[Vigan, Delphine (de)] Jours sans faim
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Christiane 38
audreyzaz
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Votre avis sur " Jours sans faim "
Re: [Vigan, Delphine (de)] Jours sans faim
désolée Alexielle, j'ai pourtant actionné la touche recherche, mais j'ai du mal le faire... merci à toi
Pinky- Grand sage du forum
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Re: [Vigan, Delphine (de)] Jours sans faim
La quatrième de couverture est aussi le tout début de ce livre qui raconte le parcours de Laure (dont on ne découvre le prénom qu'à la page 39) durant les trois mois qu'elle passe à l'hôpital pour tenter de "guérir" de son anorexie. Au bord de la mort, elle a accepté de répondre à l'invitation du docteur Brunel (dont le nom arrive lui aussi à la page 43 seulement). Ce médecin, avec qui elle noue une relation forte et pudique à la fois, va l'accompagner, l'encourager, la stimuler sans cesse pour qu'elle reprenne les kilos nécessaires à sa survie. Durant ces trois mois et ces 120 pages, Laure vit au rythme du service de gastro-entérologie : dans la faiblesse d'abord, et petit à petit dans les rencontres des patients de l'étage, de leurs histoires souvent douloureuses elles aussi, dans l'exploration de sa propre histoire, de ce qui l'a amenée à s'infliger une telle souffrance. Trois mois pour renouer avec elle-même, pour apprivoiser ce corps qui reprend vie, les kilos qui reviennent, l'angoisse toujours prête à prendre le contrôle, trois mois pour revivre. Trois mois pendant lesquels elle a laissé sa petite soeur Louise seule dans une histoire familiale bouleversée.
Ce livre m'a beaucoup touchée. Je suis loin d'être anorexique (heureusement me direz-vous) mais il me semble avoir touché de l'intérieur les douleurs et les espoirs qui renaissent, les souffrances physiques et psychologiques de Laure, pour comprendre un tout petit peu mieux cette maladie. J'ai aimé la manière délicate, discrète, dont Delphine de Vigan s'approche de son héroïne. Anonyme au départ, comme cette jeune fille qui a voulu s'effacer de manière tellement radicale, "elle" devient Laure et nous partageons son quotidien sans toutefois nous approcher de trop près : elle est si fragile, cette jeune femme qui réapprend à vivre et à manger... si courageuse aussi, aussi déterminée dans sa reconstruction que dans sa volonté de se détruire. Le langage sait cependant se faire très précis ou violent, à l'image de la maladie et de celle qui veut la contrôler.
Ma lecture a évidemment été très influencée par ce que dit Delphine de Vigan de ce livre dans Rien ne s'oppose à la nuit. J'ai retrouvé avec un intérêt tout particulier dans la figure de la mère de Laure, "absente" elle aussi, le visage de Lucile Poirier. Dans ce portrait de la jeune fille du roman qui retrouve le goût de la création, de l'écriture, Delphine de Vigan s'est bien sûr inspirée de sa propre histoire. Mais elle en fait, ici aussi, un roman qui peut parler à tous.
Un livre dans lequel il faut entrer à pas feutrés, pour ne pas effrayer Laure, qui finit par vous happer et qui m'a beaucoup touchée.
"Plus tard elle comprendra qu'elle cherchait ça entre autres choses, détruire son propre corps pour ne plus rien percevoir du dehors, ne plus rien ressentir d'autre dans sa chair et dans son ventre que la faim. Il faudra du temps pour refaire le chemin à l'envers, remonter le plus loin possible en arrière, jusqu'aux premiers dégoûts, aux premiers aliments virés du frigo, sans préavis, remonter plus loin encore quand il faudra sortir de nulle part ces blessures intactes conservées en chambre froide, pour tenter d'expliquer la construction ou le choix de son symptôme. Dans le désordre souvent, il faudra extraire avec précaution ces souvenirs entreposés comme des cochons égorgés, suspendus par les pieds, leur peau maculée de sang séché, il faudra lutter pour ne pas faire marche arrière, à cause de l'odeur de pourriture qui les étreint et qui empêche que l'on s'y attarde trop longtemps." (p. 20)
"C'est un tel effort de vivre. Ce sont les mêmes mots qui lui viennent à la bouche, des mots qui l'inscrivent dans cette lignée de blessures intactes." (p. 98)
Ce livre m'a beaucoup touchée. Je suis loin d'être anorexique (heureusement me direz-vous) mais il me semble avoir touché de l'intérieur les douleurs et les espoirs qui renaissent, les souffrances physiques et psychologiques de Laure, pour comprendre un tout petit peu mieux cette maladie. J'ai aimé la manière délicate, discrète, dont Delphine de Vigan s'approche de son héroïne. Anonyme au départ, comme cette jeune fille qui a voulu s'effacer de manière tellement radicale, "elle" devient Laure et nous partageons son quotidien sans toutefois nous approcher de trop près : elle est si fragile, cette jeune femme qui réapprend à vivre et à manger... si courageuse aussi, aussi déterminée dans sa reconstruction que dans sa volonté de se détruire. Le langage sait cependant se faire très précis ou violent, à l'image de la maladie et de celle qui veut la contrôler.
