[Dionne, Karen] La fille du roi des marais
2 participants
Page 1 sur 1
Votre avis
[Dionne, Karen] La fille du roi des marais
Titre : La fille du roi des marais
Auteur : Karen Dionne
Edition :Jean-Claude Lattès
Nombre de pages : 400 pages.
Présentation de l’éditeur :
Enfin, Helena a la vie qu’elle mérite ! Un mari aimant, deux ravissantes petites filles, un travail qui occupe ses journées. Mais quand un détenu s’évade d’une prison de sa région, elle mesure son erreur : comment a-t-elle pu croire qu’elle pourrait tirer un trait sur son douloureux passé ?
Car Helena a un secret : elle est l’enfant du viol. Sa mère, kidnappée adolescente, a été retenue prisonnière dans une cabane cachée au fond des marais du Michigan, sans électricité, sans chauffage, sans eau courante. Née deux ans plus tard, Helena aimait cette enfance de sauvageonne. Et même si son père était parfois brutal, elle l’aimait aussi… jusqu’à ce qu’elle découvre toute sa cruauté.
Vingt ans après, elle a enfoui ses souvenirs si profondément que même son mari ignore la vérité. Mais aujourd’hui son père a tué deux gardiens de prison et s’est volatilisé dans les marais, une zone qu’il connaît mieux que personne. Malgré la chasse à l’homme lancée par les autorités, Helena sait que la police n’a aucune chance de l’arrêter. Parce qu’elle a été son élève, la seule personne capable de retrouver cet expert en survie, que la presse a surnommé Le Roi des Marais, c’est sa fille.
Mon avis :
Il est toujours tentant de ranger un livre dans des catégories. Pour cela, il faut que des ingrédients se retrouvent,des caractéristiques face à un genre. Nous serions donc ici plutôt dans le roman policier noir puisqu’un homme s’est évadé, tuant ses deux gardiens. Les recherches sont donc lancées pour le rattraper.
Sauf que les recherches ne sont pas montrées de la manière avec laquelle cette traque est menée. C’est aux pas d’Helena, la propre fille du fugitif, que nous nous attachons, parce que c’est elle qui traque son père. Pourquoi ? Comment ?
C’est là que le livre devient à la fois fascinant et dérangeant. Nous avons quantité de livres qui parlent d’enlèvement et des retrouvailles entre les séquestrés et leurs proches. Nous en avons peu, mis à part Pourquoi moi de Chelsea Cain qui parle de l’après, des années qui suivent et qui n’apportent pas forcément bonheur et sérénité. La fille du roi des marais est de ceux-là, d’autant plus qu’Helena n’a pas été enlevée, sa mère oui. Toutes les deux vécurent dans les marais, sous la garde de leur père/geolier/kidnappeur.
Helena porte un double regard sur ce qu’elle a vécu, le regard de l’enfant qu’elle a été, et qui trouvait tout ce qu’elle vivait normal, puisqu’elle ne connaissait rien d’autres, une enfant qui aimait son père, un peu moins sa mère, et l’adulte qui voit à quel point ce qu’a vécu sa mère a été douloureux, cruel, insurmontable, à quel point celle-ci n’a pas pu trouver l’aide dont elle aurait dû bénéficier,même pas de la part de ses propres parents. IL n’est pas de petits profits. Bien sûr, des adultes bien intentionnés ont essayé de faire rentrer Helena dans le moule des conventions sociales, ils n’ont pas essayé de comprendre sa logique, son mode de pensée. Dans sa quête pour mettre hors d’état de nuire son père, Helena revient sur ses années de formation, telles que son père les lui avait imposées, à elle et à sa mère. Si elle comprend le cheminement des raisonnement de son père, cela ne veut pas dire qu’elle les justifie ou qu’elle les absout. Certains ont tendance à confondre.
