[Desbiolles, Maryline] Primo
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Vos avis
[Desbiolles, Maryline] Primo
Couverture: Bénédicte Lassalle.
MARYLINE DESBIOLLES
144 pages
Paru le 25/09/2014
EAN : 9782757845998
Quatrième de couverture
"1932, la date de l’histoire qu’on m’avait racontée il y a peu et qui ainsi, à revers, se rappelle à moi. Une histoire qui se passe à Turin. Une histoire familiale qui n’avait pas le charme de l’exotisme et qui ne me touchait cependant pas directement. […] Qu’est-il arrivé à Primo, le Premier, le tout premier, la première heure, le point du jour qui serait mort trois jours après que Renato est né? "
Mon avis
C'est le style qui en premier m'a séduite, j'ai de suite aimé cette musique, ce rythme qui donne au texte toute sa couleur. Une couleur que je retrouve dans la photo de la couverture de ce petit roman. Des nuances de gris, de vert, et cette femme, d'une autre époque, qu'on pourrait presque croire enceinte si on n'y prêtait pas attention. Le rouge de sa robe semble lui aussi terni par les embruns, et son sourire se perd dans les méandres des souvenirs.
C'est un peu de sa vie que nous offre Maryline Desbiolles, au travers de ses souvenirs. Elle se souvient des douleurs de sa grand-mère, elle porte en elle le deuil non fait des enfants perdus de cette femme. Elle souffre des non-dits. Elle souffre de ce grand-père qui jette un livre "par la rivière", de ce grand-père trop souvent absent pour aider son épouse dans les grandes douleurs, de ne pas avoir écouté cet homme qui n'a pas su se faire aimer.
Elle porte en elle cette grand-mère, qui fut mère sublime et qu'elle associe à toutes les mères meurtries, qui portent en elles, qui tiennent dans leur bras un enfant qui n'est plus qu'un poids mort.
Je remercie Partage lecture et les éditions Points pour cette belle découverte.
Les lectures de Joëlle
Dernière édition par joëlle le Mar 21 Avr 2020 - 18:36, édité 1 fois
joëlle- Modérateur
-
Nombre de messages : 9709
Localisation : .
Date d'inscription : 30/09/2013
Re: [Desbiolles, Maryline] Primo
Je tiens tout d'abord à remercier l'équipe de PartageLecture et les Editions Points pour m'avoir permis de connaître Maryline Desbiolles
Comment mettre dans un si petit livre les mots pour décrire le destin d’ancêtres dont l’existence, est inscrite dans l’ombre de la grande histoire ? Une histoire familiale qui se perd dans la nuit des temps et ce temps, il faut le remonter et cela vers la recherche des origines de sa famille et tenter malgré des traces minimes de sortir les êtres défunts de l’oubli. Un petit récit qui mélange l’arbre généalogique au récit familial l’exploration du passé familial a plutôt pour effet d’enquêter pour retrouver des certitudes tout en retraçant le parcours de la grand-mère qui au fil du temps parlait souvent des morts. Il faut cependant parler du titre (Primo) le premier né, on ne sait ce qu’il est devenu, est-il mort comme on l’a annoncé à sa mère lors de la naissance du deuxième nouveau-né ? Avec sa belle plume, Maryline Desbiolles nous conte les récits de sa grand-mère, les promenades au cimetière, les histoires familiales, l’histoire d’un secret car le premier-né n’a pas de tombe, d’ailleurs la grand-mère n’a jamais cru à la mort de son premier-né qui sans doute fut mis dans une fosse commune en compagnie de petits comme lui. L’auteur enquête mais cela est si loin et pour cela il faudrait un vaste travail de reconstruction car il ne reste que quelques minimes traces, la guerre étant passée par là. J’ai certes admiré le travail que fut cette enquête pour écrire cette narration. Car comment imaginer pouvoir faire renaître l’histoire d’un enfant, le premier enfant de sa grand-mère, mort à deux ans dans l’Italie fasciste et dont cette dernière passa le reste de sa vie à se poser cette question, qu’est devenu mon premier enfant ? Un beau récit que j’ai apprécié….
