[Etienne, Jean-Louis] Clipperton - L'atoll du bout du monde
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[Etienne, Jean-Louis] Clipperton - L'atoll du bout du monde
Titre: Clipperton - L'atoll du bout du monde
Auteur: Jean-Louis Étienne
Édition: Points
Date de parution: Février 2015
Nombre de pages: 267
4e de couverture:
Réaliser un inventaire des espèces vivantes de l'atoll de Clipperton, tel est le pari fou de Jean-Louis Étienne. Entouré d'une forteresse corallienne qui le rend inaccessible, ce minuscule îlot perdu au milieu de l'océan Pacifique a toujours résisté à l'implantation de l'homme. Avec seulement 2 km2 de superficie, il abrite pourtant une faune abondante, parmi la mieux préservée au monde. De décembre 2004 à avril 2005, plus de quarante spécialistes dressent l'inventaire de cette biodiversité unique.
Mon avis:
J'ai découvert ce livre dans le cadre du partenariat, me dirigeant vers une lecture présentée comme un récit de voyages, première lecture de ce type auquel je m'adonne. J'ai eu envie de sortir de mes sentiers battus, et quel sentier! Je ne rentrerai pas dans les détails techniques (ce qui est déjà bien assez pour moi), afin de ne pas dénaturer les talents de conteur de Jean-Louis Etienne. Je vais tâcher d'être méthodique dans le rendu de ce livre, afin de vous donner un aperçu du périple formidablement rendu ici.
Ce livre (roman?) est composé de vingt-et-un chapitres, qui suivent la chronologie de l'expédition organisée par l'auteur dans l'île, française et inconnue de nous, Clipperton.
L'idée d'organisation n'est pas un vain mot: je me faisais une idée a priori d'une aventure humaine spontanée, intrépide et un peu folle, pleine d'utopisme, le sac à dos et les yeux naïfs... Loupé! On découvre dans les cinq premiers chapitres toute l'organisation exigée par cette expédition: tout d'abord la constitution de l'équipe qui va effectuer ce voyage, allant au final jusqu'à quarante passionnés -qui en ont fait leur métier-, et qui a dû être réfléchie selon le projet d'étude de la constitution de Clipperton; ensuite, en lien avec les besoins vitaux et scientifiques, le matériel, qui n'a rien d'une sinécure puisqu'il est nombreux et de pointe: pas de cabane construite tels des naufragés échoués, des gourdes d'eau à la main, mais une habitation construite avec du bois spécialement étudié au préalable et ramené sur place, un château d'eau etc.
Ces préoccupations pratiques, logistiques, se heurtent toutefois à la réalité du terrain, dont Jean-Louis Etienne en rappelle régulièrement la souveraineté: comment accoster sur cette petite île? Il faut faire face aux exigences de l'océan, aux imprévus météorologiques qui peuvent ravager les équipements et aux lieux inhospitaliers qui ravissent et malmènent les personnes. On peut craindre, avec une anticipation si poussée, de perdre une certaine beauté de l'exploration, mais le regard pétille et les joies s'expriment. L'auteur rappelle qu'un tel séjour impose de sortir de ses habitudes, et revoir la notion de quotidien.
Le dernier tiers s'attarde sur le récif corallien, et ses profondeurs: l'équipe tente de mener l'enquête sur le "trou sans fond" formé par cette île, et son exploration; évocation des problématiques dû au réchauffement climatique et des énergies fossiles. Jean-Louis Etienne a conservé, dans son récit mais aussi dans le vécu de cette exploration, le souhait d'enseigner aux plus jeunes, et aux moins jeunes, afin de vulgariser la science et créer, affiner, notre regard face à ce qui nous entoure. J'ai été questionnée, en dehors de l'apprentissage qui vogue tout au long du récit sur cette île, par le biais de cette dernière, sur ma relation à l'autre et mon impact écologique. Je pense que tout passionné, tel que peut l'être l'auteur, ne peut s'attarder dans des paysages aussi uniques et lointains sans se remettre en question. Jean-Louis Étienne arrive à nous embarquer à ses côtés, et aux côtés des experts qui l'entourent, et nous inclure dans ce questionnement. On relativise nos soucis, on prend conscience de notre place à l'autre et de l'étendue des choses.
C'est tout cela que m'a fait vivre ce roman.
Ma note: 10/10Ce livre (roman?) est composé de vingt-et-un chapitres, qui suivent la chronologie de l'expédition organisée par l'auteur dans l'île, française et inconnue de nous, Clipperton.
