[Ben Jelloun, Tahar] Le racisme expliqué à ma fille, suivi de la montée des haines

Titre : Le racisme expliqué à ma fille suivi de la montée des haines

Auteur : Tahar ben Jelloun
Nombre de pages : 140
Edition : Seuil
ISBN : 978-2020-680233

Quatrième de couverture :

Un enfant est curieux.
II pose beaucoup de questions et il attend des réponses précises et convaincantes. On ne triche pas avec les questions d'un enfant. C'est en m'accompagnant à une manifestation contre un projet de loi sur l'immigration que ma fille m'a interrogé sur le racisme. Nous avons beaucoup parlé. Les enfants sont mieux placés que quiconque pour comprendre qu'on ne naît pas raciste mais qu'on le devient. Parfois.
Ce livre qui essaie de répondre aux questions de ma fille s'adresse aux enfants qui n'ont pas encore de préjugés et veulent comprendre. Quant aux adultes qui le liront, j'espère qu'il les aidera à répondre aux questions, plus embarrassantes qu'on ne le croit, de leurs propres enfants. " Sept ans après le dialogue avec Mérième âgée à l'époque de dix ans, nous avons constaté, tous deux, que non seulement le racisme n'a pas reculé mais qu'il s'est banalisé et dans certains cas aggravé.
Nous avons essayé de comprendre ses nouvelles manifestations : la montée de l'antisémitisme et celle de l'islamophobie phobie dans les collèges et les lycées. Nous avons aussi essayé d'expliquer en quoi la loi sur la laïcité s'imposait. ".

Mes impressions :

Je dirais que ce livre est un superbe dictionnaire romancé.
Ben Jelloun donne des définitions sur un côté précis du monde et les explique avec un langage clair et agréable
Quelques exemples de mots expliqués : les différences, étrangers, discriminations, ghettos, hérédité, différences socio culturelles, le respect etc…
L’auteur se sert d’une dialogue avec sa fille pour expliquer de façon didactique les mots que les enfants entendent pour ensuite leur permettent de réfléchir sur ces différentes notions.
Une seconde petite partie, relate les interventions de l’auteur dans des lycées pour parler de son livre et il expose les minis débats qui ont alimenté le thème du racisme et des différences.
Dans une troisième partie, l’auteur prend et témoigne de quelques lettres reçues suite à la parution de son livre. Certaines sont agressives mais elles mènent à une réflexion sincère sur les problèmes qu’amène le racisme en général. (J’ai beaucoup aimé la lettre d’un lecteur qui parle du handicap).
Dans la dernière partie, « la montée des haines » est une constatation : 7 ans après le dialogue avec sa fille, le racisme est toujours présent, qui plus est, est aggravé ; de nouvelles notions apparaissent, celles d’antisémitisme et de l’islamophobie.
L’auteur donc tient compte dans cette édition des critiques reçues afin de lever tout doute ou pour élargir les différents thèmes qu’il traite.
Ce livre a été réédite plusieurs fois toujours, dans ce souci d’exactitude.
J’ai volontairement mis cette critique dans « sociologie » parce que ce bouquin est truffé de notions sociologiques et classé dans la catégorie sociologie-anthropologie et philosophie (Site de la Fnac et Evène).
Les divers peuples et leurs histoires sont expliqués très simplement. A mettre dans toutes les mains ou le lire à un enfant mais je doute qu’un enfant de 8 ans puisse tout comprendre… ! Un pur moment de réflexion et d’éclaircissement sur les difficultés de l’espèce humaine, sa définition, ses cultures, ses religions. Un livre éducatif et instructif.

C'est un superbe bouquin qui a de multiples facettes, simple, clair, il évoque sans détour (comme les questions des jeunes enfants) un sujet pas simple...

A lire

Sociologie me parait effectivement la partie la mieux indiquée pour ce livre. Mélusine pour cette magnifique critique. A mon avis, c'est un livre que l'on se doit de lire un jour...

Entièrement d'accord avec toi Francine.

Je suis en effet persuadé que l'apprentissage et l'éducation, non seulement rappel les terribles crimes qui ont déjà été commis au nom de ces idéologies de la haine (pas seulement la Shoa, il y à aussi le Rwanda, la Yougoslavie, et tant d'autres,...) mais, permettent aussi d'obtenir des "clés" pour comprendre et aller à la découverte de l'autre et de sa culture. Dire: "il vient de là", ou bien "il croit en cela et donc je le déteste" est malheureusement très facile, et sans connaitre ni comprendre, les préjugés s'accumulent. C'est seulement en apprenant à découvrir l'autre que l'on peut éliminé les préjugés. Mais il faut aussi que cette découverte, initiée par l'éducation, fasse partie du parcours personnel de chacun, et ne sois pas simplement des leçon apprises en classe, cela perdrait de son impat. Il faut que cela soit fait par tous le monde à sa manière, sous l'impulsion de la société (notamment l'école et les parents) qui doit donner envie de faire cette découverte. Si cela reste dans un cadre purement scolaire cela risque de devenir "un cours comme un autre" et alors, l'objectif sera raté de loin.

Je pense que je vais le lire. Merci beaucoup Mélusine pour ta critique.

Bonjour Pinky, Olorin et Francine et merci...
Dans ce livre l'auteur à un moment donné parle d'une lettre reçue dans laquelle un lecteur l'agresse en lui disant que les parents ne sont pas responsables du racisme et des idées de leur enfant mais personnellement je suis convaincue que l'éducation ( comme tu dis Francine) est la base de tout...
Je vous prie de m'excuser de parler de mon expérience personnelle... ( ma fille est originaire et est née en Haïti), mais j'ai entendu de la bouche de d'une petite copine d'école des mots forts et agressifs concernant les gens de "couleur"... et franchement je ne pense pas qu'une enfant de 5 ans puisse avoir assez de recul pour dire des choses aussi "grossières"... A mon avis ces paroles ont été inculquées par des adultes... et comme dit l'auteur, " on ne nait pas raciste, s on le devient"....
Donc l'éducation, les parents, les éducateurs devraient faire passer à leurs enfants des notions de respect et de tolérance...nos enfants sont aussi ce que nous parents et adultes, leurs inculquons...

