[Coppey, Thomas] Potentiel du sinistre
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Votre avis sur "Potentiel du sinistre" de Thomas Coppey
[Coppey, Thomas] Potentiel du sinistre
Éditeur : Actes Sud
216 pages
ISBN 978-2-330-01503-9
Quatrième de couverture
Jusqu’à présent, Chanard a mené la vie d’un ingénieur financier sans défauts, celle d’un employé compétent dans sa branche, porté par des valeurs de performance, d’excellence et d’innovation. Aussi, concevoir le schéma financier permettant de miser des capitaux sur les catastrophes naturelles ne lui semble pas extravagant. Devoir attendre qu’un sinistre survienne pour démontrer la pertinence du schéma n’a en revanche rien de confortable. D’autant qu’il faut une catastrophe colossale, qui batte tous les records. Il faut le désastre du siècle...
La force et la subtilité de ce roman résident dans la restitution d’un discours. L’auteur démonte avec brio quelques concepts chers au management. Il s’empare de toute une phraséologie d’entreprise, montrant sa froideur rationnelle et sa logique implacable aussi bien que sa propension à déborder du champ professionnel pour imprégner jusqu’à la vie intime des aspirants à la réussite.
Mon avis
Au cours de ce roman, qui débute par un entretien d'embauche, on suit pas à pas la progression de son héros dans la hiérarchie du Groupe. Chanard est l'ingénieur financier tel qu'on se l'imagine : propre sur lui, tête à claques, il vit dans une bulle avec sa femme, Cécile, elle aussi jeune cadre dynamique dans une grande entreprise. On (re)découvre avec lui le jargon du management, fait d'indicateurs de performance, de branch directors, de trends, voire de megatrends. Chanard se passionne pour ce blabla qui sonne creux. On a un peu de mal à le comprendre et à s'attacher à lui, mais on se laisse embarquer dans l'histoire quand même. On se doute bien que quelque chose va dérailler dans sa trajectoire trop lisse. Quand, comment ? On a très envie de le savoir, mais surtout, Chanard va-t-il enfin ouvrir les yeux sur l'imposture qui l'entoure ? J'ai beaucoup aimé le rythme de ce roman, la juste distance de l'auteur à ses personnages, ainsi que son effort pour exposer clairement une véritable réflexion sur les principes de management.
Si vous avez dans votre entourage une personne qui se consacre corps et âme à son travail en perdant de vue tout le reste, offrez-lui ce livre ! Le récit soulève plein de questions passionnantes sur le sens du travail, la gestion d'une équipe, l'équilibre entre vie familiale et vie professionnelle et la santé mentale. Il n'y apporte pas de réponses, c'est un roman et pas un essai. Mais je pense qu'il peut réveiller des consciences ...
Ce roman est le premier de Thomas Coppey, et j'attends les autres avec impatience !
Re: [Coppey, Thomas] Potentiel du sinistre
merci Algue pour ta critique
louloute- Grand sage du forum
-
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Re: [Coppey, Thomas] Potentiel du sinistre
Quel roman ébouriffant ! J'ai eu très peur qu'il ne pâtisse de ma lumineuse lecture de Nuage et eau, mais non : l'ambiance, les thèmes étaient tellement différents que je me suis laissé embarquer dans ce livre avec une stupéfaction mêlée d'horreur et... de rire.
