[Mingarelli, Hubert] Un repas en hiver
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SONDAGE
[Mingarelli, Hubert] Un repas en hiver
Un repas en hiver
Hubert Mingarelli
Stock , Paris
collection Bleue
Parution : août 2012
137 PAGES
Quatrième de couverture
Ce jour-là, trois hommes prennent la route, avancent péniblement dans la neige sans autre choix que de se prêter à une chasse à l'homme décrétée par leur hiérarchie militaire. Ils débusquent presque malgré eux un Juif caché dans la forêt, et, soucieux de se nourrir et de retarder le retour à la compagnie, procèdent à la laborieuse préparation d'un repas dans une maison abandonnée, avec le peu de vivres dont ils disposent. Les hommes doivent trouver de quoi faire du feu et réussir à porter à ébullition une casserole d'eau. Ils en viennent à brûler les chaises sur lesquelles ils sont assis, ainsi que la porte derrière laquelle ils ont isolé leur proie.
Le tour de force d'Hubert Mingarelli, dans ce roman aussi implacable que vertigineux, consiste à mettre à la même table trois soldats allemands, un jeune Juif et un Polonais dont l'antisémitisme affiché va réveiller chez les soldats un sentiment de fraternité vis-à-vis de leur prisonnier.
MON RESUME
. Le roman se déroule en pologne la seconde guerre mondiale, trois hommes qui veulent échapper aux fusillades imposées par leur chef partent en mission suggérée par le commandant.
Dans une première partie nous les suivons dans leur marche au milieu d’une campagne hostile, ensevelie sous la neige glacée. Ils sont partis à l’aube, pour éviter d’entendre les premières fusillades. Ils risquent à tout instant de tomber dans les ornières et lorsqu’ils quittent la route ils s’enfoncent dans la neige. Ils effectuent des haltes pour se reposer, fumer une cigarette « Le temps d’allumer nos cigarettes et déjà, nos mains attaquées par le froid, nous brulèrent. » L’un des trois soldats n’a de cesse de parler de son fils, du souci qu’il se fait pour lui, car il fume, ses compagnons d’infortunes ne veulent pas le blesser et essaient de le réconforter. Ils ont soulagés d’être à l’extérieur, malgré le froid, la marche difficile, la faim, loin de la tuerie qui se trame dans leur compagnie. Tout à fait par hasard, l’un d’eux découvre un homme caché sous la terre et là le but de leur sortie apparaît : la "traque" aux juifs. Transis de froid et souffrants de la faim ils entrent par effraction dans une bâtisse pour se réchauffer et espérer manger.
Dans cette la seconde partie, s’instaure un huit clos entre les cinq hommes, nos trois soldats, leur prisonnier juif et un polonais qui se trouvait près de la masure. Les soldats vont s’évertuer à allumer le poêle qui se trouvait encore dans le refuge, pour se réchauffer et surtout préparer un repas, une soupe à base de farine de maïs, saindoux et saucisson. Il faut trouver de l’eau, la neige est là ensuite la faire bouillir, pour cela ils devront casser le peu de mobilier de leur refuge, chaises, portes. Le polonais s’avère être d’un antisémitisme profond qui fini par agacer les trois hommes qui demanderont au prisonnier de venir partager leur repas. Mais au moment du départ se pose la question, auront-ils le courage de le libérer ?
C’est un très beau roman, l’on suit ces trois hommes dans cette campagne glacée. L’auteur nous fait ressentir la température hivernale, le bruit des pas qui s’enfoncent dans la neige et l’augmentation de la température ( 1 ou 2° !) lorsque le soleil apparaît timidement.
Ces hommes sont embaqués dans une guerre qui les dépasse, ils ne sont pas à leur place n’en peuvent plus de ces fusillades répétées. Leur conscience les tourmente mais comment y échapper ? Ce roman nous met face à des bourreaux crées par la guerre et qui ont gardé un sens humain qu’ils n’arrivent pas à développer enfermés qu’ils sont dans cette tourmente guerrière.
Invité- Invité
Re: [Mingarelli, Hubert] Un repas en hiver
Merci pour cet avis Creuse.
chocolette- Grand sage du forum
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Re: [Mingarelli, Hubert] Un repas en hiver
Merci Creuse pour ta critique
louloute- Grand sage du forum
-
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Re: [Mingarelli, Hubert] Un repas en hiver
Merci pour cet avis Creuse, je le note !
marie do- Grand sage du forum
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Re: [Mingarelli, Hubert] Un repas en hiver
Je le note aussi
Merci Creuse
Merci Creuse
lili78- Grand sage du forum
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Re: [Mingarelli, Hubert] Un repas en hiver
En ce temps de grande chaleur estivale, ce roman (emprunté à la bibliothèque) a toutes les qualités pour vous rafraîchir... voire vous refroidir.
