[Vermalle, Caroline] L’Île des beaux lendemains
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[Vermalle, Caroline] L’Île des beaux lendemains
Editeur : Pocket
Nombre de pages : 255
1ère édition française : Belfond, 2013
Quatrième de couverture :
Après cinquante ans d’un mariage monotone, Jacqueline sent poindre une immense lassitude : il faut partir, et sans préavis. Deux jours, trois trains et un bateau plus tard, l’alerte septuagénaire débarque sur l’île d’Yeu. Là demeure sa cousine Nane, vue pour la dernière fois il y a fort longtemps, qui recueille les âmes –un peu – perdues…
Il n’y a pas d’âge pour suivre un rêve… D’une maison blanche aux volets bleus, la vie s’envole à nouveau, comme un papillon dans le vent.
Mon avis :
Le narrateur de cette histoire pleine de tendresse, de sensibilité et de douceur n’est autre qu’un papillon. Narration originale qui ajoute encore une touche de poésie à la magnifique écriture de l’auteure et qui donne une grande place à la Nature, aux lépidoptères et aux Vents, observateurs discrets mais non moins curieux des personnages et des drames qui se jouent à la villa Jolie-Fleur :
« Apéliote, le vent du sud-est, était un rêveur solitaire qui parlait peu. Les histoires qu’il racontait étaient si obscures, si étranges, que finalement personne ne l’écoutait. Il avait même déclaré un jour que le monde était plus vaste encore que ce que les phoenix, les sphinx et autres Monarques pouvaient dire. Il s’était mis à dos tous les lépidoptères, car personne – personne – ne critique le Monarque, qui est au monde des papillons ce qu’Ulysse est au monde des hommes. Alors Apéliote était devenu taciturne. Mais je l’aimais car c’était un poète. Il évoquait des mondes fabuleux et secrets qui contenaient la clef des mystères de la vie. Il faisait allusion à des choses qui se passaient avant notre naissance et après notre mort. Il interpellait l’infiniment grand et l’infiniment petit. Et il était toujours heureux de m’accepter comme auditoire de ses tirades inspirées, à une condition : que jamais je ne pose aucune question. »
Jacqueline, lassée de sa petite vie étriquée et coincée dans un mariage sans amour qu’elle n’a pas choisi, décide de rendre visite à sa cousine Nane, qu’elle n’a plus vu depuis cinquante ans, sur un coup de tête. Son séjour à l’île d’Yeu va rouvrir des plaies qu’elle avait laissées de côté, ouvrir les vannes des souvenirs, d’un passé que le lecteur devine douloureux. Elle va également se prendre d’une étrange passion - fouiller dans les souvenirs de Nane, la cousine autrefois admirée et adulée, qui, elle, a eu le courage de ne pas se soumettre aux dictats d’une mère abusive, celle de Jacqueline, la tante de Nane, qui a élevé cette dernière comme sa fille, à la mort de ses parents -, vivre la vie d’une autre par procuration, une vie bien éloignée de la sienne :
« L’atelier était comme illuminé de cette aurore heureuse, de ce bonheur incandescent qui brisait le cœur de celle qui ne l’avait jamais connu. Ce privilège de la liberté consommée, de l’amour choisi, de l’amour créé et cueilli, recueilli et partagé, semblait si proche sous les doigts ridés de Jacqueline. A la lumière du plafonnier sale, la vieille dame regarda longtemps Nane, et, enfin, sur cette mariée fatiguée qui avait perdu le rouge de ses lèvres à force de joie, Jacqueline plaça son visage. »
Les deux cousines sont le jour et la nuit. D’un côté, la réservée, introvertie, peu loquace, toute en retenue, élégante et de l’autre, l’expansive, l’insoumise, la joviale à la gouaille développée, toujours entourée. Toutes deux vont se retrouver, se redécouvrir, percer les secrets enfouis au long de ces années d’absence :
« Elle (Jacqueline) était venue sur l’île en espérant goûter une dernière fois à l’insouciance d’antan et partager avec sa belle Nane les souvenirs du temps d’avant, celui dont on avait le droit de parler. A la place, elle trouvait une cousine éloignée qui s’entêtait à vivre au présent et punaisait sur ses murs les souvenirs qu’on n’avait pas le droit de dire. Toutes ces choses qui pourrissaient la vie, les draps ou la mémoire, il fallait fermer les tiroirs dessus et jeter la clef. »
Au contact de Nane, elle va s’ouvrir. Et si elle avait enfin droit au bonheur ? Ne peut-on refaire sa vie à 76 ans ? Réaliser ses rêves ? Est-il trop tard ?
« - Tu veux toujours pas parler. Bon. Moi aussi j’ai décidé de causer minimaliste, alors je vais aller droit au but. Tu sais, ma belle, être heureux, c’est comme tout le reste : ça s’apprend.
Jacqueline leva les yeux vers Nane.
- C’est un philosophe qui disait ça, continua la cousine. Moi, je suis pas philosophe, mais j’en connais un rayon sur ce sujet-là. Et tu sais, changer de vie, c’était pas une si mauvaise idée. En plus, t’es arrivée au bon endroit. Sauf que t’es pas allée à bonne école et maintenant, tu t’y prends comme un manche. Zéro sur toute la ligne, au coin avec le bonnet d’âne. Pourtant si tu écoutais ta vieille Nane, on en serait pas là. »
Une occasion pour Jacqueline de faire la paix avec son passé et d’envisager son avenir plus sereinement. Le ton est parfois mélancolique mais toujours optimiste. C’est une très belle histoire au message positif et qui laisse son empreinte une fois la dernière page tournée, dont j’ai aimé la langueur, pas de précipitation, l’auteur prend le temps de dérouler son intrigue, de creuser ses personnages, même ceux qui gravitent autour des héroïnes et qui, tous, vont être entraînés dans le sillon du changement opéré avec l’arrivée de cette cousine. Impossible de ne pas évoquer Marcel et son projet fou de traverser La Loire pour rejoindre sa bien-aimée ou Arminda, Mathis et Bruno, Paul, etc… J’ai aimé prendre le temps de savourer chaque mot, chaque phrase, me surprenant à en relire certaines plusieurs fois, par amour pour cette plume si belle, si délicate. Presque un coup de cœur – c’en aurait sûrement était un si ma lecture avait été moins morcelée, par manque de temps malheureusement -, mais c’est un livre qui ne me quittera pas et que je prendrai plaisir à relire.
Invité- Invité
Re: [Vermalle, Caroline] L’Île des beaux lendemains
Merci Alexielle pour ta jolie critique
louloute- Grand sage du forum
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Date d'inscription : 11/12/2009
Re: [Vermalle, Caroline] L’Île des beaux lendemains
Très belle critique alexielle.
J'aime le titre et la couverture de ce livre.
Tu m'as donné envie de le découvrir.
Je le note. Merci !
J'aime le titre et la couverture de ce livre.
Tu m'as donné envie de le découvrir.
Je le note. Merci !
Invité- Invité
Re: [Vermalle, Caroline] L’Île des beaux lendemains
C'est vrai que la couv est magnifique, pour moi elle représente très bien cette lecture, tout comme le titre d'ailleurs. J'espère que tu aimeras, Virgule Moi je vais en commander d'autres de l'auteur, c'est une certitude ! (et ça risque de ne pas tarder car j'étais très bien dans ce livre, beaucoup de mal à en sortir ).
Invité- Invité
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