Ce livre est un conte aussi. Si ce n’est que la fille du roi des marais ne peut compter que sur-elle même et sur son fidèle adjuvant (son chien) pour protéger ses filles et son mari, bien éloignés de ce monde de violence, du roi. Les contes de fée sont souvent cruels, les versions modernes et lissées nous le font oublier.
Sharon- Modérateur
-
Nombre de messages : 13263
Age : 46
Localisation : Normandie
Emploi/loisirs : professeur
Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
Re: [Dionne, Karen] La fille du roi des marais
Mon avis
Quelle étrange relation que celle qui lie Helena à son père. Elle est faite de peur, d’admiration, de respect, de dégoût, d’amour « désordonné »… Helena est née de l’union d’un homme sauvage, solitaire, coupé du monde avec une jeune fille qu’il a kidnappée. Il l’a installée avec lui, loin des siens, au milieu des marais où ils vivaient en autarcie, pratiquement coupés de tout et là, Helena est née.
N’ayant connu que la vie là-bas, elle a eu beaucoup de difficultés à vivre avec les autres lorsqu’elle a été libérée. Elle s’est retrouvée dans une société dont elle ignorait tout, même les codes les plus élémentaires de communication. Pourtant, maintenant, elle s’est construite, elle vit en couple et elle a deux adorables filles. Bien sûr, son équilibre reste fragile car parfois l’envie lui prend de s’en aller pour arpenter la nature mais elle a un conjoint très compréhensif bien qu’il ne sache rien de son passé. En effet, elle a occulté tout de sa vie d’avant et ne lui en a jamais parlé….
Aussi, lorsqu’elle apprend que son père s’est échappé alors qu’il était emprisonné, elle a peur. Elle sait très bien ce qu’il va faire : la traquer. Et aussitôt, elle prend une décision : de chassée elle va devenir chasseur… Et la poursuite commence. Elle part seule….
Ce récit se décline sur plusieurs approches, Helena raconte sa vie dans la cabane, au milieu des marais, au plus près de la nature, vivant de peu avec ses parents. Elle explique tout ce qu’elle a appris à leur contact, combien son père la fascinait par ses connaissances multiples mais également combien il l’effrayait par son intransigeance, sa violence. Elle a été élevée « à la dure » pour devenir une guerrière… Celle qu’elle est aujourd’hui au moment de ce qu’elle espère être le dernier combat contre son géniteur. Une autre approche est celle d’Helena lorsqu’elle a découvert ce qu’était la vie quotidienne dont elle ne savait rien : l’eau courante, l’électricité, l’école et bien d ‘autres choses, tout ce qui l’a désarçonnée … Et le dernier aspect est celui du temps présent avec les événements qui se déroulent sous nos yeux. Pour compléter tout cela, quelques extraits d’un conte d’Andersen.
Il y a peu de personnages, et ce presque huis clos nous permet de réaliser combien la « libération » de Helena et de sa mère a dû être brutale, difficile à vivre, douloureuse même. On voit la jeune femme face à ses choix, ses contradictions, ses peurs, ses doutes …. L’écriture est précise, travaillée, porteuse de sens. L’auteur arrive très bien à nous montrer combien Helena a pu « aimer » son père malgré l’horreur de ce qu’il lui faisait vivre. Le fait de ne rien connaître d’autre explique en partie les faits, mais pas seulement. Je pense que cet homme avait une espèce d’aura, il en imposait par sa stature mais aussi par sa façon de prendre les choses en mains, en vrai chef incontestable. Helena est marquée à vie par ce lourd passé et ce que nous découvrons dans ce livre, c’est la lutte d’une femme contre son père mais également contre elle-même….
Ce recueil est surprenant, il est rare d’aborder les événements d’une séquestration sous cet angle et c’est pour cela qu’il m’a intéressée. C’est une lecture parfois éprouvante mais à découvrir….
