[Donaldson, Stephen R.] Les Chroniques de Thomas Covenant - Tome 1: La Malédiction du Rogue

Les Chroniques de Thomas Covenant tome 1 : La Malédiction du Rogue
Stephen R. Donaldson
1977
Pocket (nouvelle traduction 2008 de Isabelle Troin
680 pages
Fantasy
680 pages




Résumé :

Enfin réédité dans son intégralité et dans une nouvelle traduction, l'un des plus grands chefs-d'œuvre de la Fantasy. Pour avoir mystérieusement contracté la lèpre, l'écrivain à succès Thomas Covenant est mis à l'écart par les habitants de sa petite ville, puis abandonné par les siens. Alors qu'il croit mourir, il se retrouve projeté dans le Fief, un univers fantastique plongé dans le chaos. La population de cette contrée étrange le considère comme un héros détenteur d'un pouvoir incommensurable qui, à lui seul, pourrait briser la malédiction du Rogue. Mais Thomas Covenant n'est pas davantage préparé à mener une existence de paria qu'il ne l'est à devenir le sauveur d'un monde dont il ignore tout. Une écriture descriptive et poétique, des dialogues efficaces et une étude psychologique fouillée des personnages font de ce roman un monument du genre.

Mon avis :

Cette excellente saga de fantasy a été victime d’une première traduction française catastrophique, qui n’a été revue qu’en 2007, soit 30 ans après la publication originale.
D’ailleurs, j’ai acquis le premier tome totalement par hasard : c’était le dernier ouvrage disponible d’une liste d’offre Pocket (« deux achetés un offert »). Je n’avais absolument pas l’intention de choisir celui-ci, mais les limites de stock m’ont quelque peu forcé la main…
Et heureusement !

Thomas Covenant est propulsé dans le Fief après avoir été renversé par une voiture de police. Le Fief est un univers féérique qui n’est pas sans rappeler La Terre du Milieu (bien que celle-ci soit un univers unique et propre, non parallèle au nôtre) par certains aspects (les ranyhyn qui s’apparentent aux Mearas, le géant Suilécume au caractère proche de celui de Sylvebarbe, le maléfique Turpide le Rogue aux mêmes motivations que Sauron) mais qui, bien loin d’une simple projection améliorée, s’en démarque fondamentalement. Il n’y a ni elfs ni nains, mais des ur-vils, lémures et autres kreshs qui sèment la terreur dans le Fief sous le joug de Turpide.
Le Fief, et c’est là sa grande originalité, est empreint de féérie et de poésie. Les chansons qui guérissent, les différents arts de la pierre rhadhamaerl, du bois lillianril, de la sculpture suru-pa-maerl ou encore du moellage, les baies prodigieuses, la danse des esprits… Tout un vocable auquel on s’habitue très vite, bien aidés par l’écriture élégante et poétique de Donaldson. Un glossaire très complet en fin d'ouvrage aide d'ailleurs le lecteur qui s'y perd un peu
Mais le premier atout de la série, c’est vraiment l’inclassable Thomas Covenant. Tellement anti héros par nature, personnage torturé qui hait le monde autant qu’il se hait lui-même, faible, geignard, cynique voire méprisable, il prend à chaque fois le lecteur à contre pied en faisant exactement le contraire de ce qu’on attend de lui. L’acte odieux dont il se rend coupable peu après son arrivée dans le Fief à de quoi le faire détester par le lecteur, mais au fil des pages on en vient (ou en tout cas j’en suis venu) à m’acclimater à ce héros totalement insupportable mais unique. D’autant plus que le renversement est complet : rejeté dans son monde, il est au contraire pris dans le Fief pour Berek Demi Main, premier des Vénérables et fondateur de l’ordre des Seigneurs, mort des millénaires auparavant. Car outre la ressemblance physique, Covenant possède l’or blanc (son alliance en argent…), objet de pouvoir capable de canaliser la magie sauvage, et seul rempart contre Turpide le Rogue.
Les habitants du Fief voient donc Covenant comme un sauveur capable d’arrêter Turpide qui menace d’envahir le Fief.

Il est vrai que la lecture peut paraître fastidieuse (700 pages par tome, en sachant que les Chroniques se partagent en trois cycles, deux trilogies et une tétralogie dont le dernier tome n’est pas encore sorti) mais franchement cela en vaut la peine : retrouver le Fief au fil des tomes (j’en suis à la fin du tome 3) et surtout retrouver Covenant plus haïssable que jamais mais aussi une galerie de personnages secondaires extrêmement attachants (notamment le Seigneur Mhoram, le sangarde Bannor, la stélagienne Atiaran et le géant Suilécume) est vraiment un pur bonheur.
Certains qualifient cette série de « Seigneur des Anneaux en plus mature, plus adulte et plus fouillé) mais personnellement je me refuse à la comparaison : il faut prendre Les Chroniques de Thomas Covenant pour elles-mêmes, à savoir un excellent cycle de fantasy.

Il est à noter que les conditions de vie des lépreux, leur traitement et leur psychologie sont très détaillés car le père de Donaldson (à qui celui-ci dédicace d’ailleurs chacun des tomes) était médecin et soignait les gens atteints de cette horrible maladie.

Je recommande donc très vivement cette époustouflante saga de fantasy!
Pour le premier tome, 4/5

merci Polarfan

Merci pour ta critique Polarfan.Comme j'aime beaucoup la fantasy, tu me donnes envie d'essayer cette nouvelle série.
Je tenterai le premier tome. A la médiathèque, ils ont 6 tomes. Cela me laissera le temps de me faire mon idée.

Comme ça faisait très longtemps que je n'avais pas posté de critique j'avais oublié le sondage
mais je vois que l'on m'a devancé pour réparer cet oubli

Je note, s'il s'agit d'un incontournable de la fantasy je vais certainement le lire!

De mon coté, bien que les idées de bases soient pas mal, je l'ai trouvé difficile à lire, lourd, peu dynamique, se perdant dans une pseudo philosophie qui équivaux grosso-modo à ce que l'on retrouve dans les bistros les plus sombres passés une certaine heure, avec des tas de situations convenues et de clichés rendant l'histoire au final bien peu haletante.

En bref, je suis complètement passé à coté...

Comme quoi... tous les goûts sont dans la nature
Si tu fais référence à ce qui arrive à Covenant peu après sa venue dans le Fief quand il retrouve sa "vitalité" (on se comprend), je suis d'accord que c'est pas vraiment très fin mais c'est l'objet par la suite d'une constante culpabilité et d'une véritable quête de rédemption dans les suivants, ce qui offre des scènes avec des personnages du Fief ou avec Covenant lui-même qui sont pas mal du tout...
Tu t'es arrêté au tome 1 donc...?

Pas que cela, d'ailleurs, même si c'est effectivement tellement énorme niveau coté incohérence psychologique que cela m'a paru totalement incrédible.
Mais c'est plutôt un tout qui semble plus fait de bric et de broc agraphés en espérant que cela forme quelque chose un tant soit peu passable qui m'a cassé les pieds. C'est vraiment ce coté bricolage littéraire qui m'a hérissé.
Rien n'est cohérent, les personnages ont, au mieux, une psychologie totalement improbable et illogique, au pire, autant de profondeur que le scénario d'un film de Stallone.
L'auteur essaye tout au long du récit de lui donner une dimension plus mystique, à mi chemin entre la chanson de geste et les légendes médiévales, en une mauvaise imitation de Tolkien, mais comme il échoue (à mes yeux) à le faire, on aboutit à un texte inutilement tragicograndiloquent.
Bref, l'auteur a été trop ambitieux et a vu trop grand.