[Van der Linden, Sophie] La fabrique du monde
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[Van der Linden, Sophie] La fabrique du monde
Editeur: Buchet Chastel
Date de parution: 22 août 2013
Broché: 160 pages
Résumé:
Et je me vois là, dans tout ça. Une petite chinoise de dix-sept ans, une paysanne, partie à l'usine parce que son grand frère entrait à l'université. Quantité des plus négligeables, petite abeille laborieuse prise au piège de sa ruche. Enfermée là pour une éternité.
Aujourd'hui en Chine. Mei, jeune ouvrière de dix-sept ans vit, dort et travaille dans son usine. Elle rêve aussi.
Confrontant un souffle romantique à l'âpre réalité, La Fabrique du monde est une plongée intime dans un esprit qui s'éveille à l'amour, à la vie et s'autorise, non sans dommage, une perception de son individualité.
Mon avis:
Mei est une jeune Chinoise de 17 ans, mais comme beaucoup dans son pays elle ne va pas à l’école, non, Mei travaille dans une usine qui fabrique des vêtements pour nous, occidentaux.
Ses conditions de travail sont précaires, mais Mei est une jeune fille courageuse et elle s’accroche pour travailler dur. Même le midi elle et les autres ont parfois à peine le temps de manger… Juste le temps d’attraper un bol de nouilles, faire quelques petits pas en avalant la nourriture, et reposer le bol pour retourner à son poste…
Si on se plaint de nos conditions de travail, que dire de celle de ces ouvriers qui suent sang et eau ?
Quand elle se met un de ces contremaîtres à dos pour avoir oser répondre et lui tenir tête, Mei va se voir privée de paye… ce qui signifie pour elle ne pas rentrer chez elle pour les fêtes de fin d’année.
Alors que son frère a pu aller à l’université, Mei se contente désormais d’inventer des histoires pour ses camarades de chambre et d’usine.
On sent une évolution chez Mei, elle n’est pas qu’une paire de mains tout justes bonnes à coudre et couper des tissus. Elle sait penser, elle sait réfléchir, elle sait vivre aussi.
Et sa rencontre avec Cheng va la changer. Elle ne sait pas encore à quel point.
C’est une histoire qui fut de courte durée, mais assez forte cependant, et aussi émouvante.
On aimerait avoir un peu de Mei en nous. On doit d’ailleurs tous avoir chez nous des habits faits par des gens comme Mei, et pour qui on se pose assez peu de questions… ce qui en est assez dérangeant en fait quand on prend le temps de s’interroger.
Ce fût pour moi une jolie découverte, et l’écriture poétique rend ce roman envoûtant mais aussi intemporel, car malheureusement ces usines ne sont pas prêtes de fermer et il y a encore beaucoup d’ouvriers comme la jeune Mei.
Ma note: 3.75 /5
Invité- Invité
Re: [Van der Linden, Sophie] La fabrique du monde
Mon avis :
Se demande-t-on comment les vêtements Made in China que l’on porte sont fabriqués ? Mei et ses compagnes d’infortune reçoivent des commandes – mille cinq cents pantalons, cinq cents chemisiers – et n’ont que quelques jours pour les exécuter. Elles passent leurs journées à l’usine, ne se lèvent que pour avaler un bol de soupe ou regagner leur dortoir, à l’aube parfois, pour boucler la commande. Paraphrasant Voltaire et son Candide, je répondrai : "c’est à ce prix que l’on porte des vêtements en Europe."
Mei est différente, Mei aurait pu poursuivre ses études, comme le souhaitait son institutrice. Ses parents ont envoyé son frère à l’université, ils l’ont envoyé à l’usine. Mei possède un livre, cadeau de sa grand-mère défunte, différente elle aussi, survivante des événements qui ont secoué la Chine. Elle écrit des poèmes, aussi, et rêve, à une autre existence, à une autre vie possible. Certaines de ses camarades rêvent aussi, à un meilleur emploi (dans un bureau), à un mariage qui les sortirait de cet atelier. Rêve bien plus prosaïque. La révolte ? Impossible. A la moindre rebellion, c’est la paye du mois toute entière qui saute. Parle-t-on bien toujours de condition de travail ou d’esclavage ? Mei et ses compagnes ne font plus qu’un avec leur machine, et les tissus défilent, défilent, défilent, au point que le soir, il n’y a plus de place que pour l’épuisement.
Un temps, très bref, Mei s’évadera. Comme une trêve dans la répétition des jours, des gestes. Un temps trop bref. La société prime sur l’individu, et peu ont le courage de vivre leur vie, d’affronter le regard des autres, la peur des jours à venir, la solitude aussi, sous une certaine forme.
La fabrique du monde est un premier roman concis et touchant.
Se demande-t-on comment les vêtements Made in China que l’on porte sont fabriqués ? Mei et ses compagnes d’infortune reçoivent des commandes – mille cinq cents pantalons, cinq cents chemisiers – et n’ont que quelques jours pour les exécuter. Elles passent leurs journées à l’usine, ne se lèvent que pour avaler un bol de soupe ou regagner leur dortoir, à l’aube parfois, pour boucler la commande. Paraphrasant Voltaire et son Candide, je répondrai : "c’est à ce prix que l’on porte des vêtements en Europe."
Mei est différente, Mei aurait pu poursuivre ses études, comme le souhaitait son institutrice. Ses parents ont envoyé son frère à l’université, ils l’ont envoyé à l’usine. Mei possède un livre, cadeau de sa grand-mère défunte, différente elle aussi, survivante des événements qui ont secoué la Chine. Elle écrit des poèmes, aussi, et rêve, à une autre existence, à une autre vie possible. Certaines de ses camarades rêvent aussi, à un meilleur emploi (dans un bureau), à un mariage qui les sortirait de cet atelier. Rêve bien plus prosaïque. La révolte ? Impossible. A la moindre rebellion, c’est la paye du mois toute entière qui saute. Parle-t-on bien toujours de condition de travail ou d’esclavage ? Mei et ses compagnes ne font plus qu’un avec leur machine, et les tissus défilent, défilent, défilent, au point que le soir, il n’y a plus de place que pour l’épuisement.
Un temps, très bref, Mei s’évadera. Comme une trêve dans la répétition des jours, des gestes. Un temps trop bref. La société prime sur l’individu, et peu ont le courage de vivre leur vie, d’affronter le regard des autres, la peur des jours à venir, la solitude aussi, sous une certaine forme.
La fabrique du monde est un premier roman concis et touchant.
Sharon- Modérateur
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Re: [Van der Linden, Sophie] La fabrique du monde
je n’achèterai plus de vêtements "made in China" sans une pensée pour Mei et ses copines...roman douloureux et émouvant que j'ai écouté lu Elodie Huber qui a su porter la parole de cette jeune fille naïve et courageuse, lucide mais pleine d'espérance
Invité- Invité
Re: [Van der Linden, Sophie] La fabrique du monde
Merci pour vos avis, cela a l'air très intéressant, je le note !
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