[Jansson, Susan] Les âmes englouties
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[Jansson, Susan] Les âmes englouties
Titre : Les âmes englouties
Auteur ; Susan Jansson
Edition : Presse de la cité
Nombre de pages : 320 pages.
Présentation de l’éditeur :
Pour travailler à sa thèse de biologie, Nathalie retourne vivre dans sa région natale, au coeur d’une Suède humide et reculée. Dans la petite maison qu’elle habite en forêt, elle se laisse rappeler à son enfance douloureuse, à l’époque où la disparition de la jeune Tracy avait inauguré une succession de drames. Un jour, un cadavre est retrouvé dans la tourbière. Dix années auparavant, déjà, une jeune fille momifiée avait été découverte au même endroit. Bientôt, de nouveaux cadavres affleurent. Alors que la police se met en quête d’un serial killer, Göran, ancien professeur de physique, est convaincu que l’endroit est peuplé de revenants. Cette théorie intrigue aussi Maya, photographe judiciaire. Les trajectoires de Nathalie et de ces deux enquêteurs de l’ombre vont se mêler… et de nombreux secrets seront déterrés. Angoissant et précis, un thriller atmosphérique à la rare puissance suggestive, qui conjugue tentations surnaturelles, croyances populaires, explications scientifiques et fines analyses psychologiques.
Mon avis :
Ce livre pourrait presque ne pas être un thriller. Presque. Disons qu’il ne faut pas se fier aux apparences, aux premières pages qui pourraient nous entraîner dans un tout autre domaine. Nous découvrons Nathalie, une étudiante qui termine sa thèse de biologie. Elle est retournée sur les traces de son passé. Quel était-il ? Nous le saurons, mais pas tout de suite. Nous saurons simplement que retourner sur les lieux était douloureux et nécessaire pour elle. Nous savons aussi qu’elle n’a rien à redouter. Elle a été victime collatérale, elle a souffert, elle s’interroge sur ce que sont devenus ceux qu’elle a connus pendant sa jeunesse, elle qui a choisi de couper les ponts, de « re »naître, elle essaie maintenant de renouer les fils de son passé, parce que couper les ponts n’était peut-être pas la bonne solution.
Elle rencontre un jeune homme, un étudiant lui aussi, Johannes. Il n’est pas indifférent. Elle commence à ressentir quelque chose pour lui. Un soir, la tempête, puis l’accalmie. Elle sait ce que cela signifie. Elle se précipite, trouve Johannes inconscient mais encore vivant. Les secours arrivent, le jeune homme est plongé dans le comas. Qui l’a agressé ?
La police enquête, dans ce patelin coupé de tout, rendu célèbre douze ans plus tôt à cause d’une découverte archéologique importante. Presque personne ne vit dans le coin, tous sont partis ou presque. Qui reste-t-il à interroger ? La jeune étudiante qui a trouvé Johannes, et qui n’a pas envie de trop parler. Attention, cela ne veut pas dire qu’elle est suspecte, c’est simplement qu’elle est extrêmement renfermée, que ce n’est pas un hasard si elle vit (pour un court laps de temps il est vrai) seule dans une maison isolée. Il y a aussi Göran, l’ancien scientifique qui s’est spécialisé dans les fantômes depuis que sa femme l’a plaquée et qui vit assez bien des articles qu’il écrit de temps en temps. Le moins que l’on puisse dire est qu’il est très calé sur le sujet, les tourbières, les fantômes « qui n’existent pas ». Un personnage qui vaut le détour à lui tout seul. De plus, il « reconnaît » Nathalie, sa jeune voisine maintenant adulte. Il est le premier lien qui se recrée avec son passé. Il est aussi un des premiers liens avec la police, lui qui alerte depuis des années au sujet des disparitions près des tourbières. En vain. Tout adulte est libre de disparaître. Ou de rester.
En effet, non loin, se trouvent les parents de sa meilleure amie Julia, devenus des grands parents attentifs pour leurs deux petites filles. Eux aussi ont vécu un drame, et eux non plus ne s’en sont pas remis. La tourbière hante leur vie, et ils ne sont pas près à partir.
Ce livre est un roman policier, oui, mais pas seulement. Il nous interroge sur notre rapport à la mort, à la vie, au souvenir. Il montre notre attachement au corps, par rapport à l’esprit. C’est par Maya, la photographe de la police que l’on entre dans cette interrogation, qu’elle partage avec Göran. Elle est entre deux mondes, à la fois photographe pour la police, et artiste, ce qui ne laisse pas d’étonner certaines personnes. Elle est aussi de la région, et si elle était loin quand les drames ont commencé, elle en a eu connaissance. Il n’est pas besoin que tout nous soit raconté, ce que nous découvrons par le biais de Nathalie, de ses souvenirs, ou de ceux de Göran est bien suffisant.
Comme souvent, le motif (ou le mobile, comme vous voudrez) est à chercher dans le passé, récent, ou ancien. Les proches sont les victimes collatérales, comme Nathalie ou son amie Julia. Vivre après, réapprendre à vivre est un vaste programme, pas toujours respecté. Vivre quand on sait enfin ce qu’il est advenu de nos proches. Vivre quand on a perdu l’espoir. Vivre en retrouvant le corps – et pas l’esprit. Bref, un roman policier qui questionne son lecteur sur des thématiques tout sauf policières. Un livre pour sortir des sentiers policiers battus.
Sharon- Modérateur
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Genre littéraire préféré : romans policiers et polars
Date d'inscription : 01/11/2008
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