Comment mettre dans un si petit livre les mots pour décrire le destin d’ancêtres dont l’existence, est inscrite dans l’ombre de la grande histoire ? Une histoire familiale qui se perd dans la nuit des temps et ce temps, il faut le remonter et cela vers la recherche des origines de sa famille et tenter malgré des traces minimes de sortir les êtres défunts de l’oubli. Un petit récit qui mélange l’arbre généalogique au récit familial l’exploration du passé familial a plutôt pour effet d’enquêter pour retrouver des certitudes tout en retraçant le parcours de la grand-mère qui au fil du temps parlait souvent des morts. Il faut cependant parler du titre (Primo) le premier né, on ne sait ce qu’il est devenu, est-il mort comme on l’a annoncé à sa mère lors de la naissance du deuxième nouveau-né ? Avec sa belle plume, Maryline Desbiolles nous conte les récits de sa grand-mère, les promenades au cimetière, les histoires familiales, l’histoire d’un secret car le premier-né n’a pas de tombe, d’ailleurs la grand-mère n’a jamais cru à la mort de son premier-né qui sans doute fut mis dans une fosse commune en compagnie de petits comme lui. L’auteur enquête mais cela est si loin et pour cela il faudrait un vaste travail de reconstruction car il ne reste que quelques minimes traces, la guerre étant passée par là. J’ai certes admiré le travail que fut cette enquête pour écrire cette narration. Car comment imaginer pouvoir faire renaître l’histoire d’un enfant, le premier enfant de sa grand-mère, mort à deux ans dans l’Italie fasciste et dont cette dernière passa le reste de sa vie à se poser cette question, qu’est devenu mon premier enfant ? Un beau récit que j’ai apprécié….
lalyre- Grand sage du forum
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Localisation : Liège (Belgique )
Emploi/loisirs : jardinage,lecture
Genre littéraire préféré : un peu de tout,sauf fantasy et fantastique
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Re: [Desbiolles, Maryline] Primo
Si une histoire, c’est un début, une fin et une succession plus ou moins surprenante mais toujours bien établie de faits entre les deux, alors il est impossible de raconter l’histoire de sa famille. Voici ce que démontre Maryline Desbiolles dans Primo.
On y suit la narratrice, partie en train sur les traces de sa grand-mère. Une grand-mère venue bien des années plus tôt de son petit village savoyard à Turin, pour donner naissance à un fils et en perdre un autre - Primo. Une grand-mère italienne établie en Savoie, qui connut la guerre puis la Libération. Au-delà de ces informations, que sait-elle de sa grand-mère ? Souvenirs, rêveries et hypothèses s’enchevêtrent au cours du récit. Même la cuisine et le magasin où elle s’est activée toute sa vie, et que la narratrice, enfant, a fréquentés assidûment, même ces images précises sont fragiles et presque muettes, puisqu’elles se rapportent à des lieux désormais détruits. Quant au voyage en Italie, ce voyage qui avait dû tenir une place si monumentale dans la vie de sa grand-mère, comment se le représenter depuis notre siècle ? On sent que comme beaucoup d’entre nous la narratrice a le sentiment de ne pas avoir assez questionné sa grand-mère de son vivant. Et voici qu’elle se retrouve avec une légende familiale pleine de morts dont elle ne sait rien ou si peu. Une légende pleine de trous que plus personne, sauf elle peut-être, ne peut reconstituer. Au-delà des morts, c’est aussi l’histoire d’un exil dont la déchirure se révèle enfin, après des décennies.
C’est un très beau témoignage sur la mémoire et la transmission que ce livre. L’écriture de Maryline Desbiolles est envoûtante, on la lit aussi vite que la narratrice pense, on se précipite avec elle dans les raccourcis qui relient passé et présent.
Merci à Partage Lecture et aux éditions Points pour cette belle découverte !
On y suit la narratrice, partie en train sur les traces de sa grand-mère. Une grand-mère venue bien des années plus tôt de son petit village savoyard à Turin, pour donner naissance à un fils et en perdre un autre - Primo. Une grand-mère italienne établie en Savoie, qui connut la guerre puis la Libération. Au-delà de ces informations, que sait-elle de sa grand-mère ? Souvenirs, rêveries et hypothèses s’enchevêtrent au cours du récit. Même la cuisine et le magasin où elle s’est activée toute sa vie, et que la narratrice, enfant, a fréquentés assidûment, même ces images précises sont fragiles et presque muettes, puisqu’elles se rapportent à des lieux désormais détruits. Quant au voyage en Italie, ce voyage qui avait dû tenir une place si monumentale dans la vie de sa grand-mère, comment se le représenter depuis notre siècle ? On sent que comme beaucoup d’entre nous la narratrice a le sentiment de ne pas avoir assez questionné sa grand-mère de son vivant. Et voici qu’elle se retrouve avec une légende familiale pleine de morts dont elle ne sait rien ou si peu. Une légende pleine de trous que plus personne, sauf elle peut-être, ne peut reconstituer. Au-delà des morts, c’est aussi l’histoire d’un exil dont la déchirure se révèle enfin, après des décennies.
