[Repila, Ivan] Le Puits
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Vos avis
[Repila, Ivan] Le Puits
Couverture: Clavel/Faguer
Titre : Le Puits
Auteur :Ivan REPILA
Éditions : DENOËL
Nombre de pages : 107
ISBN : 978-2-207-11768-2
Date de parution :Septembre 2014
Quatrième de couverture
Deux frères, le Grand et le Petit, sont prisonniers
au fond d’un puits de terre, au milieu d’une forêt.
Ils tentent de s’échapper, sans succès.
Les loups, la soif, les pluies torrentielles:
ils survivent à tous les dangers.
À leurs côtés, un sac de victuailles donné par la mère,
mais ils ont interdiction d’y toucher.
Jour après jour, le Petit s’affaiblit.
S’il doit sauver son frère, le Grand doit risquer sa vie.
Le Petit sortira-t-il? Le Grand survivra-t-il?
Comment surtout se sont-ils retrouvés là?
Traduit de l'espagnol par Margot Nguyen Béraud
Mon avis
Étrange atmosphère, pour ce premier roman de Repila.
Deux frères (enfants?), on ne connait ni leur âge, ni leur nom, ils seront le Grand et le Petit. Ils se retrouvent au fond d'un puits, jetés? tombés? poussés? Un sac de victuailles, une mère quelque part…
Ils vont essayer de survivre, délirer, halluciner, s'aimer et se détester…Deux frères dont on ne sait rien.
Et pourtant ce livre prend aux tripes, on a envie de les aider, de comprendre pourquoi ils se retrouvent au fond de ce puits. C'est brutal et cruel, c'est plein d'amour et de tendresse, c'est un conte, mais ça me parait être aussi un enfermement au sein même de la terre, qui peut être si riche et si avare de ses bienfaits.
Il me semble que ce roman, ce conte, devrait être étudié plus en profondeur, peut-être avec un point de vue philosophique.
Les lectures de Joëlle
Dernière édition par joëlle le Mar 21 Avr 2020 - 18:33, édité 2 fois
joëlle- Modérateur
-
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Date d'inscription : 30/09/2013
Re: [Repila, Ivan] Le Puits
Piégés, semble-t-il par leur mère, au fond d’un puits creusé dans la terre, deux enfants, simplement désignés le Grand et le Petit, doivent organiser leur survie jusqu’à trouver le moyen de regagner la surface. Confrontés à la faim, à la maladie et à la folie au cours des cent jours que va durer leur calvaire, les deux frères se partagent les vers de terre dont ils parviennent à se nourrir en fonction d’un objectif : muscler le Grand et alléger le Petit pour que l’un réussisse enfin à propulser l’autre hors du trou.
Pas de forêt ici où abandonner le Petit Poucet et ses frères, mais un puits dont il faudra tout autant sortir par ruse et contrarier ainsi la cruauté d’un monde qui a mené une mère, manifestement non sans remords et donc, on le suppose, malgré elle, à perdre ses enfants. Nous voici donc dans un conte cruel et métaphorique, qui, au-delà de son histoire très réalistement narrée - en vingt-six chapitres à la numérotation elliptique, correspondant chacun à un jour choisi de captivité pour couvrir en accéléré trois mois d’une terrible agonie décrite en détails et sans fard, avec pour seule lumière un irréductible amour fraternel -, nous projette dans un autre abîme : celui de notre perplexité quand, à peine guidés par quelques indices semés ça et là, il nous faut laisser libre court à notre imagination pour répondre au tumulte de nos interrogations.
Derrière ce puits, faut-il voir les prisons ou les camps opprimant une humanité victime de la folie et de la barbarie ? Est-ce une tombe, celle de nos illusions et de nos espoirs, dans une vie d’épreuves ne consistant qu’à retarder le plus longtemps possible son inéluctable issue ? Est-ce au contraire un utérus, creuset de nos douloureux apprentissages d’êtres humains, ou encore lieu de contention maternelle plus ou moins nocif dont il faut s’échapper pour devenir soi ? Cache-t-il une métaphore de notre vie psychique, prisonnière d’un inconscient pétri de peurs profondes ?
A la suite de Zoé Valdés lorsqu’elle évoque dans sa préface « un puits semblable à tous les puits : obscur, ténébreux, hostile… comme l’est parfois la vie elle-même », c’est finalement cette phrase : « La vie est merveilleuse mais vivre est insupportable » que l’on aura peut-être envie de retenir comme clef de lecture.
Ce livre, dont la brièveté ouvre pourtant sur des profondeurs aussi insondables que celles de son si mystérieux puits, est superbement écrit et parfaitement maîtrisé. Fable terrible sur la nature profonde de l’homme, capable du pire comme du meilleur pour sa survie, elle peut toutefois désarçonner suffisamment dans ses passages les plus hermétiques pour laisser persister une légère pointe de frustration. Un ouvrage interpellant, pas si accessible que cela… (3/5)
Pas de forêt ici où abandonner le Petit Poucet et ses frères, mais un puits dont il faudra tout autant sortir par ruse et contrarier ainsi la cruauté d’un monde qui a mené une mère, manifestement non sans remords et donc, on le suppose, malgré elle, à perdre ses enfants. Nous voici donc dans un conte cruel et métaphorique, qui, au-delà de son histoire très réalistement narrée - en vingt-six chapitres à la numérotation elliptique, correspondant chacun à un jour choisi de captivité pour couvrir en accéléré trois mois d’une terrible agonie décrite en détails et sans fard, avec pour seule lumière un irréductible amour fraternel -, nous projette dans un autre abîme : celui de notre perplexité quand, à peine guidés par quelques indices semés ça et là, il nous faut laisser libre court à notre imagination pour répondre au tumulte de nos interrogations.
Derrière ce puits, faut-il voir les prisons ou les camps opprimant une humanité victime de la folie et de la barbarie ? Est-ce une tombe, celle de nos illusions et de nos espoirs, dans une vie d’épreuves ne consistant qu’à retarder le plus longtemps possible son inéluctable issue ? Est-ce au contraire un utérus, creuset de nos douloureux apprentissages d’êtres humains, ou encore lieu de contention maternelle plus ou moins nocif dont il faut s’échapper pour devenir soi ? Cache-t-il une métaphore de notre vie psychique, prisonnière d’un inconscient pétri de peurs profondes ?
A la suite de Zoé Valdés lorsqu’elle évoque dans sa préface « un puits semblable à tous les puits : obscur, ténébreux, hostile… comme l’est parfois la vie elle-même », c’est finalement cette phrase : « La vie est merveilleuse mais vivre est insupportable » que l’on aura peut-être envie de retenir comme clef de lecture.
Ce livre, dont la brièveté ouvre pourtant sur des profondeurs aussi insondables que celles de son si mystérieux puits, est superbement écrit et parfaitement maîtrisé. Fable terrible sur la nature profonde de l’homme, capable du pire comme du meilleur pour sa survie, elle peut toutefois désarçonner suffisamment dans ses passages les plus hermétiques pour laisser persister une légère pointe de frustration. Un ouvrage interpellant, pas si accessible que cela… (3/5)
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