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[Adam, Olivier] La tête sous l'eau

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Message par Sharon Ven 21 Sep 2018 - 18:40

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Titre : La tête sous l'eau
Auteur : Olivier Adam
Edition : Robert Laffont
Nombre de pages : 224 pages

Présentation de l’éditeur :

Quand mon père est ressorti du commissariat, il avait l’air perdu. Il m’a pris dans ses bras et s’est mis à pleurer. Un court instant j’ai pensé : ça y est, on y est. Léa est morte.
Puis il s’est écarté et j’ai vu un putain de sourire se former sur son visage. Les mots avaient du mal à sortir. Il a fini par balbutier : « On l’a retrouvée. Merde alors. On l’a retrouvée. C’en est fini de ce cauchemar. »
Il se trompait. Ma soeur serait bientôt de retour mais nous n’en avions pas terminé.

Mon avis :

Bravo. Continuez ainsi.
Oui, parfois, quand je rédige des avis, j’ai l’impression de rédiger des bulletins scolaire. J’exagère à peine.
J’apprécie énormément que des auteurs soient capables d’écrire aussi bien pour les adultes que pour les adolescents. Ce n’est pas un livre pour enfants, ne nous y trompons pas. Ce livre parle d’un sujet grave : comment se remettre de la disparition d’un enfant ? J’ai bien dit « disparition », ce roman ne pratique pas la langue de bois : Léa a disparu, et en dépit des efforts de la police et de ses proches, l’on ne sait pas ce qu’elle est devenue, jusqu’à ce qu’elle réapparaisse. Ou plutôt jusqu’à ce qu’elle soit retrouvée.
Le récit nous est tout entier raconté par son petit frère, Antoine, qui a changé depuis sa disparition. En fait, le changement a commencé bien plus tôt, quand sa famille a pris la décision de quitter Paris pour partir vivre en Bretagne, à Saint Lunaire. Les parents n’ont pas demandé leur avis à leurs enfants, et le narrateur, n’a pas vraiment compris non plus pour quelle raison ils sont véritablement partis. Il n’empêche : les enfants sont souvent plus lucides que les parents ne le croient.
Le récit ne tombe jamais dans le sordide. Nous saurons – en partie – quelles épreuves a traversé Léa, mais nous ne saurons pas les détails les plus atroces. Non, nous verrons pire : les conséquences de ce qu’elle a vécu, les réactions non de ces proches, mais des personnes qui sont à la périphérie de ce qui s’est passé et qui sont attirés par tout ce qui peut être… croustillants. Oui, il est des personnes pour se repaître des horreurs des autres. J’ai apprécié aussi que l’on ne se focalise pas sur le « présumé coupable ». Le récit d’Olivier Adam se concentre sur ce que l’on ne voit que rarement dans la littérature : la reconstruction des victimes. La culpabilité, aussi, de ceux qui sont restés, de ceux qui se jugent responsables ou que l’on juge responsable. Vivre avec, tout sauf facile.
Il est question aussi, d’amour. Mention spéciale pour Jeff, l’oncle lunaire, écorché vif, personnage discret mais indispensable. Il est question d’amour encore avec les mails de Léa à l’être aimé, la personne qu’elle souhaitait plus que tout rejoindre. Aimer demande du courage – ne l’oublions pas.
Pour trouver mes coups de coeur de la rentrée littéraire, il faut décidément se tourner vers la littérature jeunesse.
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[Adam, Olivier] La tête sous l'eau Empty Re: [Adam, Olivier] La tête sous l'eau

Message par elea2020 Dim 9 Juil 2023 - 16:27

Mon avis :
J'ai eu envie de lire ce roman après ma fille cadette, et aussi par intérêt personnel pour l'auteur, dont j'ai presque tout lu jusqu'aux Lisières, et un peu lâché ensuite.

