[Fournier, Jean-Louis] Veuf
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lili78
marie do
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[Fournier,Jean Louis] Veuf
[Fournier, Jean-Louis] Veuf
Veuf
Jean-Louis Fournier
Edition Stock
157 pages
2011
Quatrième de couverture :
"Je suis veuf. Sylvie est morte le 12 novembre.
C'est bien triste.
Cette année, on n'ira pas faire les soldes ensemble."
Mon avis :
J'avais entendu la phrase de la 4eme de couverture, sans doute au détour d'une publicité à la radio, et depuis j'avais envie de lire ce livre.
L'humour noir, j'adore ça, pour moi il est adapté à toutes les situations et n'est pas choquant, même pour parler de la mort.
Dans ce livre, Jean-Louis Fournier nous montre toutes les petites absurdités qui suivent la mort d'une personne chère, toutes ses petites choses dérisoires qui vous rapelle sans cesse l'absence de l'autre. Ce sont les publicités au nom du défunt qui continuent d'envahir votre boîte aux lettres, l'opérateur téléphonique qui est si heureux de vous faire part du report de votre crédit de communication non utilisée (et pour cause), les lunettes égarées que l'on retrouve par hasard...
Derrière l'humour, on ressent toute la tendresse de l'auteur pour sa femme, tendresse qu'il a eu tant de mal à lui exprimer quand il était temps. Sa femme est morte brusquement, sans prévenir (discrètement dira t-il) et lui se retrouve simplement seul, veuf.
L'écriture est belle, l'humour grinçant, la douceur immense...
Mais moi, en commençant le livre, je ne m'attendais pas à ça. C'est au bout de quelques pages que j'ai compris que l'auteur nous parlait de lui, de ce qui venait de lui arriver. Et j'ai ressenti un malaise tout au long du livre. Ce qu'il raconte est tellement personnel, intime que j'ai eu l'impression, justement, de lire le journal intime d'une personne à son insu. Je ne pouvais m’empêcher de penser "Pourquoi est-ce-qu'il me raconte ça à moi, il devrait plutôt en parler à un ami!"
J'ai finalement été contente de finir ma lecture, un peu comme quand une personne s'épanche sur votre épaule alors que vous n'avez pas envie d'entendre ce qu'elle vous dit. Vous l'écoutez quand même, mais vous êtes soulagé quand elle part.
C'est un magnifique témoignage d'amour, mais il m'a un peu dérangé, et j'en suis désolée...Il faut dire que je n'ai jamais été douée pour recevoir les confidences.
J'espère que vous serez nombreux à le lire, quelle écriture, tout de même!
Invité- Invité
Re: [Fournier, Jean-Louis] Veuf
C'est noté ! merci !
marie do- Grand sage du forum
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Date d'inscription : 01/03/2012
Re: [Fournier, Jean-Louis] Veuf
J'aime beaucoup cet auteur
Je note celui-ci aussi !
Merci
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Merci
lili78- Grand sage du forum
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Re: [Fournier, Jean-Louis] Veuf
Voilà un livre qui, à la fois, se lit très vite et se laisse poser de temps en temps pour avaler la boule qui s'installe dans la gorge.
Jean-Louis Fournier nous parle de lui, et surtout de Sylvie, sa femme avec qui il a été marié quarante ans, et qui s'en est allée brusquement. Avec un humour tantôt léger, tantôt corrosif, un humour qui est la politesse du désespoir - car "Il est poli d'être gai" dit Voltaire dans la citation épigraphe - il dit le vide des maisons, des jardins, des chambres créés par Sylvie et dans lesquels il doit apprendre à vivre sans elle, il raconte le quotidien de la solitude quand on retrouve les lunettes perdues, des petits mots doux échangés, tous ces petits riens qui font la vie à deux, mais aussi quand on reçoit pendant des mois et des mois des courriers d'opérateurs téléphoniques, d'associations pour qui on est éternellement vivant du moment qu'on est encodé dans un listing. Il nous glisse de sa plume un peu rosse les réactions des amis, de ceux qui craignent d'être heureux devant quelqu'un qui a connu un grand malheur, des pompes funèbres qui vous demandent sans état d'âme d'évaluer les services rendus...
Surtout il ne cesse de dire et d'écrire tout le bien qu'il pense de Sylvie, à qui il a toujours eu du mal à le dire de vive voix. Et comme il ne cesse jamais, malgré tout, de prendre distance avec lui-même, de tenter de recouvrir le chagrin en restant toujours bourru, il réussit à glisser des pointes caustiques qui donnent de l'air et de l'esprit à ses pages courtes, à son écriture simple et presque bourrue, comme lui, mais toujours juste.
