faire une seconde épouse.
Roman militant, Une si longue lettre s’inscrit avec force dans cet élan, qui, dans les années soixante et soixante-dix, fit s’élever la première génération de Sénégalaises instruites contre la polygamie. Aujourd’hui, plus d’un tiers des ménages sénégalais se déclarent encore polygames : un chiffre en lente érosion, qui masque toutefois une recrudescence… dans les milieux aisés et intellectuels justement ! Les filles instruites suscitant une certaine méfiance, elles restent plus longtemps célibataires et finissent par accepter d’épouser un homme déjà marié pour entrer dans la norme sociale du mariage et de la famille.
Cette œuvre majeure dans l’histoire du féminisme sénégalais, dont Mariama Bâ est devenue un emblème, se découvre donc avec d’autant plus d’intérêt, que, plus de quarante ans après sa première édition, elle est toujours d’actualité.
Si les confidences que, sur un ton juste et posé, cette femme aligne avec sincérité dans une prise de recul sur sa vie passée, sont devenues un immense classique de la littérature africaine et ont classé Mariama Bâ parmi les écrivains les plus célèbres de son pays, c’est parce qu’elles constituent un manifeste, pionnier lors de sa parution à la fin des années soixante-dix, pour la condition féminine au Sénégal. Au travers de deux amies confrontées malgré leur éducation, leur aisance et leur accès à une activité professionnelle, aux limitations imposées aux femmes dans leur rapport aux hommes, c’est toute la société sénégalaise, avec son système de castes et surtout la pratique de la polygamie, que questionne Mariama Bâ.
Comme son amie avant elle, Ramatoulaye découvre après tout le monde les tortueuses intrigues familiales et le remariage de son mari au bout de vingt-cinq ans de vie commune. Contrairement à Aïssatou qui opte pour le divorce et s’exile, elle prend le parti de plier devant le fait accompli, mais en s’effaçant dans une solitude consacrée à son métier d’enseignante et à ses douze enfants : un choix qui, au-delà d’être humiliant, l'isole péniblement. Comble de ce qui n’est pourtant pas de l’ironie, au décès du mari, des années plus tard, il faudra encore que Ramatoulaye bouscule les traditions pour envisager de recouvrer un droit sur sa propre vie. Car, une fois passé l’obligatoire confinement du veuvage, c’est son beau-frère qui est désormais en droit d’en faire une seconde épouse.
Roman militant, Une si longue lettre s’inscrit avec force dans cet élan, qui, dans les années soixante et soixante-dix, fit s’élever la première génération de Sénégalaises instruites contre la polygamie. Aujourd’hui, plus d’un tiers des ménages sénégalais se déclarent encore polygames : un chiffre en lente érosion, qui masque toutefois une recrudescence… dans les milieux aisés et intellectuels justement ! Les filles instruites suscitant une certaine méfiance, elles restent plus longtemps célibataires et finissent par accepter d’épouser un homme déjà marié pour entrer dans la norme sociale du mariage et de la famille.
Cette œuvre majeure dans l’histoire du féminisme sénégalais, dont Mariama Bâ est devenue un emblème, se découvre donc avec d’autant plus d’intérêt, que, plus de quarante ans après sa première édition, elle est toujours d’actualité.
Re: [Bâ, Mariama] Une si longue lettre
Merci d'avoir fait remonter le post Cannetille, je découvre un livre grâce à ta critique, qui me tente beaucoup.
lilalys- Grand expert du forum
-
Nombre de messages : 1139
Localisation : France
Date d'inscription : 11/10/2018
Re: [Bâ, Mariama] Une si longue lettre
Un essentiel de la littérature sénégalaise, Lilalys. A découvrir.
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