[Binebine, Mahi] Le fou du roi
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[Binebine, Mahi] Le fou du roi
Titre : Le fou du roi
Auteur : Mahi Binebine
Editeur : Stock
Nombre de pages : 176.
Quatrième de couverture, ou plutôt présentation de l’auteur lui-même :
Je suis né dans une famille shakespearienne. Entre un père courtisan du roi pendant quarante ans et un frère banni dans une geôle du sud. Il faut imaginer un palais royal effrayant et fascinant, où le favori peut être châtié pour rien, où les jalousies s’attisent quand la nuit tombe.
Un conteur d’histoires sait que le pouvoir est d’un côté de la porte, et la liberté de l’autre. Car, pour rester au service de Sa Majesté, mon père a renoncé à sa femme et ses enfants. Il a abandonné mon frère à ses fantômes. Son fils, mon frère, dont l’absence a hanté vingt ans ma famille. Quelles sont les raisons du « fou » et celles du père ?
Destin terriblement solitaire, esclavage consenti…
Tout est-il dérisoire en ce bas monde ? Mon père avait un étrange goût de la vie. Cela fait des années que je cherche à le raconter. Cette histoire, je vous la soumets, elle a la fantaisie du conte lointain et la gravité d’un drame humain.
Mon avis :
Je ne saurai mieux présenter ce livre que ce que nous propose le quatrième de couverture. Oui, l’auteur nous soumet son histoire, et je dois dire que j’ai trouvé ce livre particulièrement prenant, donc particulièrement réussi, j’ai eu du mal à le reposer avant de l’avoir fini.
Le terme « fou du roi » apparaît comme désuet pour moi. Je l’associe à Rigoletto, de Verdi, ou à Triboulet, fou de Louis XII puis de François Ier qui lui servit de modèle. Que ce soit pour l’un ou pour l’autre, la tragédie point sous le masque de la comédie.
L’action se passe à une époque contemporaine, nous pourrions être fort loin dans le passé. Les moeurs semblent figées, avec les esclaves présents à la cour, l’étage des femmes où il ne faut surtout pas se rendre, les courtisans de tout bord, les artistes qui gravitent autour du roi. Personne ne veut encourir sa disgrâce.
Nous sommes pourtant à notre époque, comme le prouve la technologie utilisée. Nous entendons un homme dont le seul but est de faire plaisir au roi : Voyez, le but suprême de ma drôle d’existence n’est rien d’autre que de rendre heureux le roi. Je ne vis que pour cela. Et rien ne me procure autant de joie, autant de satisfaction que le visage illuminé de Sidi.
Cette citation est aussi un exemple du style de l’auteur qui, par sa musicalité, sa métrique, se rapproche davantage du poème en prose que du roman proprement dit. La narrateur montre à la fois son dévouement pour son roi, mourrant, et le délaissement de sa famille. En des retours en arrière, il retrace la vie des courtisans dont il fut le plus proche. Est évoqué aussi l’emprisonnement de son fils aîné, presque à la fin du livre. Parce que cette emprisonnement, dans un lieu dont peu sont revenus – et dans quel état – est ce qui a engendré l’incompréhension des membres de sa famille, pour ne pas employer des termes plus forts, plus définitifs. Ce que je retiens de cette dernière partie, aussi, est la force morale de l’épouse du « fou », qui ne douta jamais du retour de son fils aîné, et ne l’imagina jamais ainsi.
J’aurai maintes raisons de vous recommander ce livre : en savoir plus sur le Maroc contemporain, se retrouver au coeur de la cour du roi, lire une oeuvre très bien écrite. Je ne dirai qu’une chose : c’est un très bon livre qui passe un peu trop inaperçu.
Sharon- Modérateur
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