[Murakami, Haruki] Underground
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Votre avis sur Underground
[Murakami, Haruki] Underground
Titre :Underground.
Auteur : Haruki Murakami.
Editeur : Belfond.
Nombre de pages : 596 pages.
Présentation de l’éditeur :
Livre d’entretiens, mais aussi réflexion philosophique et autobiographique, un essai indispensable pour décrypter l’oeuvre de l’auteur de 1Q84, la trilogie au succès planétaire.
Le 20 mars 1995 se produisait l’attentat le plus meurtrier jamais perpétré au Japon : en pleine heure de pointe, des adeptes de la secte Aum répandent du gaz sarin dans le métro de Tokyo, tuant douze personnes, en blessant plus de cinq mille.
Très choqué, mais aussi révolté par le traitement médiatique par trop manichéen de la tragédie, Murakami va partir à la rencontre des victimes et de leurs bourreaux : rescapés du drame et adeptes de la secte.
Au fil des entretiens apparaissent tous les grands thèmes chers à Murakami : l’étrangeté au monde, l’impossible quête d’absolu, le mal venu des profondeurs, ces little people présents en chacun de nous, incarnations des forces destructrices qui nous font basculer parfois vers l’irréparable …
Mon avis :
Attention, chef d’oeuvre. Ce livre a mis seize ans avant d’être traduit en français, et je trouve réellement que c’est dommage. Vous me répondrez qu’il y a seize ans, j’entrai en licence de lettres, et je serai passé à côté de ce livre. Moi, sûrement, les fans de l’auteur, non.
Tout comme De sang-froid, de Truman Capote, ce livre devrait être lu par tous ceux qui veulent écrire à partir de faits réels, par des journalistes qui confondent témoignages et quête du sensationnel. La pauvreté de nos émissions de "témoignages" françaises est altérante : n’importe qui peut témoigner de n’importe quoi, et ne s’en prive pas dans notre pays.
Au Japon, témoigner n’est ni naturel ni culturel. On ne se raconte pas, ne s’épanche pas, on ne se plaint pas. On ne revient pas inlassablement sur le passé, on le dépasse pour aller de l’avant.
Murakami a respecté la volonté de ceux qu’il a interviewé, renonçant à publiant les témoignages de ceux qui s’y sont refusé. Les noms ne sont pas changés, sauf nécessité (hors de questions que des journalistes viennent harceler une des victimes, qui souffre toujours de graves séquelles deux ans après).
La première partie, la plus longue, est consacrée aux survivants, ou aux proches des victimes. Murakami s’efface totalement devant chaque témoignage, et montre, dans la courte présentation qu’il consacre à chacun (le seul moment où l’on entend sa voix), il se montre le plus juste possible dans le portrait qu’il dresse d’eux. Il leur donne véritablement la parole. Je ne vous cache pas que ces voix sont particulièrement émouvantes et sensibles, j’ai eu de la peine à les quitte.
La seconde partie répond à une demande : faire entendre la voix des membres de la secte, en aucun cas des personnes ayant participé aux attentats. Elle est sidérante, et répond à l’interrogation de Murakami : comment des personnes instruites, brillantes, des personnes qui auraient pu être lui, en sont arrivés là ? Là, il ne se tait pas, nous lisons ses questions, ses réactions, face à ses personnes qui ne regrettent pas leur engagement, et doutent même, parfois, qu’Aum soit responsable de ce qui s’est passé dans le métro.
Underground : un livre choc, à lire absolument.
Sharon- Modérateur
-
Nombre de messages : 13263
Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Murakami, Haruki] Underground
Murakami j’avais déjà essayé avec 1Q84. Pas pu dépasser les 100 pages ! L’attentat au gaz sarin de 1995 à Tokyo ? j’avais 10 ans et aucun souvenir de cela, à ma grande honte. Le sujet ? Assez angoissant quand même pour moi qui prends le métro tous les jours avec une tendance à la méfiance dans ces lieux sous terrain.
Bref pas de quoi sauter de joie à l’idée de cette LC avec mon club de lecture. Pourtant j’ai été surprise. Surprise par le genre. Ce n’est pas un roman, c’est une somme de récit, de témoignage des victimes, des médecins mais aussi certains membres de la secte Aum, plusieurs mois après les attentats. Surprise aussi par Murakami qui habituellement part d’un fait réel ou plausible pour basculer dans un monde différent. Ici il parle peu, s’efface face aux personnes touchées par la catastrophe.
