[Montazami, Yassaman] Le meilleur des jours
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[Montazami,Yassaman] Le meilleur des jours
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Le meilleur des jours
Yassaman Montazami
Editions Sabine Wespieser
Août 2012
139 pages
ISBN : 9782848051161
4ème de couverture
Le meilleur des jours. Karl Marx et mon père avaient un point commun : ils ne travaillèrent jamais pour gagner leur vie. «Les vrais révolutionnaires ne travaillent pas», affirmait mon père. Cet état de fait lui paraissait logique : on ne pouvait oeuvrer à l'abolition du salariat et être salarié - c'était incompatible. Y. M.
Après la mort de son père, Yassaman Montazami se réfugie dans l'écriture pour tenter de garder vive la mémoire de ce personnage hors norme. La drôlerie et la cocasserie des souvenirs atténuent peu à peu l'immense chagrin causé par sa perte.
Né avant terme, condamné puis miraculé, l'enfant adulé par sa mère, qui jamais ne lui refusa rien, fut nommé Behrouz - en persan : «le meilleur des jours» -, un prénom prédestiné pour un futur idéaliste épris de justice et un pitre incapable de prendre la vie au sérieux.
Envoyé en France pour y poursuivre des études qu'il n'achèvera jamais, il participe à sa manière aux événements révolutionnaires de 1979, au cours desquels l'Iran bascule de la monarchie à la République islamique, en faisant de son appartement parisien un refuge pour les Iraniens en exil. Leurs chasses-croisés entre Paris et Téhéran donnent à l'auteur l'occasion de brosser une multitude de personnages improbables et issus des milieux les plus divers : une épouse de colonel en fuite, fanatique d'Autant en emporte le vent, un poète libertin, mystique et interdit de publication, un révolutionnaire maoïste enfermé à la prison d'Evin, et même un ancien chef d'entreprise devenu opiomane.
Évocation d'un monde aujourd'hui disparu, ce premier roman frappe par sa maîtrise et par l'acuité de son trait.
Behrouz né en 1940 prématuré est voué à une mort certaine. C’est compter sans la ténacité de sa mère qui, malgré les avis des instances médicales, religieuses et familiales, sauvera ce nouveau-né. Son père, ébahi et heureux, le prénomme Behrouz « Le meilleur des jours » en persan. Ainsi, Behrouz ira dans la vie, sous la bienveillance maternelle. Chanceux, il l’est. Opposant au régime du Shah, il s’exile en France où marié et père de famille, il ne quittera jamais son statut d’étudiant. Le régime de Khomeiny ne lui est pas plus favorable et cet admirateur inconditionnel de Karl Marx (il en a fait son sujet de thèse) retourne en France alors que ses amis sont soit tués, soit torturés.
Ce livre est un hommage à ce père qu’elle aime tant. Elle nous offre des instantanés de la vie de Behrouz, éternel adolescent riche (ils vivent très bien grâce aux subsides de sa mère) et qui ne travaillera jamais.
Behrouz, cet homme lunaire, épris de justice, de liberté, généreux, a traversé une époque cruciale, glaciale et dure. Cela aurait mérité d’être plus approfondi, plus creusé, pour en faire un roman plus flamboyant.
C’est un premier livre avec toutes les maladresses de jeunesse. je suis certaine, au vu de ce que j’ai lu que Yassaman Montazami saura aller plus loin dans un second ouvrage et nous faire découvrir la vie européanisée d’une certaine couche sociale sous le règne du Shah, l’arrivée de Khomeiny…..
Ce fut un bon moment de lecture, ces instantanés m’ont tantôt fait sourire, tantôt agacée, d’autres fois touchée.
Quelques extraits :
Rosa n’avait jusque-là jamais désiré d’enfant. Elle était jeune, elle voulait être libre et ne pas s’encombrer d’une autre vie que la sienne. Elle n’avait du reste pas hésité à avorter plusieurs fois. Par quel miracle ce fœtus-là avait-il échappé aux mains expertes et funestes de la faiseuse d’anges ? Dans quel lointain repli de son ventre s’était-il caché ? Elle l’observa longuement : il semblait incroyablement frêle, et d’horribles et muettes grimaces le défiguraient, comme s’il souffrait. C’est alors qu’un revirement se fit en elle. Le fait que cet enfant ait survécu l’obligeait. Elle se sentit le devoir de relayer la formidable volonté de voir le jour dont il avait fait preuve.
Avec les années, Behrouz en vint à admirer la frugalité des domestiques, et pus particulièrement le jeûne que ceux-ci observaient au cours du ramadan. Le cruel destin qui les avait amenés à travailler dans cette maison où l’on recevait presque chaque jour et qui était une sorte de temple dédié à la bonne chère en faisait à ses yeux des héros –ou plutôt des martyrs. Tout ce qu’ils enduraient ici dépassait de loin de qu’Allah exigeait d’un bon musulman.
Même s’il arriva plusieurs fois à mon père d’en interrompre la rédaction, cette thèse fut la grande affaire de sa vie. C’est pour l’entreprendre que, juste après son mariage, il était venu s’inscrire en troisième cycle de science économiques à la Sorbonne à la fin des années 1960, encouragé par mes grands-parents qui l’avaient assuré de leur soutien pécuniaire jusqu’à la fin de ses travaux –ils ne pouvaient imaginer que ceux-ci seraient, à proprement parler, interminables.
« Si ton père ne finit pas, nous ne rentrerons jamais en Iran, prophétisait-elle. Nous serons condamnés à rester pour toujours ans ce pays d’adorateurs de caniches frisés ».
Karl Marx et mon père avait un point commun : ils ne travaillèrent jamais pour gagner leur vie. « Les vrais révolutionnaires ne travaillent pas », affirmait mon père. Cet état de fait lui paraissait logique : on ne pouvait œuvrer à l’abolition du salariat t être salarié –c’était incompatible. Il fallait avoir l’esprit disponible, on accaparé par des questions d’ordre pratique.
Dernière édition par Elyuna le Ven 8 Mar 2013 - 21:47, édité 3 fois (Raison : Rajouté 4ème de couverture)
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