Ce n'est rien de dire qu'Hubert Mingarelli a le chic pour nous faire ressentir le froid polaire qui sévit alors que trois soldats réussissent à éviter une "corvée" de masse et se mettent en route dans la forêt, pour aller littéralement à la chasse au Juif. La neige, le gel qui perce jusqu'aux os, les couches de vêtements qui tentent de protéger, la nature figée : le froid est terrible. Mais il y a pire : on sent ces trois hommes broyés par leurs conditions de vie, par le "travail" qu'ils ont à exécuter. Ils n'ont plus que des désirs de base, des instincts de survie à satisfaire : se mettre à l'abri, se réchauffer, manger. Et retrouver le chemin du camp. Malgré tout, des préoccupations, des obsessions affleurent : comment écrire à son fils pour l'empêcher de fumer sans le terroriser en ces temps de guerre et d'incertitude, comment empêcher les rêves d'envahir les journées et de faire souffrir, comment se blinder pour résister à cette mission atroce qui est la leur ? On les sent fragiles, épuisés, sur le fil du rasoir.
Ce repas si fruste qu'ils prennent tant de temps à préparer (en démolissant sans vergogne l'intérieur d'une "sale petite maison polonaise"), on pourrait croire qu'il va réveiller, réchauffer cette part d'humanité qui est toujours au fond d'eux. Un repas qui permette de faire mémoire de ce qu'il y a de plus sensible en eux, qui ouvre une fenêtre sur un peu de lumière intérieure... les qualités d'un repas symbolique dans tout ce qu'il a de plus rassembleur. Mais la solidarité qui unit ces trois hommes va être mise à rude épreuve. Et là aussi, le style d'Hubert Mingarelli est implacable, comme l'histoire qu'il nous conte.
Quelle est la frontière entre humanité et bestialité, qu'est-ce qui fait que l'on continue à être un homme malgré tout ? Voilà quelques-unes des questions qu'il nous pose, sous un point de vue original et coupant comme le froid d'un hiver polonais.
"Je n'avais pas mis mes gants. Je tassais la neige dans les quarts et mes doigts me faisaient si mal que dans le dernier, le mien, je me contentai de récolter de la neige, comme ça d'un seul geste, sans la tasser. Je retournai en courant vers la maison. Sans la cagoule et le casque, le silence était une pierre tranchante." (p. 70)
Ce n'est rien de dire qu'Hubert Mingarelli a le chic pour nous faire ressentir le froid polaire qui sévit alors que trois soldats réussissent à éviter une "corvée" de masse et se mettent en route dans la forêt, pour aller littéralement à la chasse au Juif. La neige, le gel qui perce jusqu'aux os, les couches de vêtements qui tentent de protéger, la nature figée : le froid est terrible. Mais il y a pire : on sent ces trois hommes broyés par leurs conditions de vie, par le "travail" qu'ils ont à exécuter. Ils n'ont plus que des désirs de base, des instincts de survie à satisfaire : se mettre à l'abri, se réchauffer, manger. Et retrouver le chemin du camp. Malgré tout, des préoccupations, des obsessions affleurent : comment écrire à son fils pour l'empêcher de fumer sans le terroriser en ces temps de guerre et d'incertitude, comment empêcher les rêves d'envahir les journées et de faire souffrir, comment se blinder pour résister à cette mission atroce qui est la leur ? On les sent fragiles, épuisés, sur le fil du rasoir.
Ce repas si fruste qu'ils prennent tant de temps à préparer (en démolissant sans vergogne l'intérieur d'une "sale petite maison polonaise"), on pourrait croire qu'il va réveiller, réchauffer cette part d'humanité qui est toujours au fond d'eux. Un repas qui permette de faire mémoire de ce qu'il y a de plus sensible en eux, qui ouvre une fenêtre sur un peu de lumière intérieure... les qualités d'un repas symbolique dans tout ce qu'il a de plus rassembleur. Mais la solidarité qui unit ces trois hommes va être mise à rude épreuve. Et là aussi, le style d'Hubert Mingarelli est implacable, comme l'histoire qu'il nous conte.
Quelle est la frontière entre humanité et bestialité, qu'est-ce qui fait que l'on continue à être un homme malgré tout ? Voilà quelques-unes des questions qu'il nous pose, sous un point de vue original et coupant comme le froid d'un hiver polonais.
"Je n'avais pas mis mes gants. Je tassais la neige dans les quarts et mes doigts me faisaient si mal que dans le dernier, le mien, je me contentai de récolter de la neige, comme ça d'un seul geste, sans la tasser. Je retournai en courant vers la maison. Sans la cagoule et le casque, le silence était une pierre tranchante." (p. 70)
Invité- Invité
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