Quelle étrange relation que celle qui lie Helena à son père. Elle est faite de peur, d’admiration, de respect, de dégoût, d’amour « désordonné »… Helena est née de l’union d’un homme sauvage, solitaire, coupé du monde avec une jeune fille qu’il a kidnappée. Il l’a installée avec lui, loin des siens, au milieu des marais où ils vivaient en autarcie, pratiquement coupés de tout et là, Helena est née.
N’ayant connu que la vie là-bas, elle a eu beaucoup de difficultés à vivre avec les autres lorsqu’elle a été libérée. Elle s’est retrouvée dans une société dont elle ignorait tout, même les codes les plus élémentaires de communication. Pourtant, maintenant, elle s’est construite, elle vit en couple et elle a deux adorables filles. Bien sûr, son équilibre reste fragile car parfois l’envie lui prend de s’en aller pour arpenter la nature mais elle a un conjoint très compréhensif bien qu’il ne sache rien de son passé. En effet, elle a occulté tout de sa vie d’avant et ne lui en a jamais parlé….
Aussi, lorsqu’elle apprend que son père s’est échappé alors qu’il était emprisonné, elle a peur. Elle sait très bien ce qu’il va faire : la traquer. Et aussitôt, elle prend une décision : de chassée elle va devenir chasseur… Et la poursuite commence. Elle part seule….
Ce récit se décline sur plusieurs approches, Helena raconte sa vie dans la cabane, au milieu des marais, au plus près de la nature, vivant de peu avec ses parents. Elle explique tout ce qu’elle a appris à leur contact, combien son père la fascinait par ses connaissances multiples mais également combien il l’effrayait par son intransigeance, sa violence. Elle a été élevée « à la dure » pour devenir une guerrière… Celle qu’elle est aujourd’hui au moment de ce qu’elle espère être le dernier combat contre son géniteur. Une autre approche est celle d’Helena lorsqu’elle a découvert ce qu’était la vie quotidienne dont elle ne savait rien : l’eau courante, l’électricité, l’école et bien d ‘autres choses, tout ce qui l’a désarçonnée … Et le dernier aspect est celui du temps présent avec les événements qui se déroulent sous nos yeux. Pour compléter tout cela, quelques extraits d’un conte d’Andersen.
Il y a peu de personnages, et ce presque huis clos nous permet de réaliser combien la « libération » de Helena et de sa mère a dû être brutale, difficile à vivre, douloureuse même. On voit la jeune femme face à ses choix, ses contradictions, ses peurs, ses doutes …. L’écriture est précise, travaillée, porteuse de sens. L’auteur arrive très bien à nous montrer combien Helena a pu « aimer » son père malgré l’horreur de ce qu’il lui faisait vivre. Le fait de ne rien connaître d’autre explique en partie les faits, mais pas seulement. Je pense que cet homme avait une espèce d’aura, il en imposait par sa stature mais aussi par sa façon de prendre les choses en mains, en vrai chef incontestable. Helena est marquée à vie par ce lourd passé et ce que nous découvrons dans ce livre, c’est la lutte d’une femme contre son père mais également contre elle-même….
Ce recueil est surprenant, il est rare d’aborder les événements d’une séquestration sous cet angle et c’est pour cela qu’il m’a intéressée. C’est une lecture parfois éprouvante mais à découvrir….
_________________
Cassiopée- Admin
-
Nombre de messages : 16860
Localisation : Saint Etienne
Emploi/loisirs : enseignante
Genre littéraire préféré : un peu tout
Date d'inscription : 17/04/2009
Sujets similaires
» [Hamilton, Karen] La fille du ciel
» [Oates, Joyce Carol] Fille noire, fille blanche
» [Points] Fille noire, fille blanche - Oates
» [Sandlin, Lisa] Les oiseaux des marais
» [Marais, Claude] Des vies a l'envers
» [Oates, Joyce Carol] Fille noire, fille blanche
» [Points] Fille noire, fille blanche - Oates
» [Sandlin, Lisa] Les oiseaux des marais
» [Marais, Claude] Des vies a l'envers
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum