[Sitruk, Anthony] La vie brève de Jan Palach
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[Sitruk, Anthony] La vie brève de Jan Palach
Titre : La vie brève de Jan Palach
Auteur : Anthony Sitruk
Le Dilettante - 13 juin 2018
192 pages
Présentation de l'éditeur :
Le 16 janvier 1969, l'histoire tchèque n'a qu'un visage, celui, défiguré, calciné, de Jan Palach, étudiant praguois de vingt ans dont l'immolation publique, accomplie en protestation contre l'occupation "fraternelle" des forces soviétiques, vient de sidérer l'Europe. La Vie brève de Jan Palach nous conduit à Prague et c'est l'histoire de ce geste qu'Anthony Sitruk, au fil d'un essai-reportage précis et fervent, nous narre avec une précision de témoin.
Mon avis :
L'an dernier, à l'occasion d'un concours de nouvelles, j'avais lu l'histoire de Jan Palach, un étudiant tchécoslovaque dont j'ignorais tout. Quelques mois plus tard, l'auteur, Anthony Sitruk, m'a contactée pour me proposer de lire son livre. Sa nouvelle était devenue un roman. Du moins, c'est ce que je croyais... et j'avais tort.
Non, ce livre n'est pas un roman. Ce livre est une enquête, précise, minutieuse sur Jan Palach et l'actualité européenne à l'époque de son sacrifice en 1968-1969 : le printemps de Prague, le pacte de Varsovie, l'invasion russe en Tchécoslovaquie. Vous ne maitrisez pas cette période de l'Histoire ? Rassurez-vous, moi non plus. Et c'est justement tout l'intérêt de ce livre : il nous raconte la succession des événements de façon claire et détaillée, dans un style oral et journalistique. C'est facile à lire, je le reconnais, mais il faut signaler quelques longueurs (énumérations de personnages, phrases interminables...) et j'avoue que j'aurais préféré une écriture plus littéraire.
Le narrateur est allé à Prague en janvier 2018, sur les traces de Jan Palach, martyr et héros dans son pays. Il a cherché articles de journaux, reportages, traces et témoignages pour tenter de comprendre comment cet étudiant de 20 ans avait pu en arriver à ce geste terrible : s'immoler sur la place Venceslas. Quelles étaient ses motivations ? Était-il fou ? Que voulait-il dénoncer ? Allait-il être la première torche d'un mouvement appelé à prendre plus d'envergure après sa mort ? C'est à toutes ces questions qu'Anthony Sitruk nous invite à réfléchir dans son livre.
J'ai apprécié la découverte de ce monde asphyxié par la domination soviétique et approuvé la volonté de cet étudiant de 20 ans de réveiller le peuple de son pays. Mais j'avoue qu'à l'issue de cette lecture, ce sont les regrets qui dominent. En tant que lectrice de romans historiques, j'aurais aimé lire un vrai récit, avec des personnages forts, pour m'attacher à Jan et entrer dans sa tête, dans son cœur, éprouver ce sentiment patriotique puissant qui l'a poussé à sacrifier sa vie. Ici, dans cette enquête, dans ces lignes écrites par un narrateur journaliste, Palach reste distant.
En fin d'ouvrage, dans un chapitre intitulé Addendum : Hélèna, l'auteur a ajouté la nouvelle qu'il avait écrite en 2017, dont la narratrice est Héléna Zahradníčková, l'amie de Jan Palach à l'époque. Le point de vue féminin, l'intimité des derniers instants avec Jan, puis la douleur à l'annonce de son geste et le deuil qui ont suivi sa mort donnent une dimension plus intense à l'histoire. C'est ce ton, cette proximité que j'aurais aimé retrouver dans tout le livre.
Je m'interroge désormais sur Jan Palach et il me semble avoir plus de questions que de réponses (sur son enfance, les stigmates de la guerre dans les pays de l'Est, la vie des jeunes à l'époque, les conséquences de l'occupation soviétique sur le quotidien des hommes et des femmes...) Un film biographique est sorti en République tchèque le 21 juin 2018. Souhaitons qu'il puisse être diffusé en version française sur nos écrans pour donner du relief à cette lecture et fournir des pistes de réponses.