La quatrième de couverture dit bien la technique employée par Thomas Coppey : restituer un discours, celui du management lié à celui de la haute finance, à travers le personnage de Chanard (il s'appelle ainsi, il n'a pas de prénom, tout comme les autres cadres du Groupe, désignés par leur nom de famille ou leur fonction dans l'entreprise - par contre, dans sa sphère privée, sa femme et sa fille ne sont désignées que par leur prénom, Cécile et Capucine). Dès le premier paragraphe du roman, ce discours stupéfiant est mis en place avec une redoutable efficacité :
"Si Chanard avait des doutes, si certaines de ses paroles sonnaient, lors des premiers entretiens, comme des tentatives pour se vendre, il s’est peu à peu approprié le discours du Groupe. Il fait sa profession de foi avec tact, prenant soin de ne laisser aucune incertitude quant à son humanité. Il admet qu’il y a parfois de la frustration à rentrer tard chez soi et à ne pouvoir consacrer plus de temps à Capucine, née il y a deux mois. C’est mon présent pour son avenir. Marwani, recruteur-manager en quête du profil qui apportera une réelle plus-value à l’équipe recherche du pôle Investment Banking, sait apprécier l’expression d’une telle faiblesse. Il applaudit, il valide puis libère Chanard et shoote un mail à la directrice des ressources humaines. Chanard a du potentiel. Il est smart et courtois. On va le staffer au plus vite et on verra à quel genre de performer on a affaire. Le manager dit bravo, nous augmentons notre Capital Humain." (p.7)
Mélange d'anglais et de français, charabia spécifique, "potentiel", "Capital humain", "performer"... tout est déjà en place pour suivre la fulgurante carrière de Chanard au sein du Groupe. On pourrait dire que c'est un jeune loup dévoré d'ambition, mais il sait parfaitement se couler dans le discours feutré, policé de ses supérieurs, bien évidemment soucieux du développement professionnel et personnel de leurs collaborateurs pour le plus grand bien du Groupe (et de l'humanité). Et ça marche : il gravit les échelons à toute vitesse et à force de travail (bien évidemment, même le week-end, même pendant les vacances) il réussit à imposer la création d'un produit financier qui permet d'investir sur les catastrophes naturelles potentielles. (Ne me demandez pas d'expliquer, je n'ai rien compris à ce discours pompeux mais là n'est pas l'essentiel.)
Pendant que Chanard réussit au-delà de toute espérance, sa femme, elle, est reléguée à un niveau inférieur à celui qu'elle occupait au sein de la Société avant son accouchement : elle a eu le tort de vouloir un enfant et a réduit ainsi à néant toutes ses perspectives d'avancement de carrière, de promotion (c'est bien connu que la maternité détruit complètement toutes les facultés de réflexion et d'action chez une femme). Mais elle ne s'en tiendra pas là : à l'exemple de son mari tellement bien managé qu'il en réussit de manière éclatante, elle va utiliser les mêmes méthodes dans la gestion de son couple, de sa famille, de l'éducation de sa fille et dans son investissement personnel dans une Association à but social. Ce qui donne lieu à des scènes, des prises de décision et autres recours à des coaches que l'on lit les yeux écarquillés de surprise (quand on n'est pas, comme moi, de ce monde-là...)
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu'au jour où la "catastrophe du siècle" emmène le système et le produit financier de Chanard au-delà des probabilités. C'est la goutte d'eau (si je puis me permettre le jeu de mot) qui va faire déborder le vase : Chanard est déstabilisé, fragilisé... un peu comme Vautier, le collègue devenu "ami", qui a osé manifester que le Groupe n'était pas tout pour lui... Mais Chanard est tellement formaté par son travail et ses méthodes de management qu'il ne parvient pas bien à identifier la source de son malaise ni à imaginer une autre manière de mener sa vie. J'ai pensé avoir deviné très vite que tout cela se terminerait de manière tragique, mais non : l'auteur a gardé le même sens de l'ironie et de la dérision jusqu'à la dernière page de son livre.
Méthodes de travail et de management modernes (inspirées, paraît-il, de l'armée), pouvoir suprême de la haute finance dans nos sociétés occidentales, formes subtiles de harcèlement au travail, rentabilité à tout prix, toute-puissance des "Ressources humaines" ... les thèmes et harmoniques de ce livre sont bien dans l'air du temps. Dans le monde de Thomas Coppey, le langage est tordu, vidé de son sens, dans une subtile perversion qui se cache derrière une soi-disant "éthique" (encore un mot à la mode). Et la construction du roman, de la montée en puissance d'un cadre supérieur, de sa réussite "exemplaire" à sa chute, est terriblement efficace : il y a peut-être de petites longueurs, mais très vite le récit rebondit et nous happe dans sa spirale infernale.
L'auteur a aussi eu l'excellente idée de sembler détacher le monde de Chanard et consorts de la réalité : en appelant les diverses institutions "le Groupe", "la Société", "l'Ecole", "l'Ecole des Ecoles", "l'Association" et last but not least "la Structure", en ne citant pas nommément la grande ville où vit et travaille le héros (mais il y a fort à parier qu'elle ressemble à Paris), il nous place dans une distance qui ferait presque penser à un roman d'anticipation, procédé que renforce le langage froid et technocratique. Et pourtant, cette réalité de la vie économique et financière est loin d'être de la science-fiction...