L'idée d'organisation n'est pas un vain mot: je me faisais une idée a priori d'une aventure humaine spontanée, intrépide et un peu folle, pleine d'utopisme, le sac à dos et les yeux naïfs... Loupé! On découvre dans les cinq premiers chapitres toute l'organisation exigée par cette expédition: tout d'abord la constitution de l'équipe qui va effectuer ce voyage, allant au final jusqu'à quarante passionnés -qui en ont fait leur métier-, et qui a dû être réfléchie selon le projet d'étude de la constitution de Clipperton; ensuite, en lien avec les besoins vitaux et scientifiques, le matériel, qui n'a rien d'une sinécure puisqu'il est nombreux et de pointe: pas de cabane construite tels des naufragés échoués, des gourdes d'eau à la main, mais une habitation construite avec du bois spécialement étudié au préalable et ramené sur place, un château d'eau etc.
Ces préoccupations pratiques, logistiques, se heurtent toutefois à la réalité du terrain, dont Jean-Louis Etienne en rappelle régulièrement la souveraineté: comment accoster sur cette petite île? Il faut faire face aux exigences de l'océan, aux imprévus météorologiques qui peuvent ravager les équipements et aux lieux inhospitaliers qui ravissent et malmènent les personnes. On peut craindre, avec une anticipation si poussée, de perdre une certaine beauté de l'exploration, mais le regard pétille et les joies s'expriment. L'auteur rappelle qu'un tel séjour impose de sortir de ses habitudes, et revoir la notion de quotidien.
Les chapitres suivants détaillent la mise en œuvre et les objectifs de cette expédition, celle de dresser un inventaire de Clipperton: son origine, ceux qui y résident, y ont réside et y passent, ce(ux) qui la compose, et son futur.La notion de confort est finalement très malléable. La frugalité des moyens force toujours l'imagination et l'adaptabilité des hommes d'une manière insoupçonnée.
Cet inventaire naturaliste n'était pas une commande d'Etat, mais un souhait personnel émanant d'un plaisir culturel profond qui me lie à la nature et aux sciences de la vie. (...) Parler simplement de péhnomènes complexes sans les dénaturer demande d'approfondir ses connaissances.
Je trouve que c'est ce versant qui a été le plus plaisant dans cette lecture: l'auteur est engagé dans la compréhension de la Nature afin de mieux la respecter, de mieux la cotoyer et de relativiser notre présence, ramenée à celle de colonisateurs finalement de notre planète. Dans le regard objectif des spécialistes, dans le compte-rendu des effets de la présence humaine sur l'environnement, il y a désormais, dans les voyages, une part de présence à l'Homme à étudier. On ne peut comprendre l'évolution d'un lieu sans en saisir la part de l'humain.A quoi cela va-t-il servir? Comparées à d'autres travaux identiques de part et d'autre du Pacifique, ces recherches permettront de préciser la répartition géographique des espèces et donc de mieux connaître les flux migratoires dans cet immense océan. De plus, à une époque où la nature est de plus en plus malmenée, où l'on assiste à l'extinction de nombreuses espèces animales et végétales, les inventaires sont devenus des outils de référence et de veille indispensables.
L'auteur fait, lors de deux chapitres, un historique de cette île -la bataille étatique pour la souveraineté de l'île, ou le besoin inhérent à l'humain de se répartir les lieux; les "oubliés" de Clipperton, ou ceux qui, par profit du lieu, ont couru à leur perte- qui donne un aspect fictif bienvenu dans le cours du récit. Ce passif permet de comprendre toute la particularité de cette île, oubliée mais réclamée, vivante et mortifère. L'auteur nous détaille également la création et la constitution physique de cette île volcanique qui permet de comprendre sa relation à son environnement, son type de population. Le vivant est aussi présent dans les animaux qui peuplent cette île: on découvre, étonnamment, que Clipperton n'a pas une faune abondante, composée de fous -oiseaux au "guano" (fiente) particulièrement recherchée car elle crée du phosphate de calcium- et plus récemment de rats qui causent une vraie problématique car ils engendrent des dysfonctionnements importants dans les écosystèmes insulaires, principalement pour l'avifaune. Il est à noter que les fous sont dix fois plus nombreux que sur les îles Galapagos. L'auteur évoque les atteintes de la surpêche sur la population d'oiseaux et des poissons, ainsi que le comportement particulier des fous qui va à l'encontre de la sélection naturelle.Par son omniprésence sur la planète, l'homme a pris le contrôle de l'évolution des espaces et des espèces avec une rapidité qui laisse peu de temps à des mutations adaptatives, si bien qu'on peut parler d'une période d'involution, qui condamne tous les jours certaines espèces à disparaître.