Sous la forme d'un roman jeunesse facile à lire et pas prise de tête, mais traitant un sujet douloureux sans langue de bois, Olivier Adam nous livre une expérience sensible et intense, nous présente des personnages atypiques et fragiles, et déploie une fois de plus ses obsessions, comme la fuite dans les addictions, les rapports conflictuels entre adultes et adolescents, la défection fréquente des adultes, le rapport frère-sœur (qu'on pouvait déjà trouver dans Le Cœur régulier), et la disparition, la malchance qui surgit de nulle part et vous engloutit corps et âme.

Comment se réparer quand votre enfant disparaît de longs mois, et que vous êtes déjà vous-même en vrac, parce solitaire, différent, hypersensible certainement ? Quand Léa n'est pas retrouvée par leur oncle Jeff qui l'escortait dans un concert, Antoine voit se déliter la relation de ses parents, et se réfugie lui-même dans le surf, pour continuer à avancer, même s'il a l'impression que tous font du surplace. Ses parents se déchirent, la police n'avance pas, on ne sait pas du tout ce qu'elle a pu devenir. Pourtant, Léa réapparaît un jour, changée à jamais par ce qu'elle a vécu, la terreur pure. Et c'est alors qu'il faut la retrouver, la protéger, savoir de nouveau vivre ensemble.

Les chapitres racontés par Antoine dans un style brut - que j'ai trouvé un peu vulgaire - sont alternés avec des messages envoyés par Léa à un mystérieux destinataire. En se rapprochant peu à peu de sa sœur, Antoine joue un rôle essentiel de lien, et pousse chacun à révéler une part de vérité. J'ai eu le sentiment que son exigence sauvait un peu tout le monde, même s'il devra lui aussi payer de sa personne pour que Léa entame le difficile chemin vers la reconstruction.

L'histoire est tout à fait intéressante et maintient l'intérêt jusqu'au bout, la mer est évoquée en de belles pages, même si certains maniérismes m'énervent à force chez l'auteur : l'apologie des relations à vif, du cœur pantelant et ouvert, une espèce de déballage émotionnel permanent chez certains personnages, avec le pendant renfermé et mutique chez d'autres. Olivier Adam, que je soupçonne d'être adolescent attardé avec une forme de complaisance, fera-t-il un jour preuve de demi-mesure ? Je ne suis pas sûre. Mais j'imagine bien que cela peut plaire à de jeunes lecteurs. 4/5

Citations :
Enfin ville… Il faut le dire vite. Juste une station balnéaire, avec ses maisons et ses villas regroupées en retrait des plages, la plupart vides en morte-saison, soit neuf mois sur douze. (page 11)

C’est de notoriété publique, mon père ne répond jamais au téléphone. En général quand ça sonne il se contente de le sortir de sa poche et de regarder l’écran pour savoir qui l’appelle, puis il le range. (page 48)

Infiniment je chute et bois la tasse, me retrouve la tête sous la flotte sans plus savoir discerner le fond de la surface. (page 66)

Et aussi que, face à la mer, le silence est moins pesant. Se taire en la regardant n’a rien d’étrange. C’est même une sorte de règle. La contemplation impose de fermer sa gueule. (page 86)

Elle a formé le signe des guillemets avec ses doigts. Je me suis foutu de sa gueule et j’ai vu un sourire se former sur ses lèvres. Léa a toujours détesté les gens qui font ce geste. (page 127)

À quel point ils [les parents] se révélaient complexes et tortueux à mesure qu’on grandissait. À quel point ils se révélaient obscurs, prompts à tous les arrangements possibles, aux mensonges, aux dissimulations, aux rancœurs rentrées, aux dénis, aux compromis. (page 136)

Dehors l’air est tiède et chargé de parfums de fleurs. Le vent est léger, presque imperceptible. Je repense à nos arrivées ici en juillet, quand on ouvrait la porte de la voiture et que l’odeur des vacances nous submergeait. (page 138)
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