[Bourdouxhe, Madeleine] Les jours de la femme Louise
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[Bourdouxhe, Madeleine] Les jours de la femme Louise
Éditions Actes Sud
128 pages
ISBN 978-2-7427-8243-7
Présentation de l’éditeur
Elles s’appellent Louise, Anna, Blanche ou Clara. Elles sont ouvrière, femme au foyer, mère seule avec un enfant, bonne chez Madame. Elles sont confrontées à la vie, à l’amour, à l’ennui, à la frustration, à la violence des hommes, leur indifférence ou leur condescendance. Toutes ont en commun des rêves trop grands pour elles, des peurs d’enfant, des désirs qui n’osent s’exprimer. Alors elles avancent vaille que vaille, tombent et se relèvent, touchantes de fragilité,
admirables de courage opiniâtre, fortes de leur douceur même, belles de tout cet espoir lumineux en elles que rien ne parvient à éteindre.
Ce qui bouleverse, dans l’écriture de Madeleine Bourdouxhe, c’est son style simple et franc, en empathie troublante avec les personnages, son réalisme poétique qui ne craint pas l’engagement social ou féministe mais privilégie l’émotion, la justesse psychologique.
Mon avis
On m’a offert ce livre il y a plusieurs années. A l’époque je l’avais commencé puis abandonné, et l’ai réouvert un peu par hasard il y a quelques jours.
C’est un tout petit livre composé de sept nouvelles, chacune consacrée à une héroïne. Ce qui les réunit, c’est sans doute un rêve de liberté - pas toujours avoué ni formulé. Leurs histoires ne sont pas forcément datées, mais elles parlent d’un temps où on allait chez le garagiste pour faire le plein de sa voiture, où les familles bourgeoises avaient une bonne qui préparait la soupe avec les légumes du jardin. A ma première lecture, je n’avais pas compris que ce recueil était une réédition. Je m’étais demandé pourquoi, en 2009, situer ces histoires dans le passé, alors que je trouvais assez actuelles les préoccupations des personnages. En fait l’auteur est née en 1906, et ce qu’elle raconte n’est rien d’autre que le quotidien de sa jeunesse. Sachant cela (c’est pourtant écrit sur la quatrième de couverture que je n’avais, comme souvent, pas lue), les rêves d’émancipation de ses héroïnes me sont soudainement apparus plus modernes et plus crédibles.
L’écriture de Madeleine Bourdouxhe m’a fait penser à une aquarelle. Econome, subtile, elle suggère plus qu’elle ne déclare. Cela ne se lit pas tout seul. Pas parce que les phrases sont longues, les mots compliqués ou les personnages secondaires nombreux, bien au contraire. Mais il faut avoir l’esprit disponible pour peupler le récit entre les ellipses. Il faut prendre la peine de regarder cette aquarelle et d’imaginer d’où vient l’ombre violette de tristesse ou la paillette de folie qui colorent le regard de Blanche, Anna ou Louise.
On se projette alors en elles, et cela ne va pas sans une certaine mélancolie. Car même si elles marchent la tête haute, ces femmes souffrent. J’ai d’ailleurs été frappée par la récurrence dans cette oeuvre du verbe « déchirer ». L’inadéquation entre la vie et les rêves ne semble pas ici un décalage, petit ou grand, que l’on pourrait réajuster ; mais un divorce, un renoncement irréversible, un deuil d’une partie de soi-même. Une perte dont la violence se compare à - explique ? - celle des scènes les plus glaçantes du livre. Avant, pendant ou après, la violence s’accompagne de peu de mots, et même d’une apparente sérénité. Sans doute faudrait-il relire ce livre à chaque fois que l’on se plaint du monde moderne et que l’on soupire en se disant que tout de même la vie de nos grands-mères était plus simple. Simple, peut-être, mais ni plus légère ni moins tragique.
Finalement, je suis très contente d’avoir donné une deuxième chance à ce livre qui la méritait vraiment. La beauté des images vaut le coup de blues.
Re: [Bourdouxhe, Madeleine] Les jours de la femme Louise
Merci Algue pour ta critique
louloute- Grand sage du forum
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