Je ne parlerai pas vraiment de coup de cœur tant les pratiques décrites dans ce Potentiel du sinistre me répugnent, me sidèrent (mais je suis naïve, je sais, je ne suis qu'une petite prof du secteur non-marchand, aucun intérêt) mais il faut avouer que la mise en situation de cet homme à la fois acteur et victime du système est vraiment d'une efficacité implacable et... jubilatoire !
La quatrième de couverture dit bien la technique employée par Thomas Coppey : restituer un discours, celui du management lié à celui de la haute finance, à travers le personnage de Chanard (il s'appelle ainsi, il n'a pas de prénom, tout comme les autres cadres du Groupe, désignés par leur nom de famille ou leur fonction dans l'entreprise - par contre, dans sa sphère privée, sa femme et sa fille ne sont désignées que par leur prénom, Cécile et Capucine). Dès le premier paragraphe du roman, ce discours stupéfiant est mis en place avec une redoutable efficacité :
"Si Chanard avait des doutes, si certaines de ses paroles sonnaient, lors des premiers entretiens, comme des tentatives pour se vendre, il s’est peu à peu approprié le discours du Groupe. Il fait sa profession de foi avec tact, prenant soin de ne laisser aucune incertitude quant à son humanité. Il admet qu’il y a parfois de la frustration à rentrer tard chez soi et à ne pouvoir consacrer plus de temps à Capucine, née il y a deux mois. C’est mon présent pour son avenir. Marwani, recruteur-manager en quête du profil qui apportera une réelle plus-value à l’équipe recherche du pôle Investment Banking, sait apprécier l’expression d’une telle faiblesse. Il applaudit, il valide puis libère Chanard et shoote un mail à la directrice des ressources humaines. Chanard a du potentiel. Il est smart et courtois. On va le staffer au plus vite et on verra à quel genre de performer on a affaire. Le manager dit bravo, nous augmentons notre Capital Humain." (p.7)
Mélange d'anglais et de français, charabia spécifique, "potentiel", "Capital humain", "performer"... tout est déjà en place pour suivre la fulgurante carrière de Chanard au sein du Groupe. On pourrait dire que c'est un jeune loup dévoré d'ambition, mais il sait parfaitement se couler dans le discours feutré, policé de ses supérieurs, bien évidemment soucieux du développement professionnel et personnel de leurs collaborateurs pour le plus grand bien du Groupe (et de l'humanité). Et ça marche : il gravit les échelons à toute vitesse et à force de travail (bien évidemment, même le week-end, même pendant les vacances) il réussit à imposer la création d'un produit financier qui permet d'investir sur les catastrophes naturelles potentielles. (Ne me demandez pas d'expliquer, je n'ai rien compris à ce discours pompeux mais là n'est pas l'essentiel.)
Pendant que Chanard réussit au-delà de toute espérance, sa femme, elle, est reléguée à un niveau inférieur à celui qu'elle occupait au sein de la Société avant son accouchement : elle a eu le tort de vouloir un enfant et a réduit ainsi à néant toutes ses perspectives d'avancement de carrière, de promotion (c'est bien connu que la maternité détruit complètement toutes les facultés de réflexion et d'action chez une femme). Mais elle ne s'en tiendra pas là : à l'exemple de son mari tellement bien managé qu'il en réussit de manière éclatante, elle va utiliser les mêmes méthodes dans la gestion de son couple, de sa famille, de l'éducation de sa fille et dans son investissement personnel dans une Association à but social. Ce qui donne lieu à des scènes, des prises de décision et autres recours à des coaches que l'on lit les yeux écarquillés de surprise (quand on n'est pas, comme moi, de ce monde-là...)