Le dernier tiers s'attarde sur le récif corallien, et ses profondeurs: l'équipe tente de mener l'enquête sur le "trou sans fond" formé par cette île, et son exploration; évocation des problématiques dû au réchauffement climatique et des énergies fossiles. Jean-Louis Etienne a conservé, dans son récit mais aussi dans le vécu de cette exploration, le souhait d'enseigner aux plus jeunes, et aux moins jeunes, afin de vulgariser la science et créer, affiner, notre regard face à ce qui nous entoure. J'ai été questionnée, en dehors de l'apprentissage qui vogue tout au long du récit sur cette île, par le biais de cette dernière, sur ma relation à l'autre et mon impact écologique. Je pense que tout passionné, tel que peut l'être l'auteur, ne peut s'attarder dans des paysages aussi uniques et lointains sans se remettre en question. Jean-Louis Étienne arrive à nous embarquer à ses côtés, et aux côtés des experts qui l'entourent, et nous inclure dans ce questionnement. On relativise nos soucis, on prend conscience de notre place à l'autre et de l'étendue des choses.
C'est tout cela que m'a fait vivre ce roman.
Le jour pointait et je m'assis sur un tronc de cocotier couché à terre. En regardant vers le large, la chair de poule m'envahit devant cette scène millénaire que jouent depuis l'éternité le soleil, les oiseaux, la mer et le vent. Clipperton, quand tu nous tiens!
Merci beaucoup aux éditions Points et au forum pour ce merveilleux moment d'évasion.
Dernière édition par AnaïsP le Mar 14 Juil 2015 - 10:38, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: [Etienne, Jean-Louis] Clipperton - L'atoll du bout du monde
merci Anaïs pour cette belle présentation. J'ai aimé suivre cette expédition et ces passionnés. Comme tu le dis si bien, nous apprenons à relativiser et à remettre les choses en perspective : notre impact sur l'environnement et ses conséquences. Il existe aussi un site sur l'expédition
Pinky- Grand sage du forum
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Emploi/loisirs : Educatrice spécialisée, peinture, dessin, bricolage, ballade, baignade, tricot, couture
Genre littéraire préféré : Je lis de tout en littérature mais j'ai beaucoup de mal avec les policiers... j'en lis 1 ou 2 dans l
Date d'inscription : 04/06/2008
Re: [Etienne, Jean-Louis] Clipperton - L'atoll du bout du monde
Merci Anaïs pour ta critique, qui donne envie d'accoster à Clipperton merci Pinky pour ton avis
louloute- Grand sage du forum
-
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Re: [Etienne, Jean-Louis] Clipperton - L'atoll du bout du monde
C'est aussi la première lecture de ce genre pour moi.
J'ai été tenté car j'étais sur de découvrir des choses incroyables sur la nature, sur un coin de notre planète dont j'ignorais presque tout, mais aussi sur le déroulement d'une expédition comme celle-ci!
Je n'ai pas été déçue. J'ai trouvé la lecture très facile, les chapitres sont assez courts, on passe d'un thème à un autre avec rapidité. Le premier chapitre reste le moins intéressant, ça peut refroidir au début, avec tout ces termes techniques et les récit des affres de la douane entre autre...
Il faut bien en passer par là!
Si les mot techniques sont présents tout au long du livre, ce n'est pas gênant finalement, on découvre de nombreux termes et le fonctionnement d'une telle équipe, avec des choses que personnellement je n'aurais même pas pu imaginer.
On apprend la préparation intense que demande ce genre d'entreprise (2 ans d'organisation) que ce soit au niveau matériel ou administratif.
J'ai aimé qu'il ne nous cache rien, que ce soit sur ces doutes ou bien les éventuelles déconvenues auxquelles il a fallu faire face. (chargement du matériel ou problème d'assurance et donc d'argent). Cela nous permet de nous faire une idée des coûts engagés.
J'ai aussi aimé les petits dialogues entre membres de l'équipe, cela passe parfois mieux que la narration et puis on a l'impression de les connaître ainsi un peu tous.
Autre point important, l'histoire de l'île qu'il nous raconte, j'ai trouvé cela vraiment intéressant, même si cela coupe le récit de l'expédition, j'ai été très prise!
Pendant qu'il nous fait part de leurs découvertes, il consacre également toujours du temps à l'éducation et à l'information sur l'écologie, la protection de l’environnement et à tous les défis qui nous attendent dans ce domaine à l'avenir. Je suis déjà sensible à ce thème, mais même celui qui a des doutes ne peut que se retrouver changer face à certaines affirmations et commencera à faire attention à son empreinte sur la terre.
