[Chalandon, Sorj] Le quatrième mur

[Chalandon, Sorj]
Le quatrième mur
Grasset 21 août 2013
ISBN 978 2 246 80871 8
327 pages

Quatrième de couverture
« L'idée de Sam était belle et folle : monter l'Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé.
Samuel était grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m'a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l'a fait promettre, à moi, petit théâtreux de patronage. Et je lui ai dit oui. Je suis allé à Beyrouth le 10 février 1982, main tendue à la paix. Avant que la guerre ne m'offre brutalement la sienne... »

Mon ressenti
Que d’émotions en lisant ce roman bouleversant écrit avec justesse et une certaine force d’esprit, c’est l’homme et la violence, renonçant ou approuvant, cela bien décrit avec la netteté des mots, des images éprouvantes et poignantes Un superbe roman sur l’espoir, l’amitié, l’amour et l’engagement, quel qu’il soit. Au milieu des gravats, Antigone sera Imane, la Palestinienne. Créon sera Charbel, le Chrétien. Hémon, Nakad le Druze. Et il y aussi Nabil, Nimer, Hussein et Khadija, les Chiites. Le théâtre, les mots, plus forts que la guerre, jouer Antigone, folie, car, bien sûr, le théâtre ne peut changer le cours du monde, cette belle aventure, est –elle possible ?, car l’horreur bien réelle surgit, Israël bombarde Beyrouth. Et ce n’est plus du théâtre, hélas !, un avion, un deuxième avion, les bombes explosent, les cris des gens, le sang versé, les tombes, les larmes qui suintent, les maisons détruites, les hordes apeurées. Elle est là avec un vacarme qui brisent les crânes, écrasent les yeux, serrent les gorges jusqu’à ce que l’air renonce. Pour nous, ce sont des pans d’histoire oubliés, pas sûre, car ce « Quatrième Mur » avec son final bouleversant force à ouvrir les yeux, à regarder la vie telle qu’elle est…Une histoire ou l’on confond les idéaux et la réalité, écrite sans concession, qui nous immerge complètement dans un monde ou les morts succèdent aux morts, un roman magnifique et désespéré. Le Quatrième Mur est le récit d'une utopie et une ode à la fraternité, une histoire certes qui ne se laissera pas oublier par l’émotion intense que j’ai ressentie en lisant ce livre que je recommande vivement….5/5

Merci Lalyre pour ta critique pleines d’émotions 

Un gros coup de coeur pour ce livre. Un concentré d'émotions. Merci Lalyre.

L’histoire commence par une rencontre, celle entre Georges et Sam. C’est une histoire d’amitié entre ces deux hommes qui va emporter Georges au cœur du Liban des années 80 pour monter une pièce de théâtre au milieu d’une guerre difficile à comprendre.
Sorj Chalandon nous plonge dans la guerre du Liban où il est difficile de se repérer au milieu des différentes factions qui chacun, défendaient leurs causes. Cette histoire nous montre la complexité du Liban et de ces peuples : les druzes, les juifs, les chrétiens, les chiites, les palestiniens, tous différents mais devant partager un même territoire.
Les personnages sont puissants et prêt à tout pour défendre leurs droits et leur territoire et  au fil de la lecture on plonge dans l’horreur absolu de la guerre.  Jouer « Antigone » au Liban devait être une tragédie théâtrale le temps d’une représentation mais cela se transformera en tragédie terrible et tellement réelle.
Dans ces précédents  livres, Sorj Chalandon avait beaucoup traité de la guerre en Irlande et il sait dans chaque roman faire ressortir la force des combattants pour leur idées quitte  à les défendre au péril de leur vie.
« Le 4eme mur » a reçu le prix Goncourt des Lycéens et c’est un excellent livre qui mérite amplement ce prix littéraire.

Le quatrième mur raconte une histoire terrible et magnifique, celle d'un metteur en scène qui a voulu monter Antigone à Beyrouth avec une troupe mélangeant toutes les (principales) communautés religieuses du Liban. Un projet fou, qui se heurte à la réalité des bombes et des massacres. C'est une oeuvre de fiction bien sûr, mais nous ne devons pas oublier que les fous comme Sam existent pour de bon, qu'ils portent de l'espoir et qu'il faut les soutenir. A lire absolument !

Ravie que vous ayez aimé ce livre

J'ai terminé ce livre il y a plusieurs jours, et il m'est encore difficile, aujourd'hui, de m'exprimer à son sujet, tant il m'a bouleversée. Voici donc, de façon totalement déstructurée, des pistes de réflexion pour tenter de vous expliquer pourquoi j'ai tellement adoré ce roman.

Le livre est très, très bien écrit : le style est élégant (sans être ampoulé), les images qu'utilise le narrateur sont très fines... il y a une parfaite maîtrise de la langue française et des différents registres. Ça a été un vrai plaisir pour moi de lire un livre si bien écrit.

L'histoire ma captivée. J'ai appris des tas de choses sur la guerre au Liban, et ma totale méconnaissance du sujet ne m'a en rien empêchée de comprendre l'histoire.

Et, du début à la fin, j'ai été émue. Émue par la sensibilité des personnages, par toute l'humanité qui se dégage d'eux. Émue par les mots échangés autant que par les non-dits. Émue par les sentiments qui animent les personnages.

J'ai été bouleversée, également. Parce qu'on sent que Sorj Chalandon maîtrise son sujet, parce que tout, absolument tout, sonne juste. C'est une fiction mais on dirait que tout est vrai.

Et puis, je l'ai écouté en livre audio, et Féodor Atkine a une voix magnifique qui donne une grande puissance au roman. Enfin, l'entretien avec l'auteur, à la fin du CD, est passionnante (il faut l'écouter après avoir lu le roman car l'intrigue y est totalement déflorée).

Cela va sans dire que j'ai eu un très gros coup de coeur !!

C'est effectivement un très beau roman, émouvant avec quelques passages très durs.
L'intrigue nous permet astucieusement de découvrir tous les protagonistes du conflit libanais des années 80, qui n'est malheureusement pas terminé.
On comprend combien la situation là-bas est inextricable. Ce livre est très éclairant d'un point de vue historique et géopolitique. A voir également sur le même sujet l'excellent film israélien "Valse avec Bachir".
C'est vrai qu'elle est belle cette idée de pièce de théâtre réunissant les parties adverses lors d'une trêve. Mais l'auteur semble nous suggérer que ce n'est qu'une utopie, d'ailleurs la fin est très pessimiste,

Spoiler:

.
J'ai bien aimé également le climat des années 70 dans la première partie du livre.
Très intéressantes également les descriptions de la folie post-traumatique et de cette espèce "d'addiction à la guerre" dont paraît-il sont atteints certains grands reporters.

Superbe livre.
Je viens de voir une adaptation théâtrale très réussie au théâtre de Paris La Villette.
Superbement émouvant. Tout autant que le livre.
Je conseille pour ceux qui sont dans la région.

B