Un livre bourré de tendresse, qui dit le chemin du deuil sans nous donner de leçon, intime mais sans jamais nous donner le sentiment d'être voyeur, qui fait la part belle aux proches (et à la jolie chatte rebelle, Salomé)qui soutiennent vraiment sans lourdeur, et qui se termine sur une émouvante ouverture à l'avenir.
Je n'ai pas envie que tu restes dans cet endroit [au sous-sol du colombarium du Père-Lachaise]. Je voudrais que tu sois à la lumière. Je vais essayer d'acheter un petit bout de terrain en surface, en faire un caveau, un biplace pour nous deux, un peu comme un side-car. Tu seras assise dans l'habitacle, avec un chat surles genoux qui te tiendra chaud, et moi je serai sur la moto, cheveux au vent. On sera près de Molière, Chopin et Pierre Desproges. Sur la dalle, on gravera nos deux noms, comme sur un générique, quand on travaillait ensemble à la télévision, et une épitaphe : "Finalement, nous ne regrettons pas d'être venus." (p. 45)
Le veuf Jacques m'a appelé ce matin, il va bien, trop bien, il est gêné d'aller bien, un veuf frais ne doit pas aller bien, ou alors il n'aimait pas sa femme. Quelle connerie. On ne doit jamais avoir honte d'être heureux, mais plutôt être fier. C'est tellement difficile. Même quand on n'est pas veuf. (p. 131)
Jean-Louis Fournier nous parle de lui, et surtout de Sylvie, sa femme avec qui il a été marié quarante ans, et qui s'en est allée brusquement. Avec un humour tantôt léger, tantôt corrosif, un humour qui est la politesse du désespoir - car "Il est poli d'être gai" dit Voltaire dans la citation épigraphe - il dit le vide des maisons, des jardins, des chambres créés par Sylvie et dans lesquels il doit apprendre à vivre sans elle, il raconte le quotidien de la solitude quand on retrouve les lunettes perdues, des petits mots doux échangés, tous ces petits riens qui font la vie à deux, mais aussi quand on reçoit pendant des mois et des mois des courriers d'opérateurs téléphoniques, d'associations pour qui on est éternellement vivant du moment qu'on est encodé dans un listing. Il nous glisse de sa plume un peu rosse les réactions des amis, de ceux qui craignent d'être heureux devant quelqu'un qui a connu un grand malheur, des pompes funèbres qui vous demandent sans état d'âme d'évaluer les services rendus...
Surtout il ne cesse de dire et d'écrire tout le bien qu'il pense de Sylvie, à qui il a toujours eu du mal à le dire de vive voix. Et comme il ne cesse jamais, malgré tout, de prendre distance avec lui-même, de tenter de recouvrir le chagrin en restant toujours bourru, il réussit à glisser des pointes caustiques qui donnent de l'air et de l'esprit à ses pages courtes, à son écriture simple et presque bourrue, comme lui, mais toujours juste.
Un livre bourré de tendresse, qui dit le chemin du deuil sans nous donner de leçon, intime mais sans jamais nous donner le sentiment d'être voyeur, qui fait la part belle aux proches (et à la jolie chatte rebelle, Salomé)qui soutiennent vraiment sans lourdeur, et qui se termine sur une émouvante ouverture à l'avenir.
Je n'ai pas envie que tu restes dans cet endroit [au sous-sol du colombarium du Père-Lachaise]. Je voudrais que tu sois à la lumière. Je vais essayer d'acheter un petit bout de terrain en surface, en faire un caveau, un biplace pour nous deux, un peu comme un side-car. Tu seras assise dans l'habitacle, avec un chat surles genoux qui te tiendra chaud, et moi je serai sur la moto, cheveux au vent. On sera près de Molière, Chopin et Pierre Desproges. Sur la dalle, on gravera nos deux noms, comme sur un générique, quand on travaillait ensemble à la télévision, et une épitaphe : "Finalement, nous ne regrettons pas d'être venus." (p. 45)
Le veuf Jacques m'a appelé ce matin, il va bien, trop bien, il est gêné d'aller bien, un veuf frais ne doit pas aller bien, ou alors il n'aimait pas sa femme. Quelle connerie. On ne doit jamais avoir honte d'être heureux, mais plutôt être fier. C'est tellement difficile. Même quand on n'est pas veuf. (p. 131)
Invité- Invité
Re: [Fournier, Jean-Louis] Veuf
Mon avis
On pensera qu’il a tort d’étaler sa vie privée qui n’est pas susceptible de nous intéresser…
On pensera qu’il a raison de partager parce que cela nous aide alors qu’on est dans la même situation …
On pensera que, quand même, il pourrait se passer de certains détails…
On pensera « Est-ce qu’il allait mieux lorsqu’il a eu fini d’écrire ce livre ? »
On pensera « Et moi ? Quel besoin, j’ai eu de lire ça ?... »
On pensera « Il en restera quoi ? »
Etc etc….