On se surprend à rêver de pouvoir un jour nous aussi vivre ce genre d'aventures. En un sens c'est déjà un eu le cas à la lecture de ce livre!
Merci aux Éditions Points et à l'équipe du forum pour ce partenariat!
J'ai été tenté car j'étais sur de découvrir des choses incroyables sur la nature, sur un coin de notre planète dont j'ignorais presque tout, mais aussi sur le déroulement d'une expédition comme celle-ci!
Je n'ai pas été déçue. J'ai trouvé la lecture très facile, les chapitres sont assez courts, on passe d'un thème à un autre avec rapidité. Le premier chapitre reste le moins intéressant, ça peut refroidir au début, avec tout ces termes techniques et les récit des affres de la douane entre autre...
Il faut bien en passer par là!
Si les mot techniques sont présents tout au long du livre, ce n'est pas gênant finalement, on découvre de nombreux termes et le fonctionnement d'une telle équipe, avec des choses que personnellement je n'aurais même pas pu imaginer.
On apprend la préparation intense que demande ce genre d'entreprise (2 ans d'organisation) que ce soit au niveau matériel ou administratif.
J'ai aimé qu'il ne nous cache rien, que ce soit sur ces doutes ou bien les éventuelles déconvenues auxquelles il a fallu faire face. (chargement du matériel ou problème d'assurance et donc d'argent). Cela nous permet de nous faire une idée des coûts engagés.
J'ai aussi aimé les petits dialogues entre membres de l'équipe, cela passe parfois mieux que la narration et puis on a l'impression de les connaître ainsi un peu tous.
Autre point important, l'histoire de l'île qu'il nous raconte, j'ai trouvé cela vraiment intéressant, même si cela coupe le récit de l'expédition, j'ai été très prise!
Pendant qu'il nous fait part de leurs découvertes, il consacre également toujours du temps à l'éducation et à l'information sur l'écologie, la protection de l’environnement et à tous les défis qui nous attendent dans ce domaine à l'avenir. Je suis déjà sensible à ce thème, mais même celui qui a des doutes ne peut que se retrouver changer face à certaines affirmations et commencera à faire attention à son empreinte sur la terre.
On se surprend à rêver de pouvoir un jour nous aussi vivre ce genre d'aventures. En un sens c'est déjà un eu le cas à la lecture de ce livre!
Merci aux Éditions Points et à l'équipe du forum pour ce partenariat!
Invité- Invité
Re: [Etienne, Jean-Louis] Clipperton - L'atoll du bout du monde
Merci Ancalina pour ta critique
louloute- Grand sage du forum
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Localisation : Var, Sanary-sur-mer
Emploi/loisirs : mère au foyer
Genre littéraire préféré : thriller, historique, policier
Date d'inscription : 11/12/2009
Re: [Etienne, Jean-Louis] Clipperton - L'atoll du bout du monde
Merci Ancalina pour cette présentation, une belle aventure en effet
Pinky- Grand sage du forum
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Localisation : Les Sables d'Olonne (85)
Emploi/loisirs : Educatrice spécialisée, peinture, dessin, bricolage, ballade, baignade, tricot, couture
Genre littéraire préféré : Je lis de tout en littérature mais j'ai beaucoup de mal avec les policiers... j'en lis 1 ou 2 dans l
Date d'inscription : 04/06/2008
Re: [Etienne, Jean-Louis] Clipperton - L'atoll du bout du monde
Clipperton, l'atoll du bout du monde, est le récit compte-rendu d'une expédition scientifique réalisée en 2004 à l'initiative du docteur Jean-Louis Etienne. Ce n'est pas une lecture habituelle pour moi mais je suis enchantée d'avoir découvert cette collection des éditions Points: Points Aventure!
J'ai envie de dire que cela commence lentement, avec des tracasseries d'organisation: un conteneur plein de matériel indispensable au séjour sur l'atoll a disparu. On se doute que si le livre existe c'est que l'expédition a pu être menée à bien et que le problème a donc été réglé mais c'est une entrée en matière qui donne la mesure du travail nécessaire en amont à un pareil voyage scientifique.
Succède à cela l'arrivée sur Clipperton qui, à mon sens, permet de faire connaissance avec les hommes les plus importants de l'aventure, nous faisant prendre conscience en quelques pages de leur nature: Jean-Louis, Janot, Manue, Elsa, Bernard et les autres ont des caractères bien trempés, ce sont des passionnés, suffisamment raisonnés et raisonnables pour agir avec un maximum de sécurité et suffisamment intrépides, convaincus, énergiques et déterminés pour se dépasser sans cesse, réaliser des exploits techniques et optimiser chaque instant de ces quatre mois sur l'île.