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu'au jour où la "catastrophe du siècle" emmène le système et le produit financier de Chanard au-delà des probabilités. C'est la goutte d'eau (si je puis me permettre le jeu de mot) qui va faire déborder le vase : Chanard est déstabilisé, fragilisé... un peu comme Vautier, le collègue devenu "ami", qui a osé manifester que le Groupe n'était pas tout pour lui... Mais Chanard est tellement formaté par son travail et ses méthodes de management qu'il ne parvient pas bien à identifier la source de son malaise ni à imaginer une autre manière de mener sa vie. J'ai pensé avoir deviné très vite que tout cela se terminerait de manière tragique, mais non : l'auteur a gardé le même sens de l'ironie et de la dérision jusqu'à la dernière page de son livre.
Méthodes de travail et de management modernes (inspirées, paraît-il, de l'armée), pouvoir suprême de la haute finance dans nos sociétés occidentales, formes subtiles de harcèlement au travail, rentabilité à tout prix, toute-puissance des "Ressources humaines" ... les thèmes et harmoniques de ce livre sont bien dans l'air du temps. Dans le monde de Thomas Coppey, le langage est tordu, vidé de son sens, dans une subtile perversion qui se cache derrière une soi-disant "éthique" (encore un mot à la mode). Et la construction du roman, de la montée en puissance d'un cadre supérieur, de sa réussite "exemplaire" à sa chute, est terriblement efficace : il y a peut-être de petites longueurs, mais très vite le récit rebondit et nous happe dans sa spirale infernale.
L'auteur a aussi eu l'excellente idée de sembler détacher le monde de Chanard et consorts de la réalité : en appelant les diverses institutions "le Groupe", "la Société", "l'Ecole", "l'Ecole des Ecoles", "l'Association" et last but not least "la Structure", en ne citant pas nommément la grande ville où vit et travaille le héros (mais il y a fort à parier qu'elle ressemble à Paris), il nous place dans une distance qui ferait presque penser à un roman d'anticipation, procédé que renforce le langage froid et technocratique. Et pourtant, cette réalité de la vie économique et financière est loin d'être de la science-fiction...
Je ne parlerai pas vraiment de coup de cœur tant les pratiques décrites dans ce Potentiel du sinistre me répugnent, me sidèrent (mais je suis naïve, je sais, je ne suis qu'une petite prof du secteur non-marchand, aucun intérêt) mais il faut avouer que la mise en situation de cet homme à la fois acteur et victime du système est vraiment d'une efficacité implacable et... jubilatoire !
Invité- Invité
Re: [Coppey, Thomas] Potentiel du sinistre
Merci pour ces avis.
Ce livre semble avoir un côté kafkaïen qui me plairait beaucoup.
Dommage qu'il ne soit pas disponible dans ma bibliothèque.
Ce livre semble avoir un côté kafkaïen qui me plairait beaucoup.
Dommage qu'il ne soit pas disponible dans ma bibliothèque.
Invité- Invité
Re: [Coppey, Thomas] Potentiel du sinistre
Ca va venir, Virgule, c'est une nouveauté 2013..
Invité- Invité
Re: [Coppey, Thomas] Potentiel du sinistre
J'espère...
La fiche apparaît dans le catalogue, mais il n'y a pas d'exemplaire référencé pour l'instant.
Je surveillerai.
La fiche apparaît dans le catalogue, mais il n'y a pas d'exemplaire référencé pour l'instant.
Je surveillerai.
Invité- Invité
Re: [Coppey, Thomas] Potentiel du sinistre
J'ai voté : moyennement apprécié
Ce livre était dans ma LAL depuis 2 ans, et je ne me décidais pas à le lire. Je pense que son titre me rebutait... trop sinistre. Finalement, je suis entrée dedans assez facilement.
Le style de l'auteur est particulier, intrigant. Et j'ai eu envie de savoir ce qui allait arriver au personnage central, Chanard.
Le roman débute avec le recrutement de Chanard dans le Groupe. Enfin, il intègre cette entreprise n°2 sur le marché des placements financiers et va pouvoir y développer tout son potentiel.
Chanard s'implique complètement dans son nouveau poste. Il se forme à la culture de l'entreprise et au management.
Pour sa femme, Cécile, la situation est bien différente. Elle a repris son poste dans une grande entreprise, la Société, après son congé maternité et va de désillusions en désillusions.
Le vocabulaire du management est omni-présent dans le roman, que ce soit pour parler du travail de Chanard, ou de sa vie familiale.
Dès le début du livre, on se dit que cela ne pourra pas durer à ce rythme. Et peu à peu, Chanard évolue.
La fin m'a cependant déçue. Le cynisme domine jusqu'à la dernière page.
J'aurais aimé une lueur d'espoir, qui n'existe pas dans le monde de la finance.
Pour conclure, c'est un livre original, par son écriture, et sa façon de disséquer le management d'entreprise, mais c'est un livre froid et cynique, presque une étude sociologique sur ce que vivent les cadres dans le monde de la finance. A lire si vous vous intéressez à ce sujet.
Ce livre était dans ma LAL depuis 2 ans, et je ne me décidais pas à le lire. Je pense que son titre me rebutait... trop sinistre. Finalement, je suis entrée dedans assez facilement.
Le style de l'auteur est particulier, intrigant. Et j'ai eu envie de savoir ce qui allait arriver au personnage central, Chanard.
Le roman débute avec le recrutement de Chanard dans le Groupe. Enfin, il intègre cette entreprise n°2 sur le marché des placements financiers et va pouvoir y développer tout son potentiel.
Le travail d'équipe implique l'excellence de chacun, mais les résultats sont estimés au niveau individuel [...] Tout le monde ne possède pas le même potentiel, la même motivation ou les mêmes aptitudes à apprendre, sans parler de la marge d'expertise fonctionnelle qui est parfois déjà exploitée à fond chez certains. Tout le monde ne progresse pas de la même façon, ni à la même vitesse.
Chanard s'implique complètement dans son nouveau poste. Il se forme à la culture de l'entreprise et au management.
Au Moyen Âge, un manager visite son chantier, ce faisant il rencontre un tailleur de pierre en plein travail. Il lui demande : Qu'êtes-vous en train de faire ? L'ouvrier répond : Je gagne mon pain. Le manager continue sa visite et pose la même question à un autre tailleur de pierre, qui lui répond : Je taille des pierres. Plus loin, il rencontre un troisième tailleur de pierre, à la même question, celui-ci répond : Je construis une cathédrale. Lui, c'est l'exemple à suivre, celui qui a intériorisé la Vision de l'entreprise. Bien évidemment, transmettre et rendre universelle cette Vision n'est pas le fruit du hasard.
Pour sa femme, Cécile, la situation est bien différente. Elle a repris son poste dans une grande entreprise, la Société, après son congé maternité et va de désillusions en désillusions.
Essor formidable du côté de Chanard, revers et déceptions du sien. L'épisode de la grossesse avait attaché à son nom une forme d'irrégularité, sinon de malhonnêteté, et elle s'était résignée à accepter son déclassement à un niveau bas de la hiérarchie. Cécile surqualifiée, sous-employée, la collaboratrice parfaite qui préférait un enfant à des responsabilités de plus en plus gratifiantes.
Le vocabulaire du management est omni-présent dans le roman, que ce soit pour parler du travail de Chanard, ou de sa vie familiale.
La gestion de la vie quotidienne est pleinement satisfaisante, l'éducation de Capucine obéit aux idées directrices simples que sont l'excellence, la diversité et la performance. [...] A bientôt six ans, Capucine prend goût à l'effort. L'équipe que forment Cécile et Chanard est parfaite.
Dès le début du livre, on se dit que cela ne pourra pas durer à ce rythme. Et peu à peu, Chanard évolue.
Le trajet jusqu'au Groupe n'est pas long, et ce qui est en général considéré comme un privilège se retourne contre lui, car Chanard aimerait disposer de cinq minutes pour évacuer les tensions, il se rend compte qu'il y en a tellement, cinq minutes un minimum. Il les prend, il s'arrête dans un café proche du Groupe, depuis lequel les bureaux ne sont pas visibles.
La fin m'a cependant déçue. Le cynisme domine jusqu'à la dernière page.
J'aurais aimé une lueur d'espoir, qui n'existe pas dans le monde de la finance.
Pour conclure, c'est un livre original, par son écriture, et sa façon de disséquer le management d'entreprise, mais c'est un livre froid et cynique, presque une étude sociologique sur ce que vivent les cadres dans le monde de la finance. A lire si vous vous intéressez à ce sujet.
Invité- Invité
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