Ma lecture a évidemment été très influencée par ce que dit Delphine de Vigan de ce livre dans Rien ne s'oppose à la nuit. J'ai retrouvé avec un intérêt tout particulier dans la figure de la mère de Laure, "absente" elle aussi, le visage de Lucile Poirier. Dans ce portrait de la jeune fille du roman qui retrouve le goût de la création, de l'écriture, Delphine de Vigan s'est bien sûr inspirée de sa propre histoire. Mais elle en fait, ici aussi, un roman qui peut parler à tous.
Un livre dans lequel il faut entrer à pas feutrés, pour ne pas effrayer Laure, qui finit par vous happer et qui m'a beaucoup touchée.
"Plus tard elle comprendra qu'elle cherchait ça entre autres choses, détruire son propre corps pour ne plus rien percevoir du dehors, ne plus rien ressentir d'autre dans sa chair et dans son ventre que la faim. Il faudra du temps pour refaire le chemin à l'envers, remonter le plus loin possible en arrière, jusqu'aux premiers dégoûts, aux premiers aliments virés du frigo, sans préavis, remonter plus loin encore quand il faudra sortir de nulle part ces blessures intactes conservées en chambre froide, pour tenter d'expliquer la construction ou le choix de son symptôme. Dans le désordre souvent, il faudra extraire avec précaution ces souvenirs entreposés comme des cochons égorgés, suspendus par les pieds, leur peau maculée de sang séché, il faudra lutter pour ne pas faire marche arrière, à cause de l'odeur de pourriture qui les étreint et qui empêche que l'on s'y attarde trop longtemps." (p. 20)
"C'est un tel effort de vivre. Ce sont les mêmes mots qui lui viennent à la bouche, des mots qui l'inscrivent dans cette lignée de blessures intactes." (p. 98)
Invité- Invité
Re: [Vigan, Delphine (de)] Jours sans faim
J'ai beaucoup apprécié ce livre qui parle d'un sujet grave en toute simplicité, sans tomber dans le patho.
Je l'ai prêté, offert et conseiller. Les avis sont tous les mêmes...
Delphine de Vigan sait transmettre les émotions... Elle est doué.
Il se lit très facilement et est assez court.
Touché de près ou de loin, ou pas touché du tout, c'est un livre qui mérite d'être lu.
Je l'ai prêté, offert et conseiller. Les avis sont tous les mêmes...
Delphine de Vigan sait transmettre les émotions... Elle est doué.
Il se lit très facilement et est assez court.
Touché de près ou de loin, ou pas touché du tout, c'est un livre qui mérite d'être lu.
Invité- Invité
Re: [Vigan, Delphine (de)] Jours sans faim
J'ai lu ce livre après "rien ne s'oppose à la nuit", je voulais connaitre un peu plus cet auteur ("jour sans faim" est quasi autobiographique mais par choix afin de protéger son entourage Delphine de Vigan l'a publié sous pseudonyme.)
Connaissant la maladie, je comprend cette difficulté du moindre kilo en plus (... en trop.). C'est un beau livre qui se lit vite mais certains passages sont assez durs.
Connaissant la maladie, je comprend cette difficulté du moindre kilo en plus (... en trop.). C'est un beau livre qui se lit vite mais certains passages sont assez durs.
Re: [Vigan, Delphine (de)] Jours sans faim
Je viens de terminer Jours sans Faim. C'est un livre vraiment poignant, une écriture tellement vraie.
Les suppléments, la douleur, la solitude, la nuit, le regard des autres... Et je me suis dit que ce livre devait forcément contenir une part autobiographique. A priori, c'est bien le cas.
Je pense que les personnes touchées de près ou de loin par ce type de troubles alimentaires seront particulièrement sensibles à l'écriture de Delphine de Vigan, tellement, je me répète, ce livre est vrai.
Les suppléments, la douleur, la solitude, la nuit, le regard des autres... Et je me suis dit que ce livre devait forcément contenir une part autobiographique. A priori, c'est bien le cas.
Je pense que les personnes touchées de près ou de loin par ce type de troubles alimentaires seront particulièrement sensibles à l'écriture de Delphine de Vigan, tellement, je me répète, ce livre est vrai.
lilooo81- Grand expert du forum
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Genre littéraire préféré : Les romans qui mettent de bonne humeur!
Date d'inscription : 21/03/2011
Re: [Vigan, Delphine (de)] Jours sans faim
lilooo81 a écrit:... Et je me suis dit que ce livre devait forcément contenir une part autobiographique. A priori, c'est bien le cas.
En effet il est en partie autobiographique. D'ailleurs lorsqu'elle l'a publié la première fois ce fut sous pseudonyme pour protéger ses proches. (si tu ne l'a pas lu je te conseille Rien ne s'oppose à la nuit du même auteur)
Re: [Vigan, Delphine (de)] Jours sans faim
Merci pour ton conseil Bella! Mon prochain sera peut-être No et Moi. Je vais avoir probablement besoin d'un peu de temps avant de me replonger dans ce type de lecture, mais je le note!
lilooo81- Grand expert du forum
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Nombre de messages : 643
Localisation : France
Genre littéraire préféré : Les romans qui mettent de bonne humeur!
Date d'inscription : 21/03/2011
Re: [Vigan, Delphine (de)] Jours sans faim
Tous ces avis attisent ma curiosité....je me le note!
Invité- Invité
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