Témoignage intéressant qui nous montre une société différente de la notre. Leur réaction est difficile à comprendre. Dans cette société où le travail vous représente on se rend compte que même très malade(le gaz sarin attaque les voix respiratoires, les yeux…) les victimes poursuivent leur journée coûte que coûte.
Les personnes qui ont été touchée ne se posent jamais en victimes et s’excusent presque d’avoir du arrêter leur travail pendant quelques jours. Parfois ils refuseront de se faire hospitaliser et ont repris trop tôt leurs activités. Ils n’ont pas de haine envers les responsables.
Ce qui m’a frappé aussi c’est que personne n’a vraiment paniqué ce jour là de ce fait il a fallu du temps pour se rendre compte que quelque chose de terrible venait de se produire ce qui causa la mort de plusieurs personnes.
Les services d’urgences n’étaient absolument pas prêts à ce genre de sinistre. Pas d’ambulance, des médecins qui renvoyaient les patients ou qui ne connaissaient pas le protocole alors que quelques mois plus tôt une attaque au gaz sarin avait déjà eu lieu.
Cette partie est assez touchante voir émouvante pour moi qui suis très empathique.
La deuxième partie est plus courte. La place est laissée aux membres de la secte d’Aum. J’ai eu plus de mal a les comprendre mais j’ai trouvé intéressant que l’auteur leur laisse une place aussi car pourquoi toujours entendre qu’une seule voie ? Voir un seul côté ? Même si la seconde face d’une pièce ne nous plait pas elle existe tout de même on ne peut le nier. Il ne s’agit pas des auteurs de l’attentat mais des membres ou ex-membres de la secte. Comment des individus comme vous et moi peuvent en venir là ? La plupart sont instruit, ont une carrière…
Ici la démarche est différente car il ne s’efface pas complètement. L’auteur prend la parole, réagit.
Une lecture intense, parfois un peu longue mais comment choisir de couper les propos de tel ou tel personne et selon quel critère ?
Une découverte à faire.
Bref pas de quoi sauter de joie à l’idée de cette LC avec mon club de lecture. Pourtant j’ai été surprise. Surprise par le genre. Ce n’est pas un roman, c’est une somme de récit, de témoignage des victimes, des médecins mais aussi certains membres de la secte Aum, plusieurs mois après les attentats. Surprise aussi par Murakami qui habituellement part d’un fait réel ou plausible pour basculer dans un monde différent. Ici il parle peu, s’efface face aux personnes touchées par la catastrophe.
Témoignage intéressant qui nous montre une société différente de la notre. Leur réaction est difficile à comprendre. Dans cette société où le travail vous représente on se rend compte que même très malade(le gaz sarin attaque les voix respiratoires, les yeux…) les victimes poursuivent leur journée coûte que coûte.
Les personnes qui ont été touchée ne se posent jamais en victimes et s’excusent presque d’avoir du arrêter leur travail pendant quelques jours. Parfois ils refuseront de se faire hospitaliser et ont repris trop tôt leurs activités. Ils n’ont pas de haine envers les responsables.
Ce qui m’a frappé aussi c’est que personne n’a vraiment paniqué ce jour là de ce fait il a fallu du temps pour se rendre compte que quelque chose de terrible venait de se produire ce qui causa la mort de plusieurs personnes.
Les services d’urgences n’étaient absolument pas prêts à ce genre de sinistre. Pas d’ambulance, des médecins qui renvoyaient les patients ou qui ne connaissaient pas le protocole alors que quelques mois plus tôt une attaque au gaz sarin avait déjà eu lieu.
Cette partie est assez touchante voir émouvante pour moi qui suis très empathique.
La deuxième partie est plus courte. La place est laissée aux membres de la secte d’Aum. J’ai eu plus de mal a les comprendre mais j’ai trouvé intéressant que l’auteur leur laisse une place aussi car pourquoi toujours entendre qu’une seule voie ? Voir un seul côté ? Même si la seconde face d’une pièce ne nous plait pas elle existe tout de même on ne peut le nier. Il ne s’agit pas des auteurs de l’attentat mais des membres ou ex-membres de la secte. Comment des individus comme vous et moi peuvent en venir là ? La plupart sont instruit, ont une carrière…
Ici la démarche est différente car il ne s’efface pas complètement. L’auteur prend la parole, réagit.
Une lecture intense, parfois un peu longue mais comment choisir de couper les propos de tel ou tel personne et selon quel critère ?
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