Olorin a écrit:Je suis en effet persuadé que l'apprentissage et l'éducation, non seulement rappel les terribles crimes qui ont déjà été commis au nom de ces idéologies de la haine (pas seulement la Shoa, il y à aussi le Rwanda, la Yougoslavie, et tant d'autres,...) mais, permettent aussi d'obtenir des "clés" pour comprendre et aller à la découverte de l'autre et de sa culture. Dire: "il vient de là", ou bien "il croit en cela et donc je le déteste" est malheureusement très facile, et sans connaitre ni comprendre, les préjugés s'accumulent. C'est seulement en apprenant à découvrir l'autre que l'on peut éliminé les préjugés. Mais il faut aussi que cette découverte, initiée par l'éducation, fasse partie du parcours personnel de chacun, et ne sois pas simplement des leçon apprises en classe, cela perdrait de son impat. Il faut que cela soit fait par tous le monde à sa manière, sous l'impulsion de la société (notamment l'école et les parents) qui doit donner envie de faire cette découverte. Si cela reste dans un cadre purement scolaire cela risque de devenir "un cours comme un autre" et alors, l'objectif sera raté de loin.

Olorin très vrai ce que tu dis et tu sais dans ce bouquin l'auteur relève aussi justement que les personnes racistes aiment voyager, aller à la rencontre d'autres cultures ce qui peut être paradoxal... en gros les "étrangers" c'est bien mais ils doivent rester loin.. tu vois ce que je veux dire ...?

Pour venir à l'appui de ton avis Mélusie, je citerai juste cette expérience effectuée il ya quelques années: des enfants (entre 1 an et trois ans) d'origines différentes sont placés ensemble dans une salle de jeu (une sorte de garderie) où ils se retrouvent chaque jour pendant plusieurs mois. Les enfants jouent ensembles sans faire la moindre distinction entre leurs camarades (bien qu'ils se rendent parfaitement compte qu'ils sont "différents"). Lorsque l'on fait le même genre d'expérience avec des enfants entre 6-8 ans, il ya déjà des groupes qui se forment en fonction de leurs origines. Ils ont "appris"...

Voilà Olorin, le racisme s'apprend

oui , je suis d'accord Francine avec ce que tu dis, le racisme ce n'est pas seulement une couleur de peau, c'est de voir dans l'autre des différences qui sont basées sur un système de valeur qui englobe des niveaux et des notions de bien ou de mal...

Je suis effarée de voir qu'aujourd'hui, l'autre est vécu comme mauvais mais qu'il soit blanc ou noir, jaune ou vert... la méfiance a pris le pas sur la rencontre, la paranoïa sur la logique, l'insécurité est vecteur.... l'autre nous veut du mal... ce message est véhiculé par la société, par les parents qui élèvent leurs petits... et dès leur plus jeune âge...

Message pessimiste sans doute... mais heureusement, qu'il y a aussi beaucoup de gens qui ne pense pas cela... ce qui est mon cas, c'est dans ce sens que j'ai élevé mes enfants... l'autre est une source de bonheur, d'enrichissement mutuel, de rencontre, d'apprentissage....

je suis une fervente défendeuse (que ce n'est pas jolie !!!) de la maxime suivante : 1 + 1 = 3, à deux nos idées sont multipliées et pas seulement nos idées...

La maxime est tiré du livre des fourmis de Werber

Francine a écrit:Oui..et non...je crois que c'est plus compliqué....

Entre 1 et 3 ans, les enfants savent bien sûr qu'ils existent mais chaque jour est pour eux une énorme aventure riche en découvertes....

Entre 6 et 8 ans et selon leur éducation..... (j'insiste !!!), les enfants ont pris conscience que la "différence" existe:
- garçon/fille,
- couleur de cheveux, de peau, d'yeux,
- différence de taille,
- de poids,
- de langue,
- de prénom,
- de nom....
- d'origine (quartier, ville, région, pays, continent...)

Et ça, je crois que c'est "normal - banal"....

Ce qui est à "pointer" c'est de décider que l'un est "bien" et l'autre ...mal ! Que l'un est gentil et a toutes les qualités et que les autres non.... etc etc..... et donc de se baser sur les différences pour justifier des comportements et des attitudes méprisables voire carrément ignobles !

Suite à ce post, je ne peux pas m'empêcher de mettre un petit extrait du livre... l'auteur cite une lettre reçue par une lectrice :
"Je reviens de la crèche avec Camille. Elle à trois ans et demi. Ce jour là, elle est très contente, parce qu'elle s'est bien amusée avec Blaise.
- Bien et qui c'est qui Blaise, c'est lequel de tes copains ?
- Tu sais, c'est celui qui a le pull rouge.
- Non, je ne vois pas. Il est comment ?
- Ben j'sais pas;;;il a le pull rouge;;;
Sans plus insister, j'attends le lendemain matin, où de retour à la crèche, je demande à Camille de me montrer son copain Blaise. Elle me le désigne. Il a encore son pull rouge. l a effectivement l'air sympathique et il me fait un large sourire. Ce sourire lumineux qui éclaire le visage tout noir des petits Africains"....

Je l'ai lu, quand j'étais au collège sur conseil de mes profs, c'est vrai que j'ai toute de suite compris le livre. Je trouve que c'est très bien expliqué et accessible à tous!!