Ce qui m'a le plus marquée dans ce récit c'est la densité des tâches réalisées. L'ensemble du séjour est organisé avec précision, rien n'est laissé au hasard. Les diverses équipes se succèdent, balayant de très nombreux champs d'études: climatologie, faune et flore. Mais Jean-Louis Etienne ne se contente pas de nous faire partager ces investigations, il ajoute une documentation personnelle exceptionnelle qui nous permet d'embrasser l'île dans toute sa complexité: contexte historique (amené de manière très agréable avec de nombreuses anecdotes), vie du camp ( émotions, gestion du groupe et des éventuelles tensions, épisodes amusants, détails des relations humaines qui nous rendent proches tous ces chercheurs), vie familiale, contexte économique (présence de thoniers) ou sociologique (trafiquants de drogue), dimension environnementale. Clipperton, l'atoll du bout du monde est ainsi un document d'une extrême richesse. On y apprend une foule de choses (la dimension pédagogique est également primordiale dans la démarche de JL Etienne) tout en tournant les pages avec plaisir! C'est une incroyable aventure humaine et une inoubliable leçon qui remet l'homme à sa juste place, celle d'un invité dans la nature, d'un occupant parmi les autres. Dans ces contrées sauvages et lointaines, tout l'impact de notre société sur l'environnement nous apparaît (et nous consterne) en même temps que nous saute aux yeux notre fragilité individuelle. Tout le paradoxe de l'être humain...
Je ne sais pas si tous les livres de la collection sont de cet acabit ou si Jean-Louis Etienne a un talent de narrateur exceptionnel mais il ne fait aucun doute que j'essaierai de lire d'autres ouvrages du même style. Par ailleurs, je suis allée consulter le site pédagogique de l'expédition, et je n'ai pas été déçue !J'ai envie de dire que cela commence lentement, avec des tracasseries d'organisation: un conteneur plein de matériel indispensable au séjour sur l'atoll a disparu. On se doute que si le livre existe c'est que l'expédition a pu être menée à bien et que le problème a donc été réglé mais c'est une entrée en matière qui donne la mesure du travail nécessaire en amont à un pareil voyage scientifique.
Succède à cela l'arrivée sur Clipperton qui, à mon sens, permet de faire connaissance avec les hommes les plus importants de l'aventure, nous faisant prendre conscience en quelques pages de leur nature: Jean-Louis, Janot, Manue, Elsa, Bernard et les autres ont des caractères bien trempés, ce sont des passionnés, suffisamment raisonnés et raisonnables pour agir avec un maximum de sécurité et suffisamment intrépides, convaincus, énergiques et déterminés pour se dépasser sans cesse, réaliser des exploits techniques et optimiser chaque instant de ces quatre mois sur l'île.
Ce qui m'a le plus marquée dans ce récit c'est la densité des tâches réalisées. L'ensemble du séjour est organisé avec précision, rien n'est laissé au hasard. Les diverses équipes se succèdent, balayant de très nombreux champs d'études: climatologie, faune et flore. Mais Jean-Louis Etienne ne se contente pas de nous faire partager ces investigations, il ajoute une documentation personnelle exceptionnelle qui nous permet d'embrasser l'île dans toute sa complexité: contexte historique (amené de manière très agréable avec de nombreuses anecdotes), vie du camp ( émotions, gestion du groupe et des éventuelles tensions, épisodes amusants, détails des relations humaines qui nous rendent proches tous ces chercheurs), vie familiale, contexte économique (présence de thoniers) ou sociologique (trafiquants de drogue), dimension environnementale. Clipperton, l'atoll du bout du monde est ainsi un document d'une extrême richesse. On y apprend une foule de choses (la dimension pédagogique est également primordiale dans la démarche de JL Etienne) tout en tournant les pages avec plaisir! C'est une incroyable aventure humaine et une inoubliable leçon qui remet l'homme à sa juste place, celle d'un invité dans la nature, d'un occupant parmi les autres. Dans ces contrées sauvages et lointaines, tout l'impact de notre société sur l'environnement nous apparaît (et nous consterne) en même temps que nous saute aux yeux notre fragilité individuelle. Tout le paradoxe de l'être humain...
Un énorme merci à Partage Lecture et aux éditions Points pour cette belle découverte!
Véronique M.- Grand sage du forum
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Genre littéraire préféré : un peu de tout, romans en tous genres,biographies, essais mais pas trop la science fiction.
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