[Cotterill, Colin] Le déjeuner du coroner
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[Cotterill, Colin] Le déjeuner du coroner
Le déjeuner du coroner
Auteur : Colin Cotterill
Traduit de l’anglais par Valérie Malfoy
Éditions : Albin Michel (Février 2007)
Collection : Carré Jaune
Nombre de pages : 380
ISBN : 978 2 226 17941 8
Quatrième de couverture
Laos, 1976. Les communistes du Pathet s'emparent du pouvoir et l'intelligentsia fuit le pays. Siri Paiboun, un médecin qui a fait ses études à Paris, décide de rester. À 72 ans, et bien qu'il n'ait jamais pratiqué d'autopsie, il est nommé coroner. Quand la femme d'un ponte du Parti meurt en plein banquet et que les cadavres de trois soldats vietnamiens sont retrouvés flottant sur les eaux d'un lac laotien, tous les regards se tournent vers lui. Déterminé à résoudre ces crimes en dépit des tentatives d'intimidation, Siri mène l'enquête, recrutant au passage quelques vieux amis, mais aussi les shamans hmongs, les esprits des forêts, et même ceux des morts qui le visitent en songe... Première des aventures du Dr Siri, vieux sage excentrique revenu de tout - un peu Maigret sauce saté, un peu juge Ti -, Le Déjeuner du coroner comblera les fans d'Alexandre McCall Smith et tous les amateurs de polars originaux, brillants et pleins d'humour.
Quelques mots sur l’auteur
Colin Cotterill a enseigné en Australie, aux États-Unis et au Japon. Il a vécu en Thaïlande et au Laos, et a travaillé au sein d’ONG pour la réinsertion d’enfants-prostitués. Aujourd’hui écrivain à plein temps, il vit à Chiang Mai, en Thaïlande. Il a remporté le Prix SNCF du polar européen en 2006 pour son roman Le Déjeuner du coroner.
Mon avis
Le Laos en 1976 ? A découvrir ….
Le Laos en 1976, un docteur, Siri Paiboun, de soixante-douze ans qui vient d’être nommé coroner (le seul du pays), sans doute une mise au placard. Bien entendu, lui, il n’avait rien demandé ! Il va malgré tout s’acquitter de sa tâche avec l’aide de deux adjoints atypiques : une pimpante infirmière ambitieuse (malgré ses lectures de magazines « people ») et un jeune trisomique doté d’une mémoire époustouflante et capable de remarques pointues. Il travaille dans des conditions sommaires, muni d’un appareil photos qu’il doit parfois prêter et les rapports qu’il écrit dérangent de temps à autre alors ils disparaissent pfuuii !!!
C’est un homme inhabituel, à la morgue (sans jeu de mots) discrète et délicate. On pourrait associer son attitude au fait qu’il n’a plus rien à perdre. Il a choisi de rester au pays mais il reconnaît volontiers qu’il n’est ni un bon communiste ni un bon bouddhiste. Il est l’aîné de ses collègues ou supérieurs alors il ne s’en laisse pas compter. Une rencontre entre un jeune présomptueux qui veut l’envoyer (afin de l’éloigner car il est en passe de mettre au jour des choses qui dérangent) là où il ne veut pas aller dans l’immédiat est un pur régal de verve. De plus le comique de situation de cette scène est jubilatoire. Il y a également des passages un peu saugrenus où Siri Paiboun côtoie des personnes mortes qui lui « parlent » pour l’aider à avancer dans ses recherches ou d’autres où il vit des instants un peu « hors du temps » avec une communauté un peu portée sur les esprits. Ne prenez pas peur, c’est juste dosé comme il le faut pour apporter une touche de fantaisie à l’ensemble. Il y a les gens du parti, un tantinet figés dans leurs idées et leurs postures et de l’autre côté Siri et ses proches, fantaisistes, indépendants, curieux de tout, allant plus loin que le paraître …
Je ne sais pas comment l’auteur a eu l’idée de ce héros « décalé », surprenant et surtout de quelle façon il s’y est pris pour situer son récit dans le Laos de 1976, même si sa biographie dit qu’il a vécu sur place (vivre dans un lieu, ce n’est pas forcément connaître les rouages et les relations des personnes du cru). En tout cas, c’est réussi même si je ne suis pas allée là-bas en 1976 et donc incapable de comparer réalité et fiction.
L’écriture est fine, truculente à souhaits. Les situations décrites avec précision et une pointe dhumour lorsqu’il en faut.
« Il me semble, camarade. Mais je crois que si le prolétariat doit me baiser les pieds, je peux au moins lui présenter quelques orteils….. »
On découvre des lieux et des individus dans un contexte sans téléphone, sans internet, avec une bicyclette ou une moto poussives, des salles de bain communes mais où demeure un profond respect entre les hommes (sauf lorsque les magistraux veulent s’en mêler et manipuler notre médecin rebelle). L’intrigue est un mélange de ramifications politiques (et des réflexions qui vont avec) et de vie quotidienne avec des petits côtés surnaturels glissés ça et là pour une touche supplémentaire d’exotisme (je plaisante).
J’ai eu beaucoup de plaisir avec cette lecture au héros sortant de l’ordinaire, au style agrémenté d’une malice délicieuse. Je retrouverai volontiers la suite des aventures du Docteur Siri.
Seuls trois de ses ouvrages ont été traduits en français et je trouve cela bien regrettable. (C’est une amie allemande qui m’a conseillé cette lecture et dans son pays, huit livres sont traduits.)
Cassiopée- Admin
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