Le 16 janvier 1969, l'histoire tchèque n'a qu'un visage, celui, défiguré, calciné, de Jan Palach, étudiant praguois de vingt ans dont l'immolation publique, accomplie en protestation contre l'occupation "fraternelle" des forces soviétiques, vient de sidérer l'Europe. La Vie brève de Jan Palach nous conduit à Prague et c'est l'histoire de ce geste qu'Anthony Sitruk, au fil d'un essai-reportage précis et fervent, nous narre avec une précision de témoin.
Mon avis :
L'an dernier, à l'occasion d'un concours de nouvelles, j'avais lu l'histoire de Jan Palach, un étudiant tchécoslovaque dont j'ignorais tout. Quelques mois plus tard, l'auteur, Anthony Sitruk, m'a contactée pour me proposer de lire son livre. Sa nouvelle était devenue un roman. Du moins, c'est ce que je croyais... et j'avais tort.
Non, ce livre n'est pas un roman. Ce livre est une enquête, précise, minutieuse sur Jan Palach et l'actualité européenne à l'époque de son sacrifice en 1968-1969 : le printemps de Prague, le pacte de Varsovie, l'invasion russe en Tchécoslovaquie. Vous ne maitrisez pas cette période de l'Histoire ? Rassurez-vous, moi non plus. Et c'est justement tout l'intérêt de ce livre : il nous raconte la succession des événements de façon claire et détaillée, dans un style oral et journalistique. C'est facile à lire, je le reconnais, mais il faut signaler quelques longueurs (énumérations de personnages, phrases interminables...) et j'avoue que j'aurais préféré une écriture plus littéraire.
Le narrateur est allé à Prague en janvier 2018, sur les traces de Jan Palach, martyr et héros dans son pays. Il a cherché articles de journaux, reportages, traces et témoignages pour tenter de comprendre comment cet étudiant de 20 ans avait pu en arriver à ce geste terrible : s'immoler sur la place Venceslas. Quelles étaient ses motivations ? Était-il fou ? Que voulait-il dénoncer ? Allait-il être la première torche d'un mouvement appelé à prendre plus d'envergure après sa mort ? C'est à toutes ces questions qu'Anthony Sitruk nous invite à réfléchir dans son livre.
J'ai apprécié la découverte de ce monde asphyxié par la domination soviétique et approuvé la volonté de cet étudiant de 20 ans de réveiller le peuple de son pays. Mais j'avoue qu'à l'issue de cette lecture, ce sont les regrets qui dominent. En tant que lectrice de romans historiques, j'aurais aimé lire un vrai récit, avec des personnages forts, pour m'attacher à Jan et entrer dans sa tête, dans son cœur, éprouver ce sentiment patriotique puissant qui l'a poussé à sacrifier sa vie. Ici, dans cette enquête, dans ces lignes écrites par un narrateur journaliste, Palach reste distant.
En fin d'ouvrage, dans un chapitre intitulé Addendum : Hélèna, l'auteur a ajouté la nouvelle qu'il avait écrite en 2017, dont la narratrice est Héléna Zahradníčková, l'amie de Jan Palach à l'époque. Le point de vue féminin, l'intimité des derniers instants avec Jan, puis la douleur à l'annonce de son geste et le deuil qui ont suivi sa mort donnent une dimension plus intense à l'histoire. C'est ce ton, cette proximité que j'aurais aimé retrouver dans tout le livre.
Je m'interroge désormais sur Jan Palach et il me semble avoir plus de questions que de réponses (sur son enfance, les stigmates de la guerre dans les pays de l'Est, la vie des jeunes à l'époque, les conséquences de l'occupation soviétique sur le quotidien des hommes et des femmes...) Un film biographique est sorti en République tchèque le 21 juin 2018. Souhaitons qu'il puisse être diffusé en version française sur nos écrans pour donner du relief à cette lecture et fournir des pistes de réponses.
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