[Resnick, Mike] Kirinyaga
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Votre avis sur "Kirinyaga"
[Resnick, Mike] Kirinyaga
Genre : Science-Fiction
Editions : Denoël
ISBN : 2-207-24708-2
336 pages
Quatrième de couverture :
Kirinyaga, c'est le nom que portait le mont Kenya lorsque c'était encore la montagne sacrée où siégeait Ngai, le dieu des Kikuyus. C'est aussi, en ce début du XXIIe siècle, une des colonies utopiques qui se sont créées sur des planétoïdes terraformés dépendant de l'Administration.
Pour Koriba, son fondateur - un intellectuel d'origine kikuyu, qui ne se reconnaît plus dans un Kenya profondément occidentalisé -, il s'agit d'y faire revivre les traditions ancestrales de son peuple.
Tâche difficile. Que fera Koriba, devenu mundumugu, c'est-à-dire sorcier de Kirinyaga, quand une petite fille surdouée voudra apprendre à lire et à écrire alors que la tradition l'interdit ? Ou lorsque la tribu découvrira la médecine occidentale et cessera de croire en son dieu, et donc en son sorcier ? L'utopie d'une existence selon les valeurs du passé est-elle viable dans un monde en constante évolution ?
Mon avis : Pour Koriba, son fondateur - un intellectuel d'origine kikuyu, qui ne se reconnaît plus dans un Kenya profondément occidentalisé -, il s'agit d'y faire revivre les traditions ancestrales de son peuple.
Tâche difficile. Que fera Koriba, devenu mundumugu, c'est-à-dire sorcier de Kirinyaga, quand une petite fille surdouée voudra apprendre à lire et à écrire alors que la tradition l'interdit ? Ou lorsque la tribu découvrira la médecine occidentale et cessera de croire en son dieu, et donc en son sorcier ? L'utopie d'une existence selon les valeurs du passé est-elle viable dans un monde en constante évolution ?
Les dix récits de Kirinyaga sont le cycle de nouvelles le plus récompensé de l'histoire de la science-fiction, avec plus de cinquante prix et nominations, et ce n’est que justice. Alliance subtile d’une science-fiction à la fois inventive et réaliste, et d’une analyse sociologique très fouillée, cette oeuvre s’approche dangereusement de la perfection.
Les avancées technologiques décrites, bien que massives, n’ont rien de délirant - satellites terraformés, au plus -, pas plus que le futur projeté de la Terre - urbanisée à l’extrême, même dans ses contrées auparavant les plus sauvages. Les personnages, même les plus rapidement esquissés, possèdent une véritable présence, une identité bien définie, une cohérence interne impressionnante. Koriba, centre du récit, a tout du personnage à la fois attachant et crispant, sympathique et détestable, totalement réaliste dans son absolue imperfection.
Quant à l’intrigue, non seulement l’auteur enchaîne brillamment ses rebondissements et s’entend à tenir le lecteur en haleine, mais elle suggère une réflexion d’une richesse rare, même pour un roman dit «classique». Nature d’une utopie. Conditions de sa stabilité, causes de son effondrement. Questions sur l’inéluctabilité de cet effondrement. Relations Nord-Sud et impact de la politique coloniale passée de l’Europe sur le présent de l’Afrique, et par extension des pays en voie de développement. Liens entre les générations. Relations ambiguës à la science, ses merveilles et son prix. D’autre sujets encore, traités avec une profondeur réelle même si l’auteur se garde bien de porter des jugements définitifs, laissant le soin à son lecteur de trouver ses propres réponses. Parfois même ses propres questions.
Un cycle remarquable, qui rappelle furieusement un maître du genre, Ray Bradbury. Un coup de cœur inattendu mais incontestable, à découvrir absolument.
Ma note : 9,5/10Les avancées technologiques décrites, bien que massives, n’ont rien de délirant - satellites terraformés, au plus -, pas plus que le futur projeté de la Terre - urbanisée à l’extrême, même dans ses contrées auparavant les plus sauvages. Les personnages, même les plus rapidement esquissés, possèdent une véritable présence, une identité bien définie, une cohérence interne impressionnante. Koriba, centre du récit, a tout du personnage à la fois attachant et crispant, sympathique et détestable, totalement réaliste dans son absolue imperfection.
Quant à l’intrigue, non seulement l’auteur enchaîne brillamment ses rebondissements et s’entend à tenir le lecteur en haleine, mais elle suggère une réflexion d’une richesse rare, même pour un roman dit «classique». Nature d’une utopie. Conditions de sa stabilité, causes de son effondrement. Questions sur l’inéluctabilité de cet effondrement. Relations Nord-Sud et impact de la politique coloniale passée de l’Europe sur le présent de l’Afrique, et par extension des pays en voie de développement. Liens entre les générations. Relations ambiguës à la science, ses merveilles et son prix. D’autre sujets encore, traités avec une profondeur réelle même si l’auteur se garde bien de porter des jugements définitifs, laissant le soin à son lecteur de trouver ses propres réponses. Parfois même ses propres questions.
Un cycle remarquable, qui rappelle furieusement un maître du genre, Ray Bradbury. Un coup de cœur inattendu mais incontestable, à découvrir absolument.
Invité- Invité
Re: [Resnick, Mike] Kirinyaga
La version que je viens de lire se compose de huit nouvelles, un prologue, un épilogue et une postface de l'auteur pour Kirinyaga, puis de huit nouvelles pour Kilimandjaro.
Je n'ai pas eu l'impression de lire des nouvelles, mais un roman. Les nouvelles se succèdent tels des chapitres.
Si ce roman se passe dans un futur lointain, si les personnages évoluent dans une "terraforme" crée pour réaliser des utopies, le monde crée par Koriba et ses adeptes n'a rien de futuriste.
Fanatique, ancien et brillant intellectuel, Koriba façonne un monde tel qu'il le souhaite, en refusant toute intrusion des blancs, des européens. Il semble vouloir adorer Ngai, son dieu créateur en laissant le peuple dans l'obscurantisme. Bien des questions sont posées, un peuple peut-il survivre, continuer à avancer sans évoluer? (C'est assez facile, quand on est le seul à disposer des moyens modernes, d'être un mundumugu -sorcier-)
Des femmes, "bêtes de somme", auxquelles au nom de la tradition on refuse l'apprentissage de la lecture. Des hommes n'ayant pas d'ennemis, pas de projet, pas d'effort à faire pour protéger leur famille, leur tribu.
Tirant parti des erreurs de Koriba et du peuple Kikuyu, les Massaïs vont aussi créer une terraforme, Kilimandjaro.
J'ai vraiment passé un très agréable moment en lisant ce texte plutôt bien écrit. Les personnages sont tous attachants, crédibles. L'auteur nous offre une réflexion, remet en question certaines idées reçues.
Si je devais choisir entre ses deux utopies, je préfèrerai vivre sur Kilimandjaro.
Je n'ai pas eu l'impression de lire des nouvelles, mais un roman. Les nouvelles se succèdent tels des chapitres.
Si ce roman se passe dans un futur lointain, si les personnages évoluent dans une "terraforme" crée pour réaliser des utopies, le monde crée par Koriba et ses adeptes n'a rien de futuriste.
Fanatique, ancien et brillant intellectuel, Koriba façonne un monde tel qu'il le souhaite, en refusant toute intrusion des blancs, des européens. Il semble vouloir adorer Ngai, son dieu créateur en laissant le peuple dans l'obscurantisme. Bien des questions sont posées, un peuple peut-il survivre, continuer à avancer sans évoluer? (C'est assez facile, quand on est le seul à disposer des moyens modernes, d'être un mundumugu -sorcier-)
Des femmes, "bêtes de somme", auxquelles au nom de la tradition on refuse l'apprentissage de la lecture. Des hommes n'ayant pas d'ennemis, pas de projet, pas d'effort à faire pour protéger leur famille, leur tribu.
Tirant parti des erreurs de Koriba et du peuple Kikuyu, les Massaïs vont aussi créer une terraforme, Kilimandjaro.
J'ai vraiment passé un très agréable moment en lisant ce texte plutôt bien écrit. Les personnages sont tous attachants, crédibles. L'auteur nous offre une réflexion, remet en question certaines idées reçues.
Si je devais choisir entre ses deux utopies, je préfèrerai vivre sur Kilimandjaro.
joëlle- Modérateur
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