C’est un très beau témoignage sur la mémoire et la transmission que ce livre. L’écriture de Maryline Desbiolles est envoûtante, on la lit aussi vite que la narratrice pense, on se précipite avec elle dans les raccourcis qui relient passé et présent.
Merci à Partage Lecture et aux éditions Points pour cette belle découverte !
Re: [Desbiolles, Maryline] Primo
Mon ressenti
Petit livre court qui remonte aux origines de l’auteure : elle a grandi autour de ses doubles origines qu’il a fallu un moment donné oublier pour passer inaperçu et pour se fondre. Au travers le personnage fort de sa grand-mère, elle livre sans pareil ce(s) voyage(s) en train au travers des montagnes qui retrace le déchirement de l’arrière-pays niçois et piémontais. Entre son histoire et l’Histoire, entre passé et présent, les choses s’entrechoquent et suspendent le temps.
Avec le son du train, les paysages décrient avec maestria (j’ai retrouvé en lisant des villes et villages que j’ai traversé pour aller voir moi aussi des membres de ma famille), elle remonte la filière avec l’aide de petits bouts de papiers griffonnés, resurgis aujourd’hui pour mieux comprendre sa grand-mère et répondre à sa grande question : qu’est devenu son fils Primo ?
Au fil des pages, j’ai été profondément touchée par la vie de cette femme : quelle force, quelle abnégation et quelles souffrances enfouies en soi. Par petites touches, la famille se dessine et malgré les dictats de Mussolini et le regard des autres, ces grands-parents n’ont de cesse de s’inscrire dans la communauté et de vivre leur vie.
Une scène forte du livre, où son père arrache le livre des mains de sa mère et le jette dans la rivière : les livres sont prohibés et c’est une perte de temps !
Comment échapper à cette ascendance ? Comment sortir des traumatismes reçus ? L’auteure a trouvé son cheminement et peut-être la réponse est dans l’écriture.
Prenez le petit train des montagnes qui traverse la gare rose (voulue par Mussolini) de St Dalmas de Tende et laissez-vous porter par l’histoire.
merci à l'équipe du forum et aux éditions Points
Petit livre court qui remonte aux origines de l’auteure : elle a grandi autour de ses doubles origines qu’il a fallu un moment donné oublier pour passer inaperçu et pour se fondre. Au travers le personnage fort de sa grand-mère, elle livre sans pareil ce(s) voyage(s) en train au travers des montagnes qui retrace le déchirement de l’arrière-pays niçois et piémontais. Entre son histoire et l’Histoire, entre passé et présent, les choses s’entrechoquent et suspendent le temps.
Avec le son du train, les paysages décrient avec maestria (j’ai retrouvé en lisant des villes et villages que j’ai traversé pour aller voir moi aussi des membres de ma famille), elle remonte la filière avec l’aide de petits bouts de papiers griffonnés, resurgis aujourd’hui pour mieux comprendre sa grand-mère et répondre à sa grande question : qu’est devenu son fils Primo ?
Au fil des pages, j’ai été profondément touchée par la vie de cette femme : quelle force, quelle abnégation et quelles souffrances enfouies en soi. Par petites touches, la famille se dessine et malgré les dictats de Mussolini et le regard des autres, ces grands-parents n’ont de cesse de s’inscrire dans la communauté et de vivre leur vie.
Une scène forte du livre, où son père arrache le livre des mains de sa mère et le jette dans la rivière : les livres sont prohibés et c’est une perte de temps !
Comment échapper à cette ascendance ? Comment sortir des traumatismes reçus ? L’auteure a trouvé son cheminement et peut-être la réponse est dans l’écriture.
Prenez le petit train des montagnes qui traverse la gare rose (voulue par Mussolini) de St Dalmas de Tende et laissez-vous porter par l’histoire.
merci à l'équipe du forum et aux éditions Points
Pinky- Grand sage du forum
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Emploi/loisirs : Educatrice spécialisée, peinture, dessin, bricolage, ballade, baignade, tricot, couture
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