Il ne m’a pas déplu de partager l’intimité de Jean Louis Fournier pendant quelques pages. C’était un peu comme s’il se confiait à moi et qu’ainsi je l’aidais…
J’ai apprécié les textes courts, ciblés, sur des faits de tous les jours, passés ou présents.
J’ai eu l’impression que petit à petit, Jean-Louis Fournier se sentait plus solide et que je pouvais alors lui lâcher la main, ce que j’ai fait à la page 157 puisqu’il était prêt à survivre….
On pensera qu’il a tort d’étaler sa vie privée qui n’est pas susceptible de nous intéresser…
On pensera qu’il a raison de partager parce que cela nous aide alors qu’on est dans la même situation …
On pensera que, quand même, il pourrait se passer de certains détails…
On pensera « Est-ce qu’il allait mieux lorsqu’il a eu fini d’écrire ce livre ? »
On pensera « Et moi ? Quel besoin, j’ai eu de lire ça ?... »
On pensera « Il en restera quoi ? »
Etc etc….
Il ne m’a pas déplu de partager l’intimité de Jean Louis Fournier pendant quelques pages. C’était un peu comme s’il se confiait à moi et qu’ainsi je l’aidais…
J’ai apprécié les textes courts, ciblés, sur des faits de tous les jours, passés ou présents.
J’ai eu l’impression que petit à petit, Jean-Louis Fournier se sentait plus solide et que je pouvais alors lui lâcher la main, ce que j’ai fait à la page 157 puisqu’il était prêt à survivre….
Cassiopée- Admin
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Emploi/loisirs : enseignante
Genre littéraire préféré : un peu tout
Date d'inscription : 17/04/2009
Re: [Fournier, Jean-Louis] Veuf
Lu sur un conseil, je ne regrette en rien cette lecture.
Très court, il se lit très vite, un livre plein d’émotion et de tendresse.
Il n'y a pas la tristesse que je craignais de trouver, il y a simplement les petites choses de la vie qui font un couple...
Il ne faut pas laisser passer les jolies choses de la vie.
Très court, il se lit très vite, un livre plein d’émotion et de tendresse.
Il n'y a pas la tristesse que je craignais de trouver, il y a simplement les petites choses de la vie qui font un couple...
Il ne faut pas laisser passer les jolies choses de la vie.
apm- Membre connaisseur
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Localisation : Aquitaine
Date d'inscription : 11/12/2011
Re: [Fournier, Jean-Louis] Veuf
Dans ce livre, Jean-Louis Fournier, qui vient de perdre sa femme, nous parle d'elle. Très brièvement. Assez vite, il semble oublier que nous sommes là à le lire. C'est alors à elle qu'il écrit, à la deuxième personne du singulier. Quelle belle lettre d'amour !
Et quel dommage qu'elle parte si tard ...
"Le jour où l'eau courante ne court plus on regrette sa fraîcheur, quand la lampe s'éteint on regrette sa lumière, et le jour où sa femme meurt, on se rend compte à quel point on l'aimait. C'est triste de penser qu'il faut attendre le pire pour enfin comprendre"
Un livre qui donne envie de dire à ceux que l'on aime tout le bien que l'on pense d'eux !
Et quel dommage qu'elle parte si tard ...
"Le jour où l'eau courante ne court plus on regrette sa fraîcheur, quand la lampe s'éteint on regrette sa lumière, et le jour où sa femme meurt, on se rend compte à quel point on l'aimait. C'est triste de penser qu'il faut attendre le pire pour enfin comprendre"
Un livre qui donne envie de dire à ceux que l'on aime tout le bien que l'on pense d'eux !
Re: [Fournier, Jean-Louis] Veuf
Ce que l'auteur écrit est la vérité sur ce qui se passe dans ces moments difficiles. C'est vrai on regrette amèrement de ne pas s'être plus exprimer sur nos sentiments envers cet être disparu que ce soit un conjoint ou un parent surtout quand cela arrive aussi subitement. Je le recommande vivement même si vous êtes dans ce mauvais moment ce qui fut malheureusement le cas pour moi au moment de cette lecture.
_________________
Lecture en cours : "La sage-femme d'Auschwitz" Anna Stuart
En attente d'avis :
Challenge Lire en vacances (1er juillet au 31 août 2024) Challenge terminé
Challenge partage lecture 2024-2025
plume44- Grand expert du forum
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Genre littéraire préféré : à peu près tout!!
Date d'inscription : 22/06/2014
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